TOUT EST DIT

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samedi 28 avril 2012

Sarkozy lâché par les siens… 


La campagne « à droite toute » de Nicolas Sarkozy lui coûte-t-elle des intentions de vote ? C’est ce que voudraient  faire croire de nombreux médias, à commencer par L’Express qui dénonce son « effet contre-productif dans les sondages » et Le Point qui accuse carrément le président-candidat d’avoir choisi « la politique de la terre brûlée ». Et les sondages suivent les sondages, donnant – avec leur coutumière « précision » – Nicolas Sarkozy battu de 8, 9 ou 10 points, Hollande vainqueur avec 54, 54,5 ou 55 % des voix.
Hollande est décidément le candidat des médias.
Les mêmes médias ne posent pas une fois la question de savoir si la droitisation du discours de Nicolas Sarkozy, plutôt que le rejet, ne rencontre pas plutôt l’incrédulité des électeurs – car il est facile de le confronter à son bilan.
Reste que le choix de Nicolas Sarkozy, qu’il soit sincère ou non, et pour hésitant qu’il soit – après avoir prôné la « préférence nationale » mercredi, il l’a partiellement démentie jeudi soir sur « des Paroles et des actes – légitime et, malgré lui, renforce les thèmes de campagne imposés par Marine Le Pen. Sécurité, immigration, identité, souveraineté nationale ne seraient-elles plus des « obsessions extrémistes » ?
Eh bien, si, à l’aune de bon nombre de ténors de l’UMP affolés de voir leur candidat leur échapper, au moins en paroles. Jean-Pierre Raffarin annonce de manière sibylline « le temps de l’analyse » pour l’après-6 mai, l’ancien ministre de la culture Renaud Donnedieu de Vabres estime plus carrément que la stratégie « vers le Front national » choisie par Sarkozy, « suicidaire », va mener « à l’échec », Devedjian assure que ce n’est pas le moment d’exprimer ses « états d’âme », ce qui signifie qu’il en a.
Et ce ne sont que des exemples.
L’affolement est à la fois dicté par la peur de la défaite et par la persistance de l’idéologie qui empêche les adversaires de la gauche d’unir leurs forces. La droite parlementaire reste tétanisée à l’idée de reprendre ne serait-ce qu’une idée au FN. Ce qui a permis à Marine Le Pen de s’amuser de la proposition reprise par Sarkozy d’instaurer une présomption d’innocence en faveur des forces de l’ordre alors que Claude Guéant l’avait formellement rejetée en janvier parce que, selon lui, « on ne peut pas donner aux policiers un permis de tuer ».
Et cette paralysie consentie se manifeste dans les stratégies annoncées dans le cas de triangulaires aux législatives : François Fillon, au nom de « l’incompatibilité de valeurs » entre le FN et l’UMP, assurait jeudi qu’il ne peut y avoir « le moindre accord entre le FN et la droite ». A « Des paroles et des actes », Sarkozy l’a également exclu : « Si la situation se présentait, à ce moment-là nous verrions la qualité du candidat socialiste, au cas par cas, et nous déciderions à ce moment-là l’abstention ou le vote blanc, mais c’est un piège et je n’ai pas l’intention d’y tomber. » Ni alliance, ni accord…
Qu’on le veuille ou non, cette situation crée un nouveau piège pour la droite nationale et les électeurs soucieux de défendre les points non négociables, où Sarkozy représente un « moindre pire » que François Hollande qui cherchera rapidement à légaliser l’euthanasie et le mariage homosexuel, à rendre l’accès à la contraception gratuit et anonyme pour les mineures, et qui veut étendre et rembourser à 100 % l’avortement.
L’échec de Sarkozy sera instrumentalisé – la classe politique et les médias s’y emploient déjà – pour rejeter tout ce qui dans ses paroles vise à séduire la droite de conviction.
L’équipe de campagne de Sarkozy vient de prendre la peine – cela mérite d’être souligné – de répondre aux questions du groupe « Catholiques en campagne » qui ont interrogé tous les candidats sur les « points non négociables », l’identité, l’immigration, la laïcité. Le candidat Sarkozy y renouvelle ses appels du pied, son opposition à l’euthanasie, le rôle des parents dans l’éducation et leur droit de choisir l’école, va jusqu’à dire qu’il faut prévenir l’avortement « par un accompagnement des femmes enceintes afin que celles qui souhaitent mener leur grossesse à terme puissent le faire, même lorsqu’elles sont dans des situations familiales, économiques ou sociales difficiles ».
Il ne s’agit pas d’être dupes d’un discours électoral, mais de constater vers quelle direction il se tourne, alors que les promesses de François Hollande, volontaristes, vont dans la direction opposée. Il s’agit peut-être aussi de saisir la balle au bond, et de se réjouir de ce que des préoccupations données pour ringardes et dépassées aient acquis un véritable poids électoral.

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