TOUT EST DIT

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dimanche 22 janvier 2012

La Berd met en garde contre un débat sur la sortie de la Grèce de l'euro

Le patron de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement estime que les conséquences seraient "désastreuses".
Le patron de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), Thomas Mirow, met en garde contre l'ouverture d'un débat sur la sortie de la Grèce de la zone euro, dans un entretien à paraître lundi. "Je considère comme particulièrement spéculatif et dangereux le débat sur une sortie de l'euro et un retour de la Grèce à la drachme. Personne ne sait quelles réactions une telle décision provoquerait", a dit l'Allemand Thomas Mirow au quotidien allemand Handelsblatt. Selon lui, "les investisseurs hors d'Europe verraient une sortie de la Grèce de la monnaie unique comme une raison de remettre en cause l'architecture de l'espace monétaire".
Un tel débat aurait des conséquences désastreuses sur l'avenir de la zone euro et pourrait provoquer une panique bancaire, ajoute-t-il, dans cet entretien partiellement rapporté au style indirect. Thomas Mirrow estime par ailleurs que la Grèce nécessitera pendant des années des aides financières, étant donné les réformes de longue haleine qu'elle doit entreprendre. "Il faut des réformes structurelles. Cela ne se fait pas en quelques mois, cela dure des années", a-t-il dit.

La riposte de l'UMP contre celui "qui n'a de Mitterrand que le prénom"

Comme l'indiquait samedi Le Monde, la "cellule riposte" de l'UMP, animée par l'ancien ministre de l'intérieur Brice Hortefeux, était réunie ce dimanche 22 janvier au siège de l'UMP, à Paris, pour dégainer ses arguments contre le candidat socialiste au moment même où il prononçait son discours.

Ce fut fait au moment où François Hollande s'exprimait, avec la publication, sur le site www.lechangementcestmaintenant.fr d'un faux "discours du Bourget" de "François... euh Hollande", reprenant l'essentiel de l'argumentaire de l'UMP contre le candidat socialiste depuis son investiture.
Sur le site Internet de l'UMP, trois heures après la fin du discours de François Hollande, six communiqués avaient été publiés, pour attaquer le candidat socialiste tant sur ses propositions que sur sa personne.
>> Lire : Le récapitulatif des propositions de François Hollande
  • La laïcité, "déjà dans la constitution"
Après le discours, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a critiqué la proposition d'inscrire la loi de 1905 sur la laïcité dans la constitution.
"La Constitution dispose déjà que la France est une République laïque", a affirmé M. Guéant à l'AFP. De plus, selon lui, "l'ensemble des textes qui existent sur la laïcité – et il en est bien d'autres que la loi de 1905, nous avons récemment fait un recueil que nous allons baptiser 'code de la laïcité et de la liberté religieuse' – suffisent à faire vivre la laïcité".
Enfin, il a estimé que "la portée du propos de M. Hollande serait forte si lui et ses amis avaient voté un texte aussi laïc que celui interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public". Lors du vote de la loi interdisant le port du voile intégral dans l'espace public, le PS n'avait pas pris part au vote.
Sur Twitter, le secrétaire d'Etat au logement, Benoist Apparu, a également posé la question de l'Alsace et la Moselle, sous concordat : "Loi de 1905 dans la constitution ? Quid de l'Alsace et Moselle ou cette loi ne s'applique pas ?"
  • Les attaques contre la finance, "idiotes"
Invité de l'émission "Le Grand Jury" RTL/Le Figaro/LCI, le ministre de l'économie, François Baroin, a critiqué les attaques de François Hollande contre la finance, désignée par le candidat socialiste comme son "véritable adversaire" : "C'est aussi idiot que dire je suis contre la pluie", a réagi M. Baroin.
  • Le blocage des loyers, "vraiment démago"
Toujours concernant les propositions du candidat socialiste, Benoist Apparu, a réagi sur Twitter quand M. Hollande a abordé les question de logement. Il a jugé l'idée d'un blocage des loyers dans les zones où ils sont excessifs "vraiment demago !" et s'est demandé "depuis quand augmenter le plafond du livret A cela permet de construire plus de logements !".
Il s'est en revanche déclaré "d'accord" avec la proposition de renforcer les sanctions contre les communes ne respectant pas la loi SRU, qui impose d'avoir 20 % de logements sociaux.
"IL N'A DE MITTERRAND QUE LE PRÉNOM"
D'autres critiques ont visé plus directement le candidat socialiste, lui reprochant une nouvelle fois ses "incohérences", son "flou".
Sur Twitter, Guillaume Peltier, membre de la "cellule riposte" de l'UMP, secrétaire national chargé des sondages, a estimé : "On attendait un souffle d'avenir, on a eu le vent du passé ; on attendait le rêve de 2012, on a eu le songe de mai 68 et 81."
Marc-Philippe Daubresse, secrétaire général adjoint de l'UMP a estimé que "dans ce discours fondateur, François Hollande n'a pas fendu l'armure et aura surtout fait la démonstration qu'il n'avait de Mitterrand que le prénom." Dans un communiqué, il reproche au discours de n'avoir apporté "aucun élément nouveau, beaucoup d'annonces non financées, numéro de théâtre autour du thème de l'égalité, beaucoup de formules creuses".
Philippe Juvin, secrétaire national de l'UMP, a de son côté jugé dans un communiqué que "l'incantation, même faite avec réel talent, ne remplace pas un projet de société. François Hollande a d'abord beaucoup parlé de lui. Puis, comme à son habitude, il a beaucoup promis mais en ne disant jamais comment il y parviendrait. La montagne a accouché d'une souris. En une phrase : tout ça pour ça."
HOLLANDE "ESSAYE DE FAIRE SON DISCOURS DU 14 JANVIER"
Dimanche matin, la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, avait estimé sur Radio J que François Hollande,"obsédé" par Nicolas Sarkozy, était "en train d'essayer de faire son discours du 14 janvier" 2007.
Le 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy avait prononcé à la porte de Versailles un discours considéré comme celui qui lui a permis de prendre l'ascendant, auprès de l'électorat, sur sa principale concurrente, Ségolène Royal. Après ce discours, le rapport de force dans les sondages s'était définitivement établi en faveur du candidat de l'UMP.
"On a l'impression qu'on a un candidat socialiste qui veut parler de lui, mais je crois que ça n'intéresse pas les Français", a encore affirmé la ministre du Budget sur le sujet.
Lors de son discours du 14 janvier 2007, Nicolas Sarkozy avait pourtant beaucoup parlé de lui. C'est à cette occasion qu'il avait lancé son fameux "j'ai changé", répété à dix reprises.

Le secret du succès danois

Alors que la plupart des pays coupent dans le budget de la culture, rigueur oblige, le cinéma danois est devenu l’un des plus importants d’Europe grâce à une politique volontariste de subventions et d’investissement sur la jeunesse. 

Alors qu’ici, au Portugal, on continue à débattre sur les politiques de financement des arts, plus au nord, le Danemark, deux fois plus petit et moins peuplé que notre pays, est devenu l’un des plus importants pays producteurs cinématograhiques.
Comment y est-il parvenu ? En concentrant ses efforts sur les enfants et les jeunes.  Quel est l’intérêt de dépenser l’argent du contribuable pour subventionner des films ? Pourquoi ne peuvent-ils pas "prendre soin" d’eux-mêmes ? Henrik Bo Nielson, le directeur du Det Dansk Filminstitut (Institut du cinéma danois), nous explique que les politiciens ont déjà répondu à ces questions de manière convaincante et dans une perspective à long terme au début des années 1970.
Au Danemark, ce furent des questions importantes, mais qui ne font plus débat. De plus, les réponses prenaient en considération les ambitions que l’on se fixait par rapport aux citoyens et, notamment, aux enfants.

