TOUT EST DIT

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samedi 2 juin 2012

À l’heure du pacte, l’Europe en souffrance


N’en déplaise à François Hollande, on ratifie à tour de bras, ces derniers temps, le pacte budgétaire européen. Et, pour certains aussi, le Mécanisme européen de stabilité qui en est le corollaire.
Ainsi, le Parlement du Danemark (qui ne fait pas partie de la zone euro) a-t-il ratifié jeudi le pacte budgétaire européen (et donc son dispositif de discipline économique), tout comme le Parlement letton, ou le Sénat polonais.
La veille, la Suède avait, elle, adopté le
MES, destiné à soutenir les pays de la zone euro en difficulté financière, et qui devrait entrer en vigueur en juillet, un an avant la date initialement prévue, et avoir une capacité de prêt initiale de 500 milliards d’euros.
Plus attendu, parce qu’il était le seul référendum européen, le vote irlandais s’est déroulé sans enthousiasme jeudi, nombre d’Irlandais boudant manifestement le scrutin.
Bien que le dépouillement ne soit pas encore terminé à l’heure d’écrire, le gouvernement n’en estimait pas moins, vendredi matin, que le « oui » l’emporterait avec quelque 60 % des voix. Tout en n’excluant pas, par ailleurs, le risque d’un vote-sanction. Autant dire que, ce vendredi matin, il n’en savait rien… Il espérait simplement que le risque grec joue en sa faveur.
Quoi qu’il en soit, le risque, pour Bruxelles, était assez mince, puisqu’il suffit que douze Etats-membres de l’Union européenne se proposent en sa faveur pour que ledit pacte entre en vigueur.
François Hollande, qui espérait donc inscrire un peu de croissance dans ce pacte, et qui devra trouver un autre biais, s’est montré étrangement silencieux sur le sujet ces derniers temps. Il faut dire que voter tout à la fois croissance et rigueur aurait quelque chose d’un grand écart un peu difficile à avaler, et qu’il convient de se montrer prudent à la veille d’un nouveau scrutin national, même si le jeu trouble de la droite le rend désormais moins incertain.
En attendant, cette adoption du pacte budgétaire nous fait avancer toujours davantage dans la perspective probable d’un gouvernement économique européen. Ce qui doit apporter une certaine satisfaction au
FMI, qui s’est prononcé ce jeudi aussi en faveur des principes d’une future « union bancaire » de la zone euro.
Dans un discours prononcé à Bruxelles à l’occasion du Brussels Economic Forum, Nemat Shafik, sa directrice générale, a ainsi estimé qu’il fallait faire « des avancées décisives en direction d’une intégration financière plus complète ».
Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s’est lui aussi prononcé jeudi pour une « union bancaire » européenne, dont les modalités encore à définir iraient cependant dans le sens de la rigueur budgétaire chère notamment à l’Allemagne. Une rigueur qu’on peut certes comprendre face à l’idée d’une mutualisation des dettes avancée par le président français, mais qui réduirait encore, dans l’esprit des technocrates bruxellois, la souveraineté, déjà fort tronquée, des Etats-membres de l’UE.
L’opposition de moins en moins larvée sur le sujet entre Paris et Berlin devrait décider de l’avenir aussi de l’Eurogroupe dont Jean-Claude Juncker quitte, le 17 juillet, la tête, et qui semblait devoir revenir au ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
Le ministre allemand est en effet jugé trop rigide, trop favorable à l’austérité ; et cela pose quelques problèmes à la nouvelle équipe française à l’heure où, par exemple, la Lituanie manifeste toujours sa volonté de rejoindre la zone euro en 2014, en manifestant le souhait qu’elle soit « alors dans un meilleur état qu’aujourd’hui ».
Mais surtout cela paraîtrait délicat à l’heure où la Grèce appelle une nouvelle fois à l’aide. Jeudi, le Premier ministre grec par intérim, Panayiotis Pikrammenos, a en effet appelé la zone euro à aider la Grèce à sortir de la crise en œuvrant en faveur de la croissance.
Situation difficile, dont il n’est pas sûr – si l’on veut bien me permettre cet euphémisme… – que les propositions du gouvernement français soient plus à même d’empêcher l’Europe de continuer à se diriger dans le mur…
Au lendemain du gel des fonds de cohésion pour la Hongrie par la Commission européenne, le ministre hongrois de l’Economie a d’ailleurs critiqué la Commission pour sa gestion de la crise dans la zone euro.
« La centralisation de l’Union européenne à partir de 2008 n’a pas porté ses fruits, au contraire : la Commission européenne a pris de mauvaises décisions politiques et financières en série », a lancé György Matolcsy dans les colonnes de l’hebdomadaire Heti Valasz.
« La centralisation d’un Empire européen, c’est-à-dire le renforcement supplémentaire de Bruxelles, poursuit-il, est contraire à nos intérêts, car elle ronge l’indépendance de l’Etat hongrois, qui est nécessaire à son développement économique. »
Et de dénoncer l’action de la Commission qui a « mal géré la crise de la zone euro et a été incapable d’arrêter le déclin de l’influence européenne sur la scène internationale ».
Et de conclure, en forme de proposition pour régler cette difficulté :
« Ainsi, l’Empire européen est mort avant même d’être créé, retournons à l’idée de l’Europe des nations. »

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