TOUT EST DIT

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vendredi 14 juin 2013

Justice et solidarité entre générations

Justice et solidarité entre générations


Justice et solidarité, voilà deux mots bienveillants et lourds de (bon) sens. À l'approche de l'ouverture du chantier des retraites, l'Élysée les affiche comme des garde-fous après les avoir usés jusqu'à la corde depuis un an. Perdront-ils de leur éclat auprès des Français au pouvoir d'achat déjà écorné par des salaires en stagnation, le trop-plein d'impôts et l'annonce d'un méchant coup de rabot sur les allocations familiales ? Possible si ces mots s'avèrent n'être que de l'affichage.
Les premières fuites du rapport Moreau sur les retraites, remis ce matin au Premier ministre, laissent pourtant à penser que, cette fois, tout le monde sera mis à contribution. Actifs, retraités et fonctionnaires. Au nom de cette justice et de cette solidarité intergénérationnelle revendiquées, comment pourrait-il en être autrement à l'heure où le patronat dégage la voie royale pour Pierre Gattaz à la tête d'un Medef de combat ? À l'heure où les syndicats montrent leurs muscles ?
Le système de retraites par répartition, auquel les Français restent si attachés, va dans le mur. Chacun est d'accord sur le constat comme sur le début de solution dès l'instant où les efforts à faire portent sur le voisin. Dans un contexte tendu, avec un chômage catastrophique et une croissance en berne, l'indispensable réforme de nos pensions s'annonce, du coup, explosive même si une majorité des Français la juge incontournable.
Depuis trente ans, chaque gouvernement, de gauche comme de droite, s'est refilé la patate chaude. Et la loi Fillon de 2010, dernière en date, qui a reporté l'âge légal de départ de 60 à 62 ans à partir de 2017, n'a pas totalement réglé le problème. Sans chercher à noircir le tableau, il manquera 25 milliards d'euros pour le seul régime général en 2020 si on reste les bras ballants.
En responsabilité
Pour corriger le tir, la France, poussée à agir par Bruxelles, mettra-t-elle en veilleuse ses vieilles lunes idéologiques et corporatistes ? C'est à espérer dans ce dossier ultrasensible placé, avec l'emploi, au coeur des enjeux de la Conférence sociale des 20 et 21 juin.
Pour rendre la réforme efficace et acceptable par l'ensemble des Français, le gouvernement n'a pas d'autres choix que de tout mettre sur la table. D'abord, l'allongement de la durée de cotisation puisqu'il a écarté l'idée de toucher à l'âge légal de départ. Mais aboutira-t-on à un large consensus sur l'alignement des régimes entre fonctionnaires du public et salariés du privé, la réduction des avantages des régimes spéciaux, ou l'augmentation des cotisations, y compris pour les retraités ? Pas sûr.
Pourtant, mettre tout le monde à contribution ne signifie en rien dresser jeunes contre retraités, patrons contre salariés, public contre privé. Reste à s'en remettre au sens des responsabilités de chacun et aux vertus du dialogue social à la française. Va-t-il vraiment se durcir, comme certains le redoutent ?
En tout cas, rien ne serait pire, en contrepartie des efforts demandés, que de ne pas prendre en compte la pénibilité, le sort des femmes fortement pénalisées... C'est de tout cela que gouvernement et partenaires sociaux auront à finalement discuter, ensemble, dans les prochains mois. En gardant en tête que ce système, formidable dans l'esprit, repose sur le principe des sacrifices des uns justifiant ceux imposés à d'autres. Et qu'il faut en finir avec la politique de l'autruche. Car il y va, là, de sa survie.

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