Les parlementaires de ce pays ne cesseront jamais d'étonner. Certes,
ils n'ont pas trouvé de pétrole, et ont décidé, tant que l'argent coule à
flot, que la population pourrait se passer du gaz de schistes, de
l'énergie à pas cher et des emplois (le chômage ? Même pas mal). Mais
ils ont des idées, à foison, et toutes aussi ridicules les unes que les
autres. Par exemple, le syndicalisme en France étant déjà massivement
subventionné, le Sénat a décidé de l'aider en lui ajoutant une petite
niche fiscale. Trop mignon.
Il y a quelques jours, je notais, assez amer, que le syndicalisme
français n'était plus qu'une mafia légale, organisée autour de principes
simples de plomberie de base : les entreprises déversent des fonds dans
les syndicats par ces gros tuyaux ici, l'Etat aide massivement les
syndicats en regardant ailleurs lorsqu'il s'agit de comptabilité et de
fiscalité, et les syndicats utilisent les petits tuyaux ici et là pour
briser les rotules de ceux qui les empêchent de faire leur petit
business.
Simple.
J'exagère ? Allons. C'est du lourd, du solide, du
documenté
: personne n'a obligé les syndicalistes à porter plainte contre
Bricorama (et, selon toute vraisemblance, aboutir à la fermeture de
dizaines de magasins en France). Le syndicalisme contre les salariés,
c'est ça. Personne n'a obligé les syndicalistes à poursuivre une grève
chez Arkema, grève qui aura définitivement liquidé les espoirs des
chômeurs locaux de voir se concrétiser les investissements de 70
millions et les emplois à la clef prévus par la société. Le syndicalisme
contre l'emploi, c'est ça. Personne n'a jamais poursuivi le Syndicat
CGT Du Livre pour ses
exactions nombreuses
(trafic d'armes, intimidations, chantage, vol, violences en réunion,
...) Le syndicalisme de mafia, c'est ça. Et personne n'avait demandé à
la CFDT de commettre des clips vidéos vantant la robotisation des
salariés et le foutage de gueule financé avec vos sous, et pourtant, le
syndicalisme décontracté, c'est ça :
Mais cela va plus loin : le syndicalisme, en France, c'est surtout un magnifique système pour
pomper de l'argent
des entreprises (et donc, des consommateurs, des salariés et des
contribuables) vers cette caste ultra-protégée, tant par la loi que par
les politiciens qui y trouvent leur compte. Pour rappel,
on avait entraperçu
la façon dont les syndicats se financent à la faveur de la parution
(aux forceps) du Rapport Perruchot. Sa lecture est édifiante et permet
de découvrir que leurs ressources atteignent ainsi 4 milliards d'euros
par an,
soit 3 à 4 fois les ressources des syndicats anglais ou allemands, qui ont pourtant 5 à 10 fois plus de membres.
Si l'on ajoute les évidentes magouilles, conflits d'intérêts et
détournements purs et simples (régulièrement rapportés dans ces
colonnes), là encore (j'insiste) le terme de mafieux n'est pas de trop.
Cependant, non content de piocher allègrement dans la poche d'un
contribuable qui n'en peut mais, les syndicats s'expriment aussi
vigoureusement dans le lobbyisme plus ou moins discret. Dernièrement,
dans le cadre du débat sur le projet de loi des finances pour 2013, le
Sénat, largement acquis à la cause syndicale surtout depuis qu'il est
socialiste, a proposé un véritable
Chèque-Syndicat
: si, auparavant, la cotisation était déductible des impôts (à hauteur
des deux tiers), à présent, les impôts vont carrément faire un petit
chèque de remboursement, ce qui permet d'inclure les éventuels salariés
non imposables à la bonne soupe.
Rassurez-vous : pour financer cette distribution de pognon
supplémentaire, le texte prévoit la création d'une (nouvelle) taxe
additionnelle (supplémentaire en plus de surcroît et additionnelle) sur
la vente de tabac, pas du tout déjà touchée par une myriade de taxes.
Oui, fumeur, tu vas payer pour que les salariés puissent s'affilier à un
syndicat qui leur fait les poches et détruit de l'emploi !
Bien sûr, on m'objectera qu'avant cette loi, les salariés non
imposables payaient donc plein-pot leur inscription aux syndicats.
J'objecterai qu'il eut été plus simple, et nettement moins coûteux pour
tout le monde, d'arrêter tout financement public de ces syndicats, d'une
part, et de ne surtout favoriser personne dans le paiement des
cotisations. On aurait alors observé la vraie puissance de ces
organisations dont le nombre d'adhérent diminue tous les ans (malgré les
sommes d'argent public de plus en plus considérables déversées dans
leurs caisses, parfois noires). Après tout, si les adhérents payent
plein pot, ils sont assez facilement en droit de demander des résultats,
et de préférence en rapport avec leur condition salariale (parce que
bon, des résultats bénéfiques pour les syndicats eux-mêmes, le salarié
s'en fiche). Et dans ces conditions, si les syndicats ne remplissent pas
leur feuille de route, les adhérents s'en vont et les syndicats
finissent par s'évaporer ... ou laisser la place à des syndicats qui,
eux, traitent le syndiqué comme un client, une personne auxquels ils
doivent des comptes.
Pas comme maintenant, en somme.
En lieu de quoi, la blague syndicale persiste dans ce pays : les
salariés, les contribuables, les consommateurs continuent de payer la
présence de ces organisations plus que douteuses dont l'impact commence
maintenant à se mesurer directement en terme de rigidités, de journées
de grèves, de contrats perdus, de fermetures d'entreprises. Et comme
manifestement, personne, absolument personne au gouvernement ni
ailleurs, ne veut remettre en question ces groupuscules d'intérêts
partisans, comme aucun effort ne veut même être esquissés pour remettre
l'action syndicale au service du salarié, on peut affirmer sans hésiter
que ce pays est foutu.