60 spectateurs par séance

Cela se reflète parfaitement dans la loi qui, dans les années 1980, a établi qu’un quart du montant total des subventions versées chaque année au cinéma – environ 70 millions d’euros – devait être investi dans des activités et des productions visant les enfants et les jeunes.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : chaque année, au Danemark, il se vend près de 13 millions de billets dans les 162 salles de cinéma du pays, ce qui fait une moyenne de 60 spectateurs par séance.  Dans le Top 20 des films les plus vus, le nombre de productions danoises varie entre cinq et huit en fonction de l’année.
L’Etat finance en moyenne 25 longs-métrages et 30 documentaires ; le budget moyen par film est de 2,5 millions d’euros, et l’Etat finance près de 33% des dépenses. Au Portugal, en 2010, il s’est vendu 16,5 millions de tickets ;  22 longs-métrages nationaux ont vu le jour, mais aucune production portugaise est entrée dans le Top 40. Le marché cinématographique danois, qui inclut la projection dans les salles obscures et la diffusion sur les chaînes de service public, compte près de 22% de films nationaux (au Portugal, ce pourcentage est de 2,5%).
Bo Nielsen n’a aucun doute sur le fait que ces chiffres sont le fruit de la qualité atteinte par le cinéma danois, des aides financières, mais surtout du "talent" et du "plaisir" qui ne cessent de grandir depuis des années. "Si c’est ce qu'on souhaite, poursuit-il, alors il est nécessaire de mettre en place une politique cinématographique nationale, avec des subventions. Il nous est impossible de vivre de la marchandisation actuelle du cinéma  tout en produisant des films de bonne qualité.
Heureusement, presque tous les pays européens considèrent qu’un soutien financier est nécessaire. L’idée, qui traverse toute l’Europe, est que chacun veut avoir la possibilité de raconter sa propre histoire. On constate que les citoyens danois qui financent les films par leurs impôts profitent de ces derniers, comme le montrent les chiffres de fréquentation."

L'attention portée aux plus jeunes

Mais cette histoire à succès a commencé lorsque l’attention portait sur la formation des professionnels du secteur, bien avant que cette politique de subventions n’entre en vigueur. L’Ecole de cinéma danoise, qui a reçu d’énormes subventions de l’Etat, a fleuri dans les années 1970. Les années exceptionnelles, elle arrive à lancer six réalisateurs sur le marché, dont un ou deux viennent d’un autre pays scandinave. Cela crée un climat de compétition qui attire des jeunes créatifs.
"Il n’est pas nécessaire de consacrer la majeure partie du budget à des films que la plupart des gens vont voir, dit Bo Nielson. Si on le faisait, les aides financières seraient presque toutes consacrées aux comédies familiales et aux films de vampires. Comme pour les aides aux arts, il faut se concentrer sur ce que le marché tend à snober. Avoir des politiciens qui acceptent d’investir près de 1,5 million d’euros dans un film que peu de gens voient, à condition qu’il soit artistiquement intéressant, continuera à faire progresser le cinéma."
La clé du succès est l’attention portée aux plus jeunes. Un quart du budget total annuel pour du secteur cinématographique est investi dans des films pour enfants. Cela a un impact colossal. Cela veut surtout dire qu’il devient plus facile de financer des productions d’autres genres quand le nombre de spectateurs augmente. En 2010, par exemple, un quart des centaines de milliers de spectateurs de la Cinémathèque de Copenhague avait moins de 7 ans.
Il y a donc une stratégie établie, une stratégie qui s’étend jusqu’au marketing et la distribution des films, régulièrement projetés dans des séances réservées aux écoles. Chaque année, les programmes sont élaborés pour s’assurer que tous les enfants d’âge scolaire ou préscolaire y ont bien accès. Il y a des guides pour les professeurs (également accessibles aux parents), pour que les films puissent être étudiés. Une importante collection de plusieurs centaines de courts-métrages et de documentaires peuvent être téléchargés gratuitement sur le site géré par l’institut.
Pour Bo Nielsen, l’aide au cinéma pour les jeunes et les enfants est également une question de justice sociale. "Il est évident que les enfants des classes moyennes et supérieures vont souvent au cinéma. Ils reçoivent une bonne éducation. Mais les enfants des classes plus défavorisées auront-ils l’opportunité d’aller au cinéma si l’Etat n’intervient pas ? La réponse est non, ils ne l’ont pas.”


Palmarès

Un cinéma très récompensé

En plus de la fréquentation des salles de cinéma, la bonne santé du cinéma danois se traduit par la moisson de prix que récoltent les films “made in Denmark”.
Rien qu’en 2011, Hævnen (In a Better world), de Susanne Bier a obtenu un Golden Globe award et un Oscar pour meilleur film étranger, alors qu’au festival de Cannes, Melancholia, de Lars von Trier, a eu le prix d'interprétation féminine (Kirsten Dunst) et Drive, de Nicolas Winding-Refn, celui de la mise en scène. L’année précédente, le documentaire Armadillo, de Ronnie Fridthjof, avait reçu le Grand prix de la semaine de la critique.
Parmi les films pour la jeunesse, Kidnappet, de Vibeke Muasya, a obtenu deux Elephant d’or au Festival d’Hyerabad, tandis qu’en 2010, au Festival de Zlín (République tchèque), le plus ancien pour cette catégorie de films, Karla og Jonas, de Charlotte Sachs Bostrup, a eu le Don Quixote Award et Storm, de Giacomo Campeotto, le prix The Golden Apple.

Vers l’Union sans enthousiasme

Le 22 janvier, la Croatie doit ratifier par référendum son traité d’adhésion à l’Union. Mais, au moment d’entrer dans une Europe en crise, la campagne a surtout été marquée par les doutes et une nouvelle rhétorique nationaliste.
Après la signature du traité d’adhésion de la Croatie à l’UE [le 9 décembre 2011], le plus beau, le plus touchant et le plus original message de bienvenue n’est pas venu de Zagreb ni de Bruxelles, mais de Pologne. Sur YouTube, de nombreux Polonais, notamment des jeunes, ont souhaité la bienvenue à la Croatie sans hypocrisie ni faux pathos, dans une ambiance de joie spontanée [en cas de oui au référendum du 22 janvier, la Croatie entrera dans l’UE le 1er juillet 2013].
Les Polonais ont ainsi prouvé que l’Europe actuelle, secouée par la crise, les doutes et les divisions, peut et doit être l’Europe des valeurs communes, de la joie et de l’espoir. Bruxelles a tendu la main à la Croatie, mais la Pologne a ragaillardi l’âme croate.
Les Polonais sont eux-mêmes entrés dans l’Europe en nourrissant de nombreuses craintes, notamment celle de la perte de leur souveraineté et de la mort des paysans. Comme en Croatie, l’Eglise catholique polonaise a plaidé pour l’Europe avec la crainte à peine dissimulée que les grands pays voisins ne se mettent à refaçonner le passé et l’avenir du pays.

Les Croates, plus européens que l'Europe

Contrairement à ces craintes, la Pologne a montré qu’on peut réussir son adhésion à l’UE au moment où la plupart des grands pays, puissants et riches, traversent une crise profonde. La Pologne est restée Pologne et est devenue Europe. Il n’a pas été nécessaire de créer une nouvelle Euroslavie dans les Balkans pour que la Croatie obtienne son ticket d’entrée dans l’UE.
L’histoire des négociations d’adhésion, aussi longues que pénibles, a été pavée des préjugés, d’idées reçues, de peurs et d’ignorance, en jouant les cordes catastrophiste, xénophobe, nationaliste et provinciale, mais également cosmopolite et supranationale.
Ainsi, l’ancien président Tudjman, qui plaidait pour l’Europe a-t-il claqué la porte dans un excès d’orgueil en refusant de rejoindre le Groupe de Visegrad (composé de la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la Slovénie), en considérant que la Croatie n’avait pas besoin de s’allier avec les anciens satellites de la Russie.
D’autres, en revanche, à l’instar de l’ancien Premier ministre Sanader, ont été prêts à accepter n’importe quoi pour accélérer l’adhésion, au prix de fausses promesses, comme celles selon laquelle la Croatie allait entrer dans l’UE en même temps que la Bulgarie ou la Roumanie.
L’Europe ne tolère plus d’adhésion au rabais, mais elle n’a pas “détesté tout ce qui était croate”, comme certains ont voulu le croire. Cette Europe s’est employée à pacifier la poudrière balkanique, mais elle n’a pas hésité à reconnaître les acquis de chaque pays sur la voie du respect des conditions imposées.
Après la Slovénie, c’est la Croatie qui a amarré le plus rapidement dans le port européen sans devoir attendre ses voisins.
L’Europe actuelle n’est pas un pays de cocagne. Dans le contexte de la crise, même les plus grands pays, comme l’Allemagne ou la France, ont accepté de se priver d’une part de leur souveraineté.

