TOUT EST DIT

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jeudi 17 mai 2012

Les rythmes scolaires en France et en Europe

La France compte la plus courte année scolaire d'Europe et propose une des journées de cours les plus chargées du continent. Avec la généralisation en 2008 de la semaine de quatre jours en primaire, les critiques sont de plus en plus vives sur l'organisation de la scolarité en France. Un comité va donc plancher sur un réaménagement des rythmes scolaires de la maternelle au lycée. Tous les thèmes seront abordés : la durée et l'organisation des journées de cours, le nombre de jours passés en classe dans la semaine, l'allongement de l'année scolaire, la durée des vacances.
Le comité, composé de médecins, d'élus des collectivités territoriales, de spécialistes de l'enseignement auditionnera professeurs, parents d'élèves et lycées. Les modèles étrangers seront étudiés avec attention. Dès la rentrée prochaine, une centaine de lycées expérimenteront un système inspiré de ce qui se passe outre-Rhin : cours le matin, sport l'après-midi. Le comité rendra son rapport en 2011 mais l'organisation de l'année scolaire ne sera pas réformée avant 2014.




«La semaine de quatre jours est néfaste aux écoliers»

INTERVIEW - En janvier, un rapport de l'Académie nationale de médecine recommandait l'ouverture de l'école le mercredi matin. Chronobiologiste et rapporteur de cette étude, le professeur Yvan Touitou détaille les fondements scientifiques d'une telle suggestion.
» Lire l'intégralité de l'interview




Ces enjeux économiques qui font pression sur le calendrier scolaire

Semaine de quatre jours, vacances d'été raccourcies ou mercredi travaillé : la réflexion entamée sur les rythmes scolaires durera au moins un an. «Ce calendrier est une bonne chose, car ce projet de réforme est très complexe et il ne faudrait pas aboutir à des mesures prises à la va-vite», souligne Pierre-Yves Jardel, président de la communauté de communes de la Brie des Etangs (Marne) et responsable des questions d'éducation pour l'Association des maires de France (AMF).
Il faut dire que ce projet de réforme, applicable en 2014, a des implications bien plus vastes que le seul emploi du temps des écoliers de l'Hexagone. Il risque d'avoir un coût économique, en particulier pour le secteur du tourisme et les finances des municipalités. Un enjeu dont le gouvernement est conscient. Le comité de pilotage sur les rythmes scolaires mis en place par Luc Chatel rassemble autour de la table tous les acteurs concernés, y compris des professionnels du tourisme et des transports, ainsi que des élus locaux.
• Le tourisme aux aguets
Si le calendrier des vacances est déjà fixé jusqu'en 2013 au ministère de l'Education nationale, l'industrie du tourisme suivra de très près les idées qui pourront émerger du comité de pilotage sur les rythmes scolaires. L'enjeu de la réforme est de taille pour ce secteur qui pèse plus de 72 milliards d'euros de chiffre d'affaires et plus de 6% du PIB français, selon le Réseau national des destinations départementales (Rn2d). «Il est clair que si les vacances d'été sont rabotées de quinze jours, cela entraînera une baisse de la fréquentation des hôtels français», affirme Laurent Duc, président de la Fédération nationale de l'hôtellerie française au sein de l'Umih (Union des métiers des industries de l'hôtellerie). Selon lui, la seule clientèle étrangère, friande des périodes hors vacances scolaires, ne suffirait sans doute pas à compenser cette perte.

Crédits : Insee / Ministère de l'Economie et des Finances
Pour autant, la profession n'oppose pas un blocage de principe au raccourcissement des vacances estivales. «Les Français ne partent plus deux mois en vacances, et il est très difficile d'avoir une clientèle avant le 15 juillet de toute façon», souligne Pascale Jallet, déléguée générale du SNRT (Syndicat national des résidences de tourisme). Mais l'hypothèse d'une réduction du nombre de zones de trois à deux serait une catastrophe pour le tourisme en hiver, en conviennent les professionnels. «Les stations hivernales ne peuvent pas se permettre de perdre une semaine de chiffre d'affaires à chaque vacances d'hiver, surtout quand on considère les investissements que nécessitent la préparation de la saison», note Laurent Duc. C'est pourquoi les acteurs du tourisme vont militer pour conserver «le meilleur étalement possible des vacances sur l'ensemble de l'année», annonce Pascale Jallet.
• Les municipalités jouent la montre
De son côté, Pierre-Yves Jardel estime qu' «il n'y a pas de solution miracle». Une chose est sûre, selon lui, il y aura toujours des mécontents. La semaine de quatre jours est sur la sellette. Un sujet sensible pour le gouvernement, car elle a été mise en place à la rentrée 2008 par Xavier Darcos, le prédécesseur de Luc Chatel. «Cette décision a été brutale, et a pris davantage en considération les intérêts économiques que ceux des enfants», commente l'élu de la Marne. Autre scénario, le rabotage des vacances estivales. «Les professionnels du tourisme et des transports qui vont durement batailler contre cette piste».

