Les huit jours qui viennent de s'écouler correspondaient aux vacances parlementaires de printemps. Qui s'en est aperçu ? Les maléfices du nuage islandais et l'infortune des dizaines de milliers de naufragés du ciel n'ont pas suffi pour émousser l'intensité de l'actualité politique franco-française. Comme si le « calme » avait disparu de la météo ordinaire de notre démocratie. Un changement climatique qui la prive du même coup de quelques moments de répit indispensables.
Serait-ce un effet secondaire du quinquennat ? Sans doute. Cinq ans, c'est un temps court quand il est rythmé par trois rendez-vous électoraux majeurs (municipales, européennes, régionales) qui ont immanquablement une dimension nationale. On prend peu à peu conscience aujourd'hui des vertus du septennat disparu et des inconvénients de sa suppression décidée, en 2000, par trois Français sur quatre. Privé de durée, le chef de l'État est devenu plus dépendant que jamais des soubresauts de l'histoire immédiate, des crises passagères de l'économie ou de ses propres hauts et bas, quand, précisément, il aurait besoin de temps et de sérénité pour déployer son action.
Raccourcir l'un des mandats républicains les plus longs du monde apparaissait comme un incontestable progrès. On commence à se demander si cette évolution ne sera pas, en définitive, une régression. En voulant protéger d'une éventuelle cohabitation le président de la République, clé de voûte des institutions, on l'a livré aux aléas des passions françaises. Était-ce bien raisonnable dans un pays qui n'avait pas attendu la Révolution pour montrer son goût sans modération pour les joutes de l'esprit ?
Débat, polémique, rumeur. Ces trois mots alimentent en énergie l'infatigable dynamo parisienne qui, désormais, met sous tension, chaque annonce gouvernementale, chaque déclaration élyséenne, chaque mercredi au Palais-Bourbon, chaque présentation de réforme, chaque bon mot ou plaisanterie de mauvais goût. Ce pourrait être un signe de bonne santé démocratique. Après tout, la liberté est indivisible : elle ne fait pas le tri entre les bonnes ou les mauvaises raisons de faire monter en mayonnaise une information plutôt qu'une autre. Un pays qui réagit est un pays vivant et les Français, qui aiment tant intellectualiser tous les sujets, trouvent aussi leur compte - même s'ils ne l'avouent jamais - dans cette ébullition permanente.
Cette fois, pourtant, on approche de la surchauffe dans le jeu trouble entre la communication frénétique du pouvoir - édulcorant moderne de la manipulation - et l'appétit naturel des médias. La polémique n'est qu'une extension, plus ou moins infantile - ludique, pourquoi pas ? - du débat, mais quand cette mousse des événements est empoisonnée par la rumeur, c'est le moment de tirer le signal d'alarme.