S’il existait la palme du plus mauvais communicant, elle reviendrait au gouvernement qui, cette semaine, a émis un record d’injonctions contradictoires sur la politique économique qu’il conduit.
En l'écoutant disserter sur le projet de budget pour 2014 qui n'est même pas encore complètement bouclé, on ne saurait dire s’il est toujours engagé dans un vigoureux effort de redressement des finances publiques ou s’il a lâché du lest ; s’il croit vraiment au retour de la croissance ou s’il continue d’en douter ; s’il est en mesure de pratiquer la pause fiscale annoncée ou s’il en émet simplement le vœu.
On ne comprend pas bien si l’emploi reste la priorité ou si le pouvoir d’achat est en train de le détrôner , s’il est vital ou non de soutenir l’offre , s’il faut verdir la croissance ou au contraire y renoncer. Quel mélo ! Deux éléments expliquent ce grand cafouillage. D’abord la conjoncture qui, mi chèvre mi chou , autorise deux sortes de discours : un prudent _ on n’est pas sorti des difficultés_ l’autre optimiste_ on est en train d’en sortir _.
Selon le public auquel il s’adresse, Bruxelles ou les Français, François Hollande et son gouvernement ajustent leur message : rigoureux un jour, optimiste le lendemain car pour que la croissance revienne, mieux vaut commencer par y croire !
La seconde raison est que 2014 marque le début d’une intense séquence électorale avec les municipales en mars puis les européennes en juin . Sur fond de chômage record, elles s'annoncent périlleuses pour la gauche. Du coup, la politique économique prend immanquablement des allures d' arme électorale et à cette aulne elle commence à devenir un peu plus lisible.
La réforme des retraites a ménagé les fonctionnaires qui restent le gros bataillon électoral de la gauche . La proclamation de la pause fiscale, assortie de mesures destinées à soutenir le pouvoir d’achat des ménages les plus modestes vise à contrer l’offensive de Marine Le Pen dans l’électorat populaire, au moment où les taux de TVA vont augmenter .
C’est en évitant de trop désespérer ces deux électorats que François Hollande tente de limiter la casse aux prochaines élections. Mais comme la conjoncture reste très contrainte, il ne peut rien offrir aux classes moyennes qui ont l'impression de devenir les dindons de la farce.
A présent que les entreprises ont effectivement obtenu la pause fiscale, c'est sur elles que repose l'essentiel de l'effort de redressement. Elles ont payé plus d'impôts en 2013 et continueront de le faire en 2014 avec la désagréable impression qu'on ne leur a jamais clairement annoncé la couleur.
Le gouvernement a bien perçu « leur ras-le- bol ». Il fait tout dans les mots pour atténuer leur colère mais n'a pas les moyens dans l'immédiat d'y répondre concrètement . C'est ce contretemps qui rend si problématique la communication gouvernementale : plus elle se veut positive, plus elle est vécue comme provocatrice par une partie des électeurs .