Standard and Poor's (S&P) accentue ses menaces sur les pays de la zone euro. Lundi 5 décembre, l'agence de notation américaine a placé la note de 15 pays de l'Eurozone sous surveillance avec perspective négative, en raison de l'accroissement des tensions systémiques au cours des dernières semaines.
Elle menace par ailleurs de dégrader ces notes d'endettement à long terme, si rien n'est fait pour endiguer la crise. Six pays, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande et le Luxembourg, perdraient ainsi leur "AAA", la meilleure note possible. Si la rumeur concernant une dégradation de la note française gonflait ces derniers temps, c'est la première fois que l'Allemagne, première économie européenne, se voit mise en danger par une agence de notation.
Standard and Poor's a précisé, dans un
communiqué, que la note de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Finlande, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Belgique serait abaissée d'un cran maximum. Celle des autres pays, dont la France, pourrait
être abaissée d'un maximum de deux crans.
>> Voir notre infographie : La notation des pays européens par S&P
La note de Chypre était déjà sous surveillance avec implication négative, tandis que celle de la Grèce, en défaut de paiement, n'a pas été placée sous surveillance, ce qui explique que les annonces de S&P ne concernent que 15 des 17 pays membres de la zone euro.
AVIS RENDU APRÈS LE SOMMET DE VENDREDI
Une mise sous surveillance avec implication négative signifie en effet que S&P est en train de
revoir les notes attribuées aux pays concernés et qu'elle pourrait
décider de les
baisser dans les trois mois à
venir. S&P a cependant précisé qu'elle avait l'intention de
conclure sa revue le plus vite possible, dans la foulée du sommet européen de vendredi.
Considéré par certains comme celui de la dernière chance pour
sortir de la crise de la dette, ce sommet est censé
conclure une semaine faite de rendez-vous importants, dont le premier en date a été la rencontre entre
Angela Merkel et
Nicolas Sarkozy.
A l'issue de cette dernière, les deux dirigeants ont annoncé un accord franco-allemand
"complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro, passant par la
rédaction d'un nouveau traité dès le mois de mars. Cet accord fait suite à des semaines de négociations laborieuses pour
tenter de
remédier à la crise de la zone euro provoquée par l'endettement de nombreux pays.
Parmi les causes de l'accroissement des tensions systémiques pointées par Standard & Poor's, figurent le durcissement des conditions de crédit, les primes de risque plus élevées demandées pour des obligations souveraines, y compris celles émises par des pays notées "AAA", la persistance des désaccords entre dirigeants européens sur la manière de
sortir de la crise, le niveau élevé d'endettement dans une bonne partie de la zone euro et un risque accru de récession dans la zone euro.
"PRENDRE TOUTES LES DÉCISIONS NÉCESSAIRES"
Après cette annonce, la France et l'Allemagne se sont voulues rassurantes et ont déclaré dans un communiqué commun que la stabilité de la zone euro était leur premier objectif.
"La France et l'Allemagne, pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires, en lien avec leurs partenaires et les institutions européennes pour assurer la stabilité de la zone euro", indique le texte.
Et de
préciser :
"La France et l'Allemagne réaffirment que les propositions formulées aujourd'hui conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance."
PAS D'AUGMENTATION DU CAPITAL DES BANQUES
Le ministre de l'économie,
François Baroin, a quant à lui assuré que
"tout était fait pour protéger les économies des Français". Il a également affirmé que l'Etat n'aurait pas besoin de
participer à une augmentation du capital des banques françaises.
"Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l'irrigation à l'activité économique. Elles le continueront. Il n'y aura pas besoin de participation publique à l'augmentation du capital des banques", a-t-il déclaré sur France 3.
M. Baroin a malgré tout reconnu que la zone euro n'allait
"pas bien", et qu'il lui fallait absolument
"restaurer la confiance" auprès des marchés. Mais il a assuré que la France était un
"pays sérieux", ce que l'agence de notations reconnaissait.