Les Français ont dumal à comprendre les élections au Parlement européen. On ne leur en veut pas, car la mécanique institutionnelle de l'Union européenne est complexe. Elle repose sur un triangle, Conseil européen, Parlement, Commission, qui ne correspond pas au fonctionnement de nos institutions nationales : président, gouvernement, Assemblée. Et pourtant, le Parlement européen, pour lequel nous allons désigner dimanche 72 représentants français, dispose de pouvoirs importants. L'Assemblée européenne contrôle la Commission et dispose, par la codécision, d'un droit de veto sur des sujets essentiels :marché intérieur, recherche, culture, santé, environnement, éducation…Et demain, agriculture et immigration. Bref, les pouvoirs étendus du Parlement de Strasbourg devraient inciter tous les Européens à voter dimanche. Rien ne saurait justifier l'abstention de nos compatriotes.
Reste bien sûr à s'y retrouver dans la vingtaine de listes qui se présentent dans huit circonscriptions régionales à la taille inégale et au découpage fantaisiste. Le Parti socialiste et le MoDem n'ont jamais décroché, durant cette campagne, de l'antisarkozysme. Primaire, chez François Bayrou, qui ne pense qu'à la présidentielle de 2012, avec, en fin de période, une tendance paranoïaque exacerbée. Légèrement atténué, chez les socialistes, qui ont changé de cap dans les derniers jours, pour ajouter un pochon de propositions européennes à un discours monomaniaque antisarko. La gauche de la gauche a fait preuve de plus de cohérence que le PS. Divisée entre l'anticapitalisme de Besancenot et le néocommunisme tendance Mélenchon, l'extrême gauche a choisi d'afficher la couleur: nationalisations, destruction de la société libérale et grève générale en prime. Au moins, c'est clair ! La droite de la droite cède, elle aussi, aux démons de la division. Entre un Front national déclinant, avec un leader vieillissant, et un mouvement villiériste animé par un chef flamboyant mais curieusement «pacsé» avec un milliardaire irlandais, les souverainistes ont perdu leur espace vital. Ils sont littéralement asphyxiés par un Sarkozy ferme sur l'immigration et la protection de l'industrie et du commerce européen, et définitivement opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union. Quant à la campagne roborative de Daniel Cohn-Bendit, elle a,malgré son enthousiasme, souffert également des contre-pieds sarkozystes. Le Grenelle de l'environnement, la taxe carbone, la volonté franco-allemande de développer l'écocroissance ont rendu moins verte l'herbe du leader écologiste. Le chemin ainsi balisé, le choix devient plus aisé pour ceux qui ont porté Nicolas Sarkozy à l'Élysée il y a deux ans.
L'heure n'est pas venue de donner quitus au président pour son quinquennat : on en parlera dans trois ans. Mais la vraie question est de savoir comment le chef de l'État pourra poursuivre une politique mise en musique lorsqu'il a présidé l'Union européenne et dont le volontarisme a été largement approuvé, par les Français comme par les autres Européens. Les futurs députés européens de l'UMP et du Nouveau Centre défendront à Strasbourg les éléments clés de cette politique sarkozienne. Elle privilégie la défense des intérêts commerciaux et industriels de l'Europe, prône la régulation dumarché, insiste sur la croissance verte, refuse le laxisme de l'immigration, s'oppose à l'élargissement continu, ferme la porte à la Turquie et remet enmarche un axe franco-allemand, commemoteur politique de l'Union, face aux débordements bureaucratiques de Bruxelles et aux tentations libre-échangistes des pays de l'Europe de l'Est et du Nord. Ceux qui ont voté contre Sarkozy en 2007 auront demain une offre politique riche déployée de l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite. Les autres, qui souhaitent la réussite du président et le renforcement des positions françaises en Europe, n'hésiteront pas à choisir les listes de l'UMP et du Nouveau Centre. Voilà bien la cohérence d'un scrutin moins confus qu'il n'y paraît.
samedi 6 juin 2009
Cohérence
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