TOUT EST DIT

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jeudi 23 février 2012

Le sang de la Realpolitik

 Voilà des mois que les tueries continuent en Syrie : déjà 8 000 morts, surtout des civils, selon les ONG. Voilà des mois que les Européens et les Américains, rejoints par la plupart des pays arabes, s’indignent, condamnent, exigent… En vain. Le Conseil de sécurité de l’ONU reste bloqué par les Russes soutenus par les Chinois. De toute façon, une intervention militaire, voire simplement humanitaire, est totalement exclue. 

Car sur place la situation est incroyablement confuse. La décrire repose sur des témoignages contradictoires seulement unanimes sur un point : l’ampleur des massacres. Ainsi qui soutient Bachar al-Assad ? La minorité alaouite dont il est issu, une branche du chiisme plutôt hétérodoxe aux yeux des Iraniens mais apparemment plus plaisante aux mollahs que l’islam sunnite. Ce n’est un secret pour personne : des « pasdarans » (miliciens iraniens) participent à la répression. Des membres du Hezbollah libanais (chiites) aussi. Les opposants au système Assad, notamment au sein de l’« Armée libre syrienne », sont surtout sunnites, vivement encouragés par l’Arabie saoudite, les salafistes et même… par al-Qaïda ! Une autre importante minorité, celle des chrétiens (près de 10 % de la population), se réfugie dans la prudence. Par peur de subir le sort de leurs coreligionnaires irakiens. 

Seule une action coordonnée internationale pourrait venir à bout de ces horreurs. Elle nécessiterait une diplomatie américaine plus musclée. En premier lieu au Moyen-Orient, plutôt délaissé par l’administration Obama qu’a traumatisée l’aventure irakienne. Mais aussi auprès de Moscou et de Pékin pour l’affaire syrienne. Or rien ne se fera avant la présidentielle russe du 4 mars. Contesté par la population des villes, Vladimir Poutine fait toute sa campagne électorale auprès de la « Russie éternelle » sur un ton anti-occidental digne de la guerre froide, en répétant à l’envi que le Kremlin n’est pas aux ordres des Etats-Unis, des Européens et de leurs alliés arabes. 

Après son élection, le pragmatique Poutine changera de politique, tout en préservant les intérêts russes en Syrie. Parce que l’économie russe dans ses échanges ne peut se passer de l’Occident, surtout pas de l’Europe. Et il y a fort à parier qu’ensuite Pékin ne voudra pas être seul à dire non au Conseil de sécurité… Jusque-là, le bain de sang continuera. La Realpolitik est sans pitié.

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