Une jeunesse libérée des mythes toudjmaniens

Dans cette Europe, personne ne plaide pour la refondation d’une nouvelle Yougoslavie ni pour la résurrection du communisme. Dans cette Europe, la langue croate est reconnue comme une langue officielle, et Zagreb a le droit de demander la protection de tout ce qui relève de son patrimoine, sa tradition ou ses particularités.
Après la signature du traité d’adhésion, de nombreux mythes nationalistes se sont écroulés et les préjugés régionaux sont devenus caducs. Le référendum se prépare sans bagage mythomane, mais avec certaines nouvelles questions posées par la jeune élite intellectuelle, libérée des mythes toudjmaniens. Toutefois, cette dernière propose des réponses qui ne sont pas moins dangereuses.
Dans ses généralisations simplistes cette élite affirme que l’Europe a depuis longtemps trahi ses principes, voire qu’elle s’est elle-même balkanisée bien avant que les Balkans ne deviennent européens, de même que la Croatie s’est balkanisée avant de devenir européenne.
D’après ce courant de pensée, on n’a pas besoin de cette Europe enfoncée dans la crise économique, ni de celle des valeurs, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Bref, on exige une Europe parfaite pour une Croatie qui est elle-même loin de cet idéal.
Ces nouveaux Croates “irréprochables” se montrent plus arrogants que les Français, plus têtus que les Anglais et plus irresponsables que les Grecs. Ils ne s’excuseront jamais de leurs prophéties ratées, mais ils sont prêts à condamner la Croatie tout entière à un avenir stérile en se considérant comme étant plus européens que l’Europe.
Jadis, on se vantait d’être “le plus ancien des peuples européens” ; aujourd’hui, on est fiers d’être “le peuple le plus exigeant”.

Pronostic

Le “oui” sur la bonne voie

Selon l’un des derniers sondages avant le référendum du 22 janvier, réalisé auprès d’un échantillon de 1 000 personnes, le oui à l’adhésion à l’UE l’emporterait avec 60% des voix. Kukuriku, la coalition de centre gauche au pouvoir depuis novembre, ainsi que le HDZ (conservateur), qui était au pouvoir lors des négociations et qui est aujourd’hui le principal parti d’opposition, ont appelé à voter oui. Tout comme l’Eglise catholique.
Les adversaires de l’adhésion à l’UE, qui pourraient recueillir 31% des suffrages dimanche, se recrutent parmi les partisans des petits partis de la droite nationaliste et les sympathisants de la gauche anticapitaliste. Le oui mène largement dans la population diplômée, gagnant 500 euros ou plus, et vivant dans la capitale Zagreb et dans la province d’Istrie. Les enquêtes prévoient une participation au référendum d’environ 60%.

François Hollande : "Je serai le Président de la fin des privilèges"

On lui reprochait de trop se comparer à Nicolas Sarkozy sans faire de propositions concrètes. Alors, à l'occasion de son premier grand meeting de campagne ce dimanche au Bourget (Seine-Saint-Denis), devant une foule estimée à quelque 25 000 personnes (parmi lesquelles 10 000 militants), François Hollande s'est attelé à faire exactement l'inverse.
A une exception notable toutefois, lorsqu'il s'est agi pour lui d'évoquer sa propre conception de l'exercice de la fonction suprême : "Présider la République, c'est refuser que tout procède d'un seul homme, d'un seul raisonnement, d'un seul parti qui risque de devenir un clan. Présider la République, c'est accepter de partager le pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions, c'est ne pas nommer les présidents des chaînes et des radios du service public, c'est garantir l'indépendance de la justice en écartant toute intervention du pouvoir sur les affaires, en préservant la liberté de la presse, en protégeant ses sources d'information."
Pour le reste, le candidat socialiste s'est donc, comme prévu, surtout résolu à parler de lui, revendiquant "une simplicité qui n'est pas une retenue mais la marque de l'authentique autorité. Mon secret, que j'ai gardé depuis longtemps : j'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent". Puis d'émettre sa première proposition forte dans la foulée : "Le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit et de spéculation. Les produits financiers sans lien avec les nécessités de l'économie réelle seront purement et simplement interdits. Les stock options et les bonus seront encadrés."
"Avec nous"
Le monde de la finance serait en effet "son veritable adevsrsaire", d'où une batterie de mesures à l'échelle européenne pour tenter de le "maîriser", où figurent la création d'"une agence publique de notation" et d'"une taxe sur toutes les transactions financières" qui ne serait pas "le rétablissement de l'impôt de bourse mais une véritable taxe avec ceux en Europe qui voudront la mettre en place avec nous". Une Europe dont il veut faire "une Europe de croissance, de solidarité, de protection", qui s'appuierait sur "l'élaboration d'un nouveau traité franco-allemand, un demi-siècle après le traité de de Gaulle et Adenhauer", qu'il compte lui-même proposer à Angela Merkel d'ici janvier 2013.
La France ? Le candidat a évidemment eu quelques mots pour elle, dans un discours penchant ostensiblement plus à gauche que les précédents. En commençant par plaider pour la mise en place d'une "banque publique d'investissement" pour aider à la "réindustrialisation" du pays. Puis en rappelant son engagement à ce que "la part du nucléaire soit réduite à 50% d'ici à 2025", le temps d'élaborer un plan de sortie viable. Avant de promettre un retour à "l'équilibre budgétaire en fin de mandat", au moyen de la suppression des "niches accordées aux ménages les plus aidés et aux grandes entreprises".
"Divisé par deux"
"Je serai le président de la fin des privilèges parce que je ne peux pas admettre que pendant que certains s'enrichissent sans limite, 8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, dont beaucoup trop d'enfants. L'égalité, ce n'est pas l'égalitarisme, c'est la justice ; ce n'est pas l'assistanat, c'est la solidarité. Les Français n'ont rien à craindre de l'égalité, de la redistribution", a-t-il, au passage, mis en avant. Promettant alors que "le livret A verra son plafond doublé afin que tous les Français puissent financer le logement social". Puis que des "zones de sécurité prioritaires" seront créées "là où il y a les taux de délinquance les plus élevés", pour que "ceux qui ont pu croire que la loi ne les concernait pas" ne lui échappent plus.
Dernière grande thématique abordée par François Hollande, peut-être celle sur laquelle il mise le plus : la jeunesse. "La promesse républicaine, c'est que chaque génération vivra mieux que la précédente. Cette promesse est trahie. C'est avec la jeunesse que je veux présider la France. A la fin du quinquennat, le nombre de jeunes sortant sans qualification du système scolaire doit être divisé par deux." Au contraire du nombre de fonctionnaires, donc. Puisqu'il a également promis d'abroger la règle du non remplacement de la moitié de ceux partant à la retraite s'il est élu. Tandis que, suivez son regard, "ceux qui ont commencé à travailler tôt pourront partir en retraite à 60 ans à taux plein".
Ses autres propositions :
- introduire "le non-cumul des mandats pour les parlementaires"
- instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales (c'est sûr, ils voteront socialiste)
- égalité salariale hommes-femmes, droit au mariage et à l'adoption "pour tous"
- inscrire la loi de 1905 sur la laïcité "dans la Constitution" car la laïcité est "une valeur qui libère et qui protège" face "aux communautarismes"
- réduire "de 30 %" les salaires du président de la République et des ministres
- encadrer "les loyers là où les prix sont manifestement excessifs"
 ET N'OUBLIONS PAS LES COIFFEURS, IL IMPOSERA LE RASAGE GRATIS

CES "ARTISTES" QUI VOTERONT HOLLANDE

LES LAIDS LES HAS-BEEN OU FUTUR CHÔMEURS.

BALASKO LA GRANDE GUEULE VULGAIRE.

PODALIDES QI VOTERA AVEC SES PIEDS

BENJAMIN LE PIOLET DANS LE DOS

LES DEUX CRÉTINS DE SERVICE

ANÉMONE, LA RATÉE

NOAH LE MILLIONNAIRE QUI VIT AUX ETATS UNIS (POUR PAS PAYER D'IMPOTS EN FRANCE)

"Dans la zone euro, c'est le marché qui gouverne"

La politique ne se fait pas à la corbeille", lançait le général de Gaulle le 28 octobre 1966 quand la Bourse plongeait, après avoir exagérément monté, en 1962. L'économiste André Orléan, directeur de recherche au CNRS, rappelle cette formule pour montrer, dans un entretien au Monde, que le pouvoir politique est aujourd'hui assujetti aux décisions des marchés financiers. De la même façon, il trouve "disproportionné" l'affolement qui a suivi la dégradation de la note de la France par l'agence de notation Standard & Poor's.

