Les tirs à l'arme lourde ont repris samedi 26 février à Abidjan dans le quartier d'Abobo, fief d'Alassane Ouattara. Selon des témoins, les tirs ont repris en début d'après-midi dans le secteur "PK-18", au coeur des affrontements meurtriers de cette semaine.
"Le quartier se vide", a raconté une habitante après une nuit sous couvre-feu, mesure instaurée pour le week-end par le régime Gbagbo. Au troisième jour d'exode dans le nord de la capitale économique, "les mini-cars ont pu entrer et sont pris d'assaut" par des mères et leurs enfants, a raconté cette jeune femme, elle-même partie rejoindre de la famille dans le quartier de Yopougon (ouest). "Les gens pensent que le quartier va être bombardé", a expliqué un chauffeur resté à Abobo.
GROUPE MYSTÉRIEUX
Un bilan des combats restait impossible à établir mais de nombreux témoins ont fait état d'affrontements très meurtriers. "Le travail continue" à Abobo, a déclaré à des journalistes le chef d'état-major des FDS, le général Philippe Mangou. Baptisé par la presse locale "commando invisible", "mystérieux" ou "fantôme", le groupe, armé notamment de lance-roquettes, qui a attaqué depuis janvier les FDS à Abobo avant de redoubler d'activité ces derniers jours, continue de susciter les interrogations.
Pour les FDS, il est composé d'éléments de la "rébellion" des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord du pays depuis son putsch manqué de 2002 et s'est alliée à Alassane Ouattara au commencement de la crise née du scrutin de novembre. Mais dans le camp Ouattara on récuse toute implication, affirmant qu'il s'agit d'habitants ayant pris les armes ou de FDS passés de l'autre côté. Dans la capitale politique Yamoussoukro, théâtre pour la première fois d'affrontements à l'arme lourde dans la nuit de jeudi à vendredi, le calme est revenu.
Dans le "Grand Ouest", région proche du Liberia et instable depuis des années, la situation était incertaine au lendemain de la prise par les FN de deux localités aux confins de la zone sud sous contrôle du camp Gbagbo. Les FDS assuraient samedi en avoir chassé l'ennemi. La semaine écoulée a donné un caractère presque irréel aux efforts de médiation menés par l'Union africaine pour résoudre la crise, qui a déjà fait au moins 315 morts selon l'ONU et poussé des dizaines de milliers d'Ivoiriens à fuir le pays.
Quatre chefs d'Etat - Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Jacob Zuma (Afrique du Sud), Idriss Deby Itno (Tchad) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) - ont rencontré les rivaux ivoiriens en début de semaine à Abidjan. Chargés au départ d'élaborer des solutions "contraignantes" pour les parties d'ici fin février, ils se concerteront de nouveau le 4 mars à Nouakchott. "Nous ne sommes pas au bout de nos peines", avait convenu le président mauritanien.