TOUT EST DIT

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vendredi 25 novembre 2011

Un "écroulement" de l'Italie entraînerait "la fin de l'euro"

Selon le gouvernement italien, le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont "réaffirmé (jeudi) leur soutien à l'Italie, se disant conscients qu'un écroulement de l'Italie amènerait inévitablement à la fin de l'euro, provoquant un arrêt du processus d'intégration européenne aux conséquences imprévisibles".

M. Sarkozy et Mme Merkel ont par ailleurs exprimé leur "confiance" en M. Monti et leur "conviction de l'engagement" de l'Italie "dans l'effort commun destiné à trouver des solutions à la grave crise financière et économique de la zone euro", a ajouté le gouvernement italien.
Réunis jeudi à Strasbourg pour un mini-sommet, la chancelière allemande, le président français et le président du conseil italien, Mario Monti, ont assuré qu'ils étaient déterminées "à tout faire" et "déterminées à travailler dans le même sens" pour garantir la pérennité de l'euro.
Pour cela, Paris et Berlin ont annoncé qu'ils allaient faire des propositions communes de modification des traités européens, qui seront dévoilées par Nicolas Sarkozy, le 9 décembre. Par contre, le mini-sommet n'a toujours rien décidé concernant le rôle de la Banque centrale européenne (BCE).
>> Lire le chat avec le journaliste du Monde, Philippe Ricard : "Les divergences entre Paris et Berlin restent profondes"
De son côté, M. Monti a confirmé l'objectif de l'Italie d'atteindre l'équilibre budgétaire en 2013, comme il l'a indiqué jeudi à la presse, et a assuré que Rome adopterait "rapidement" des mesures pour relancer une croissance en panne.

Le gouvernement italien indique par ailleurs que le conseil des ministres a déjà "entamé la discussion pour identifier le parcours à entreprendre, le plus rapidement possible, en vue de définir l'enveloppe de mesures à adopter". L'Italie a payé cher, vendredi, l'enlisement de la crise dans la zone euro avec des taux d'emprunt qui ont bondi à des niveaux record lors d'une émission de dette.

La crise de la dette se retourne contre l'euro-mark

Le mercredi 23 novembre marquera peut-être un tournant dans la crise de la dette publique. Ce jour-là en effet, pour la première fois depuis très longtemps, l'Allemagne n'a pas réussi à placer sur les marchés ses obligations d'état à un taux jugé trop faible par les investisseurs. Explications.  


Voilà des mois que les hommes politique, les experts, les économistes, les journalistes, et, bien entendu, les banquiers, nous le répètent : si la crise s'est installée en Grèce, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en Italie, et maintenant en France, ni les banques ni les agences de notation n'y sont pour rien. Et d'ailleurs, ajoutent-ils fréquemment : si votre enfant a de la fièvre, jeter le thermomètre à la poubelle ne sert à rien. Au contraire, le thermomètre rend service, il vous informe de ce que la santé de votre enfant - ou de votre économie -  n'est pas bonne.

Conclusion : regardez la fourmi allemande ! Elle ne jette pas l'argent par les fenêtres, elle a resserré la dépense publique, les salaires, et cet effort est récompensé par le divin marché : pour rembourser sa dette publique, l'Allemagne emprunte à des taux incroyables, moins de 2% ! La cigale française, elle - bouh qu'elle est vilaine ! - emprunte à des taux de plus en plus élevés, presque le double de ceux que l'on consent à la fourmi !

Oui mais il faut se méfier des gens qui nous parlent comme à des enfants  en nous racontant des fables à dormir debout. Il faut se méfier du sens commun. Le simple bon sens, lui, commanderait plutôt de se poser des questions : pourquoi des économies et donc des modèles aussi différents que l'Irlande, la Grèce et l'Espagne sont-ils touchés par ce même problème de dette publique ? Et pourquoi des pays qui sont tout aussi endettés que les états malades de l'Europe peuvent-ils continuer à emprunter à des taux beaucoup plus bas alors que leur endettement est comparable ou même supérieur (cas du Japon ou des Etats-unis) ? Et pourquoi, finalement, les états sont-ils contraints d'emprunter à des taux de 4, 5, 6 ou même 10% quand les banques de ces mêmes états empruntent, elles, à moins de 2% ?