André Orléan, 61 ans, vient de recevoir le prestigieux prix Paul-Ricoeur pour son ouvrage L'Empire de la valeur. Refonder l'économie (Seuil, 2011). Il déploie dans ce livre une critique de fond des économistes "néoclassiques", qui veulent faire croire à l'"objectivité" des valeurs financières, quand lui décrit un système subjectif. Pour éviter les fausses évaluations, les crises et les krachs cycliques, mais aussi les politiques de rigueur imposées aux populations, André Orléan affirme qu'il faut repenser la notion de valeur, en comprendre les limites, redonner sa force au pouvoir politique.
C'est pour s'atteler à cette réflexion qu'André Orléan préside l'Association française d'économie politique (AFEP), qui milite pour le pluralisme dans l'enseignement et la recherche en économie. Il est aussi un des quatre signataires du Manifeste d'économistes atterrés (éd. Les liens qui libèrent, 2010), qui remettent en cause la politique de l'Union européenne dans le traitement de la dette souveraine. Le quatuor vient de publier aussi Changer d'économie ! Nos propositions pour 2012 (éd. Les liens qui libèrent).
Qui gouverne en Europe ?
Dans la zone euro, c'est le marché. Le pouvoir politique se conforme à ses priorités et craint ses évaluations. On le voit encore avec la dégradation de la note de la France par Standard & Poor's. En même temps, le marché financier est un souverain profondément erratique et incohérent. Il n'est jamais satisfait, comme on le constate avec ces politiques de rigueur qui s'accompagnent d'une croissance faible, elle-même source de nouvelles difficultés. Au final, on a l'impression que, dans la zone euro, la confiance ne reviendra jamais.
Historiquement, la primauté du politique, c'est-à-dire sa capacité à encadrer les intérêts financiers, a eu comme instrument essentiel la banque centrale. Il ne faut pas perdre de vue cette réalité : c'est par le biais de la puissance monétaire qu'il a été possible de faire prévaloir l'intérêt collectif. Mais cela suppose que la banque centrale soit placée sous l'autorité du pouvoir politique. C'est ce qu'on constate dans les grandes démocraties. Cependant cette architecture, qui a fait ses preuves, n'a pas été adoptée par la zone euro. Une Banque centrale européenne (BCE) coupée du politique est une très mauvaise chose. Elle est, en elle-même, l'expression d'une crise très profonde de la démocratie européenne, de son impuissance congénitale.
D'ailleurs, il serait plus exact de dire que l'autonomie radicale de la banque centrale, plus que le résultat d'une doctrine, est la conséquence du fait qu'il n'existe pas de facto de souveraineté européenne. Car l'histoire montre qu'un véritable souverain sait capter à son profit l'institut d'émission, quel que soit son statut juridique. Autrement dit, le premier geste d'un véritable pouvoir politique européen serait de placer la banque centrale sous son autorité.
Quand on entend que "les marchés imposent leurs vues", de quels marchés est-il question ?
Quand on dit "les marchés", on ne dit pas l'économie de marché, ni les marchés de biens. On parle des marchés financiers. On en parle comme s'ils résumaient toute l'économie, et qu'ils étaient rationnels et stables. S'ils étaient aptes à produire des estimations correctes des valeurs et des prix, leur rôle serait utile. Le problème vient du fait qu'il n'en est rien. Ils sont, de ce point de vue, très différents des marchés de biens. Ceux-ci traitent de marchandises réelles, ayant une utilité que les consommateurs peuvent juger, alors que les marchés financiers reposent sur des paris subjectifs, spéculatifs. Ce sont des marchés de promesses. On y vend et achète des anticipations. Leur logique est d'une nature mimétique : chaque investisseur se positionne en fonction de ce que les autres vont faire. Ils ressemblent fortement à ces médias qui cherchent à découvrir non les informations importantes mais celles susceptibles d'être appréciées par le public.
Pour cette raison, un marché financier est par nature mobile, instable, plein de dérapages incontrôlés. Il s'y produit inévitablement des bulles, qui explosent quand l'écart à la réalité devient trop énorme pour être nié. Or la théorie libérale veut nous faire croire que les marchés financiers donnent des valeurs pertinentes, des prix objectifs, et qu'au final l'autorégulation va l'emporter. C'est ainsi que la financiarisation a été vendue aux populations.
Cette construction a été démentie par les crises qui se succèdent, depuis 1987 jusqu'au tsunami financier de 2007 et à la crise d'aujourd'hui. On ne peut se fier aux prix financiers, que ce soit un taux d'intérêt, un taux de change ou le prix d'une action.
Pourquoi leur stratégie finit-elle toujours par l'emporter ?
Il n'en a pas toujours été ainsi. Nous vivons même une situation complètement originale. Dans les capitalismes qui l'ont précédée, qu'ils soient "fordien", "rhénan", "managérial" ou autre, le contrôle des entreprises était soit dans les mains de leur propriétaire, soit, lorsque le capital était trop dilué, dans les mains des directions d'entreprise. Il s'ensuivait une forte diversité des points de vue et des évaluations. Dans ces capitalismes, seul le "flottant" était laissé au marché, le reste était géré au sein d'institutions spécifiques, que ce soient des familles, des banques, à la manière du capitalisme rhénan, ou l'Etat, comme dans le cas français.
A partir des années 1980, on a liquidé progressivement les blocs de contrôle, jugés trop coûteux, et parce que les jeux du marché faisaient apparaître de fortes opportunités de profit. Ce faisant a émergé une forme nouvelle de capitalisme, financiarisée, où la diversité des points de vue est bien moins marquée car le marché y constitue le coeur des évaluations économiques.
Le capital financier finit-il par englober toute l'activité ?
Que ce soit le marché des actions, qui définit la norme de rentabilité exigée, le marché des changes, qui détermine la valeur de l'euro, ou le marché de la dette, qui impose une rigueur budgétaire, la sphère financière domine tous les choix. Or, à la différence des marchés de biens, la finance a une dimension directement collective. Elle saisit l'économie dans sa totalité à partir d'une analyse de sa macroéconomie, de ses institutions et de sa politique. En conséquence, la primauté du politique sur le terrain de l'évaluation globale se trouve battue en brèche par la finance. C'est une situation inédite, qui met en danger la vie démocratique.
Ainsi, Standard & Poor's justifie sa dégradation de la note française en estimant que l'accord européen du 9 décembre 2011 sur la "règle d'or" budgétaire ne constitue pas "une avancée suffisamment importante" pour sortir la zone euro de la crise. Il n'y a pas lieu de s'offusquer d'un tel jugement : la démocratie suppose la liberté des opinions, et Standard & Poor's peut estimer que la politique suivie met en danger le remboursement de la dette publique.
Ce qui pose problème, c'est le poids disproportionné qui est accordé à cette opinion. A-t-on oublié que ces agences se sont trompées à de multiples reprises - lors de la crise du Sud-Est asiatique en 1997, lors de l'affaire Enron ou lors de l'évaluation des produits titrisés à l'origine de la crise actuelle ? Ce poids disproportionné est le reflet de l'impuissance des autorités politiques à faire valoir une autre vision du monde que celle des intérêts financiers.
Si vous deviez donner un exemple du pouvoir des marchés, ce serait lequel ?
Fin décembre 2011, la Banque centrale européenne (BCE) a décidé de prêter 489 milliards d'euros aux banques au taux très bas de 1 %. Dans le même temps, un pays comme l'Italie doit emprunter, aux banques cette fois, à 5 % ou 6 %. Beaucoup de citoyens s'étonnent de cette différence de traitement au profit des banques. La BCE est bien la véritable puissance financière en Europe. Près de 500 milliards d'euros, c'est considérable, et des prêts à 1 %, pour trois ans, c'est du jamais-vu ! Pourtant, les banques ne se prêtent plus entre elles, leurs notes ont été dégradées, leurs bilans sont encore opaques, la défiance règne. Et de plus, elles n'ont pas vu venir la crise des subprimes, elles ont montré une incompétence notable, et elles ont été sauvées par l'argent public... Nous sommes loin du dogme d'autorégulation des marchés financiers ! En outre, pour une part importante, le financement octroyé aux banques européennes ne va nullement à l'économie réelle mais reste stocké sur des comptes auprès de la BCE !
Pourquoi ces 489 milliards de la BCE vont-ils aux banques et non directement aux Etats ?
La BCE a les moyens d'intervenir pour racheter de la dette. Mais dès qu'il s'agit de soutenir les Etats en difficulté, nos dirigeants et économistes protestent : "Cela va faire de l'inflation, nous allons plomber les actifs de la BCE." Lorsqu'il s'agit des banques, on ne parle plus des risques inflationnistes ou de solvabilité... On met les Etats endettés entre les mains des marchés financiers, qui vont fixer à leur guise le prix de leur aide : actuellement, pour dix ans, 6,5 % pour l'Italie et 5 % pour l'Espagne. Les pays du Sud européen sont condamnés à consacrer une part considérable de leurs recettes budgétaires au remboursement de leur dette, produisant une réduction drastique des dépenses publiques, dramatique pour leur population.
La BCE n'a donc pas le droit de prêter aux Etats. Doit-on le regretter ?
Oui. C'est un choix discutable. Il existe un dogme de l'indépendance de la BCE vis-à-vis des Etats, en vérité imposé par l'Allemagne. Or, il serait rationnel de soutenir des pays solvables qui connaissent des difficultés du fait de l'instabilité des marchés. D'ailleurs, c'est ainsi qu'agissent tous les grands pays, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon, mais pas l'Europe. Racheter de la dette ne résoudrait pas tous les problèmes. Mais cela changerait profondément le climat actuel.
L'Allemagne impose l'indépendance de la BCE parce qu'elle craint l'insolvabilité de pays du Sud. Se trompe-t-elle ?
On confond crise de solvabilité et crise de liquidités. L'Italie a des dettes importantes mais elle reste solvable. Il est stupide et dangereux de laisser ce pays payer des intérêts élevés. Si la BCE rachetait de la dette publique, les taux d'intérêt se détendraient immédiatement. On pourrait alors aborder les questions fondamentales, sociales, écologiques, sans oublier la croissance.
Mais nous sommes paralysés par l'intransigeance allemande. Nous sommes dans une situation proche de l'entre-deux-guerres, quand déjà les pays européens menaient des politiques déflationnistes, ce qui a conduit au chômage de masse. Il en est ainsi parce que l'Europe reste très marquée par son adhésion au capitalisme financiarisé.
Comment redonner toute sa force à la gouvernance politique ?
Les historiens nous apprennent que la démocratie ne s'identifie pas à des règles formelles. Si le suffrage universel est un élément important de la vie démocratique, il ne suffit pas de convoquer tous les ans le Parlement européen pour avoir une véritable démocratie. Celle-ci reste formelle si elle ne réussit pas à produire une véritable communauté. Or, rien de tel n'existe en Europe - c'est la juxtaposition de 27 corps politiques qui jamais ne se mêlent. La politique européenne se réduit à des rencontres d'experts dominées par les questions techniques - voyez la "règle d'or" - sans que la question du consentement européen soit posée. Le seul modèle véritablement européen proposé à la discussion est celui qu'avancent les marchés financiers ! Il faut dire que l'Europe est intoxiquée par la financiarisation, ce dont témoigne l'omniprésence des hommes de la finance dans les lieux de pouvoir. Aujourd'hui, Goldman Sachs a supplanté l'ENA pour ce qui est des élites européennes.
Le repli nationaliste est-il une solution ?
Je comprends que la crise européenne puisse conduire certains à avoir la nostalgie de ce qui existait "avant" et même souhaiter y revenir : "Quittons l'euro, nous allons pouvoir faire bouger les taux de change, gérer la dette, décider d'une politique industrielle nationale, etc." Mais l'industrie s'est mondialisée. Les leviers dont nous disposerions en revenant à des communautés nationales ne seraient plus à la hauteur des problèmes. J'ai peur que nous n'ayons d'autres choix que de faire émerger une politique européenne.
En même temps, tout montre que c'est là un projet problématique. En supposant même que les gouvernements nationaux abandonnent leur engagement actuel en faveur d'une Europe financiarisée, il sera très difficile de faire en sorte que la juxtaposition de peuples aux destins séparés accouche d'un peuple nouveau. C'est affaire d'histoire commune, pas de gestion.
Ce manque de solidarité européenne ne provient-il pas aussi de la profonde crise sociale que connaissent les populations ?
Il y a certainement un grave malaise en Europe, l'idée que l'ascenseur social ne fonctionne plus, que les politiques ne protègent plus les populations et laissent les services publics se dégrader. La précarisation s'étend, la paupérisation aussi, on assiste à un délitement syndical, beaucoup de gens ont l'impression que rien ne peut être changé. Une sensation d'irrémédiable gagne. Cela joue dans la crise de la représentation politique européenne, qui apparaît de plus en plus comme déconnectée des réalités.
Pourquoi, avec d'autres, avoir fondé les Economistes atterrés et publié le livre "Changer d'économie !" ?
Malgré l'impact mondial de la crise des subprimes, le diagnostic dominant n'a jamais remis en cause le rôle central des marchés. Dans les différents G20, on a certes critiqué l'opacité des opérations financières, les bonus des traders, les erreurs des agences de notation, les paradis fiscaux, mais la financiarisation n'a jamais été remise en cause. Le mot d'ordre est celui d'une finance rendue efficace parce que devenue transparente. Aux Economistes atterrés, nous ne sommes pas d'accord. Côté transparence, les réformes avancent très lentement. On n'a pas vu grand-chose, si ce n'est l'obligation pour les banques de se constituer de nouveaux fonds propres. On voit surtout des lobbys bancaires qui résistent tant qu'ils peuvent. Notre diagnostic est que la finance a acquis trop de poids dans la macroéconomie.
Pour changer l'économie, je mets l'accent sur la promulgation d'un nouveau Glass-Steagall Act. Cette réforme qui fut adoptée aux Etats-Unis en 1933, puis abandonnée en 1999, institue une incompatibilité radicale entre les métiers de la banque de dépôt et de la banque d'investissement. Ce faisant, il s'agit de faire connaître publiquement la dangerosité de la spéculation et d'en protéger le circuit des dépôts et du crédit.
Une des propositions des Economistes atterrés est que les pays de la zone euro devraient pouvoir pratiquer des politiques budgétaires autonomes - cela implique que la BCE garantisse les dettes. Nous proposons aussi de réduire les niches fiscales et d'imposer plus fortement les plus hauts revenus. J'ajouterai que les banques doivent être incitées à faire leur métier, à savoir investir dans l'économie réelle, créatrice de biens et d'emplois. Il faut réorganiser le métier bancaire, le détourner de la spéculation. Et, chaque fois qu'est proposée une innovation financière, se demander si elle est bonne pour l'économie réelle. Ce serait là un complet changement d'orientation.

