Si le sport contemporain est le miroir de l'esprit des nations, c'est à n'y plus rien comprendre. Au mois de juin, les professionnels aguerris de l'équipe de France de football rentraient de la Coupe du monde sud-africaine avec pour tout bilan un fiasco moral et sportif. Leur trop fameuse grève de l'entraînement, le 20 juin, symbolisait le premier. Leur piteuse élimination, deux jours plus tard, soldait le second.
Quelques semaines ont passé et voilà d'autres sportifs français qui collectionnent les prouesses. Les athlètes d'abord, qui rentrent des championnats d'Europe de Barcelone auréolés de dix-huit médailles (un record) et de huit titres continentaux, y compris dans la discipline reine du 100 mètres. Et paradent joyeusement sur les Champs-Elysées, à l'instar des champions du monde "Blacks, blancs, beurs" du - lointain ! - Mondial de football 1998.
Les nageurs ensuite, qui collectionnent ces jours-ci, eux aussi, titres et performances et éclaboussent de leur talent les bassins des championnats d'Europe de Budapest. Certains, presque trentenaires, trouvent là le couronnement de longues années d'abnégation, d'autres, encore juniors, font irruption dans le palmarès international, d'autres encore confirment leurs exploits des Jeux olympiques de Pékin de 2008.
Bref, athlètes, nageurs et nageuses français réussissent là où les footballeurs ont totalement échoué : transmettre une conception du sport de haut niveau alliant travail et passion, intelligence et plaisir ; et incarner un esprit d'équipe et une solidarité collective d'autant plus méritoires qu'ils pratiquent, pour l'essentiel, des sports individuels.
Le contraste est trop saisissant pour ne pas s'interroger sur l'échec des uns et le succès des autres. Au-delà des individus - un entraîneur, Raymond Domenech, enfermé dans ses erreurs et ses entêtements, des stars du ballon rond aux ego surdimensionnés -, c'est bien l'industrie planétaire du football et l'ahurissante spirale commerciale et financière dans laquelle elle est prise depuis des années qui semblent en cause.
On nous opposera les footballeurs espagnols, logés à la même enseigne mais champions du monde, eux. On nous objectera, de même, que les publicitaires lorgnent depuis quelques années sur ces icônes populaires que sont devenus quelques champions de la piste et de la piscine.
Il n'empêche. L'argent roi a bouleversé les systèmes de formation des footballeurs, couvés dès 13 ans dans des usines à champions, montés en graine trop vite et coupés du monde, quand la plupart des athlètes et nageurs restent attachés à leur famille, leur région et leurs études. Et l'argent fou a détraqué les esprits. Comment pourrait-il en être autrement, quand un Thierry Henry gagne quelque 8 millions d'euros par an, alors qu'un double champion d'Europe de natation touchera environ 30 000 euros de primes de la fédération ?
dimanche 15 août 2010
Stars du ballon rond, regardez les nageurs !
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