Les marchés, comme on persiste à dire dans les médias pour ne pas expliquer ce qui se passe vraiment, les marchés, donc, nous ont donné hier une bonne leçon. La fourmi allemande a peiné à trouver des emprunteurs pour la dette allemande. Six milliards pour dix ans étaient donc proposés aux investisseurs au taux de 1,8%, faiblissime donc (surtout avec une inflation qui avoisine 2%), où elle était proposée. L'Allemagne a dû se contenter de vendre 3,6 milliards d'obligations, à un taux de 1,96%, le solde étant souscrit par la Bundesbank, la Banque centrale allemande.
La prospérité est comme le socialisme : elle a du mal à n'exister que dans un seul pays. Et celle de l'Allemagne ne saurait échapper à la récession qui frappe tout le continent. Pour deux raisons.
La première est que l'Allemagne étant presque le seul pays excédentaire en Europe, elle risque de devenir le seul garant (avec la France pour le moment) de la dette des autres pays, la situation des banques allemandes traduisant déjà cet état de fait latent.

La deuxième raison est que le ressort de la croissance allemande reposant sur les exportations, les économies de dépenses publiques qu'elle exige à corps et à cri de ses partenaires de l'Union européenne finissent par se retourner contre elle. On le voit bien avec la baisse de croissance prévue en Allemagne en 2011, 0,5 à 1%. D'ici à ce qu'on paye ces fainéants de Français et d'Italiens pour qu'ils achètent les produits teutons, il n'y a qu'un pas que nous nous garderons de franchir : pas question de devenir « germanophobe », comme Le Monde le titre aujourd'hui...

En attendant, et parce qu'un bon schéma vaut mieux qu'un long discours, nous pouvons lire et faire lire ce petit diaporama la dette pour les nuls, imaginé par Gizmo sur le site Stupidityz. On peut émettre certaines réserves sur l'idée de création monétaire - c'est du moins ce que nous a dit l'économiste Jacques Sapir - mais l'intéraction entre dette publique et dettes privées est bien expliquée :


Comment l'épisode du mercredi 23 novembre peut-il se traduire ? Pourra-t-il, enfin, provoquer un débat en Allemagne sur une stratégie économique fondée sur les exportations en Europe qui va forcément se retourner contre elle ? Ou au contraire renforcer les rangs de ceux qui, en Allemagne, militent pour un isolationnisme ? L'issue sera décsive pour les Allemands. mais aussi pour les autres Européens.

La chancelière de fer est trop rigide

Seule contre tous, Angela Merkel refuse le renforcement du rôle de la BCE et les euro-obligations. Mais même en Allemagne, certains experts mettent désormais en garde contre son obsession de la discipline. Une obsession qui pourrait semer le chaos dans toute l’Europe. 

La carotte et le bâton, voilà comment résumer en deux mots les propositions de la Commission européenne face à la crise de la dette. La carotte est l’obligation à taux commun pour tous les pays de la zone euro, ce qu’on appelle les euro-obligations [eurobonds en anglais] et qui créerait une forme de responsabilité commune.
Le bâton est le renforcement des contrôles et des pénalités contre les pécheurs de la dette. Avec un tel programme, on pouvait croire que le président de la commission, José Manuel Barroso, aurait pu marquer des points même auprès d’Angela Merkel.
C’est encore raté. Même si les euro-obligations ont été rebaptisées “obligations de stabilité” pour l’occasion, et même si la carotte ne devrait être accordée qu’une fois avalée l’amère pilule du plan de rigueur, Berlin ne fait toujours entendre qu’un non borné.
Angela Merkel avait d’abord trouvé “déplacé” de débattre des euro-obligations. C’est pourtant elle qui avait commandé une étude de faisabilité sur le sujet. La question revient à point nommé à présent que les marchés ne s’en prennent plus seulement aux Etats surendettés, mais à des pays comme l’Autriche ou les Pays-Bas. L’Allemagne a tout intérêt à protéger ses partenaires importants.

