TOUT EST DIT

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mardi 29 septembre 2009

Hulot : « Je suis fier d’avoir Claude Allègre pour ennemi »

L’animateur écolo Nicolas Hulot, qui sort un film alarmiste sur l’état de la planète, salue l’engagement de Nicolas Sarkozy en faveur de la taxe carbone. Et il tacle Claude Allègre.
Apres avoir bataillé pour imposer son idée de taxe carbone au plus haut sommet de l’Etat, Nicolas Hulot repart en crois a de. Mercredi prochain, son film « le Syndrome du Titanic » sort en salles*. En apôtre de la décroissance, l’animateur écologiste fustige le modèle économique occidental et appelle à modérer nos excès pour sauver la planète.
Claude Allègre vous a traité « d’imbécile » ce week-end en expliquant que vous trompiez votre monde…
Nicolas Hulot. Il y a des ennemis que l’on est fier d’avoir… Jusqu’à présent j’essayais d’ignorer ses injures. Sauf que là, c’est une fois par semaine, ça commence à faire beaucoup. Ce sont des sujets graves. Selon deux derniers rapports officiels, 300 000 personnes meurent déjà chaque année à cause du changement de climat. Deux ou trois personnes contestent ces faits et vivent sur des niches médiatiques. Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le plus grand nombre que ces gens-là sont méprisables, mais ils le sont lorsqu’ils manient l’injure et le mensonge comme Claude Allègre. Je rappelle que le réchauffement climatique est un fait scientifique validé par plusieurs milliers de scientifiques réunis au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.

Allègre vous accuse de voyager en hélicoptère alors que vous prônez le tout-vélo…
Deux mensonges en une phrase. Je ne suis pas pour le retour à la lampe à huile ou à la charrue à bœufs. Au contraire, je veux éviter d’y retourner. Quant à l’hélicoptère, on ne peut pas empêcher les gens de garder des préjugés pendant des années et des années. J’ai été un enfant de la société de consommation, j’ai cédé à certains excès mais depuis vingt ans il y a eu un cheminement de ma part et je crois m’être débarrassé de ces excès.

Comment cela se traduit-il ?
J’essaye simplement de m’améliorer avecma famille tous les jours. On ne va plus dans les grandes surfaces, on mange bio, on essaye autant que possible d’éviter les déplacements en avion, on chauffe notre maison à 18 degrés, on fait du compost, on récupère l’eau de pluie… Je ne me considère pas comme un exemple, car je suis bien conscient que c’est plus facile quand on a une certaine liberté matérielle.

Nicolas Sarkozy a imposé la taxe carbone malgré les réticences de son propre camp et de l’opinion publique. Est-ce courageux de sa part ?
C’est la responsabilité d’un homme politique, parfois, de ne pas faire de concessions. Je regrette que certains, à gauche, se soient affranchis de leurs responsabilités et aient remis en cause le principe de cette taxe qu’ils avaient soutenu avant les élections. Je regrette aussi les maladresses qui ont conduit à présenter cette contribution climat-énergie comme un impôt nouveau sans expliquer qu’il y aurait un dispositif de compensation financière.

Sarkozy a-t-il vraiment évolué sur la question environnementale ?
Sur le changement climatique, il a maintenant une vraie conviction. Il a compris les enjeux et les menaces que cela fait peser sur l’équilibre du monde. En ayant adopté la taxe carbone et en militant pour l’application d’un dispositif similaire aux frontières de l’Europe, la France arrivera en décembre au sommet climatique de Copenhague sans baisser les yeux. Le problème vient surtout des Etats-Unis où l’on a trop attendu de Barack Obama. Le réchauffement de la planète est au dernier rang des préoccupations des citoyens américains et je suis très inquiet sur l’issue de ce sommet.

Votre film, « le Syndrome du Titanic », est davantage un manifeste politique contre les excès de notre société de consommation qu’un documentaire écologique. Pourquoi élargissez-vous votre champ d’action ?
Depuis quelques années, la crise environnementale a croisé d’autres crises : énergétique, alimentaire, économique et financière. Nous avons voulu comprendre pourquoi on en est arrivé à une telle faillite du système. La cause commune à toutes ces crises est notre incapacité à nous fixer des limites alors que les ressources de la planète ne sont pas infinies. Il faut donc impérativement que l’on accepte une rupture de notre mode de vie, en tenant compte à la fois de la dimension écologique et de l’urgence sociale. Les instruments pour faire face à la crise écologique doivent simultanément et impérativement permettre de réduire les inégalités.

Mais pourquoi refusez-vous de vous engager en politique pour faire changer les choses ?
On peut faire de la politique de façon différente. Mon travail, au sein de la fondation Hulot, est de convaincre les agriculteurs, les syndicats, les scientifiques, les élus, que la mutation de la société est indispensable. Mon action est conditionnée à une certaine neutralité. Si je veux avoir porte ouverte à la CGT, pouvoir discuter un week-end avec le patron de la FNSEA ou des députés de gauche, je ne dois pas avoir d’étiquette partisane collée sur le front.

Après avoir vu votre film, chaque citoyen peut se demander ce qu’il peut changer à l’état de la planète…
Si demain l’Etat nous fixe des limites, il faudra qu’on les accepte sans réticences. Simple exemple : si l’Europe décidait que plus une seule voiture ne puisse rouler au-delà de 130 km/h, émettant ainsi beaucoup moins de CO2, il faudra dire bravo. Que nous le voulions ou pas, il va falloir changer de mode de vie.

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