FN : Marine le Pen ironise sur le meeting de François Hollande

La candidate du Front national a ironisé ce dimanche sur le meeting que doit tenir François Hollande au Bourget.
« Moi, je fais un grand meeting tous les dimanches, jusqu'au premier tour ». Devant la presse à Bordeaux, Marine le Pen veut rappeler à tout le monde qu'il n'y a pas que le PS qui organise un meeting ce dimanche. La candidate du Front national qui elle aussi doit s'exprimer à ses militants ironise sur la campagne de son adversaire de gauche : « Je ne le fais pas à l'Américaine (...) il n'y aura pas 32 caméras, 18 grues... et Euro RSCG derrière moi (…). Il y a juste une salle avec des Français auxquels plus personne ne s'intéresse et à qui moi, j'ai un grand nombre de messages à faire passer » a-t-elle souligné.
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La présidente du parti d'extrême droite devait ensuite se rendre sur une exploitation viticole afin d'évoquer les problèmes auxquels la filière est confrontée. « La viticulture se porte mal et elle est la victime de ce que je dénonce depuis bien longtemps : la volonté de voir disparaître les indépendants au bénéfice des grandes structures ». Selon Marine le Pen « le vin français est vraiment le produit qui pouvait s'en sortir le mieux au niveau mondial, mais il va mal, ça veut dire que la mondialisation est destructrice et non constructrice ».

Signatures : "Encore loin du compte"

Marine le Pen en a également profité pour faire le point sur son nombre de signatures. « Nous sommes encore loin du compte, le rythme actuel ne nous permet pas d'être rassurés sur la présence qui serait la mienne aux élections présidentielles ». Le 11 janvier, elle disposait de « moins de 300 » promesses de signatures d'élus, selon son directeur stratégique de campagne, Florian Philippot, alors qu'il faut en réunir 500 d'ici au 16 mars pour se présenter à la présidentielle.

Hollande : "Un nouveau traité franco-allemand en janvier 2013"

Cet article sera mis à jour régulièrement pendant le discours de François Hollande. Rafraîchissez la page pour voir les actualisations.

François Hollande tient ce dimanche 22 janvier son premier grand meeting de campagne au Bourget (Seine-Saint-Denis), annoncé comme "un rassemblement de masse" avec quelque 10 000 personnes attendues.
Comme prévu, le candidat socialiste a donné une tonalité très personnelle à son discours. "Je revendique une simplicité qui n'est pas une retenue mais la marque de l'authentique autorité mon secret, que j'ai gardé depuis longtemps : j'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent."

