TOUT EST DIT

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jeudi 20 juin 2013

Réactionnaire la France ? Oui et de plus en plus !


Si José-Manuel Barroso a suscité tellement de commentaires après avoir traité la gouvernance française de réactionnaire, c’est bien parce qu’il a visé juste. Il a touché là où ça fait mal. « Et celui qui dit la vérité…doit être exécuté», on connaît la chanson de Guy Beart. Bien sûr, ça n’est peut-être pas le rôle d’un super haut fonctionnaire européen que d’émettre un avis aussi politique sur un des chefs d’État. Mais il faut dire que Barroso est excédé comme la plupart des Européens. Excédé par les attaques permanentes contre la prétendue omniprésence de la commission. Excédé par les reproches et les procès faits par la France à Bruxelles et aux Allemands. La commission n’est  rien d’autre que le bras d’exécution du conseil des ministres. Elle ne fait rien qui n’ait pas été commandé par les pouvoirs politiques. Quant aux Allemands, ils ont fait les efforts que chaque européen aurait du faire pour que la maison soit tenue.
José-Manuel Barroso n’a rien fait d’autre que de dire tout haut ce que les dirigeants européens affirment tous les jours. Oui, le gouvernement français est réactionnaire, oui la politique française est archaïque. Elle conduit au déclin et tire l’ensemble européen vers le bas.
Si on se réfère au dictionnaire, un gouvernement réactionnaire est un gouvernement  qui prône et défend le retour à une situation passée, réelle ou fictive sous le prétexte que le changement serait pire. Un gouvernement réactionnaire révoque ou refuse tous changements sociaux, moraux et économiques. Ce terme s’oppose à progressiste, révolutionnaire.
Les cadres du PS ont beau jeu d’insister sur la grande réforme du mariage pour tous. Sans doute est-ce aujourd’hui considéré par la gauche comme un grand progrès ! Sauf que la gauche défend-là une des institutions –le mariage –parmi les plus bourgeoises et les plus conformistes, alors que cette même gauche s’est battue jadis pour l’union libre. En 1968, le mariage était ringard de chez ringard. Autrement dit, réactionnaire et archaïque. Aujourd’hui, on a voulu nous faire croire que c’était progressiste, moderne, tendance mais passons.
Là où Barroso a raison, c’est dans le domaine économique et social où la gouvernance française est particulièrement réactionnaire. C’est à dire repliée sur elle-même dans le déni de la réalité.
Rien de ce qui a été fait ou annoncé ces derniers jours ne s’inscrit dans la modernité… Sur la mondialisation, par exemple, le discours officiel français est irresponsable. La mondialisation est un fait, on devrait tout faire pour en assumer les contraintes afin d’en toucher les dividendes. C’est par la mondialisation que l’on retrouvera de la croissance, donc de la vitalité, des emplois. Faute de créer un écosystème favorable à l’activité et aux échanges, on se coupe en permanence des marchés étrangers.
Quand un ministre de l’Industrie interdit la vente de Dailymotion  à l’américain Yahoo, il met Orange en difficulté. Il décourage les investisseurs étrangers à venir en France. Quand la France fait le bras de fer avec la Chine en bloquant les importations de plaques solaires en Europe, elle prend le risque de représailles qui feront beaucoup plus mal mais surtout elle se trompe de cible. Le problème  n’est pas avec la Chine. Cette affaire souligne que le problème est en Europe. Le clash s’est produit parce que la France et l’Allemagne ont été incapables de négocier une position commune. Quand la France disait non, l’Allemagne disait oui. Quelle cacophonie !
Pour des Chinois et des Américains, la France, l’Allemagne, l’Italie ou l’Espagne comptent peu.  Ce qui compte pour les Chinois ou les Américains, c’est l’appartenance à un ensemble européen. Cet ensemble européen n’existe pas assez. Plus grave, la France n’arrête pas de considérer l’Allemagne comme étant responsable de la crise. Ce qui est évidemment complètement faux. La France fissure du coup la solidarité européenne.
