Les députés ont adopté hier le traité budgétaire européen et François Hollande s'est félicité de voir "la gauche réunie" dans ce vote. Votre parti pris : Hollande a évité le pire, pas Ayrault. Pourquoi ?
On
peut dire que, dans cette affaire, François Hollande a joué à se faire
peur. Mais on ne peut pas croire qu'il soit vraiment rassuré par son
issue. Parce que, si lui se sort de justesse du piège, le Premier
ministre y laisse une part de sa crédibilité - une part supplémentaire.
Parce qu'il avait échoué à entraîner la majorité dans son discours de
politique générale, en juillet ; qu'il n'a pas réussi à rassurer la
majorité, il y a deux semaines à la télévision ; et qu'il n'est
finalement pas parvenu à rassembler sa majorité, hier à l'Assemblée.
Pourtant
le texte a bien été adopté à une large majorité : 477 voix pour, 70
contre. Et François Hollande a affirmé qu'il n'aurait "pas eu besoin des
voix de la droite" pour faire approuver le traité. C'est faux ?
C'est
une présentation habile mais faussée, une illusion d'optique, comme un
tour de bonneteau. Vous perdez la boule des yeux et vous ne la revoyez
plus. Hier, la boule, c'était la majorité : le nombre de députés qui la
constituent, c'est 289 - la moitié des 577 sièges de l'Assemblée + 1. Or
la gauche a apporté 282 voix au traité. Donc il en manque 7 pour faire
une vraie majorité absolue de gauche. En réalité, ce qui s'est passé,
c'est qu'il n'y a eu que 547 votes dans l'hémicycle - à cause des
abstentions et de ceux qui n'ont pas pris part au scrutin. C'est
pourquoi François Hollande peut faire comme s'il avait sa majorité. En
attendant la règle d'or, il lui faudrait une règle à calculer...
Il
y a donc eu 20 socialistes qui ont voté contre. C'est plus que le
gouvernement ne l'espérait, mais est-ce qu'on peut parler de crise ?
Pas de crise puisque tout était congelé d'avance - Jean-Marc Ayrault
avait tout lâché aux écologistes, on le voyait mal sanctionner des
socialistes. Mais on peut parler de revers : il a tout fait pour
caporaliser ses troupes ; ça n'a pas marché. Les rebelles ne sont pas
rentrés dans le rang ; ils n'ont consenti qu'à faire le silence dans les
rangs (comme Benoît Hamon,
dont on est sans nouvelles depuis un mois...). François Hollande, on
l'a dit, ne s'est pas mouillé du tout dans cette affaire : donc c'est
Jean-Marc Ayrault qui en récolte les lauriers, des lauriers bien
fanés... Au passage, notons qu'Olivier Falorni n'a pas voté le traité -
il s'est abstenu. A posteriori, c'est une raison de plus pour François
Hollande de féliciter Valérie Trierweiler de son intervention à La
Rochelle !
Maintenant, la loi organique sur la mise en oeuvre
de la règle d'or va être votée aussi. Est-ce que cette page peut se
tourner rapidement ou elle va laisser des traces ?
Il faut
être honnête : pour ce qui est de l'Europe, ça ne change rien du tout -
c'est juste que la France devait ratifier le traité pour ne pas se
mettre hors jeu elle-même, puisque les autres pays l'ont déjà adopté.
Mais c'était devenu une affaire franco-française - et même un
psychodrame au sein de la gauche. De ce point de vue-là, le vote ne
règle pas tout. Jean-Marc Ayrault postulait à être le chef d'une
majorité composite ; il a maintenant une majorité décomposée. Et il y
avait un débat sur la politique d'austérité ; il y en a un autre sur
l'autorité du Premier ministre.
mercredi 10 octobre 2012
Hollande a évité le pire, pas Ayrault
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