TOUT EST DIT

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samedi 24 mars 2012

Circulation de la haine 


J’ai la haine ! L’expression est courante. Elle tourne en boucle dans les bus, devant les machines à café des entreprises voire en famille. En général, ce n’est rien. Un moment de colère. J’ai la haine, je suis en pétard, souvent pour une broutille…
Mais quand elle devient un état d’esprit, une déformation de la pensée, la haine est un fiel. « Elle se nourrit des plus petites choses », notait déjà Balzac. Corrosive, elle détruit tout, submerge tout, y compris celui qui en est plein. C’est l’arroseur arrosé, sur le mode tragique. Jusqu’en février, Mohamed Merah était un délinquant, puis il a basculé dans le crime parce qu’il ne croyait plus qu’à ses propres délires.
Une de ses déclarations est très explicite, celle qu’il a enregistrée sur vidéo avant de tirer sur le parachutiste Ibn Ziaten. « Tu as tué mes frères, je te tue »… Il n’y a pas plus simpliste. Une symétrie de vendetta qui se donne de grands airs politiques. Y aurait-il eu deux mois de procès avec psychologues, psychiatres et criminologues qu’on ne serait pas plus avancé. C’est la limite de nos grands exorcismes judiciaires, dont on attend plus qu’ils ne peuvent donner.
On en revient à la question centrale : comment identifier, localiser et surveiller les terroristes potentiels ? Dès qu’on examine un dispositif concret, les failles apparaissent. Mohamed Merah avait été repéré en 2010, à son retour d’Afghanistan. Fallait-il dès lors, ipso facto, lui filer le train en permanence ?
Merah, comme Mohamed Atta, pilote du premier avion lancé sur le World Trade Center en 2001, menaient leur vie de façon à se fondre dans la masse. Merah a apparemment conçu seul ses massacres, Atta a monté un réseau sophistiqué à l’insu de la CIA. Et tous deux ont réussi leur coup.
C’est donc très tôt, en amont, qu’il faut intervenir. Avant le décrochage mental. A un moment où les jeunes peuvent se relier à autre chose qu’à la rage qui bascule dans la haine et finit dans le sang. Cela suppose deux approches simultanées, l’une qui facilite l’intégration sociale et psychologique, l’autre qui verrouille les filières d’endoctrinement politique ou religieux.

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