Ne nous y trompons pas. Derrière ce type de tergiversations, il y a l’idée caressée par les courants populistes français à droite comme à gauche que le souverainisme, la fin de l’Euro, le retour du protectionnisme offriraient des alternatives crédibles. Si ca n’est pas de l’archaïsme qu’un tel retour en arrière, il faudra entreprendre une réforme du dictionnaire ! Nous avons besoin de la mondialisation. Nous avons besoin de l’assumer et pour l’assumer nous avons besoin de coopérations internationales donc d’abandonner certains aspects de la souveraineté nationale à une sorte de « copropriété organisée. »
La seule protection possible aux effets de la mondialisation c’est la compétitivité (les Allemands ont parfaitement compris cela) et la coopération capable de définir des règles de fonctionnement.
Il n’y a pas d’autres solutions. La responsabilité d’un gouvernement serait d’expliquer cela à son opinion publique plutôt que de la caresser en permanence dans le sens du poil en lui faisant croire que si tout va mal c’est de la faute des autres.
Le président de la République nous a donnés lors de sa dernière prestation télévisée un magnifique exemple d’archaïsme ou de réaction. François Hollande a annoncé aux Français ce qui allait se passer dans un conseil d’administration qui se déroulait le lendemain. « Stéphane Richard restera en fonction tant que … ».  Affirmation incroyable qui tend à montrer que le Président peut encore tout décider dans une société publique au sens américain du terme. C’est-à-dire cotée en bourse et dans laquelle l’État n’a que trois administrateurs sur les 15.
François Hollande nous aurait dit qu’il allait donner mandat aux administrateurs représentant l’État de voter la confiance à Stéphane Richard, ce qui ne préjugeait en rien de la décision des autres administrateurs, il aurait été pleinement dans son devoir. Mais en affirmant qu’il tenait les ficelles, il accréditait l’idée que l’État français a encore tous les pouvoirs pour décider dans une grande entreprise française, ce qui est du plus mauvais effet. Pourquoi voulez vous qu’on débarque en France si on court le risque de se faire débarquer soi même par l’administration ou par l’oukase d’un responsable politique ?  Si on veut que les entreprises se développent, elles doivent être indépendantes, transparentes et soutenues ou encouragées dans la compétition  internationale.
Autre forme d’archaïsme ou de réaction, l’interdiction faite d’expérimenter la recherche et le forage de gaz de schiste. La France a peut-être des réserves colossales en énergie naturelle et surtout 30% moins chère que le nucléaire ou le pétrole mais la France s’interdit d’explorer cette voie-là. Les Américains qui n’ont pas ce genre de blocage ont découvert dans les gaz de schiste le moyen de sécuriser les approvisionnements et de financer leur sortie de crise.
Pourquoi la France ne rentre-t-elle pas dans le jeu ? Par archaïsme et idéologie. Archaïsme oui parce qu’une partie de l’opinion est convaincue que l’exploitation des gaz de schiste est extrêmement polluante, ce qu’on ne sait pas puisqu’on ne peut pas faire des expériences et des recherches qui pourraient faire évoluer et progresser les procédés d’exploitation. Derrière tout cela il y a aussi  l’idéologie de ceux qui pensent que la croissance n’est pas nécessaire au progrès de la vie et qu’on pourrait s’organiser autrement. Idéologie et utopie se nourrissent souvent l’une de l’autre pour accoucher d’un retour en arrière.
L’outil juridique qui autorise un tel archaïsme c’est évidemment le principe de précaution. Inscrit dans la constitution et qui bloque tout. Un chercheur américain affirmait que « si le principe de précaution avait été appliqué, jamais les Français n’auraient laissé rouler les automobiles, jamais ils n’auraient pu faire voler les Airbus, jamais le General de Gaulle n’aurait autorisé l’exploitation du gaz de Lacq ou l’énergie nucléaire. »
Cela dit, c’est dans la gestion des dépenses publiques et sociales que la France est particulièrement réactionnaire.
Faute d’accepter de considérer qu’on pourrait avoir les mêmes services publics en les payant moins cher, sauf de prendre en compte les réalités de la démographie, de l’espérance de vie, des progrès de la santé, on risque fort de laisser le modèle social se dégrader alors qu’on croyait le protéger.
La réforme des retraites offre une formidable occasion de modernité ou de régression. Pour la classe politique tout entière. De droite et de gauche. La réforme des retraites est une occasion unique de faire preuve de courage politique ou de lâcheté démagogique.