Public Senat - Direct par publicsenat
L'ancien premier secrétaire du PS a évoqué le 21 avril 2002, jour où le candidat socialiste Lionel Jospin a été éliminé du permier tour de l'élection présidentielle au profit de Jean-Marie Le Pen : "une blessure que je porte encore sur moi, j'en ai encore la trace. J'en ai tiré toutes les leçons, moi je ne laisserai pas les ouvriers, les employés, aller vers une famille politique qui n'a jamais rien fait pour aider ces classes-là. Je ne laisserai pas une formation politique se présenter comme la voix du peuple alors qu'elle veut simplement se servir de lui."
Le député de Corrèze a rejeté le mode de gouvernance adopté par Nicolas Sarkozy depuis cinq ans. "Présider la République, c'est refuser que tout procède d'un seul homme, d'un seul raisonnement, d'un seul parti qui risque de devenir un clan, a déclaré François Hollande. Présider la République, c'est accepter de partager le pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions, (...) c'est ne pas nommer le président ou les présidents des chaînes et des radios du service public, (...) c'est garantir l'indépendance de la justice en écartant toute intervention du pouvoir sur les affaires, en préservant la liberté de la presse, en protégeant ses sources d'information. Présider la République, c'est être impitoyable à l'égard de la corruption."
François Hollande a également ciblé "le monde de la finance", son "véritable adversaire". "Il ne sera jamais candidat, et ne sera donc jamais élu. Et pourtant, il gouverne", a fustigé le candidat socialiste. "Maîtriser la finance commencera par le vote d'une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit et de spéculation. Les produits finaciers sans lien avec les nécessités de l'économie réelle, seront purement et simplement interdits. Les stock options et les bonus seront encadrés", a-t-il annoncé.
Le député de Corrèze a également plaidé pour "une agence publique de notation au niveau européen" et pour "une taxe sur toutes les transactions financières, non pas le rétablissement de l'impôt de bourse [mais] une véritable taxe avec ceux en Europe qui voudront la mettre en place avec nous". Une Europe qu'il veut "une Europe de croissance, de solidarité, de protection".
Il compte sur l'Allemagne pour réactiver le moteur franco-allemand : "En janvier 2013, si les Français m'en donnent mandat je proposerai à la chancelière d'Allemagne, l'élaboration d'un nouveau traité franco-allemand, un demi-siècle après le traité de de Gaulle et Adenhauer."
Le récapitulatif des propositions de François Hollande :
- introduire "le non-cumul des mandats pour les parlementaires"
- instaurer le droit de vote des étrangers aux élections locales
- inscrire la loi de 1905 sur la laïcité "dans la Constitution" car la laïcité est "une valeur qui libère et qui protège" face "aux communautarismes"
- réduire "de 30 %" les salaires du président de la République et des ministres
- la séparation des activités de crédit et de spéculation au sein des banques
- une "agence publique de notation au niveau européen"
AUBRY APPELLE LES SOCIALISTES À "SE BATTRE JUSQU'AU BOUT"
Dimanche matin, Martine Aubry, première secrétaire du PS, a appelé les socialistes à "se battre à fond et jusqu'au bout" derrière leur candidat pour la victoire à la présidentielle, dans un discours très offensif où elle accusé Nicolas Sarkozy et l'UMP de tirer la campagne "au ras du caniveau".
"Le projet de notre candidat nous devons le porter partout, dans les campagnes, dans les villes, à la sortie des usines dans les banlieues, auprès de ceux qui aujourd'hui se sentent oubliés, humiliés et qui sont parfois indignés, révoltés", a déclaré Mme Aubry.
UN DISCOURS ANNONCÉ COMME TRÈS PERSONNEL
Le discours du candidat socialiste, prévu peu après 15 heures, est annoncé comme très personnel. François Hollande a confié samedi au Monde vouloir "montrer d'où je viens, le sens de mon action depuis vingt ans, comment je me suis préparé à cette fonction".
ET QUE DIT-IL LE GNÔME, CLÔNE DE MITTERRAND, SUR SON SALAIRE ? 
LE BAISSERA-T-IL ?

Balkanisation ?

L’Union européenne suscite-t-elle encore de l’enthousiasme ? De moins en moins dans ses «vieux» États membres. La crise passe au premier plan. Celle des dettes souveraines et de l’euro montre l’incapacité des 17 capitales concernées – Berlin et Paris en tête – à trouver des solutions crédibles, également par addition des égoïsmes nationaux. Faute de mieux, les politiques mises en œuvre reposent sur des cascades d’atermoiements, comme l’illustrent les nouveaux avatars de la crise grecque.


Au niveau des 27 de l’Union, la situation n’est guère plus encourageante. Le Royaume-Uni torpille ce qu’il peut, la Hongrie du régime Orban fait des promesses qu’elle ne tiendra pas, l’inaudible Commission de Bruxelles s’enferme dans sa technocratie et les délibérations du Parlement de Strasbourg glissent sur les gouvernements.


Pourtant, les Croates se prononcent aujourd’hui par référendum sur leur adhésion à l’UE. Selon les sondages, le oui l’emporterait, par 55 % à 60 % des voix. Et, après ratification par les 27 États membres, ce pays d’un peu plus de 4 millions d’habitants devrait être officiellement admis en 2013. Le référendum s’annonce sans passion. Zagreb, qui mise surtout sur l’industrie touristique (plus de 15 % du PIB) n’espère pas de miracle de son entrée dans l’UE. L’adhésion passe plutôt pour une étape indispensable sur le chemin de la reconstruction identitaire, en balayant les nationalismes exacerbés durant la guerre civile yougoslave et en rejetant l’adjectif «balkanique» accolé au pays, avec tout ce qu’il comporte.


Car la Croatie sera le premier État des Balkans ex-yougoslaves à rejoindre l’UE (la Slovénie ayant toujours récusé le terme géographique). Mais ne rejoint-elle pas une Europe à son tour en voie de «balkanisation» , de moins en moins unie ? En plus du «directoire» franco-allemand s’étale un premier cercle : celui de l’Euroland adepte de l’ostracisme jusqu’à exclure de ses travaux la présidence polonaise sortante de l’UE pour réserver le même sort à la présidence danoise. Vient ensuite l’UE «classique» elle-même subdivisée entre États-Schengen et non-Schengen, sans oublier les différences dont se targue Londres. Et il y a l’ultra-périphérie représentée par la Roumanie et la Bulgarie toujours en mal de gouvernance…


En plus de la réforme de ses institutions, l’avenir de l’Europe dépendra certainement d’un recentrage autour de ses noyaux durs. Tout en admettant plusieurs niveaux d’intégration selon les possibilités de ses membres. C’est aussi une leçon de la crise.

Les Croates se prononcent sur l'entrée dans l'UE

Les Croates devraient dire oui à l'adhésion de leur pays à l'Union européenne lors d'un référendum jugé "crucial" par les autorités. 

