mardi 5 avril 2011
Kadhafi envisagerait une issue diplomatique
Muammar Kadhafi semble chercher une voie diplomatique pour sortir du conflit, alors que les États-Unis ont cessé leurs frappes qui avaient été prolongées pendant le week-end, plus de deux semaines après le début de l'intervention internationale en Libye. Dans la nuit de lundi à mardi, le porte-parole du gouvernement libyen a affirmé que le régime était prêt à négocier toute forme de réforme politique, comme des élections ou un référendum, tout en rejetant un départ du colonel Muammar Kadhafi. "Le leader (Moammar Kadhafi) est la soupape de sécurité pour le pays et pour l'unité de la population et des tribus. Nous pensons qu'il est très important pour toute transition vers un modèle démocratique et transparent", a averti Moussa Ibrahim.
Lundi soir, le dirigeant libyen a fait une apparition en public dans sa résidence de Bab el-Aziziya, à Tripoli, qui a été la cible, le 20 mars, d'un missile de la coalition, a rapporté la télévision nationale libyenne. Il s'agissait de la première apparition publique du colonel Kadhafi depuis le 22 mars. La veille, le New York Times a rapporté que deux des fils de Kadhafi, de plus en plus isolé, Seif al-Islam et Saadi, avaient proposé une transition vers une démocratie constitutionnelle qui prévoirait le retrait du pouvoir de leur père. Selon le quotidien américain, citant un diplomate sous le couvert de l'anonymat et un responsable libyen informés du projet, la transition serait pilotée par Seif al-Islam.
Défections
Le Conseil national de transition (CNT), qui représente les rebelles, a aussitôt rejeté cette idée. "Kadhafi et ses fils doivent partir avant toute négociation diplomatique", a déclaré un porte-parole du CNT, Chamseddine Abdulmelah, à Benghazi (est), fief des insurgés. Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini a, lui aussi, estimé que Muammar Kadhafi et sa famille devaient quitter le pouvoir en Libye et que la communauté internationale devait rester unie contre les tentatives diplomatiques du régime Kadhafi de s'en sortir.
Il se référait à la tournée qu'effectue actuellement le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Abdelati Laabidi, qui a rencontré dimanche soir à Athènes le Premier ministre grec Georges Papandréou, lundi à Ankara le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu et dans la soirée à La Valette le Premier ministre maltais Lawrence Gonzi. Après la France et le Qatar, l'Italie a décidé de reconnaître le CNT comme "le seul interlocuteur légitime", alors que le pouvoir libyen a connu un nouveau revers avec la démission, dimanche, d'un conseiller du colonel Kadhafi, Ali Triki, doyen des diplomates, quatre jours après la défection du chef de la diplomatie Moussa Koussa. Le département du Trésor des États-Unis a par ailleurs annoncé que l'ancien ministre des Affaires étrangères libyen n'était plus visé par les sanctions économiques américaines contre le régime de Tripoli.
Redéploiements
Sur le plan militaire, depuis lundi soir, plus aucun avion de combat américain n'a effectué de sortie, a annoncé un porte-parole du Pentagone, qui a toutefois souligné que les appareils se tenaient prêts à intervenir "au cas où l'Otan en ferait la demande". L'armée américaine ne devrait plus fournir désormais que des avions destinés à effectuer des ravitaillements en vol et des missions de brouillage et de surveillance. Des combats entre insurgés et loyalistes ont de nouveau eu lieu lundi près du port pétrolier de Brega, à 800 km à l'est de Tripoli, où des familles entières fuyaient les bombardements en voiture. Les rebelles ont réussi à avancer jusqu'aux abords est de la ville avant d'être repoussés par des tirs d'artillerie et d'obus des forces pro-Kadhafi, mieux armées et mieux organisées.
Le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, est la cible depuis le 15 février d'une révolte populaire qui s'est transformée en guerre civile entre insurgés et forces loyales au dirigeant. Une coalition internationale, avec à sa tête les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est intervenue en Libye le 19 mars, dans le cadre d'une résolution de l'ONU. L'Otan a pris, jeudi, le commandement des opérations. Le groupe de contact sur la Libye, chargé du "pilotage politique" de l'action militaire, se réunira "la semaine prochaine à Doha", a annoncé le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague. La Grande-Bretagne va renforcer les moyens aériens qu'elle a engagés, avec le déploiement dans "les prochains jours" de quatre avions supplémentaires, a indiqué le Premier ministre David Cameron, qui a effectué une visite-surprise lundi sur une base italienne où sont stationnés des appareils de la Royal Air Force, qui participent à l'opération internationale en Libye.
Misrata oubliée
Dans l'ouest du pays, les combats se poursuivaient dans le Jabal al-Gharbi, au sud-ouest de Tripoli, et à Misrata (200 km à l'est de Tripoli), ville assiégée et bombardée depuis 40 jours par les forces pro-Kadhafi où la rébellion réclame un appui aérien international. Les forces de Kadhafi bombardent "aveuglement" Misrata alors que "les avions de l'Otan, dont la mission est de protéger les civils, ne survolent même pas la région", a déploré un porte-parole des insurgés sous le couvert de l'anonymat. Dans le Jabal al-Gharbi, les pro-Kadhafi ont réussi à reprendre la ville de Ketla "après des bombardements intensifs, et maintenant, ils veulent prendre Nalout", a indiqué un habitant de Nalout.
