François Hollande a besoin d’une commission de rénovation et de déontologie de la vie publique (1).
Celle-ci ne dira pas que les députés
viennent de refuser que leurs dépenses personnelles, lorsqu’elles sont
payées par leurs frais professionnels, soient réintégrés dans leurs
revenus.
Elle ne dira pas non plus que d’un point
de vue déontologique, les femmes de ministres ne devraient pas être
journalistes, sauf à considérer que la déontologie a quitté le métier de
journalisme.
Elle ne rappellera pas que les affaires
de cul de la gauche ne devraient pas, comme à la cour du roi, mener la
politique du pays.
Et elle ne dira pas non plus que des
ministres condamnés ne sont pas exactement ce qu’il y a de plus qualifié
pour montrer l’exemple, en matière de déontologie.
Mais passons. Après tout, si l’époque était encore à la déontologie, aucune commission, même fantoche, n’aurait sa place.
Ce qui m’intéresse, c’est la polémique naissante sur la rémunération des membres * de cette commission.
Selon les emails et les commentaires qui circulent,
Monsieur Jospin serait rémunéré 122.000€, Madame Bachelot 92.000€, et les autres 80.000€.
Les consultants devraient toucher une indemnité de 35.000€.
Trente quatre auraient déjà été nommés, dont Mme Sylviane Agacinski,
philosophe, épouse de M. Jospin et M. Pierre Bachelot, fils de Mme
Bachelot.
La commission devrait donc coûter 2.444.000€, sans compter les frais annexes.
Mais selon Béatrice Houchard, du Figaro
(2), il s’agit d’une rumeur qui tourne sur internet et que personne
n’arrive à arrêter. Et la journaliste d’insister :
Eh bien tout ceci est faux, totalement faux, archi-faux
Les 14 membres de la Commission sont tous bénévoles. Ils travailleront
dans des locaux de la République mais leur tâche ne donnera lieu à
aucune rémunération ni remboursement de frais.
Il y a eu assez d’ « affaires » politiques pour ne pas ajouter de la
calomnie là où il n’y a simplement (et quoi qu’on pense du principe de
ces Commissions) que des personnalités qui ont eu envie de répondre à la
demande de François Hollande.
Ce qui, personnellement, me pose
problème dans la « mise au point » de la journaliste – et je ne la vise
pas elle particulièrement car je ne la connais pas – c’est qu’il
n’est plus possible de les croire, ces journalistes putains du pouvoir,
puisqu’ils votent à gauche et que personne n’imaginent qu’ils
critiqueront leurs maîtres.
Ce qui me gêne encore plus, dans la
« mise au point » de la journaliste – et là c’est elle que je vise –
c’est qu’elle prend les lecteurs pour des cons en concluant, à propos
des membres de la commission : « Quatorze personnes désintéressées. Ça existe. » En politique ? Ben voyons…
D’ailleurs les affirmations appuyées de
la journaliste du Figaro sont jetées aux orties par un autre
journaliste, Vincent Daniel, sur FranceTVinfo.fr (3).
Alors que Béatrice Houchard déclare que
les membres de la commission n’obtiendront, je la cite « aucune
rémunération ni remboursement de frais », Vincent Daniel, lui, cite Guy
Carcassonne, ancien membre du comité Balladur et professeur de droit
public, qui affirme tout le contraire : « les membres venant de loin
sont défrayés » (JPG : ce qui se comprend).
De plus, Vincent Daniel explique que la
règle du travail bénévole de cette commission souffrira des
« concessions » : « Lionel Jospin et les membres de la commission
disposent d’un secrétariat et de locaux à Matignon ». Autrement dit, des
fonctionnaires seront spécialement recrutés pour assurer le secrétariat
de la commission. En quoi le recrutement et la mise à disposition de
locaux à Matignon et d’un secrétariat sont-ils une concession au
principe du bénévolat des membres de la commission ?
Alors ? La rémunération des membres de
la commission est-elle une info ou une intox ? Je vous encourage, chers
lecteurs, à mener l’enquête à et nous faire partager vos trouvailles.
Reproduction autorisée et vivement encouragée, avec la mention suivante et le lien ci dessous :
* Liste des membres :
M. Lionel Jospin, ancien Premier ministre, est nommé président de la commission instituée par le présent décret.
Sont nommés membres de la commission :
M. Olivier Schrameck, président de section au Conseil d’Etat ;
Mme Chantal Arens, présidente du tribunal de grande instance de Paris ;
Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ancienne ministre ;
Mme Julie Benetti, professeure à l’université de Reims ;
M. Jean-Claude Casanova, membre de l’Institut, président de la Fondation nationale des sciences politiques ;
M. Jean-Pierre Duport, préfet de région honoraire ;
M. Jean-Louis Gallet, conseiller à la Cour de cassation, vice-président du Tribunal des conflits ;
Mme Marie-Christine Lepetit, chef du service de l’inspection générale des finances ;
Mme Wanda Mastor, professeure à l’université Toulouse-I ;
M. Ferdinand Melin-Soucramanien, professeur à l’université Bordeaux-IV ;
Mme Agnès Roblot-Troizier, professeure à l’université d’Evry ;
M. Dominique Rousseau, professeur à l’université Paris-I ;
Mme Hélène Ruiz-Fabri, professeure à l’université Paris-I.
Est nommé rapporteur général de la commission : M. Alain Ménéménis, conseiller d’Etat.