Les trois zones de vacances en France. (Crédit : Ministère de l'éducation nationale)
Les trois zones de vacances en France. (Crédit : Ministère de l'éducation nationale)
Quant à l'expérience tentée dans un lycée de Meaux (cours le matin et sport l'après-midi), elle sera étendue à 100 lycées l'an prochain. «L'idée est intéressante, mais l'Education nationale manque d'enseignants dans le domaine sportif, puis les villes ne sont pas toutes équipées en stades et autres infrastructures nécessaires aux activités sportives», relève Pierre-Yves Jardel.
S'il ne privilégie aucun scénario de réforme, l'élu insiste pour que les mesures décidées soient appliquées «à l'échelle nationale», sans régimes différents selon les communes, et pour que tous les acteurs soient «impliqués dans le temps de la réflexion». Selon lui, le budget d'une municipalité pour l'éducation représente en moyenne 1000 euros par enfant et par année. Cantines, éclairage et chauffage des écoles, garderies, activités périscolaires… tous ces postes de dépenses seront impactés par la réforme. Ainsi que le transport scolaire, pris en charge par les conseils généraux. Ce n'est pourtant pas ce qui préoccupe le plus Pierre-Yves Jardel. «Les villes et l'Etat investissent massivement dans l'éducation des enfants, mais le niveau scolaire en France est très mauvais par rapport aux autres pays européens», déplore-t-il. Pour lui, le rythme scolaire est certainement l'une des clés pour résoudre ce phénomène.




Les vacances scolaires en Europe

Si les grandes vacances françaises sont souvent critiquées pour leur longueur, elles ne sont pas les plus avantageuses d'Europe. Les étudiants espagnols et italiens peuvent se reposer deux à trois semaines de plus.


Automne
Toussaint
Noël Hiver
Carnaval
Pâques
Spring
Pentecôte Été

Allemagne*
5 à 12 j. 10 à 18 j. 0 à 13 j. 5 à 16 j. 0 à 11 j. 6 sem.

Espagne
X 2 sem. 3 à 6 j. 1 sem. X 11 à 12 sem.

Finlande**
1 à 7 j. 1 à 2 sem. 1 sem. 4 j. X 10 à 11 sem.

France
10 j. 2 sem. 2 sem. 2 sem. X 9 sem.

Royaume-Uni
1 sem. 2 sem. 1 sem. 2 sem. 1 sem. 6 sem.

Italie**
X 2 sem. 1 à 5 j. 5 à 9 j. X 12 à 13 sem.

Pays-Bas
1 sem. 2 sem. 1 sem. X 1 sem. 6 à 7 sem.
* Allemagne : tous les Länder n'adoptent pas le même calendrier.
En Italie et Finlande, les dates peuvent varier suivant les régions.
(Source)




Ce qui se fait dans les classes européennes



L'après-midi, les jeunes Allemands sont libres : ils peuvent mener une activité sportive ou artistique... ou rentrer chez eux. Crédits photo : AFP
Royaume-Uni, Espagne, Allemagne, nos voisins préfèrent pour leurs écoliers des journées courtes et des activités sportives et culturelles. Toutefois le modèle allemand, dont voudrait s'inspirer le gouvernement français, a du plomb dans l'aile.
• FRANCE
En termes de nombre de jours passés en classe, la France a la plus courte année scolaire d'Europe : 144 jours. En primaire, 98% des établissements ont choisi la semaine de quatre jours. D'autres pratiquent la semaine de 4,5 jours, avec des cours le mercredi matin. Dans le secondaire, la durée de la semaine est allongée à 5 jours. En moyenne, un écolier du primaire aura 6 heures de leçons quotidiennes, un collégien et lycéen entre 7 et 9 heures. A noter que même si la France détient un des volumes annuels d'heures d'école les plus élevés d'Europe, ce chiffre était encore plus important au début du XXe siècle : 1338 heures de cours en primaire répartis sur 223 jours, soit 30 heures de cours en moyenne sur 5 jours.
• ALLEMAGNE
L'éducation est du ressort des Länder. Les écoliers passent 188 à 208 jours par an en classe à raison de 5 à 6 jours par semaine. Le modèle dominant reste celui de l'école primaire ouverte jusqu'en milieu de journée. Les cours de 45 minutes débutent autour de 7h30/8h30 et se terminent entre 11h30 et 13 heures. Une fois les portes de l'école fermées, les élèves sont libres : ils peuvent mener une activité sportive ou artistique - non prise en charge par le système scolaire- ou tout simplement rester chez eux. Ce système est remis en cause depuis les mauvais résultats des écoliers allemands en 2000 à l'enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l'OCDE). Le système de scolarisation partielle favoriserait les enfants des milieux aisés qui peuvent s'offrir des loisirs extrascolaires tandis que leurs camarades plus pauvres sont laissés à eux-mêmes.