L'Allemagne de plus en plus isolée

Et pourtant, seule la règle et la discipline comptent aux yeux de Merkel. La chancelière de fer reste sourde aux arguments d’économistes toujours plus nombreux, pour lesquels la résolution de la crise passe par ces deux éléments : les obligations européennes et un soutien de la BCE par l’achat de la dette.
Ce faisant, Angela Merkel ne s’expose pas seulement à de nouvelles discussions animées avec Barroso, qui déplore depuis longtemps l’indécision de l’Allemagne face à la crise. L’Allemagne risque également de se retrouver de plus en plus isolée. Merkel ne peut déjà plus compter que sur une poignée de soutiens à Paris, La Haye et Helsinki.
Le président français a déjà pris ses distances sur la question de la BCE, et l’Allemagne prête désormais le flanc aux attaques : son budget pour l’année 2012 est loin de correspondre à la sévère politique prêchée par la chancelière. Pour la première fois ce mercredi, les marchés ont commencé à exprimer des doutes sur la note de l’Allemagne et ne se sont pas précipités sur ses obligations d’habitude si prisés.
De plus, de nombreux signes indiquent que la crise de la dette ne fait que s’aggraver. Si la zone euro finit par vaciller et qu’Angela Merkel bloque toutes les tentatives de sauvetage, beaucoup diront que Berlin est coupable, et ils auront raison.

Marchés financiers

Premier échec pour Berlin

Premier échec pour Berlin"L'Allemagne remballe ses obligations", titre Die Welt au lendemain d'une décevante émission d'obligations allemandes sur les marchés financiers. Le quotidien explique que le pays est confronté à un problème que ses partenaires européens ne connaissent pas : les taux d'intérêts sur ses obligations sont inférieurs à 2 % (1,98 %), un rendement trop faible pour intéresser les investisseurs. Résultat, l'Allemagne n'a pu vendre qu’un bon tiers des ses obligations au prix qu'elle proposait. "Un désastre total", estiment certains analystes; pour d'autres, il s'agit là d'un épisode qui ne remet pas en cause la capacité de Berlin à se refinancer sur les marchés.

Les euro-obligations nous sauveront !

Officiellement proposées par la Commission européenne, les obligations européennes sont considérées par les pays en difficulté comme la solution à la crise de la dette. Reste à convaincre l'Allemagne, qui finira bien par céder, espère El Mundo.
Le 23 novembre, l’Allemagne a ressenti dans sa chair les effets de la crise de la dette souveraine européenne. Nul ne peut en effet nier que la fuite des investisseurs devant la faible rentabilité offerte par les obligations allemandes sur 10 ans (l’Allemagne n’a réussi à placer que 62% du total) résonne comme une mise en garde pour Angela Merkel. La contagion gagne du terrain et il est de plus en plus évident que pour sortir de la crise, il faut tous ramer en même temps et dans la même direction.
Les événements se précipitent et conduisent presque irrémédiablement à la création d’une sorte de mutualisation de la dette des pays de la zone euro, seule mesure capable d’apaiser les tensions sur les marchés.
Les caractéristiques et les modalités de ces euro-obligations devront certes faire l’objet de discussions ultérieures, mais une chose est sûre : si l’UE ne consacre pas tous ses efforts à mettre en place les euro-obligations, il faudra repenser l’euro. Angela Merkel, pour l’instant ne veut pas en entendre parler. Hier, la chancelière allemande s’est montrée catégorique : "La Commission européenne ne doit pas se concentrer sur les euro-obligations, pour ne pas donner l’impression que le fardeau de la dette peut être partagé."

