TOUT EST DIT

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vendredi 17 juin 2011

Grèce: Nouriel Roubini pour la sortie de l'euro

Laurent Pinsolle reprend l'analyse de l'économiste, l'un des rares économistes qui avait anticipé la crise des subprimes, selon laquelle, à l'inverse de ce que disent bien des économistes français, la sortie de l'euro reste la moins mauvaise option pour l'économie grecque, à l'instar de ce qui s'est passé en Argentine. 


  Hier avait lieu la 3ème grève générale en Grèce en protestation contre les plans concoctés par la Commission, la BCE et le FMI et qu’essaie de faire passer le gouvernement. Nicolas Dupont-Aignan était hier à Athènes pour protester lui aussi contre ses plans absurdes.


La partie de poker entre la finance et les Etats

Sur son blog, Hervé Nathan montre justement qu’aujourd’hui que c’est la corbeille qui décide à Athènes et que Commission, BCE et FMI ne font que suivre ce qu’elle souhaite. Assez naturellement, les marchés ne veulent pas entendre parler d’une décote qui risquerait à nouveau de provoquer une crise financière systémique, démontrant à nouveau que le secteur financier n’est qu’un immense château de cartes à la merci du défaut d’un pays pesant 3% du PIB de la zone euro.

On perçoit dans les menaces des agences contre Athènes ou les banques qui ont des engagements en Grèce une forme de chantage, un pur rapport de force entre les marchés et les Etats européens pour se partager l’addition. Il est intéressant de constater à quel point la troïka infernale défend uniquement les intérêts de la finance, appuyée par la France, en contradiction totale avec les propos de Nicolas Sarkozy sur la moralisation du capitalisme.

En revanche, l’Allemagne pèse de tout son poids (qui est grand, en tant que prêteur de dernier ressort) pour partager l’addition avec le secteur financier et imposer qu’il prenne en charge une partie de la note, quitte à accroître les tensions sur les marchés financiers. On peut se demander si, de la sorte, l’Allemagne ne cherche pas tout bonnement à faire pourrir la situation pour enfin sortir d’un euro dont elle n’a jamais voulu. Résultats, les négociations continuent à piétiner.

La seule chose qui est certaine est que les conditions de l’accord qui doit être trouvé d’ici la fin du mois seront à nouveau sanglantes : baisse des salaires, hausse des impôts, véritable dépeçage du service public national pour dégager de la trésorerie (50 milliards d’euros de privatisations, c’est 20% du PIB du pays, l’équivalent de 400 milliards en France…). Comme le soutient Morad El Hattab, cela revient à presser un citron jusqu’à ce que les pépins craquent…

Une situation totalement intenable

J’avais écrit il y a quelques semaines qu’il n’y avait qu’une solution pour la Grèce, à savoir la sortie de l’euro, une forte dévaluation et une restructuration, si possible ordonnée, de sa dette. C’est exactement ce qu’a écrit Nouriel Roubini dans le Financial Times de mardi. Les médias ont assez mal rendu compte de cet article, qui, avant de conclure, étudie les autres possibilités offertes à la Grèce : dévaluation de l’euro, voie allemande ou dévaluation interne.

Mais l’économiste qui avait prédit la crise de 2008 juge que ces options sont impraticables car les traités impliquent un euro cher, (d’autant plus quand on met des psychopathes à la tête de la BCE) et que le principe d’une compression interne des salaires pour améliorer la compétitivité de la Grèce provoquerait une Grande Dépression qui, non seulement achèverait l’économie grecque, mais rendrait totalement illusoire le remboursement des dettes que le pays a contracté.

Certes, certains évoquent la solidarité européenne mais celle-ci est illusoire tant elle devrait être importante. Jacques Sapir a chiffré à 3.5 à 4% du PIB l’effort annue l que devrait consacrer l’Allemagne. Pire, comme je l’avais expliqué, cette solidarité, si elle améliorerait la situation de la population grecque, ne ferait qu’entretenir un déséquilibre de la balance des paiements du pays qu’il faudra bien tôt ou tard corriger. Cette solution revient à une fuite en avant dans toujours plus de dettes.

La Grèce n’a pas 36 solutions aujourd’hui : elle doit dévaluer pour retrouver sa compétitivité. Soit elle procède à une dévaluation interne pour rester dans l’euro. Mais dans ce cas, Patrick Artus estime qu’il faudra baisser les salaires de 35% : je vous laisse imaginer la boucherie que représenterait un tel ajustement. C’est pourtant la voie prise aujourd’hui. L’alternative consiste à sortir de l’euro pour procéder à une dévaluation en bonne et due forme.
L’Argentine s’était imposée quatre années de récession avant d’abandonner le lien avec le dollar. La Grèce est dans sa troisième année. Si Athènes suit Buenos Aires, le moment de vérité aura lieu début 2013… Mais la situation est tellement instable que cela pourrait arriver plus vite

 

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