Ce matin, Anna, vous voulez nous parler de Dominique Strauss-Kahn. Depuis son arrestation à New York, il n'avait parlé qu'une fois, sur TF1, le 18 septembre 2011. Et voilà qu'il se confie dans Le Point d'aujourd'hui...
Il a même posé. L'homme le plus traqué de France a accepté de recevoir un photographe du Point chez
lui, dans son nouveau chez-lui, celui qu'il ne partage plus avec Anne
Sinclair... On le voit allongé dans son canapé en daim chocolat, avec,
sur le tapis, un paquet de Marlboro et un numéro de Géo. Et comme
il habite un triplex, l'image a été prise d'en haut, en plongée. Il est
pris de haut, DSK. Sur la photo de une, il a la gueule de Scorsese.
Sourcilleux comme jamais.
Ça, c'est pour le décor... Mais il dit quoi, Dominique Strauss-Kahn ?
Il
dénonce la "traque médiatique" dont il est l'objet ; il parle de
"chasse à l'homme", de sa vie privée bafouée "au prétexte, dit-il, de je
ne sais quelle transparence moralisatrice". Non, il n'était pas dans
une boîte de nuit de Cadaquès avec une jeune femme, mais avec sa soeur,
son frère et leurs conjoints ; non, il n'était pas à Athènes avec une
dame blonde, il dînait avec un couple d'amis français. "Le jugement
moral que certains portent sur ma vie privée n'autorise pas tous les
abus, s'encolère-t-il. Qu'on me laisse tranquille !" Bref, c'est d'abord
son indignation que DSK a confiée à mon confrère Hervé Gattegno,
l'auteur de cet article-scoop. Qu'on se le dise : DSK s'insurge contre
le fait d'être devenu une surface de projections de fantasmes...
Dit comme ça, on a l'impression que vous vous moquez, Anna...
Non
! Pas du tout. Je m'inquiète. Je m'inquiète pour cet homme qui a du mal
à livrer ses émotions et sa douleur, et qui se réfugie dans
l'indignation. Oh, il ne se contente pas de s'indigner, il s'excuse,
aussi : il "regrette", dit-il, d'avoir "causé une double déception aux
Français". "À ceux qui ont été choqués d'apprendre des choses qu'ils ne
soupçonnaient pas sur ma vie privée ; et à ceux qui ont été déçus qu'à
cause de mon comportement je n'aie pas été en situation de faire mon
devoir." Jolie coquetterie, de parler de "devoir" plutôt que d'ambition,
vous ne trouvez pas ? "J'ai longtemps pensé, poursuit-il, que je
pouvais mener ma vie personnelle comme je l'entends sans incidence sur
l'exercice de mes responsabilités. Y compris des comportements libres
entre adultes consentants - il existe de nombreuses soirées à Paris pour
cela, vous seriez surpris d'y rencontrer certaines personnes..." Vous
avez bien entendu : DSK balance sans balancer, car, bien sûr, il ne
donne pas de noms... Mais il continue : "Ce qui est peut-être valable
pour un chef d'entreprise, un sportif ou un artiste ne l'est pas pour un
politique. J'étais trop en décalage avec la société française sur ce
point pour un responsable politique. Je me suis trompé. J'ai été naïf,
pour ne pas dire plus." Plaider la bêtise, quand on s'appelle DSK, c'est
l'ultime mea culpa. Ça pourrait s'appeler "la confession d'un enfant du
siècle". Sauf que Musset avait 26 ans quand il a publié ce texte. À 63
ans, DSK est un vieil enfant.
mercredi 10 octobre 2012
DSK s'insurge pour ne pas pleurer !
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