jeudi 21 novembre 2013
France-Ukraine, et si…
La preuve est faite, si besoin en était : la France va mal, très mal. L’échec de cette équipe multiraciale nous renvoie à un échec flagrant, celui de l’intégration. Une France communautarisée qui ne se vit plus comme nation ne peut briller dans la compétition internationale – qu’elle soit sportive ou économique. Cette défaite humiliante avec l’expulsion de Ribéry, les mauvais gestes, les insultes et l’arrogance de ces joueurs sans repères, c’est aussi l’héritage de mai 68 et d’une éducation qui a naufragé sous les coups de boutoirs de l’individualisme hédoniste, du pédagogisme et du McDo.
On est étonné que des émeutes n’aient pas succédé à ce Waterloo sportif, politique et moral. On murmure que monsieur Valls avait renforcé de manière spectaculaire les renforts policiers autour des lieux de pouvoir et notamment de l’Assemblée Nationale car on craignait, du côté de la DCRI, des cortèges spontanés de supporters bien décidés à transformer ce 19 novembre en 6 février footballistique.
En même temps, peut-on en vouloir vraiment à ces joueurs, imposés à 75%, d’être démotivés ? Ils illustrent de manière symbolique cette démotivation qui est aussi celle des entrepreneurs français sous la tyrannie fiscale et incompétente du tandem Hollande-Ayrault.
Il faudrait, décidément, que François Hollande abrège ce calvaire et, comme l’a fait Didier Deschamps à la FFF, présente sa démission, une fois pour toutes.
France-Ukraine : 0-0
Un match terne et une élimination sans gloire. L’impuissance des joueurs français devant les buts, c’est celle de notre pays aujourd’hui. Un pays sans volonté, sans dessein qui évolue dans une grisaille de mauvais rêve, entrecoupée seulement de colères brèves, de sursauts d’orgueil à l’image des bonnets rouges ou des accélérations courageuses mais inutiles de Ribéry.
Dans cette histoire, Didier Deschamps, c’est Jean-Marc Ayrault. Son changement de système pour un 4-3-3 qui n’a rien prouvé fait penser au premier ministre et à ses reculades timorées, ses changements de pied qui ne résolvent aucun problème et ne font qu’accentuer le sentiment d’une absence de vision. Encore une fois, une France qui perd sans perdre avec des joueurs eux aussi sans doute touchés par le ras-le-bol fiscal à l’image des classes moyennes, ne peut pas gagner. Il faudrait, du côté de la Fédération Française de Football comme de l’Elysée, accepter de tirer les conséquences soit en changeant de paradigme, soit en partant. On oserait à peine imaginer quel serait ce matin le climat dans le pays si la défaite avait été plus lourde.
France-Ukraine : 2-0 (élimination de la France par tirs aux buts)
Quels regrets ! Merveilleusement fringante et collective en première mi-temps, marquant deux buts admirables, l’équipe de France s’est trouvée privée de volonté dans la seconde période, comme prise d’une étrange langueur. Comment ne pas voir une parfaite allégorie de la situation de la France ? Les fondamentaux sont là, le désir d’entreprendre malgré la politique fiscale désastreuse qui n’a pas démotivé des joueurs pourtant taxés à 75%.
Mais, au bout du compte, Didier Deschamps comme la FFF se sont contentés de demi-mesures, de celle qui ne permettent pas la victoire décisive sur une crise que l’on pourrait pourtant aisément surmonter avec un peu de courage. Mais ce courage manque comme il manque à l’exécutif.
On n’aime plus l’équipe de France, on n’aime plus ce gouvernement. Les deux, plombés par l’impopularité, ne sont plus en mesure d’agir sur les événements, de renverser la tendance. Ce n’est pas l’aggiornamento promis par Jean-Marc Ayrault sur les impôts qui changera grand-chose au problème.
Le match d’hier soir a signé la fin d’une génération de joueurs et, espérons-le, de dirigeants. On peut espérer que les prochaines élections, municipales et européennes, indiqueront aussi au gouvernement la porte de sortie. Il est tout de même dommage que les belles choses que nous avons vues hier soir et que nous voyons chaque jour dans le pays réel qui continue à se battre, ne nous amène pas à la victoire par la seule faute d’un président de la république qui ne veut pas comprendre les enjeux.
