TOUT EST DIT

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jeudi 2 septembre 2010

La question à 4.000 milliards

Evidemment, le chiffre est vertigineux. Il s'échange chaque jour 4.000 milliards de dollars de devises sur les marchés des changes. C'est trois fois plus qu'il y a une décennie. Et moitié plus que l'ensemble des richesses produites en France en… un an. Mais l'enquête triennale publiée hier par la Banque des règlements internationaux, d'où vient ce chiffre, montre aussi et surtout comment bouge la planète monétaire. Le plus grand marché au monde est d'abord plus ouvert. Les acteurs non bancaires font désormais la moitié des transactions. Comme en Bourse, il y a beaucoup de « flash trading » dans le lot. Les traders profitent d'infimes écarts, en jouant sur le marché au comptant, qui a bondi de moitié en trois ans. Ensuite, la City renforce encore sa prééminence, avec 37 % des échanges de monnaies et 46 % des transactions sur les dérivés de taux d'intérêt. Paris pèse peu, avec 3 % du négoce de devises et 7 % sur les dérivés de taux (troisième rang derrière Londres et New York). Enfin, les nouveaux venus pointent le nez. Le dollar australien, le won coréen, la lire turque et même la roupie indienne progressent, au détriment du billet vert.

Ces mutations sont à suivre de près. Car si le marché des changes a été relativement préservé dans la crise récente, il pourrait en être tout autrement dans les deux ou trois prochaines années. Les craquements sont de plus en plus bruyants, comme sur le yen aujourd'hui. Et la liquidité pourrait là aussi s'évanouir. Il est encore temps de prendre des précautions supplémentaires. Les régulateurs financiers doivent mieux surveiller les « non-banques », les « hedge funds » et autres acteurs de plus en plus actifs sur les marchés des changes. Ils doivent aussi contrôler spécialement les très grandes banques par où passe une part croissante des transactions, comme l'indiquent des résultats de la même enquête publiés par la Banque d'Angleterre. Le G20, lui, pourrait travailler sur deux sujets. D'une part, l'absence criante du yuan chinois sur ce marché - qui est une solution pour la Chine, mais de plus en plus un problème pour ses partenaires. D'autre part, le rôle toujours croissant de Londres dans ces transactions. Lors de la crise bancaire, la supervision financière britannique a révélé sa profonde inefficacité. Rapportées au PIB, les pertes des banques implantées au Royaume-Uni ont été cinq ou six fois supérieures à ce qui a été enregistré sur le Continent ou aux Etats-Unis. La surveillance de la City est peut-être une affaire trop sérieuse à l'échelle mondiale pour être confiée à nos seuls amis anglais.



JEAN-MARC VITTORI

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