Manuel Valls a promis de dire « la vérité aux Français » à la mi-août. Ils n’auront pas besoin d’attendre. Après d’autres, l’agence Moody’s vient de dresser son diagnostic : sombre, et sans surprise tant l’optimisme du chef de l’Etat ne trompait plus personne. Oui, la croissance sera moins forte que prévu, voire atone. Oui, Paris ne respectera pas – une habitude depuis quinze ans – ses objectifs de réduction de déficit. Oui, la politique de compétitivité engagée va dans le bon sens, mais elle reste trop timide pour espérer un rebond. La France, grand corps malade de l’Europe…
Plutôt que de s’interroger sur deux ans de zigzag et de confusion, le gouvernement, engoncé dans son archaïsme doctrinal, a choisi d’attaquer pêle-mêle la cherté de l’euro, l’orthodoxie bruxelloise et l’égoïsme allemand. Rien d’original : l’Europe est le bouc émissaire préféré de la classe politique française. Comme si, vingt-deux ans après Maastricht, elle n’avait toujours pas mesuré la contradiction fatale entre la vertu budgétaire imposée par la monnaie unique et un modèle basé sur la fuite en avant par la dette. Un gouffre s’est ainsi creusé entre nos engagements vertueux et notre politique laxiste.
François Hollande demande de ne pas sacrifier la croissance sur l’autel de l’assainissement (une antienne française, encore). Mais n’est-ce pas plutôt la procrastination et l’insuffisance des réformes qui handicapent notre économie ? Le chef de l’Etat a plus d’arguments lorsqu’il réclame à Berlin un « soutien plus ferme ». L’ennui, c’est qu’il n’est pas plus crédible en réformateur chez nos partenaires européens qu’auprès de ses concitoyens. A défaut d’être le « levier d’Archimède » de l’influence française, l’Europe devient ainsi le révélateur de son déclassement.