France-Ukraine : 6-0
Le coup du chapeau de Sakho, le but de Benzema, le but de Ribéry, sans compter le but ukrainien contre son camp, et voilà une incroyable victoire qui va faire taire les déclinistes de tout poil. Ce qu’on a vu hier, sur le terrain, c’est la France de 98. Loin de la peinture apocalyptique des médias, la France reste malgré la crise un pays capable de faire de ses différences une richesse et surtout de jouer collectif. On ne peut que reconsidérer, après un tel match, la politique de François Hollande qui lui aussi finira par trouver sur le plan politique son billet pour Rio. Après tout, avec son gouvernement si critiqué, son premier ministre si moqué, le Président, comme Didier Deschamps, a refusé la fatalité. C’est difficile, ce n’est pas compris de l’opinion ou pas tout de suite, mais ça finit par payer.
On a oublié que la semaine dernière, malgré quelques réticences, Bruxelles avait avalisé le budget 2014 présenté par Paris, ce qui prouve que nous sommes sur la bonne voie d’une mise en conformité de notre système au normes européennes. Bien sûr, la Commission a indiqué que notre marge de manœuvre était très faible et que nous n’avions pas le droit à l’erreur. Exactement comme l’équipe de France hier soir qui a prouvé, et de quelle manière merveilleuse, que rien n’est jamais joué d’avance quand le courage est au rendez-vous.
De l’utilité pour la France d’avoir un bon entraîneur
De l’utilité pour la France d’avoir un bon entraîneur
Il paraît qu’on ne doit pas dire : « je n’aime pas le foot ». Trop clivant vis-à-vis de ce sport, le plus populaire et le mieux partagé. Tout juste peut-on confesser, c’est mon cas, qu’on y connaît peu de choses, et qu’on n’éprouve qu’une fascination limitée pour une partie des « valeurs » que ces sportifs véhiculent.
A tous ceux qui partagent mon triste sort et doivent subir le regard courroucé des leurs, il reste cependant un moyen de partager la joie légitime de notre pays : il suffit de savourer cet étrange phénomène de la parabole politique. L’équipe de France gagne, et c’est bien sûr l’ensemble des problèmes du pays qui sont oubliés. Elle gagne avec panache, et c’est la fierté de tout un peuple qui est retrouvée, sa capacité à affronter la compétition mondiale, la concurrence internationale. Qu’elle gagne contre toute attente, et c’est le sursaut qui sera magnifié, les situations désespérées qui subitement ne le seront plus.
De nombreux hommes politiques se sont aventurés sur ce terrain glissant de la métaphore politico-footballistique. Jacques Chirac, qui n’y connaissait rien, faisait semblant de scander le nom des joueurs. François Hollande, lui, s’y connaît vraiment. C’est ainsi qu’à l’issue du match contre l’Ukraine, il nous a gratifiés d’une forte parabole : la France gagne, a-t-il dit en substance, quand elle est dirigée par un vrai entraîneur, et que son équipe est soudée, unie sous son autorité vers un même objectif. En l’écoutant, lui président hésitant à la tête d’une majorité si peu homogène, on comprenait instantanément pourquoi le pays allait mal.
Après tout, peut-être devrais-je revoir mes préjugés : un supporter exalté peut garder une part de lucidité.
Schumpeter, réveille-toi !
Economiste d’origine autrichienne, ses travaux s’articulent autour de trois idées centrales : le marché, l’entrepreneur et l’innovation, et l’évolution des systèmes sociaux.
Quand tout va mal, deux règles fondamentales s’imposent : revenir au bon sens ; se référer aux classiques. L’un d’entre eux n’est quasiment jamais enseigné dans nos écoles. Du moins en France. Partout dans le monde, il est pourtant célébré comme l’un des grands économistes du vingtième siècle : Joseph Schumpeter (1883-1950). Economiste d’origine autrichienne, ses travaux s’articulent autour de trois idées centrales : le marché, l’entrepreneur et l’innovation, et l’évolution des systèmes sociaux. Esprit hors pair, doté d’un grand sens de l’humour (il avait déclaré avoir trois objectifs dans l’existence : être le plus grand économiste au monde, le plus fin cavalier d’Autriche, et le meilleur amant de Vienne et avait précisé avoir atteint seulement deux de ses ambitions, mais sans préciser lesquelles...), celui qui deviendra professeur d’économie à Harvard et le maître de toute une génération d’économistes de l’après-guerre (Robert Heilbroner, Paul Samuelson, Robert Solow, etc.), étudie sous les auspices de Friedrich von Wieser, Eugen von Böhm-Bawerk et Carl Menger à l’Université de Vienne. Pour autant, pour ceux qui s’intéressent aux différentes familles composant la pensée libérale, la théorie économique de Schumpeter, en particulier sa théorie des prix, plus affiliée au marginalisme de l’école de Lausanne, n’est pas entièrement « autrichienne ». Il ne dissimule pas son intérêt pour Adam Smith, Turgot et Jean-Baptiste Say, mais c’est à Léon Walras qu’il voue une réelle admiration.
