TOUT EST DIT

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lundi 23 juillet 2012

Sur la repentance


« Un crime commis en France par la France ». La logique de la repentance, à propos de la rafle du vel d’hiv, vient de franchir une étape supplémentaire. Ce n’est plus « l’Etat français » qui est considéré comme responsable de ce crime mais « la France » considérée globalement, en tant qu’entité historique et que Nation.
Sur le plan historique, l’affirmation est des plus hasardeuses. La France, à la suite de la débâcle militaire, est placée sous la tutelle de l’armée allemande. Les deux tiers du territoire sont occupés. L’Allemagne nationale socialiste exerce sa tutelle sur le régime de Vichy qui ne prend aucune décision stratégique, par exemple la nomination d’un haut fonctionnaire, sans l’aval des autorités d’occupation. La rafle s’inscrit à l’évidence dans la logique de la « solution finale » préconisée par le régime hitlérien.
Considérer la France, dans son ensemble, comme globalement coupable revient par ailleurs à nier d’un trait de plume tout ce qui fait notre fierté nationale : l’histoire des « Français libres », la Résistance et ses 120 000 fusillés et morts en déportation, ses millions de compatriotes qui ont pris fait et cause pour de Gaulle et la Grande-Bretagne, qui ont sauvé des juifs, et qui ont détesté le régime de Vichy et la collaboration.
Aujourd’hui, abimer encore davantage l’image de la France aux yeux des Français, des jeunes, des étrangers,  peut avoir des conséquences dramatiques en favorisant la haine de soi et des autres, le dégoût, la désespérance, le repli. Comment s’attacher, comment s’intégrer à une nation globalement responsable d’un tel crime et comment vouloir s’y consacrer ?
Enfin, je dois avouer que la logique de la repentance m’échappe totalement. Elle revient à considérer le régime de Vichy et ses crimes comme représentatifs de la France. Le message fondamental du général de Gaulle consistait à dire exactement le contraire : le gouvernement du maréchal Pétain, soumis à l’occupant allemand et engagé dans une politique de trahison à travers la collaboration, est illégitime et ne peut pas prétendre représenter la France. Lui seul, de Gaulle, entouré des Français libres, incarne la France. La France, l’esprit de la France, est à Londres et non pas à Vichy. En abandonnant ce raisonnement, en l’éliminant de la conscience nationale, les chefs de l’Etat, Jacques Chirac en 1995 puis l’actuel président, donnent clairement raison au régime de Vichy, qui se considérait comme le seul pouvoir légitime et qualifiait de Gaulle et ses fidèles d’usurpateurs. Triste et incompréhensible victoire posthume.

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