Les Français ont les élus qu'ils méritent !


Dix députés - de gauche et de droite - lancent un appel dansLe Nouvel Observateur pour abolir leurs propres privilèges. Cette démarche vous laisse sceptique. Votre parti pris : les Français ont les élus qu'ils méritent ! Qu'est-ce que vous entendez par là ?
Depuis l'affaire Cahuzac, on assiste à une surenchère de puritanisme politique. C'est à qui sera le plus vertueux, le plus irréprochable - et cela accrédite l'idée que le Parlement serait le lieu de tous les trafics, prébendes et influences. Disons-le : oui, les parlementaires ont des avantages, en partie abusifs, mais non, leurs mandats ne sont pas des sinécures et ils ne font pas fortune. Surtout, ne laissons pas croire que les retards de la France seraient le fait des élus : ils ne sont ni plus ni moins honnêtes que leurs électeurs. Ils ne sont pas des prix de vertu ? Les Français non plus.
Vous ne pensez pas qu'il nous faudrait une classe politique exemplaire, des élus qui soient justement plus irréprochables que les citoyens qui les élisent ?
Peut-être que ce serait un idéal - je n'en suis même pas sûr. On parle souvent d'une crise de la représentativité ; en fait, nos élus nous ressemblent plus qu'on ne le dit. Les Français sont des champions de la fraude fiscale, de l'incivilité routière et du travail au noir : nos représentants ne sont pas tous des saints. On ne leur demande pas d'être parfaits, mais de respecter les lois (c'est le minimum) et de servir l'intérêt général. Selon ce critère, il y a, dans les propositions de ces 10 députés, celles qui vont dans le bon sens (sur les retraites, la réserve parlementaire), et d'autres, moins.
Est-ce que vous diriez, comme Claude Bartolone, président de l'Assemblée, que ces députés veulent "se faire une réputation sur le dos des autres" ?
Ce qui est transparent, c'est qu'ils ont voulu faire un coup. Beaucoup de leurs propositions ont déjà été soumises au Parlement et repoussées - les 10 députés sont 10 dépités... Olivier Faure a publié son patrimoine, il voudrait que ce soit obligatoire - c'est idiot, car la transparence n'est pas un gage de vérité ; le patrimoine des élus ne pas doit être divulgué mais contrôlé. Bruno Le Maire veut obliger les fonctionnaires élus à quitter la fonction publique, mais alors il faut interdire l'exercice de tous les métiers (et c'est la marche forcée vers la professionnalisation de la politique, dont les Français ont raison de se méfier). Et Jérôme Guedj veut fiscaliser les frais de mandat pour éviter les abus, mais ça revient à augmenter le traitement des députés et sans plus de contrôle puisque chacun dépense son argent comme il veut... Ce sont de nobles causes, mais qui auraient des conséquences discutables...
Est-ce qu'on peut dire que le projet de loi sur la transparence de la vie politique, qui est examiné en ce moment à l'Assemblée, va assez loin ?
Il marque des progrès : la création d'un organe de contrôle, dont il faudra surveiller qu'il a les moyens suffisants, et la déclaration d'intérêts, qui, elle, sera publiée pour s'assurer que les élus ne sont pas liés à des groupes privés qui pourraient les influencer. Mais par rapport à l'ambition de départ, le texte sera forcément décevant : François Hollande l'avait voulu maximaliste (pour effacer l'affaire Cahuzac) et les députés l'ont préféré minimaliste (pour éviter le "tous pourris"). Donc c'était une loi de diversion qui aura connu... deux versions.

