TOUT EST DIT

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mercredi 31 août 2011

Rythmes scolaires : l'enfant d'abord

« L'organisation du temps scolaire n'est pas prioritairement conçue en fonction des élèves. » Ce constat de la Cour des comptes, en mai 2010, rejoignait la conclusion affligée de l'Académie de médecine : « L'enfant n'est pas au centre de la réflexion. »

S'agissant de l'école, il faut bien admettre que c'est un comble, souligné avant les vacances par la Conférence des rythmes scolaires présidée par le recteur Forestier et Odile Quintin, ex-responsable de l'éducation à la Commission de Bruxelles. La France est le pays où les écoliers suivent le plus grand nombre d'heures de cours (913, contre 634 en Allemagne et 608 en Finlande), ont les journées les plus chargées (six heures à l'école élémentaire), les semaines les plus courtes et, avec la Grèce, les vacances les plus longues. La scolarisation annuelle est de 144 jours, contre une moyenne de 180 dans les pays de l'OCDE.

Conséquences : une intensité de travail excessive, des élèves fatigués, donc moins réceptifs à l'enseignement, avec un risque accru de décrochage chez les plus fragiles. Le parallèle s'impose naturellement avec le travail salarié, soumis à une productivité croissante et générateur d'un stress dont les effets sont connus.

On peut, bien sûr, invoquer les heureuses contreparties de ces contraintes et, spécialement, des plages de loisirs élargies. Élèves et salariés auraient plus de temps pour la détente et la récupération de la fatigue accumulée. Rien n'est moins certain. D'abord parce que le travail ne s'arrête ni pour les uns ni pour les autres, à la frontière de l'école ou de l'entreprise. Il y a les « devoirs de maison » - y compris pour les salariés - grâce (ou à cause) du portable. Ensuite, parce que les loisirs sont de moins en moins le Carpe diem (« Cueille le jour ») vanté par le professeur de français Robin Williams, dans le film culte Le cercle des poètes disparus. Il faut « faire » toujours plus, sans laisser de place à la vacance du temps, à ce vide bienfaisant où quelque chose de neuf, de non prévu, peut advenir.

Les choses sérieuses commencent lorsque l'enfant dit « J'sais pas quoi faire ! ». Au lieu de quoi, comme le souligne le rapport Forestier, il faut s'alarmer de l'engouement des jeunes pour tous les « écrans » qui saturent l'existence d'images et, de manière plus générale, pour les techniques d'information et de communication. 9 % des 8-10 ans ont un compte Facebook, alors que l'âge légal d'inscription est de 13 ans ! Les parents le déplorent. Mais que font-ils pour ouvrir à leurs enfants d'autres horizons, eux qui passent en moyenne cinq heures par jour devant la télé, sans parler du reste ?

Toute réforme, certes délicate, doit s'appuyer sur la redécouverte de l'extrême singularité de l'enfant, trop souvent traité comme un majeur miniature et soumis, y compris à l'école, aux exigences des adultes : la semaine de quatre jours pour arranger une majorité de parents ; les longues vacances d'été pour satisfaire les intérêts des lobbies du tourisme...

Ce qui veut dire, à rebours d'un certain discours d'alignement de l'école sur les attentes et besoins de la société, « remettre l'enfant au centre », restaurer la symbolique de l'espace scolaire en tant que lieu à part et donc, comme le suggérait Hannah Arendt, « séparer le domaine de l'éducation des autres domaines ». Une idée folle ? Mais n'est-ce pas notre pratique actuelle qui l'est plus encore ?

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