TOUT EST DIT

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lundi 6 juin 2011

Du futur virtuel à l’imparfait politique

Vous avez vu comme c’est allé vite ?

Dominique Strauss-Kahn a déjà été remplacé sur la scène où, depuis trois ans, il était un acteur aussi incontournable qu’invisible, jouant du teasing dans l’ombre pour mieux se faire désirer dans la lumière. Trois semaines, seulement, se sont écoulées depuis son arrestation à New York et le PS est déjà passé à autre chose, poursuivant sa route dans la course vers 2012. Il y a bien eu quelques frustrations, c’est bien naturel, mais tout se passe comme si le duel annoncé entre Martine Aubry, François Hollande et Ségolène Royal avait été programmé depuis toujours, ravivant la routine des divisions éternelles du parti. La vie continue... Comme avant.

D’une certaine façon, c’est rassurant. La démocratie peut se passer d’un déterminisme électoral qui la mutile à coups de sondages répétitifs et de candidats élus à l’avance par les enquêtes d’opinion. La République, elle, s’amuse volontiers des conjugaisons médiatiques. DSK ? Il est passé du futur virtuel à l’imparfait politique.

Du côté de la présidentielle, c’est bien fini. L’ex-directeur du FMI ne reviendra plus jamais dans le jeu d’une façon ou d’une autre. Il a lui-même enterré les dernières illusions de son avenir institutionnel en adoptant un style de vie extravagant à Manhattan. Quelle France de gauche pourrait désormais s’identifier au loyer à 50 000 dollars à Tribeca, et tout le reste ? Ce faisant, l’ancien favori n’a pas vraiment rendu service à sa famille politique ni à l’image de la politique, en général. Mais s’en soucie-t-il vraiment à l’heure où il doit surtout défendre sa liberté, sinon son honneur perdu ?

Le cas DSK a glissé totalement dans la rubrique scandale et fait divers. C’est l’instruction d’un puissant face à une femme de chambre mystérieuse. Du super people livré en pâture au monde entier avec des avocats de stars dont on devine qu’ils sauront tout mettre en œuvre pour relaxer leur prestigieux client. De la matière à la O.J Simpson pour tabloïds américains qui traquent celui qu’ils appellent «The Perve» - le pervers - dans un de ces procès à grand spectacle où la virtuosité des défenseurs et leur mano a mano avec le procureur comptent parfois plus que les faits initiaux. Radios et télévisions françaises ont embrayé sans problème en mode sensationnaliste avec des «éditions spéciales» dans lesquelles, comme pour les précédentes, on passera les quatre cinquièmes du temps à attendre qu’il se passe enfin quelque chose. La recherche de la vérité ? Franchement, la saura-t-on jamais puisque ce sera la parole d’une personne contre celle d’une autre ?

L’affaire, au moins, aura eu un effet positif inattendu en mettant en accusation le sexisme d’un milieu politique français qui, si on en croit des voix féminines venues de tous les bancs, ne s’est jamais vraiment résolu à le combattre. Il n’est jamais trop tard pour faire le ménage.

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