A propos d'une déculottée électorale du PS

Le péril fasciste menace Villeneuve-sur-Lot. La déculottée que vient de prendre le PS dans l’ancien fief de Jérôme Cahuzac - le candidat socialiste y a été éliminé dimanche au premier tour des législatives partielles - annonce toutes les outrances de la part de la gauche. D’autant que le candidat FN, Etienne Bousquet-Cassagne,talonne celui de l’UMP, Jean-Louis Costes (26 ,04% contre 28,71%). Ce lundi matin,Harlem Désir a demandé, sur RTL, à "faire barrage au FN", en appelant au "cordon sanitaire". Marisol Touraine, sur Europe 1, a estimé que "le FN est un parti qui ne défend pas les valeurs de la république". Mais ces indignations, qui furent entendues après le 21 avril 2002 (élimination de Lionel Jospin au premier tour de la présidentielle) ont du mal, cette fois, à franchir le cercle étroit des appareils politiques, à gauche comme à droite. Ce sont eux qui "surfent sur les peurs". Or, le profil de Bousquet-Cassagne, 23 ans, ressemble bien peu à celui de la bête faramine qui affole les belles âmes. Ce qui apparaît est une gauche larguée, qui s’enferme dans son sectarisme et ses appels à la haine. Ses électeurs sont d’ailleurs parmi les premiers à rejoindre le parti de Marine Le Pen. Il est probable que ce phénomène se vérifiera, en partie du moins, au second tour.
 Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS, appelle ce lundi à "une alliance des forces de gauche et des écologistes". Mais ce que ce parti s’autorise depuis toujours - le rapprochement avec une extrême gauche de plus en plus violente et sulfureuse - est ce qu’il interdit de manière virulente à une opposition terrorisée par les oukases de la gauche "morale". Le PS  a évidemment tout intérêt à isoler durablement le FN, tout en le renforçant électoralement. François Hollande ne peut espérer être réélu que grâce à une droite irrémédiablement divisée et affaiblie. Mais cette manœuvre grossière, à laquelle se prête naïvement une droite qui ne sait plus qui elle est, n’est pas du goût des électeurs eux-mêmes. Ceux-là réclament, de la part des partis, plus de proximité et de compréhension. Dans cette nouvelle donne politique, l’opposition a encore beaucoup de progrès à faire si elle  veut se rapprocher d’un électorat qui lui échappe. Le PS, lui, semble avoir renoncé à cette écoute attentive, qui l’obligerait à trop de remises en question, au profit d’une posture imprécatoire et désespérée. Mais qui le PS impressionne-t-il encore, hormis quelques notables frileux de l’UMP ?

La Grèce n’est pas un pays «normal»