Que nous apprend Schumpeter ? La place centrale de l’innovation dans le processus de développement et de croissance. C’est dans ce cadre qu’il analyse les cycles de long terme dits « de Kondratieff » (Le Cycle des affaires, 1939). Il les commente à l’aide du concept fondamental de « destruction créatrice ». Le processus de croissance économique est rythmé par la destruction d’entreprises et d’industries suivie de leur remplacement par de nouveaux acteurs utilisant des nouvelles techniques de production. L’artisan de cette innovation est l’entrepreneur, l’inventeur, celui qui imagine et met en place de nouvelles combinaisons de facteurs productifs. Pour autant, s’il s’en fait un fervent défenseur, Schumpeter n’entend pas idéaliser le capitalisme, contrairement, selon lui, à Friedrich Hayek à qui il reproche, à mon sens de manière excessive, dans son Histoire de l’analyse économique (1954), de ne s’attacher qu’à un libéralisme abstrait. Tous deux se retrouvent en revanche sur un point : leur scepticisme face au keynesianisme ambiant.
La grande leçon de Schumpeter pour une France qui a perdu la clé de la croissance et de l’emploi, c’est de comprendre qu’il est non seulement inutile mais nuisible à l’ensemble de l’économie d’intervenir au moyen de fonds publics pour tenter vainement de sauver une entreprise embourbée dans une industrie du passé. Il vaut mieux qu’elle ferme, que les patrons comme les salariés perdent leur emploi, mais qu’ils en retrouvent immédiatement un autre dans une entreprise innovante qui vient de voir le jour. Or cette dernière émerge mille fois plus facilement dans une société ouverte au monde, récompensant la prise de risque et le profit tiré de l’innovation, et débarrassée de l’esprit de précaution. A quand un candidat schumpétérien ?
A plat ou regonflé ?
A plat ou regonflé ?
Cela s'appelle l'art de déjouer les pronostics les plus défaitistes. On le voyait acculé dans une fâcheuse position. On le disait même promis à une inévitable et prochaine mise sur la touche. Et finalement, il a rebondi en débordant ses détracteurs sur un terrain où ils ne l'attendaient pas. Puisque c'est le jour où jamais, on nous pardonnera de filer ainsi la métaphore. En fait, ce n'est pas du « onze » tricolore dont il est question ici, mais de Jean-Marc Ayrault qui a joué son va-tout hier en annonçant une « remise à plat » du système fiscal français. Dans l'art du contre-pied, il ne pouvait mieux faire.
On guettait son accueil par les maires de France réunis en congrès à Paris. Beaucoup lui promettaient d'être sifflé, mais le Premier ministre a su endormir ses adversaires. Dans tous les sens du terme. Son discours lénifiant, truffé d'amabilités à l'égard des élus locaux, a, pour l'essentiel, désamorcé leur grogne. Sur les sujets qui fâchent, il a fait preuve d'esprit de conciliation et de dialogue. Il a aussi manifestement joué la montre sur les dossiers sensibles comme la réforme des rythmes scolaires.
Il faut bien en convenir, l'attention politico-médiatique s'est déportée vers l'annonce de la réforme fiscale. Une réforme à finalité très tactique, destinée à redonner l'initiative à l'exécutif et à lui permettre de rasséréner son aile gauche, toujours demandeuse du « grand soir fiscal ». Le coup n'est pas mal joué qui reprend une promesse de François Hollande et répond aux reproches sur l'illisibilité de notre système actuel.
Le seul problème est que l'ouverture du chantier arrive un peu tard. Comme si, dans un match de foot, on disputait la rencontre après la séance des tirs au but. Cette réforme souhaitable est de celles qui doivent être conduites en début de mandat par un pouvoir disposant d'une légitimité électorale intacte. Mieux aurait valu agir avant que les bricolages n'engendrent le ras-le-bol fiscal. Le consentement à l'impôt repose sur le sentiment que l'argent est bien utilisé et que l'État sait se réformer. Pas sûr que les conditions soient réunies pour que la « mise à plat » annoncée suffise à regonfler Ayrault.
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