TOUT EST DIT

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vendredi 25 septembre 2009

Angela Merkel, la femme le moins en vue de son village

Prophète en son pays au point d'être la grande favorite des élections du 27 septembre, Angela Merkel ne l'est guère dans son village. Née à Hambourg, la chancelière allemande a longtemps vécu à Templin, une bourgade de l'ancienne Allemagne de l'Est, parce que son père, pasteur protestant, estimait de son devoir d'aller porter la parole divine au sein de "l'État ouvrier et paysan".

La première femme à prendre la tête du gouvernement allemand, première également à avoir été citoyenne de feue la République démocratique allemande (RDA), a donc passé enfance et adolescence dans cette localité de l'Uckermark, une terre de landes, de forêts et de lacs, à une centaine de kilomètres au nord de Berlin, mais rien ici n'évoque celle qui aurait pourtant pu devenir une gloire locale.

Il y a bien une rue Friedrich Engels et deux autres artères portent les noms de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg, meneurs de la révolution spartakiste de 1918, mais pas d'avenue ou même d'impasse Angela Merkel. L'enfant du pays a toutes les chances d'être reconduite dimanche à la Chancellerie, mais, dans la dernière ligne droite de la campagne électorale, son portrait n'apparaît nulle part sur les affiches de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), son parti, qui préfère mettre en avant le candidat local.

Fidélité

Merkel est restée fidèle à "la perle de l'Uckermark", où ses parents vivent toujours ; elle possède à proximité une modeste maison de campagne où elle passe de nombreux week-ends, entre cuisine et jardinage, mais ni elle ni son parti n'y sont très populaires. Il suffit de parcourir les rues de la vieille ville, ceinturée par des remparts du XIIIe siècle et couverte de placards électoraux, pour comprendre que le mal-être de l'électorat le détourne des partis traditionnels au profit des formations populistes.

Die Linke, cette gauche radicale née sur les cendres de l'ancien Parti communiste, y réalise régulièrement des scores enviables. Et l'extrême droite, marginale à l'Ouest, est ici représentée par deux formations qui dénoncent en vrac l'immigration, la criminalité, le coût du contingent allemand déployé en Afghanistan et confortent l'électeur dans sa conviction de n'être qu'un citoyen de seconde zone.

Templin est en cela parfaitement représentative des frustrations et des rancoeurs qui perdurent dans les Laender de l'Est, vingt ans après la chute du Mur de Berlin. Les horribles barres d'immeubles "made in RDA" ont été réhabilitées et ripolinées de frais, l'usine à touristes qui domine le lac de Lübbesee a été tant bien que mal humanisée, toutes les infrastructures ont été refaites à neuf, mais les esprits continuent à broyer du noir.

"Les Laender de l'Est n'ont pas rattrapé leur retard sur le plan économique : le chômage y est supérieur, les salaires inférieurs, les jeunes partent et la crise n'a fait qu'accentuer le phénomène", déplore un militant social-démocrate, qui tente de faire de la retape sur la place du marché. "Dans ces conditions, le vote sanction joue à plein."

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