TOUT EST DIT

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dimanche 10 juillet 2011

Anti-crétins

Ce qui passe par la tête d’un crétin militant qui balance une poubelle sur la tête de Nicolas Hulot? La haine est un mystère insondable, comme la stupidité, et plus insupportable quand elle agit au nom du bien : car le crétin qui a poubellisé Hulot, hier dans les Landes, se veut sans doute écolo, et d’une telle pureté qu’elle l’autorise à humilier un trop riche, trop beau, trop connu, qui abîmerait la cause de son bonheur…
Son geste a le mérite d’ôter à Hulot ses dernières illusions : cette faune militante cynique ou exaltée qui assassine l’écologie en se l’appropriant ne le méritait pas. "Sain Nicolas", comme l’a surnommé sa biographe Bérengère Bonte, n’est pas zéro défaut. Mais ce qu’on lui a fait, dans cette primaire, est une insulte à ce que cet homme a risqué pour ses convictions. Lui reprocher l’aura médiatique qu’il a sacrifiée précisément dans ce combat était absurde et ignoble à la fois : ils ont osé. Hulot continuera pourtant, écolo malgré les écologistes… Ça s’appelle la dignité.

Il en est d’autres, dans l’actualité, qui résistent malgré les crétineries. Il s’agit ici de SOS Racisme, dont on a fini par oublier qu’il avait fait se lever toute une génération dans une évidence de fraternité, il y a un quart de siècle. Le temps a passé et SOS est devenu une cible des intégristes militants. L’assoc’ à la petite main était coupable des mêmes péchés que Hulot : avoir été trop belle, trop médiatique, trop show-biz. Et sous cette critique se cachait une ignominie : SOS n’a jamais été pardonné d’avoir fraternellement mêlé dans son "melting-potes" le refus de l’antisémitisme et le combat contre le racisme, sans jamais mélanger les luttes d’ici et les drames du Proche-Orient.

SOS a subi, SOS a survécu, minoritaire et inlassable. Inventant les "testings", pourchassant les discriminations, des entreprises aux boîtes de nuit ; dénonçant l’angélisme et les caïds qui plombent les cités ; mais allant chercher les vrais puissants de l’heure, osant attaquer des ministres et faire condamner un journaliste trop populaire qui justifiait de son talent les discriminations. Que SOS ranime ses grandes heures d’antan dans un concert républicain pour l’égalité, ce 14-Juillet, est une bonne nouvelle. On y verra un jaillissement du passé, quand on croyait que la musique et les jeunes étoufferaient le mal. On aura tort : cette naïveté-là est purgée. Mais il reste bon que l’on fasse nombre et que l’on s’agglutine au Champ-de-Mars, dans une fête qui sera vraiment nationale, la fête des moins blancs et des non-hétéros, des moins riches et moins gaulois, et de tous les autres… Il me plaît d’adresser ce salut aux potes, pour mille et une raisons, dans cette chronique qui sera la dernière que je signerai dans le JDD. Merci donc, et continuons.

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