TOUT EST DIT

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lundi 5 décembre 2011

Miss France, et le désir franco-allemand

L’actualité offre à la presse de moins en moins de parenthèses souriantes. Samedi soir, sur le coup de minuit, elle en a ouvert une. Enfin, une élection sereine! Celle de l’Alsacienne Delphine Wespiser, nouvelle Miss France 2012. Une consécration sans enjeu politique mais dont les commentaires ont mis en évidence, s’il le fallait encore, la bienveillance particulière dont bénéficie l’Alsace dans le cœur des Français. Cette espèce d’affection naturelle, mêlant admiration et identification, qui se manifeste quand la région est distinguée d’une façon ou d’une autre pour représenter la nation toute entière.

La légèreté froufrouteuse de la cérémonie a eu le charme décalé de ces rituels qui traversent le temps en dépit des modernisations d’une mise en scène toujours joyeusement pompière. Comme chaque année, jury, public et téléspectateurs ont volontiers joué le jeu gentiment cocardier de l’exhibition avec écharpe bleu-blanc-rouge pour désigner la vraie, l’unique, l’universelle première dame du pays. La seule, en tout cas, à pouvoir se prévaloir de ce titre, reine républicaine aux cheveux fauves et aux yeux verts, bénéficiant sur l’estrade d’un triomphe dont rêveraient tant d’héroïnes du petit monde du pouvoir.

Ce nationalisme-là, majoritairement visuel et autocentré, est heureusement inoffensif et tranche avec l’incroyable nombrilisme, perverti par la germanophobie latente qui resurgit au moment où la France et l’Allemagne affichent quelques intérêts divergents dans le traitement des convulsions de l’euro. Une (mauvaise) règle d’histoire s’écrit sous nos yeux en temps réel: la crise fait resurgir les vieilles caricatures, nourrit des publicités bien lourdes, et réveille dans certains esprits dépassés les ressentiments recuits entre deux voisins qui, fort heureusement, n’en sont plus là depuis longtemps. Et voilà qu’on reparle «d’hégémonie allemande» sur l’Europe pour qualifier les positions d’une Allemagne qui, après tout, ne fait que défendre ses intérêts et préserver les fruits, chèrement acquis, de dix années d’efforts. A sa place, la France - qui, elle, a préféré laisser filer son déficit - ne ferait pas autre chose...

Au final, c’est un désagréable malaise qui envahit peu à peu les relations du couple franco-allemand à un moment de tension contradictoire: les partenaires sont obligés de lier leurs destins jusqu’à l’aube d’une improbable sortie de crise, quand l’excitation de rendez-vous électoraux à venir leur donne furieusement envie de faire chambre à part.

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