TOUT EST DIT

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jeudi 24 mai 2012

Législatives : candidatures dissidentes à gauche 



6 591 candidats sont actuellement en lice pour les législatives des 10 et 17 juin prochains. Ce qui nous donne, pour les 577 circonscriptions, une moyenne de 11 candidats. C’est beaucoup… Et pourtant moins qu’en 2007, où 7 639 postulants à la députation avaient déposé leurs candidatures. En dépit de l’élan que lui donne incontestablement la victoire de son candidat à l’élection présidentielle, la gauche s’avance dans un paysage politique où pour elle tout n’est pas totalement rose. Verts, Front de gauche et PS n’auront finalement pas pu s’accorder sur la délicate tactique du candidat unique dans les circonscriptions où les représentants de la gauche courent le risque de ne pas pouvoir franchir la barre du premier tour (12 % des inscrits). Chacun se renvoyant bien sûr la responsabilité de cet échec. Les communistes et les amis de Jean-Luc Mélenchon se plaignent des tendances « hégémoniques » des socialistes en position de force. Tandis que ces derniers, avec leurs alliés écolos, dénoncent les exigences du Front de gauche et sa « surenchère » systématique.
Roses contre Verts : le choc des couleurs
Europe Ecologie-Les Verts a pour objectif, avec l’aide prépondérante du PS, de constituer un groupe autonome à l’Assemblée nationale (15 députés minimum). C’est ce que lui garantit l’accord passé en novembre dernier entre Cécile Duflot et Martine Aubry. Un accord qui donne aux candidats écologistes le feu vert dans une soixantaine de circonscriptions. Dont la moitié paraissent, du moins sur le papier, gagnables. Mais ces circonscriptions préemptées pour les écolos suscitent dans les rangs du PS bien des « mécontentements locaux », attisés après le 22 avril dernier par le score étriqué d’Eva Joly à l’élection présidentielle (2,3 %). Election où la candidate franco-norvégienne a quelque peu patiné. Celle-ci s’attend néanmoins à être repêchée par le gouvernement Hollande à un poste de « Haut-commissaire à la Réforme financière ». Mme Joly aurait plutôt, d’ailleurs, le profil d’un commissaire du peuple, comme il en existait jadis dans les démocraties dites populaires. Avec elle, l’inquisition fiscale que la gauche s’apprête à conduire aurait le visage rébarbatif, inquiétant et répressif qui convient.
Des dissidents socialistes, que la menace d’exclusion de leur parti ne semble guère impressionner, sont ainsi pointés dans le Rhône, la Saône-et-Loire, en Bretagne, en Normandie, en Indre-et-Loire… Ces candidats n’auront certes pas l’onction du PS, mais ils disposent en revanche d’une bonne implantation locale. Et ils sont souvent soutenus en sous-main par des caciques du parti. C’est le cas à Lyon où le maire, Gérard Collomb soutient ouvertement son adjoint, Thierry Braillard (un homme qui sait se faire entendre) face au Vert Philippe Meirieu, qui risque fort d’en perdre ses voix. En Saône-et-Loire, le ministre Arnaud Montebourg affiche lui-même sa préférence pour une socialiste « exclue » face au candidat officiel. En Bretagne, le maire socialiste de Guingamp, Annie Le Houérou, se présente sans complexe contre une écologiste soutenue par le PS. Même cas de figure dans l’Orne et le Calvados, dans les Bouches-du-Rhône et en Haute-Garonne. Dissidences encore et toujours dans les Pays de la Loire, où « les cinq circonscriptions réservées aux Verts » ont du mal à passer.
Charcutage, redécoupage, saucissonnage
La gauche s’inquiète aussi de ce qu’elle nomme le « charcutage » opéré par le précédent gouvernement. C’est-à-dire la nouvelle carte électorale redessinée en 2010, au marteau et au burin, par l’ex-secrétaire d’Etat à l’Intérieur, Alain Marleix. « 330 circonscriptions ont été (re)découpées, 33 supprimées mais compensées par les 11 des Français de l’étranger et 22 nouvelles en métropole et outre-mer ». Un saucissonnage dont sont coutumiers les détenteurs du pouvoir. La gauche a fait par le passé le même micmac et s’apprête sans doute à récidiver pour les législatives de 2017. La charcuterie électorale figure quasiment au menu de chaque président. C’est en quelque sorte le pâté — et quelquefois la surprise — du chef !
