TOUT EST DIT

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samedi 4 août 2012

Euro : de mal en pis


« L’euro est irréversible. » Non ! je ne suis pas en retard sur l’info ! C’est tout simplement Mario Draghi qui se répète. Et, d’une certaine manière, j’aurais envie de vous renvoyer à l’analyse de Jean Cochet la semaine dernière (Présent du 25 juillet). Parce que si, il y a huit jours, les marchés avaient vu dans la déclaration du président de la Banque centrale européenne une audace – avec de bonnes lunettes loupe, sans doute… –, en tout cas une volonté, et peut-être un chemin, sa réitération jeudi a eu l’effet tout inverse. L’argent est chose sérieuse, n’est-ce pas, et, dans ce domaine, la sujétion, façon méthode Coué, n’y est d’aucune efficacité.
Les Bourses ont donc plongé, dans la soirée, pour avoir trop attendu de la BCE. Il faut dire que Mario Draghi avait fait fort : non seulement il a répété ce qu’il avait dit la semaine précédente, mais en outre il a invité les Etats, pour certains déjà exsangues, à agir : « Les gouvernements doivent continuer les efforts de consolidation budgétaire, de réformes structurelles pour améliorer la compétitivité et de réformes institutionnelles au niveau européen. »
La BCE, quant à elle, est peut-être prête à tout, mais elle ne fera rien ; du moins pour l’instant. Il est vrai qu’elle se trouve face à une opposition radicale de la première économie européenne, à savoir l’Allemagne. Quant aux pays en difficulté, elle les a tout simplement montrés du doigt, jugeant « inacceptables » les envolées des taux d’emprunt de l’Espagne et de l’Italie.
Ni Madrid, ni Rome n’ont paru impressionnés, qui ont exclu une nouvelle fois de demander un sauvetage global de leur économie (« Un sauvetage, non ! »), à l’occasion d’une rencontre de Mariano Rajoy et Mario Monti dans la capitale espagnole. Bref ! chacun se renvoie la balle… On ne vous aidera que si vous le demandez – mais personne n’est prêt à supporter l’impact psychologique, sur l’opinion publique comme sur les marchés, d’une telle démarche.
En quelque sorte, deux visions économiques s’opposent désormais, qui marquent bien le fossé de plus en plus grand qui existe entre les institutions européennes et les Etats – sans parler des opinions publiques. La BCE peut sans doute s’assurer le soutien d’autres organismes, tels le FMI qui déclare : « Nous partageons son intérêt pour la nécessité de réparer la transmission de la politique monétaire dans la zone euro. »
Ce charabia est d’autant plus savoureux que la BCE venait de décider, justement, de ne rien faire…
François Hollande, qui assure qu’il se montrera vigilant, n’en a pas moins apprécié, semble-t-il, le discours de la Banque centrale : « Je trouve que la décision de la BCE est importante, elle vient confirmer ce que nous avions décidé à la fin de mois de juin. Elle permet à la BCE d’intervenir lorsqu’il y a nécessité. »
Là aussi, le chef de l’Etat fait dans l’attentisme. Attendre et voir venir, comme diraient nos voisins britanniques. Et pourquoi pas ? pour faire plus français, l’espoir fait vivre ?
L’Allemagne, pendant ce temps-là, maintient le cap qu’elle s’est fixé, et d’autant plus volontiers que l’agence de notation Standard and Poor’s vient de maintenir la notation triple A de sa dette à long terme, soulignant ainsi les capacités du pays à faire face aux chocs économiques et financiers. Aux siens, en tout cas…
Berlin a sans doute raison de tenir bon. La politique prônée par Mario Draghi comporte bien des risques. Car, même si la BCE se décidait à intervenir sur le marché secondaire, voire primaire, comme elle assure être prête à le faire, en rachetant des obligations italiennes et espagnoles, les chiffres sont vertigineux. Ce sont en effet quelque 1 000 milliards d’euros qu’il faudrait couvrir avant la fin de l’année !
La solution ? Michel Barnier, commissaire européen aux Services financiers, la réitère sans vergogne : « (…) aller vers une fédération européenne, car la crise a montré qu’on ne pouvait pas s’en sortir tout seul ». Cela passe, notamment, par la création d’un super-ministre européen de l’Economie…
Mais qu’est-ce à dire au fond ? Tout simplement, qu’on nous propose les mêmes remèdes, surdosés certes, que ceux qui, depuis des mois, depuis des années, sont impuissants à guérir le malade, incapables de conjurer la crise.
Personne ne peut s’en sortir seul, clame Bruxelles, toujours férue d’incantations. Pourtant, ce ne sont pas les plus indépendants, ceux qui ont toujours refusé d’entrer dans la zone euro, qui se portent le plus mal.
Et surtout aurions-nous connu une crise d’une telle ampleur si elle n’avait été démultipliée par la multiplication de nos faiblesses que constitue aujourd’hui la zone euro ?
Que défendent vraiment ces sectateurs d’un fédéralisme toujours plus grand ?
Notre avenir ? 

Ou le leur ?

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