TOUT EST DIT

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jeudi 2 juin 2011

La Grèce sur le fil du rasoir

Sauvé par le gong ? Sans doute. La Grèce pourra repasser au guichet des aides financières internationales. Renflouée in extremis, pas sauvée. Un an après le prêt de 110 milliards de la communauté internationale, il faudrait être singulièrement aveugle pour ne pas voir la réalité. Étranglé par des taux d'intérêt à 15 %, lesté par un endettement plus lourd que prévu (150 % de la richesse produite !), miné par une grogne sociale incontrôlable, englué dans la récession, le pays reste au bord du gouffre. Au risque d'entraîner dans sa chute ses camarades d'infortune - Portugal, Irlande - sinon de faire éclater l'euro, ce souhait démagogique sur lequel surfent aujourd'hui quelques boutiquiers d'un nationalisme dépassé, du passé. Irréalistes.

Comment éviter le pire à Athènes ? Pas simple quand on entend la partition actuelle de trois acteurs principaux du psychodrame grec. La démission de Dominique Strauss-Kahn du FMI a quelque peu émoussé la capacité de compréhension du Fonds monétaire international à l'égard des errements grecs. La patience du maître d'école de la classe européenne - l'Allemagne - montre, elle aussi, ses limites. Angela Merkel a compris que son pays ne pouvait prospérer dans une zone euro disloquée, mais son opinion - ses électeurs - demeure très rétive aux comportements des « cancres » de l'Europe du sud.

Quant aux autorités d'Athènes, on ne peut que constater leur incapacité à cimenter la cohésion nationale, voire à simplement restaurer l'autorité de l'État. On voudrait sourire quand l'opposition propose une baisse des impôts, dans un pays où la fraude fiscale demeure, crise ou pas, un sport national qui sape par nature toute assise étatique digne de ce nom...

Dans ce contexte contraignant, le scénario du « toujours plus d'aides contre plus d'austérité » ne ressemble pas seulement à une fuite en avant. Il paraît des plus irréalistes et même de plus en plus dangereux face à une opinion chauffée à blanc par l'austérité salariale et le chômage de masse (16 %). Il est d'autant plus insoutenable qu'il passe désormais par des méga privatisations (téléphone, électricité, ports... îles) assimilées par une majorité de Grecs à un quasi-bradage du pays. De quoi créer, pour le coup, un consensus national redoutable sur le front du rejet.

Alors ? On ne pourra sans doute pas très longtemps écarter, quoi qu'en disent les technocrates de la Banque centrale européenne (BCE), le débat sur la restructuration de la dette grecque, son aménagement dans le temps, voire son effacement partiel. On en sait les dangers : possible contagion à l'Irlande et au Portugal, risque de plomber les banques d'Athènes, les assurances, les fonds de pension, et de léser quelques États voisins détenteurs de la dette grecque. Soit, mais on sait surtout qu'en l'état, la situation est inextricable. Potentiellement explosive. Alors que les manifestations « d'indignés » s'enchaînent, sans refluer, un peu partout en Europe, on pourra le mesurer dans les rassemblements syndicaux de samedi à Athènes.

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