A priori, c'est oui. Alors que les Croates se prononcent ce dimanche sur l'entrée de leur pays dans l'Union européenne, le oui, qui a besoin d'une majorité simple pour s'imposer, devrait l'emporter avec 55% à 60% des voix. Le non tourne autour de 30%, selon les derniers sondages. 
Les bureaux de vote ont ouvert ce dimanche matin et fermeront à 18h. Les premiers résultats partiels sont attendus après 19h GMT. Les responsables politiques croates, unanimement pro-européens, ont fait valoir que le vote en faveur de l'intégration dans l'UE était la décision la plus importante pour ce pays depuis l'indépendance obtenue au prix d'une guerre (1991-95) avec les rebelles serbes, ayant fait 20.000 morts. 
"Je vais participer au référendum et vais voter pour une Croatie européenne. Je vous invite à y participer aussi. Dites "oui" à la Croatie et Dites "oui" à l'Europe", a dit le président croate Ivo Josipovic, dans un discours à la nation à la veille du vote. 
"L'Europe ou les Blakans"
Dimanche, le plus grand quotidien local, Vecernji List, titrait: "Le jour de la décision: l'Europe ou les Balkans", en allusion à la réputation d'instabilité dont jouit encore cette région, marquée par les sanglants conflits des années 1990 ayant suivi l'éclatement de l'ex-Yougoslavie. 
L'enthousiasme pro-européen, qui avait grimpé à plus de 80% dans les sondages en 2003, s'est estompé au fil des négociations (2005-2011), en raison des durs critères fixés par Bruxelles, dont l'intransigeance était parfois perçue comme du chantage, mais surtout en raison de la crise économique qui secoue l'UE. 
Les autorités se sont efforcées de dissocier la crise de la zone euro de la crise économique dont souffre la Croatie, allant jusqu'à assurer aux électeurs que l'adhésion leur apporterait "un environnement financier et macroéconomique stable (...), ce qui va relancer le développement de l'économie". 
Une vision d'avenir
"J'ai voté "oui" avec l'espoir que ça ira mieux, surtout pour les générations futures", a dit Barica Kovacic, une couturière sexagénaire, après avoir voté par une belle journée d'hiver, à Zagreb. "Au sein de l'UE, nous, les jeunes, auront davantage d'opportunités pour étudier voire pour trouver un emploi", a estimé Martina Djudjevic, une étudiante. 
Pragmatique, Jasna Kozlovic, une retraitée ayant aussi voté oui, dit ne pas attendre des miracles de l'adhésion au bloc européen. "Nous avons besoin d'ordre et d'une vision d'avenir. Graduellement ça ira mieux" pour le pays, pense-t-elle. 
Les eurosceptiques, eux, dénoncent la "perte de la souveraineté" de leur pays. "Seule une Croatie indépendante peut préserver ses richesses face aux compagnies multinationales et aux prédateurs de la mondialisation", s'est exclamé Milovan Sibl, le chef d'un petit parti ultra-nationaliste. 
"L'UE est actuellement comme le Titanic après avoir heurté l'iceberg. Pourquoi y monter à bord", s'interroge aussi Zorana Banac, une mère de famille, qui affirme avoir voté non. Si le oui l'emporte, le traité d'adhésion que la Croatie a signé en décembre devra encore être ratifié par chacun des 27 Etats membres de l'UE, décision entérinant son intégration dans le bloc européen, le 1er juillet 2013. 
Après la Slovénie en 2004, la Croatie sera la deuxième des six ex-républiques yougoslaves à adhérer à l'UE, une perspective offerte à l'ensemble des pays des Balkans occidentaux.
ET NOUS, QUI NOUS A CONSULTÉ AU SUJET DES CROATES ??

Noah va chauffer la salle au Bourget

François Hollande ne veut pas rater son premier grand meeting. Alors pour assurer l'ambiance, le candidat socialiste fera monter sur scène Yannick Noah. 

La journée doit être joyeuse, festive. Et pour cela, rien n’est laissé au hasard. Yannick Noah chantera sur la scène de près de trente mètres à 14 h 30. Vingt mille tee-shirts blancs "Le changement c’est maintenant", fabriqués au Portugal, défense du "patriotisme industriel" oblige, ont été commandés. Mais pas de casquettes, car elles étaient made in China! Les militants auront de quoi manifester leur enthousiasme : des pancartes, des cornes de brume et des bâtons d’encouragement, comme dans les stades de foot, sans oublier 2.500 drapeaux "François Hollande", 500 drapeaux français et autant de drapeaux européens.

Un film sur l’irrésistible ascension de Hollande

Dix mille personnes prendront place sur les gradins, et un hall contigu pouvant accueillir 3.000 personnes a été réservé, au cas où la salle serait trop petite. Voilà pour le décor face à cette scène "pointue" qui avance légèrement vers le public. Une scène avec le désormais traditionnel fond bleu siglé en rouge de "François Hollande 2012". Face au candidat, seul derrière son pupitre, un carré d’environ 1.000 personnalités… Et pour ne pas avoir une brochette d’éléphants dont tout le monde scrutera le moindre bâillement, les premiers rangs alterneront des dirigeants socialistes, qui seront tous là, et des artistes – Benjamin Biolay ou Jacob Desvarieux –, ses copains Jean-Michel Ribes, Bernard Murat et Pierre Lescure, des sportifs – Thierry Rey, Pape Diouf –, ou encore Mazarine Pingeot.
À la fin du concert de Yannick Noah, deux films de moins de trois minutes seront diffusés. Une nouvelle version du clip du PS pour les 30 ans du 10 mai 1981, qui reprend les faits de gloire de la gauche : congés payés, abolition de la peine de mort, retraite à 60 ans, CMU, 35 heures. L’autre film, plus intimiste, dure deux minutes trente et retrace l’irrésistible ascension de Hollande : François candidat, par Djamel Bensalah, réalisateur de Beur sur la ville. Le candidat le découvrira au même moment que le public, et c’est ensuite, vers 15 h 15, qu’il montera sur scène pour prononcer un discours qui devrait durer une heure à une heure un quart. Le producteur de ce spectacle est André Loncle, qui a officié pour Jean Michel Jarre. Le metteur en scène, qui a réglé les derniers détails hier après-midi sur place, est Manuel Valls.
CE CHANTEUR, EX TENNISMAN, QUI VIT À NEW YORK POUR NE PAS PAYER D'IMPÔTS EN FRANCE, DONNEUR DE LEÇON, VA POUSSER LA CHANSONNETTE AU GRAND PLAISIR DES BOBOS GAUCHOS. 
QUEL EXPLOIT !!!

L'humanité va-t-elle manquer d'eau ?

Du fait de la croissance démographique, la demande mondiale pourrait doubler d'ici à 2050. D'autre part, l'industrie des pays émergents va devenir plus gourmande.


Les précipitations continentales (pluie, neige) sont le patrimoine d'eau douce de l'humanité. Mais ce capital, évalué à 110.000 milliards de mètres cubes par an (Mds m3/an), est inégalement réparti. Les régions arides, qui en reçoivent peu, sont soumises à un stress hydrique permanent. On parle alors de pénurie physique. Mais le manque d'eau a aussi une origine économique. C'est le cas dans de nombreuses régions, pourtant bien arrosées, où l'insuffisance des infrastructures hydrauliques engendre la pénurie. Résultat: en 2012, un Terrien sur sept n'a pas accès à une eau potable de qualité.
À l'échelle globale, 64 % des précipitations sont reprises par évapotranspiration**: 57 % dans les forêts, prairies, zones humides et seulement 7 % sur les terres cultivées. Les 36 % restants alimentent les écoulements: rivières et nappes souterraines dans lesquelles l'irrigation, pratiquée sur 300 millions d'hectares (Mha), représente la majeure partie des prélèvements (70 % soit 2800 Mds m3/an). Les villes, les industries et l'hydroélectricité utilisent le reste (1200 Mds  m3). Plus de 60 % de ces écoulements sont partagés par 150 pays sur plus de 500 fleuves et aquifères transfrontaliers. La communauté internationale n'a pu encore s'entendre sur les principes universels d'utilisation de ces ressources et de prévention des conflits: la convention adoptée à cet effet par les Nations unies en 1997 n'est toujours pas en vigueur.
Les quantités d'eau consommées par l'agriculture pluviale (non irriguée) et irriguée pour la production des besoins alimentaires de l'humanité représentent 95 % de notre demande en eau totale, le reste est utilisé par l'eau potable et les industries. De nombreux pays ne produisent pas toute leur alimentation et en importent une part, pour certains très importante, sous forme d'eau virtuelle (quantité d'eau mobilisée pour produire les aliments). Les flux atteints par cette eau virtuelle (1600 Mds m3/an) traduisent la mondialisation des ressources en eau. Les pays fortement dépendants n'en éprouvent pas de stress particulier s'ils ont un pouvoir économique suffisant. En revanche, et pour réduire leur facture alimentaire, les moins riches doivent nécessairement optimiser ces flux en développant des capacités locales de production et de stockage de produits alimentaires jugés stratégiques.

