TOUT EST DIT

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samedi 18 février 2012

"Cadeaux de Sarkozy aux plus riches" : les calculs généreux du PS

Le premier ministre, François Fillon, a accusé à son tour, vendredi 17 février, François Hollande de "mentir", comme l'avait fait la veille Nicolas Sarkozy en meeting à Annecy. "C'est malheureusement vrai" que M. Hollande ment, a déclaré M. Fillon sur RTL, interrogé sur les déclarations jeudi soir de M. Sarkozy, selon lequel François Hollande "ment matin et soir". "J'entendais encore hier [jeudi] François Hollande dire qu'on avait fait 70 milliards d'euros de cadeaux aux plus riches : personne n'est capable de documenter cette affirmation, c'est juste un mensonge !", a lancé le chef du gouvernement. "Quand on demande aux socialistes où sont ces cadeaux, ils mettent pêle-mêle la taxe professionnelle, comme si c'était un cadeau aux plus riches, la TVA sur la restauration, comme si c'était un cadeau aux plus riches, les heures supplémentaires...", a-t-il énuméré.

Premier constat : impossible de trouver mention d'une affirmation de M. Hollande, jeudi, affirmant que le gouvernement aurait "fait 70 milliards d'euros de cadeaux aux plus riches". Invité ce jour-là du 20 h de TF1, le candidat PS n'a pas lancé une telle accusation.


Le Premier ministre François Fillon sur RTL... par rtl-fr
En revanche, son parti, ses soutiens et des membres de son équipe de campagne ont bien lancé cette affirmation ces dernières semaines. Comme l'a évoqué M. Fillon sur RTL, Ségolène Royal a bien soutenu la veille sur la même radio que 75 milliards de baisses d'impôts avaient été accordées pour les plus riches, depuis 2007. "Pendant cinq ans, 1 % des Français ont reçu 15 milliards par an de cadeaux fiscaux", a-t-elle déclaré.
"Il y a eu, depuis 2007 dans ce pays, des cadeaux fiscaux qui ont été accordés à hauteur de 75 milliards d'euros aux plus fortunés", accusait le directeur de campagne de M. Hollande, Pierre Moscovici, le 25 janvier, sur France Inter (écouter à 5, 10 mn). Une affirmation également entendue dans la bouche du porte-parole du PS, Benoît Hamon, début janvier, par exemple.
Un chiffre qu'on retrouve presque à l'identique (70 milliards) dans un tract dénonçant le bilan fiscal de M. Sarkozy, distribué par les jeunes du PS : Pour retrouver une affirmation similaire dans la bouche de François Hollande, il faut remonter aux lendemains de la primaire PS, quand il assurait dans Libération, le 7 novembre : "Depuis le début du quinquennat de Nicolas Sarkozy, 75 milliards de recettes fiscales ont été perdus, en raison d'allégements en faveur des grandes entreprises et des ménages les plus favorisés."
Dans le projet PS, il n'est pas écrit exactement la même chose. Il est assuré "la droite a créé plus de 70 milliards de dépenses fiscales inutiles depuis 2002" mais "seulement" 40 milliards depuis 2007 (voir page 31, en PDF).
Qu'en est-il vraiment ? Il est plutôt vrai d'affirmer que "75 milliards de recettes fiscales" ont été perdues depuis 2007… en comptant large, comme l'a démontré le blog du Monde.fr, "Les Décodeurs", il est en revanche erroné de dire que cette somme correspond entièrement à des cadeaux aux plus riches...
En effet, le 10 novembre, le PS a détaillé dans un article mis en ligne sur son site comment il arrivait à comptabiliser "75 milliards d'euros de cadeaux fiscaux depuis cinq ans". Pour y arriver, les socialistes y additionnent le coût du bouclier fiscal, de la suppression des droits de succession, des intérêts d'emprunt immobilier... Mais aussi de la défiscalisation des heures supplémentaires, de la TVA dans la restauration et de la suppression de la taxe professionnelle.
Or ces trois dernières mesures, citées par M. Fillon, ne peuvent être réduites à des cadeaux fiscaux pour les plus riches. Si l'efficacité de la défiscalisation des heures supplémentaires demeure fortement contestée, la mesure a tout de même apporté un gain moyen de près de 450 euros annuels à 9,2 millions de salariés. De la même manière, le taux de TVA réduit dans la restauration ne peut être réduit à un cadeau fait aux plus riches. Idem pour la réforme de la taxe professionnelle.
Sollicité vendredi par la presse, François Hollande a refusé de répondre aux accusations de mensonge, expliquant qu'il ne voulait pas aller sur ce "terrain-là". Le candidat PS affirme ne pas vouloir se "mettre à ce niveau", considérant "que ça finirait pas lasser les Français s'il n'y avait que des invectives, des polémiques, voire même des insultes".

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