• ESPAGNE
Les Espagnols passent 175 jours par an derrière leur pupitre, 5 jours par semaine. La journée de cours dure 5 heures par jour en primaire, 6 au collège. Les écoles du premier degré peuvent proposer la journée continue (9 à 14 heures) ou coupée (cours de 9 heures à 12 h30 puis de 15 h à 17h15). Les établissements qui choisissent de ne pas avoir cours l'après-midi doivent proposer des activités extrascolaires jusqu'à 17 heures mais celles-ci ne sont pas toujours gratuites dans les faits. La moitié des 17 régions espagnoles, qui ont voix au chapitre sur l'éducation, a choisi la journée continue. Quant aux élèves du secondaire, ils achèvent leurs cours à 14 heures ou 14 h 30, sauf en Catalogne.
À lire par ailleurs :
» En Espagne, la journée continue au primaire en débat (La Croix)
• ITALIE
L'année scolaire italienne, dont le volume horaire dépasse celui de la France dans le secondaire, s'étale sur 200 journées. Les écoliers ont cours cinq à six jours par semaine. En primaire, on compte de 27 à 30 heures de cours par semaine, 24 pour les plus jeunes. Les élèves ont le choix entre deux modèles : «le modulo» avec des cours tous les matins du lundi au samedi de 8h30 à 13h, et quelques après-midi (14h30-17 heures), ou un temps complet (« tempo pieno »), semblable au système français, avec des cours du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 14h30 à 16h30.
Dans le secondaire, les étudiants reçoivent 30 heures de cours par semaine au collège. Certaines écoles distribuent les heures du lundi au vendredi avec des modules de 55 minutes (de 8 h à 13h30). D'autres ont une fréquence de 5 heures par jour, du lundi au samedi. Le nombre d'heures peut monter à 40 dans certains établissements. Ces heures prises sur l'après-midi proposent des cours de langue, d'informatique, de sport, de musique…

Les établissements britanniques sont encouragés à proposer à leurs élèves des visites culturelles.
Les établissements britanniques sont encouragés à proposer à leurs élèves des visites culturelles. Crédits photo : AFP
• ROYAUME-UNI
Le rythme scolaire est déterminé par les autorités locales. Les Britanniques ont cours 190 jours par an, 5 jours par semaine. La loi fixe un minimum de 21,5 heures par semaine pour les plus petits, 25 heures pour les 14-16 ans. Mais les écoles peuvent en proposer davantage. Une journée-type commence à 8 h 30 ou 9 heures et se termine entre 15 h 30 et 16 heures, avec cantine ou packed lunch (pique-nique). Depuis l'Education Act de 2002, les établissements sont encouragés à proposer à leurs élèves, après la fin des cours, des activités : sports, musique, visites culturelles, clubs.
En 2003, un programme d'investissements de 4 milliards d'euros a été lancé pour augmenter les écoles scolarisant toute la journée les élèves. Les cours commencent vers 08h15 et se terminent vers 16 heures. Très souvent les devoirs sont faits à l'école. La part des lycées à plein temps dépassait 30% en 2008, contre à peine plus de 15% quatre ans plus tôt. Même chose pour la proportion d'élèves concernés: elle a doublé entre 2004 et 2008, pour atteindre 24%. Les autorités espèrent que ce système encouragera les Allemandes, à revenir dans la vie active après avoir eu un enfant et à avoir plus de bébés.
• PAYS-BAS
Les écoliers néerlandais ont plus d'heures de cours par an que les Français mais celles-ci se répartissent sur davantage de jours (200), cinq jours par semaine. C'est la direction de l'école qui définit la répartition des heures. En moyenne elle est de 5h30 en primaire, les élèves arrivent vers 8h30 et sortent vers 15 heures avec une pause à midi. Le mercredi matin est travaillé mais l'après-midi est le plus souvent libre. Dans le secondaire, les programmes prévoient 1040 heures par an d'enseignement dont 40 peuvent être consacrées pour les élèves les plus doués à des cours d'art plastiques. 72 heures peuvent être aussi utilisées pour faire du bénévolat. Les heures de cours sont abaissées à 700 l'année de l'examen final.
• FINLANDE
La Finlande, en tête des résultats PISA, a un des volumes horaires annuels les plus bas de l'Union européenne. L'école représente 190 jours par an, 5 jours par semaine. Les petits ont 3H45 par jour soit 5 leçons de 45 minutes chacune, entrecoupées d'une pause de 15 minutes. Le nombre de leçons augmente jusqu'à 7 par jour avec l'âge, pour atteindre un maximum de 30 heures par semaine soit 6 heures par jour.
LIRE AUSSI :
» Le réseau Eurydice sur les systèmes éducatifs européens
» Les rythmes scolaires, ça donne quoi ailleurs ? (sur Slate)

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