Chercheur, professeur en philosophie politique au King's College de Londres, Stathis Kouvelakis était un des invités de Mediapart et Reporters sans frontières, mardi 18 juin au Théâtre du Châtelet, lors de la soirée de soutien à la Grèce faisant suite à la fermeture brutale de l'audiovisuel public, ERT. Voici le texte de son intervention. 
Si un doute subsistait encore à ce sujet, il est désormais levé : la Grèce n’est pas un pays « normal ». Dans un pays « normal », de nos jours, en Europe, ce genre de choses n’arrive pas, seulement dans des dictatures ou dans des pays sous occupation. Seulement voilà, sans être sous le joug des militaires, ou d’une armée étrangère, la Grèce a cessé d’être un pays « normal ». Depuis maintenant trois ans, elle a, en effet, pris congé de ce qui, ici ou ailleurs dans notre continent, est considéré comme relevant de la « normalité ».
Car il ne saurait bien entendu y avoir de « normalité », de vie en commun tolérable, dans un pays dévasté, où la récession et le chômage atteignent des niveaux inconnus depuis les années 1930. Dans un pays où la discussion ordinaire des lycéens est la destination vers laquelle elles ou ils comptent émigrer.
Il ne saurait y avoir de « normalité » avec des écoles, des universités, des hôpitaux qui partent à la dérive, quand la population est confrontée à ce qu’on peut qualifier de désastre humanitaire.
Il ne saurait y avoir de « normalité » quand, comme nous l’enseigne l’expérience historique, le désespoir et la colère impuissante d’une société paupérisée et humiliée se tournent contre les groupes les plus fragiles, dont la vie devient un enfer et qui replongent dans une horreur que, là aussi, on croyait oubliée dans nos pays depuis les années 1930.
Mais ce qu’il faut avant tout souligner maintenant, ce que les écrans noirs et les silences des fréquences radio nous imposent de dire avec la plus grande force, c’est que cette descente aux enfers n’a pu se faire qu’au prix et à la condition d’un déni grandissant de démocratie. Ce que la Grèce vit depuis sa mise sous tutelle par la Troïka de ses bailleurs de fond, c’est-à-dire le FMI et, surtout, l’Union Européenne, c’est un état d’exception permanent.
Car comment qualifier autrement un état où toute notion de souveraineté nationale et populaire est bafouée, où les décisions clé sont prises par décret, où les institutions représentatives ne sont qu’une façade de parlementarisme ? L’exception est ainsi devenue la règle lorsque les gouvernements en place se sont transformés en exécutants des instructions de ces fameux Mémorandums, monstrueux pavés de milliers de pages, qui règlent jusqu’au moindre poste de dépense de la moindre ligne budgétaire. Ces Mémorandums qui organisent le dépeçage du pays, la privatisation de son patrimoine, la liquidation de ses services publics et de ses institutions scientifiques et culturelles. Car même si la méthode porte la marque de M. Samaras et de son parti, la décision de fusionner et de restructurer drastiquement l’audiovisuel public, et de licencier des milliers de salariés du secteur public, faisait bien partie des engagements contractés par le gouvernement actuel vis-à-vis de la Troïka.
Cette décision a choqué et déclenché un tollé à l’échelle internationale, dont témoigne, entre autres manifestations du même type, notre rassemblement de ce soir. Il y a sans doute une part de démesure, d’hubris auraient dit les Anciens, dans la décision de Samaras et dans sa méthode. Mais, pour celles et ceux qui suivent les événements de ces derniers mois en Grèce, cette fuite en avant autoritaire ne tombe pas du ciel. Dans son excès même, elle s’inscrit dans une escalade ininterrompue dans la politique de la poigne de fer. Car avant de s’en prendre à l’audiovisuel public, ce gouvernement a brisé quatre mouvements de grève par simple décret de réquisition des grévistes, les derniers en date étant les enseignants.
Ce même gouvernement a réprimé avec sauvagerie des dizaines de mouvements de protestation, évacué manu militari des espaces autogérés, torturé des manifestants antifascistes. Il a couvert les exactions des bandes néonazies et légitimé leur discours en poursuivant la chasse aux migrants et aux travailleurs étrangers entamée par ses prédécesseurs.
C’est tout cela, qui s’est fait à bas bruit – médiatique s’entend –  qui a préparé le terrain au coup de force actuel et qui en explique la logique profonde et le déroulement concret.
Quant à la conclusion qui en découle, elle me semble limpide : la doctrine néolibérale de choc appliquée depuis trois ans à la Grèce sous les auspices et le contrôle tatillon de l’Union Européenne est incompatible avec la démocratie. Ce qui veut dire aussi, qu’on ne saurait – je dirai même qu’on a pas le droit de – s’émouvoir des écrans noirs de la télé publique si on se tait devant la violence des diktats de la Troïka et de la destruction parfaitement prévisible qu’ils infligent à ce pays, comme au reste de l’Europe du sud.
Un ami, qui a vécu cette période, me disait il y a deux jours : tu sais, ce qui se passe devant le bâtiment de l’ERT, ces gens rassemblés, ce fourmillement de débats et d’actions, ça rappelle l’occupation de l’école Polytechnique d’Athènes par les étudiants, en 1973, et sa radio libre qui brisait la chape de plomb de la dictature et qui annonçait sa fin prochaine. Aujourd’hui comme alors, grâce au soulèvement populaire, c’est l’espoir d’une fin prochaine de l’oppression qui surgit. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, devant les bâtiments occupés des télés et des radios aussi bien que sur les ondes et dans les images télévisuelles d’un type totalement inédit, c’est un esprit de résistance et de liberté qui souffle actuellement en Grèce et qui finira par l’emporter. Retrouvons-nous donc bientôt, cher-e-s ami-e-s, en ce lieu ou ailleurs, pour soutenir une Grèce libérée et démocratique !