EDITO En prenant parti sans réserve pour le président Mahmoud Ahmadinejad et en appelant hier l'opposition à rentrer dans le rang, le guide suprême de la révolution n'a pas mis un terme à la contestation en Iran.
Bien au contraire. La semaine de protestation contre le trucage des résultats de la présidentielle a ouvert les vannes d'une colère populaire qu'il sera difficile de contenir. Les prochains jours diront si l'intervention de l'ayatollah Khamenei suffira à calmer les esprits. On peut en douter, compte tenu de l'ampleur de la mobilisation.
Celle-ci ne date pas d'hier. Elle remonte à la période précédant l'élection et s'est amplifiée de semaine en semaine. Elle traduit un profond espoir de changement, suscité par la franchise inusitée du débat électoral, qui a pris de court les autorités et a trouvé des relais au sein de la hiérarchie chiite.
Ce que le Guide suprême ne comprend pas, c'est que la foule qui défile depuis huit jours pour protester contre la fraude électorale ne se mobilise pas seulement pour cela. Il ne s'agit pas de se battre pour tel ou tel candidat, dont on ignore d'ailleurs en quoi les programmes diffèrent réellement, mais bien de réclamer une vraie ouverture vers plus de liberté.
Il y a là une remise en cause des fondements de la République islamique qui ne va pas disparaître du jour au lendemain, même si, comme il est probable, le régime parvient à contenir l'aspect le plus visible du mouvement de contestation. La riposte du Guide suprême de la révolution est inquiétante parce qu'elle ne fait qu'exacerber les divisions et risque d'entraîner le pays dans une escalade de violence.
Censé rester au-dessus de la mêlée pour arbitrer les conflits qui surgissent entre les différents centres de pouvoir de la République islamique, l'ayatollah Khamenei est sorti de son rôle. En intervenant dès le soir du scrutin pour laisser proclamer un résultat jugé invraisemblable, le guide voulait écarter la menace que représentaient les partisans de Mir Hossein Moussavi. Il a manifestement sous-estimé la réaction populaire. Maintenant, il doit aller jusqu'au bout de sa démarche. Mais en s'identifiant à la cause de Mahmoud Ahmadinejad, il s'expose à devenir la cible des réformistes.Quant au président, contesté dans les urnes comme dans la rue, il ne doit plus sa légitimité qu'au Guide suprême.
Dans son discours lors de la prière du vendredi, l'ayatollah Khamenei a voulu réparer la cassure au sein du régime, reconnaissant ainsi la gravité de la situation. Mais il est douteux qu'il réussisse à rallier le clan des « réformistes », autour de Moussavi et des anciens présidents Rafsandjani et Khatami, dont les intérêts sont clairement menacés par Ahmadinejad.
Dans les allées du pouvoir, les camps sont bien définis et la bataille va se poursuivre. Dans les rues, il faut espérer que l'on évitera un bain de sang. Quoi qu'il arrive, la République islamique n'est pas sortie de la crise qui s'est ouverte lorsque les Iraniens ont entrevu la liberté.
samedi 20 juin 2009
L'Iran, la liberté et le Guide suprême
LE GROS SONDAGE :Présidentielle : Sarkozy loin devant Royal ou Aubry
Le chef de l'État domine largement ses opposants selon la dernière enquête OpinionWay- « Le Figaro »-LCI.
C'était l'insulte suprême. Un an avant l'élection présidentielle de 2007, Dominique de Villepin prédisait la défaite du présidentiable Nicolas Sarkozy, car il n'était à ses yeux qu'un «candidat de premier tour». Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy est plus que jamais candidat de premier tour, mais évidemment, pas seulement de premier tour. «Ce qui compte, c'est d'être au deuxième tour, ensuite nous savons ce qu'il faut faire», confiait au Figaro, il y a quelques semaines, le secrétaire général de l'Élysée, Claude Guéant. Le dernier sondage OpinionWay-Le Figaro-LCI confirme que Nicolas Sarkozy domine largement le peloton de ses poursuivants. Si on rejouait aujourd'hui la course du premier tour, Sarkozy améliorerait de deux points son score de 2007 (31,18 %), avec 33 % des suffrages. Il creuserait également l'écart avec Ségolène Royal (21 %) et François Bayrou (13 %). Le Pen ne réussissant pas non plus à reconstituer un front du ras-le-bol face à Sarkozy.
Dans la cohorte des opposants au chef de l'État, Ségolène Royal est celle qui résiste le mieux à l'état de grâce présidentiel. François Bayrou décroche des 17 % du premier tour de la présidentielle et perd quatre points. Mais il chute d'encore plus haut si on se réfère au dernier sondage OpinionWay, où il talonnait Ségolène Royal, se plaçant un point seulement derrière la présidente de Poitou-Charentes qui obtient 21 %. Bayrou perd ainsi tout l'avantage qu'il avait engrangé dans l'opinion depuis deux ans.
«Il n'a pas cédé sur les réformes»
Autre enseignement de ce sondage : Ségolène Royal obtient deux points de plus que Martine Aubry (19 %) si celle-ci faisait face au chef de l'État. La première secrétaire du Parti socialiste paye là sans doute le mauvais score obtenu par les socialistes lors des élections européennes.
Vus de l'Élysée, les sondages confirment, depuis dix jours, que les Français «encouragent» Sarkozy à continuer les réformes. Les onze millions d'électeurs du premier tour lui donnent quitus de deux acquis : «il n'y a plus de désordre à droite» et il n'a pas cédé sur les réformes», fait remarquer un sondeur. Désordre et recul : ce sont les deux lignes rouges de l'électorat du premier tour. Entre le report de la réforme des lycées en décembre et la grève dans les universités, le président a failli être accusé de «chiraquisation». Mais pour le moment, ses électeurs lui accordent un brevet de bonne conduite.