TOUT EST DIT

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samedi 24 mars 2012

Sur une estrade auréolée

La victoire a besoin du voile de la modestie pour conserver tout son éclat. C’était la devise implicite hier à Strasbourg quand Nicolas Sarkozy est monté sur l’estrade du hall Rhenus. Surtout ne pas trop en faire. Montrer qu’on a marqué des points importants, peut-être décisifs, mais ne pas plastronner. C’eut été plus que contre-productif : une funeste faute tactique.
Depuis les assassinats de Toulouse, le président avait repris ses habits régaliens, saluant avec la dignité qui convient, en notre nom à tous, les victimes tuées de sang-froid. Hier soir, retour au combat électoral. Délicate transition. Mais le candidat n’était plus seul face à ses rivaux. Il pouvait compter sur l’auréole du président, comme sur les cartes postales de la guerre de 14/18 où l’on voit un ange gardien posté derrière un poilu en uniforme.
Les massacres des derniers jours seront à l’évidence un tournant de cette campagne électorale. En février Nicolas Sarkozy faisait d’intenses efforts pour courir derrière sa volonté de reconquête. Il peinait à faire coïncider son image écornée avec des ambitions valeureuses mais fragiles. « Une France forte », disait-il. Imaginons que l’enquête de Toulouse ait traîné en longueur, que le meurtrier, après avoir tranquillement tué trois soldats, trois enfants et un enseignant, ait été en mesure de récidiver. La France forte aurait été ridicule et le candidat à l’Élysée ridiculisé par un candidat à un martyre poisseux.
Au lieu de cela, le slogan de campagne susceptible de sonner creux semble résonner comme un tambour de guerre. Le candidat retrouve de l’assurance et peut exalter le rôle du président protecteur. La campagne est relancée.
Mais il faut encore tenir quatre semaines, qui, c’est sûr, ne resteront pas vissées à ce registre glorieux. Les soucis des familles pauvres, les angoisses des classes moyennes, les faiblesses économiques de la France vont réapparaître avec autant de force qu’il y a huit jours. La crise ne s’arrête pas comme un forcené qu’on a pu maîtriser. C’est un adversaire qui n’est pas moins redoutable que le terrorisme. Et dont on attend qu’il soit pareillement contenu.

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