Personne ne sait ce qu'il se passera dans trois mois

D’un point de vue logique, elle a sans doute raison. Dans les conditions actuelles, mutualiser la dette reviendrait à récompenser les pays défaillants et sanctionner les plus méritants. Le problème, c’est de savoir si la zone euro peut encore résister longtemps dans ces conditions. Souvenons-nous qu’il y a à peine deux ans, la crise de la dette était circonscrite à la Grèce et qu’on attribuait ses problèmes à un gouvernement trop dépensier.
Aujourd’hui, nous avons trois pays qui ont été sauvés de la faillite, deux autres sur le fil du rasoir, le reste a des difficultés avec sa dette et le noyau dur de la zone euro n’en mène pas large : la France a réalisé des coupes budgétaires pour maintenir son triple A  et l’Allemagne peine à attirer les investisseurs avec des obligations à un taux d’intérêt inférieur à 2%. Devant une telle situation, personne ne peut prédire ce qui se passera dans trois mois.
Ce même 23 novembre, la Commission a présenté son projet d’émission d’euro-obligations. Avec habileté, elle a conditionné cette émission à davantage de contrôle de la part de Bruxelles sur les comptes des Etats membres en difficulté. Ainsi, son président José Manuel Barroso et le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn souhaitent que Bruxelles puisse réviser et valider les budgets des Etats avant que celui-ci ne soit approuvé par les Parlements nationaux.
Ils proposent également que la Commission puisse sanctionner les pays qui ne suivent pas ses recommandations. Cette initiative a pour but de resserrer l’étau sur les gouvernements défaillants, mais également de créer un climat favorable aux euro-obligations dans les pays au coeur de la zone euro et à la Banque centrale européenne, qui ne les voient pas non plus d’un bon œil.

Nous n'avons pas d'autre choix

Selon de nombreux commentateurs, l’UE ne dispose pas de temps suffisant pour permettre aux mesures déjà prises contre la crise de porter leurs fruits ni aux Etats membres de résoudre la crise de la dette. C’est pourquoi les pressions s’intensifient sur Angela Merkel. Espérons qu’elle ait entendu le message que les investisseurs lui ont fait passer le 23 novembre.
La seule issue à cette crise est davantage d’intégration européenne et il faut donc exiger des dirigeants politiques qu’ils prennent des mesures concrètes en ce sens. Les investisseurs – et les citoyens – souhaitent une solution rapide. Le 9 décembre prochain, lors de la réunion du Conseil européen à Bruxelles, des décisions concrètes allant en ce sens devraient être approuvées. C’est une réunion fondamentale qui surprend l’Espagne entre deux gouvernements.
C’est pourquoi nous devons applaudir la décision du Premier ministre sortant José Luis Rodríguez Zapatero et de son successeur Mariano Rajoy de commencer à évoquer ensemble la position de l’Espagne. Nous n’avons pas d’autre choix que de miser sur les euro-obligations qui, c'est déjà ça, sont déjà inscrits à l’ordre du jour officiel de l’Union.

Evacuation de force de syndicalistes grecs à Athènes



"Les Etats-Unis inspirent davantage confiance que l'Allemagne"

L'Allemagne semble avoir perdu son statut de valeur refuge. Elle subit à son tour la défiance des investisseurs. Pour s'endetter, elle doit désormais offrir un taux d'intérêt supérieur à celui des Etats-Unis.

Décidemment, les marchés ne respectent plus rien en Europe. Après le massacre de la Grèce, le carnage de l'Irlande, les agressions contre l'Espagne, les doutes sur la France, voilà l'Allemagne - le meilleur élève de la classe euro - dans le viseur des spéculateurs. Mercredi 23 novembre, Berlin n'a réussi à placer que 3,6 milliards d'euros contre une offre de départ de 6 milliards d'euros, soit 60% seulement du montant espéré. Ce jeudi, ses emprunts à 10 ans, les fameux Bunds, trouvent preneurs sur les marchés à 2,21%, contre 1,72% au début du mois. D'accord, ce taux ferait rêver la France, contrainte de payer 3,53% à ses créanciers. Et, bien entendu, Berlin ne va pas perdre son triple A demain matin. Mais, cette défiance marque une changement d'état d'esprit selon un opérateur de marché d'une grande banque française.
" Les Etats-Unis inspirent désormais davantage confiance que l'Allemagne. Aujourd'hui, les Américains s'endettent à 1,88%, contre 2,21% pour les partenaires d'Outre-Rhin. Au début du mois, c'était l'inverse ". Les écarts de taux - spreads comme disent les hommes de l'art - ne sont pas encore très importants, mais la symbolique financière a son importance en période d'incertitude et d'agitation. Une autre mutation bien plus inquiétante se dessine : le " sell-off " selon ledit expert : " Depuis peu, les investisseurs passent vendeurs sur tous les titres libéllés en euros. Jusqu'alors, les cessions d'obligations émises par les banques italiennes, françaises et espagnoles s'accompagnaient d'achats équivalent en emprunt allemands. Cette fois, ils cèdent tout sans discernement ". Après le " fly to quality and Germany ", le back to USA ?