TOUT EST DIT

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jeudi 7 juin 2012

Attention à la fatigue électorale 


Une primaire socialiste, une présidentielle, des législatives : depuis un an, le pays est en campagne permanente et les Français accusent une saturation compréhensible. Le phénomène date du passage au quinquennat, il y a dix ans, où le taux d'abstention aux législatives suivant la présidentielle avait bondi jusqu'à atteindre 40 %.
Ce n'est pourtant pas le moment de négliger son devoir civique. S'abstenir revient à offrir à l'autre le pouvoir de décider pour vous. Mais au-delà de cette règle générale, il y a deux raisons majeures de voter les 10 et 17 juin.
Veut-on que François Hollande, hypothèse la plus vraisemblable, dispose d'une majorité nette pour faire voter son projet ? Ou veut-on, au contraire, l'empêcher de commettre ce que Jean-François Copé juge irréparable ? L'enjeu est si important - affronter la crise et redresser le pays - qu'on ne peut pas invoquer la fatigue politique pour renoncer à choisir entre la cohérence et la cohabitation.
Mais il y a une seconde raison, moins apparente, de se mobiliser. Pour avoir une chance d'être élu, chaque candidat doit franchir, au premier tour, le seuil de 12,5 % des électeurs inscrits. Ça n'a l'air de rien, mais cette règle cache une mécanique redoutable : plus la participation est faible (par exemple, autour de 60 %) et plus il faut réunir une proportion importante d'électeurs (au moins 20 %).
Concrètement, cela signifie que plusieurs partis n'auront pas ou presque pas de députés. Ce dispositif élimine les petites formations et écrase le Front national, le MoDem et, dans une certaine mesure, le Front de gauche. Les seuls rescapés sont ceux qui ont conclu un accord électoral avec le PS (écologistes, radicaux de gauche, chevènementistes) ou l'UMP (Nouveau centre).
Allez voter
Ainsi, en additionnant les abstentionnistes et les exclus de la représentation nationale, en réalité c'est moins de la moitié des électeurs inscrits qui désigneront les femmes et les hommes qui vont décider de l'avenir du pays et de notre vie quotidienne.
Pour trouver un Parlement plus représentatif du pays, et donc plus légitime aux yeux des citoyens, il faut agir dans trois directions.
La parité et la diversité, en net progrès à gauche, beaucoup moins à droite, doivent être poursuivies. L'exercice n'est pas simple, car introduire de nouveaux visages c'est prendre le risque de se faire battre par des concurrents mieux implantés et plus aguerris.
La seconde solution serait de moderniser le scrutin. Il est urgent d'introduire une dose de proportionnelle pour que des formations qui représentent jusqu'à 20 % de l'opinion aient le droit à la parole, à la consultation et à la délibération. Il faut sans doute aussi durcir les critères de l'élection pour empêcher que des lobbies ou des formations fantaisistes ne nous distraient de l'essentiel et n'exploitent le système pour bénéficier d'un financement sur le dos du contribuable.
Enfin, il faut aller voter ! Et, sauf à rendre le scrutin obligatoire, il n'y a que la conscience de chacun pour stimuler la participation. Faute d'exercer son pouvoir à travers un bulletin de vote, l'abstentionniste serait en effet mal fondé à contester des décisions dont il n'aurait pas été l'acteur indirect.

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