Une candidate de la gauche « libertine »…
Quelques candidatures inattendues, pittoresques ou incongrues, viennent comme toujours pimenter ces élections. Dont, cette année, la présence du généticien Axel Kahn (frère de Jean-François Kahn) qui affrontera, sous les couleurs socialistes, François Fillon dans la 2e circonscription de Paris, d’où l’ancien Premier ministre a fini, non sans mal, par chasser Rachida Dati qui souhaitait s’y incruster. Cette dernière ayant signé son acte de reddition dans le dernier numéro du Figaro-magazine où elle nous expliquait : « Pourquoi je ne suis pas candidate à Paris ». L’ex-présentateur météo Patrice Drevet, devenu météorologue politique, sera lui candidat du Parti radical dans l’Hérault. Espérons pour lui qu’il a consulté sa grenouille avant de prendre pareille décision. Quant aux heureux électeurs de la 1re circonscription de l’Ariège, qui n’en demandaient sans doute pas tant, ils pourront voter pour Céline Bara. Une candidate de la « diversité », actrice et productrice de films pornos dans le civil. Celle-ci incarne le MAL, « Mouvement Anti-théiste et Libertin ». Une doublure de DSK en quelque sorte ? Comme ce dernier – ce n’est pas une grande découverte, plutôt une confirmation – le MAL est à gauche…
Le PS, fort de sondages toujours favorables, et en dépit des bisbilles évoquées ci-dessus, « espère conquérir la majorité absolue au Palais Bourbon », soit 289 sièges. François Hollande aurait alors les coudées franches pour gouverner sans dépendre de ses alliés. Mais peut-être devra-t-il aussi remanier un peu son gouvernement puisque, a averti Jean-Marc Ayrault, les ministres battus aux législatives devront démissionner. Peu téméraires, la porte-parole Naja Vallaud-Belkacem et la Garde des Sceaux Christine Taubira ont aussitôt jeté l’éponge, renonçant à se présenter. Michel Sapin, le ministre du Travail, a lui minimisé les risques : il se présentera comme suppléant dans l’Indre. En cas d’échec, cette défaite ne sera pas la sienne. Vingt-cinq ministres brigueront en revanche un siège au Palais Bourbon. Le plus exposé d’entre eux étant le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, candidat dans une circonscription de la Sarthe où François Hollande et Nicolas Sarkozy étaient quasiment, le 6 mai dernier, au coude à coude.
De son côté l’ex-majorité présidentielle dénonce le risque d’une « concentration des pouvoirs par la gauche sans précédant ». Durant l’épisode mitterrandiste ou jospiniste, la droite détenait au moins la majorité au Sénat. Ce n’est plus le cas aujourd’hui… Majoritaire à l’Assemblée, la gauche régnera avec une totale suprématie. Et pourtant l’UMP continue dans le même temps de proclamer son refus inconsidéré de tout accord avec le Front national, dont la candidate a recueilli lors de la dernière présidentielle 17,9 % des suffrages. Un chiffre qui, même légèrement amenuisé, permet potentiellement au FN de franchir la barre des 12 % dans un nombre de circonscriptions estimé par les experts de la carte électorale entre 100 et 140.
Rappelons que Marine Le Pen a devancé Nicolas Sarkozy, le 22 avril dernier, dans une douzaine de circonscriptions : « la 5e de l’Aisne où l’UMP Isabelle Vasseur, député sortant, peut se retrouver en fortes difficultés ; la 12e des Bouches-du-Rhône, la 2e du Gard, la 6e de l’Hérault ; la 2e de Haute-Marne, la 1re de la Meuse ; les 5e et 7e de la Moselle ; la 2e de l’Oise ; la 2e des Pyrénées-Orientales, les 3e et 4e du Vaucluse ». L’ostracisme de l’UMP est certes fort dommageable pour le FN : il empêche celui-ci d’avoir à l’Assemblée un groupe de députés correspondant aux six millions et demi de Français qu’il représente. Six millions et demi de Français actuellement sans représentation parlementaire. Mais cet apartheid anti-national est surtout suicidaire pour la droite dans son ensemble. « La droite veut croire en une victoire », titrait Le Figaro en début de semaine. Bien à tort puisque l’UMP s’entête à lui en barrer les chemins avec des ukases que lui imposent des ligues de vertu républicaine, sous influence idéologique de gauche. Comme par exemple le MAL de Mme Céline Bara ?

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