Un navire affrété par Médecins sans frontières a quitté dimanche Misrata pour Sfax, en Tunisie, avec 60 blessés à bord. Un ferry turc, transformé en hôpital, a par ailleurs évacué dimanche 460 blessés et réfugiés de Libye, selon la presse turque, depuis Misrata et Benghazi. Les rebelles ont accusé les troupes de Kadhafi d'avoir endommagé un lieu de stockage du diesel sur l'installation pétrolière de Mislah (sud). Les prix du pétrole ont atteint de nouveaux sommets lundi à New York comme à Londres, où le baril a dépassé 120 dollars pour la première fois depuis août 2008 face à l'enlisement du conflit en Libye.
Qui eût cru que le sujet cent fois recuit pouvait encore réserver quelques surprises tardives comme un court-bouillon indéfiniment réchauffé ? La controverse sur la laïcité à la française réserve quelques instantanés savoureux.
Hier sur les ondes de France Inter, d’une bouchée fugitive, Nathalie Kosciusko-Morizet a tranché la question de l’opportunité du débat organisé ce matin par l’UMP : c’est la faute au hachis Parmentier ! C’est lui, dit-elle, qui empoisonne tant de maires confrontés à la problématique de la cantine laïque. Certains enfants ne mangeraient pas, soupçonnant la viande de ne pas être halal (ou cacher), et on apprend derechef qu’ils ne toucheraient même pas à la purée, elle-même jugée impure faute de séparation nette dans ce plat unique.
Une situation si insupportable, si on suit bien la ministre de l’Ecologie, qu’elle mérite à elle seule d’être inscrite tout en haut du menu des réflexions du parti majoritaire.
Vite, une disposition législative pour contraindre les récalcitrants à ne pas faire les difficiles — il faut empêcher les petits de s’affamer — ou une directive d’en haut pour proposer des préparations végétariennes ! La laïcité est en danger, citoyens, et le gouvernement doit intervenir, c’est ça ? Avec des décisions prises place Beauvau dès la semaine prochaine ?
Mais qui croira sérieusement que des solutions simples et respectueuses de tous ne peuvent être trouvées avec les prestataires de service à l’échelon de chaque collectivité locale ? Il est vrai que l’Education nationale n’a pas l’habitude de faire des efforts pour se préoccuper du contenu de l’assiette de nos enfants, et notamment de sa qualité diététique.
Pour que la recette concoctée ce matin par l’UMP soit bien cadrée, le ministre de l’Intérieur, lui, a été encore plus réducteur, comme on dit en cuisine.
« L’accroissement du nombre de musulmans pose problème », et il n’y a aucune raison « pour que la République leur accorde plus de droits qu’elle n’en a accordés » aux croyants des autres religions en 1905. On ne pourra pas reprocher à M. Guéant d’avoir pris des pincettes.
Il suggère sans périphrase que les musulmans pratiquants sont en faute. Qu’ils abusent. S’ils occupent la rue pour prier, c’est parce qu’ils veulent l’envahir, au mépris de leur propre dignité… Marine Le Pen avait déjà dit que l’ancien secrétaire général de l’Élysée était membre d’honneur du Front national. Il peut désormais prétendre à la carte Gold. Brice Hortefeux, décidément, n’était qu’un amateur.
Tous les arabophobes du pays — et au-delà ceux qui pensent gentiment « je n’ai rien contre les immigrés mais je trouve qu’il y en a trop » — applaudiront les petites phrases du ministre. Aideront-elles la France de 2011 à s’assumer comme elle est, et à être fière de ce qu’elle est ? C’est une autre affaire…
Une nouvelle équipe à la direction des rédactions du "Monde"
Erik Izraelewicz, directeur du Monde, a présenté, lundi 4 avril, son équipe de direction pour la rédaction. "Cette équipe, renouvelée, rajeunie et diversifiée a pour mission de mettre en œuvre rapidement les priorités du projet sur lequel j'ai été désigné", explique-t-il dans un courrier.
Sont ainsi nommés à ses côtés trois directeurs adjoints des rédactions : Serge Michel, Didier Pourquery et, le temps de la transition, Sylvie Kauffmann. Enfin la rédaction en chef sera constituée d'Eric Béziat, de Sandrine Blanchard, de Luc Bronner et de Jean-Baptiste Jacquin.
La nouvelle direction des rédactions ainsi constituée assurera la bonne marche du journal et du site au quotidien avec, en outre, les responsabilités suivantes :
- Serge Michel est notamment chargé du rapprochement entre les rédactions papier et Internet
- Didier Pourquery supervisera les transformations de l'offre du week-end
- Eric Béziat aura la charge des changements dans le déroulé du journal
- Sandrine Blanchard veillera à l'ouverture du journal à de nouvelles thématiques
- Luc Bronner coordonnera le nouveau pôle société et le pôle politique
- Jean-Baptiste Jacquin travaillera au renforcement du traitement de l'économie dans le journal
Cécile Prieur est chargée de créer au sein de la rédaction un service Société. Chef de ce service, elle aura aussi la responsabilité d'une équipe Investigation constituée, dans une première étape, de trois enquêteurs – Gérard Davet, Fabrice Lhomme et un troisième journaliste en cours de recrutement.
Franck Nouchi, rédacteur en chef, est nommé directeur du développement éditorial. Il aura en charge le développement des activités "hors-média" (conférences, voyages, édition, etc.) que le groupe souhaite développer activement ainsi que la coordination des déclinaisons papiers de la marque Le Monde, notamment la publication des hors séries et du mensuel.
Dans les jours qui viennent, l'organisation de la rédaction sera complétée et étoffée par de nouveaux recrutements afin de concevoir les transformations de l'offre week-end. Cette offre, remaniée et étoffée, sera un des axes importants du projet éditorial et l'occasion, en mariant les cultures du Monde Magazine et de M, de faire venir au Monde un public plus large – les jeunes et les femmes en particulier.
D'autres renforts seront également assurés très vite de manière à renforcer certains secteurs, et notamment la politique en vue de l'élection présidentielle.