Des réformes radicales

Du fait de la croissance démographique, la demande alimentaire mondiale pourrait doubler d'ici à 2050. Or les ressources en eau sont déjà fortement ­entamées par l'irrigation avec de forts impacts sur l'environnement: surexploitation des eaux souterraines (20 millions de puits en Inde!), salinisation des sols (20 Mha affectés), artificialisation des rivières et fragilisation des zones humides, dégradation de la qualité de l'eau. Pour ne rien arranger, le réchauffement climatique devrait exacerber la situation.
Comment, dans ces conditions, continuer à subvenir aux besoins croissants de l'irrigation qui permet de produire 40 % de l'alimentation mondiale sur seulement 20 % des terres cultivables? Les prélèvements d'eau et les superficies irriguées devraient en conséquence croître fortement, en particulier dans les pays qui souffrent déjà de stress hydrique. Sans changement majeur, ce sera difficile. Des réformes radicales vont devoir être mises en œuvre: irrigation localisée, plantes économes en eau, tarification juste, ­adhésion des agriculteurs. L'objectif est de produire plus avec moins d'eau, tout en préservant les écosystèmes.
De son côté, l'agriculture pluviale s'étend sur 1300 Mha. Elle représente à l'échelle mondiale 80 % des surfaces cultivées (90 % à 95 % au Maghreb et en Afrique subsaharienne) et produit 60 % des aliments de la planète. Dans certaines régions d'Europe et d'Amérique du Nord, il est possible de développer des cultures pluviales à haut rendement. Mais dans de nombreux pays arides, les rendements agricoles subissent des variations dramatiques dues aux aléas climatiques. Dans ces situations, il faut renforcer les capacités traditionnelles d'adaptation à la sécheresse: cultures en terrasses, banquettes anti-érosives, zones d'épandage de crues pour l'irrigation et la recharge des nappes, variétés résistantes à la sécheresse.
L'industrie est le secteur d'activité dont la demande en eau est appelée à s'accroître le plus en raison de l'équipement des pays émergents. Pour satisfaire tous ces nouveaux besoins, il faudra développer des ressources alternatives. Actuellement, le recyclage concerne 7 Mds m3/an, soit 4 % des eaux usées urbaines collectées et traitées, offrant une perspective intéressante, notamment en agriculture. Le dessalement des eaux saumâtres et de l'eau de mer produit 8 Mds m3/an, ce qui représente 0,2 % de l'eau douce consommée dans le monde. Les coûts de production devenant compétitifs, cette ressource pourrait doubler d'ici à 2020, même si son coût énergétique et son impact écologique (rejets de saumures) demeurent élevés.

L'eau potable pour tous

Autre sujet crucial: l'alimentation des villes en eau potable a toujours été une priorité absolue. Si le monde était à 70 % rural en 1950, il sera à 70 % urbain en 2050. L'explosion démographique urbaine qui s'annonce dans les pays en développement fait craindre de nouvelles pénuries: les villes y compteront plus de 5 milliards d'habitants en 2050. Il faudra donc chercher l'eau toujours plus loin et recourir davantage au dessalement, quitte à augmenter la facture de l'eau pour des collectivités parfois dépourvues des moyens nécessaires. Le devoir de coopération internationale est ici primordial, faute de quoi la généreuse résolution 64/292 des Nations unies de juillet 2010 reconnaissant le droit à l'eau potable pour tous resterait lettre morte.
*À écouter sur Canal Académie  http://www.academie-sciences.fr/)  dans l'émission «Quelle gestion  de l'eau en Tunisie, au Sénégal  et au Burkina Faso?» avec Doudou Ba et Vincent Dabilgou.
**Transfert du sol vers l'atmosphère  par évaporation et transpiration  des plantes.


Comment rendre les plantes résistantes à la sécheresse

La vie et l'eau sont indissociables, tant chez les animaux que chez les végétaux. C'est d'ailleurs tard au cours de l'évolution que certains organismes aquatiques sont parvenus à affronter la terre ferme.
Chez les animaux terrestres, le système circulatoire fermé est une réminiscence de ce milieu aquatique originel. Par opposition, l'eau transite chez les plantes qui l'absorbent par leurs racines et l'éliminent par évaporation au niveau de leurs feuilles, créant ainsi un système ouvert. Cette évaporation est le résultat d'un rejet d'eau sous forme gazeuse par de microscopiques orifices foliaires: les stomates. La circulation ascendante, des racines jusqu'au sommet des tiges, résulte d'une poussée racinaire et surtout d'une aspiration par le feuillage qui constitue une véritable pompe. Les plantes, fixées par leurs racines, sont assujetties aux variations du milieu, notamment la déshydratation. En période estivale, ce stress peut se traduire par la fanaison.

Le phénomène de reviviscence

Les végétaux ont élaboré deux grandes stratégies pour ne pas succomber au manque d'eau. La première consiste à former des graines, structures déshydratées adaptées à surmonter des conditions hostiles, comme c'est le cas en hiver sous nos latitudes. Lorsque les conditions redeviennent favorables, les graines germent et le cycle de la vie redémarre. Le second mode se rencontre chez des végétaux comme les mousses ou les lichens capables de se dessécher et de se réhydrater. Ce phénomène de reviviscence s'observe chez les plantes dites de la «résurrection».
Les plantes à fleurs ont le plus souvent recours à d'autres mécanismes adaptatifs. C'est ainsi que certaines espèces perdent leurs feuilles pendant la saison sèche et stockent l'eau dans leurs tiges ou leurs organes souterrains. D'autres réduisent leurs feuilles sous forme d'épines (cactées) quand d'autres les protègent par des poils formant un manchon d'air protecteur au niveau de leurs stomates, ces derniers se fermant le jour pour limiter les pertes d'eau.
Au sein d'une même espèce, certains individus résistent aux stress hydriques répétés quand d'autres disparaissent. À l'échelle de l'évolution biologique (quelques centaines de milliers à quelques millions d'années), ces stress génèrent des mutations qui confèrent à la plante la capacité de résister au manque d'eau. Un enjeu agronomique majeur consiste donc à identifier ces gènes mutés afin de les introduire dans des variétés cultivées pour les rendre tolérantes ou résistantes à la sécheresse. Sous nos climats, les céréales de printemps et de nombreuses variétés cultivées n'ont pas trop à souffrir de ce stress. A contrario, les espèces qui fleurissent en été, comme le maïs, ou celles qui poussent sous des climats arides nécessitent soit des variétés adaptées soit de l'irrigation.

Stress hydrique

Blé, riz et maïs représentent 60 % de l'alimentation mondiale. Des recherches ont abouti à la création de maïs transgéniques plus résistants à la sécheresse et cultivés dans certains pays, comme l'Afrique du Sud. D'autres voies de sélection plus conventionnelles, avec recherche systématique des nombreux gènes impliqués dans la résistance au stress hydrique existent, mais sont plus lentes à mettre en œuvre car beaucoup plus complexes. Les enjeux sont importants et les stratégies envisagées pour trouver des solutions économiquement et socialement satisfaisantes sont encore sujettes à polémique, notamment en Europe où les sécheresses ne constituent pas, sauf certaines années, un problème majeur. Il reste que l'agriculture consomme beaucoup d'eau et qu'importer ou exporter des matières premières agricoles revient à échanger de l'eau «virtuelle»!

Les diarrhées transmises par l'eau tuent 1,5 million d'enfants chaque année

L'eau, l'assainissement et l'hygiène sont les fondements oubliés de la santé. Alors que près de 80 % de la population mondiale a désormais accès à l'eau, 40 % de cette population (soit 2,6 milliards d'individus) est dépourvue de structures sanitaires de base. La défécation en plein air est encore pratiquée par 20 % des êtres humains et 300 millions de tonnes d'excréments polluent chaque année rivières, mers et lacs.
Cet état dramatique a un impact important sur la santé humaine: plus de 20 maladies sont transmissibles par l'eau, au premier rang desquelles les diarrhées qui sont l'une des principales causes de la mortalité infantile avant 5 ans (1,5 million de morts par an, soit 5000 par jour!), les hépatites A et E, les salmonelloses, sans oublier le choléra dont les épidémies ressurgissent régulièrement.
Cette situation n'est pas le seul apanage des pays en développement. En Europe (notamment l'Est et le Sud), 120 millions de personnes n'ont pas accès à des équipements sanitaires de base. Dans la seule région méditerranéenne, 47 millions d'individus sont dépourvus de structures d'hygiène dont 25 % des foyers ruraux. Résultat: les diarrhées et les maladies transmises par l'eau y sont responsables de 12 % de la mortalité infantile, soit 14.000 décès annuels.
Outre les impacts directs sur la santé auxquels s'ajoutent les risques liés aux polluants organiques et aux micropolluants, les impacts socio-économiques ou sur l'éducation (absentéisme scolaire, en particulier chez les filles) font que les stratégies d'assainissement sont l'une des toutes premières priorités du développement (priorité 7 des objectifs du millénaire). Elles dépendent aussi bien d'une volonté politique ferme que de budgets appropriés et parfaitement supportables. Elles reposent enfin sur une triade indissociable: qualité des ressources en eau, équipements sanitaires (notamment en milieu rural et en milieu scolaire), éducation continue à l'hygiène *.
* Une récente conférence internationale, organisée par le Groupe interacadémique pour le développement (GID) de l'Académie des sciences à Rabat: Parmenides 4 «Eau et assainissement »: enjeux et risques sanitaires en Méditerranée a permis l'élaboration des recommandations essentielles