Particulièrement suivi, le mouvement de grève des lignes A et B du RER a provoqué lundi une belle pagaille pour ses usagers, et vient rappeler «service garanti» ne signifie pas «service minimum».
«La France est en train de changer. Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit.» Le 5 juillet 2008, Nicolas Sarkozy ne cachait pas sa fierté d'avoir mis en place un an plus tôt le «service garanti» . Mais service garanti ne signifie pas, contrairement à l'idée générale, «service minimum».
La confusion vient sans doute de la loi du 23 juillet 2008 sur le «service minimum d'accueil» dans les établissements scolaires, qui oblige les communes à accueillir les élèves les jours de grève. Mais pour les sociétés de transports terrestres (les transports aériens ne sont pas concernés), aucun «service minium» n'est prévu par la loi. Et dès lors que le taux de grévistes devient élevé, les répercussions sur le trafic sont irrémédiables.Cette loi «sur le dialogue social», qui définit le service garanti, est claire : elle oblige simplement les grévistes à se déclarer individuellement 48 heures avant le début de tout conflit social, et prévoit qu'un conflit soit précédé d'une négociation de huit jours entre les syndicats et l'entreprise. La loi permet aussi la réaffectation du personnel d'une ligne vers une autre. Du coup, lorsqu'un préavis est déposé à la SNCF, la RATP ou dans les sociétés de transports urbains des grandes villes de province, l'entreprise a 24 heures pour s'organiser et optimiser sa grille de transport. Elle peut également plus facilement communiquer la veille du conflit la fréquence ou les horaires de ses trains. Grâce à ce dispositif, les usagers peuvent mieux prévoir leurs déplacements et parfois rester chez eux.
Un député propose une réquisition de conducteurs
Si «la loi du 21 août 2007 a atteint ses objectifs dans le cas de grèves nationales institutionnelles», son efficacité «doit encore être améliorée», estimait le député UMP Hervé Mariton, dans un rapport publié en début d'année.
Après la spectaculaire fermeture de la gare Saint-Lazare en janvier dernier, un autre député UMP, Eric Ciotti, était allé plus loin que son collègue. Pour combler les «carences» de la loi d'août 2007, le député niçois avait proposé d'instaurer l'obligation pour les sociétés de transport d'élaborer tous les ans une liste d'agents volontaires pour remplacer leurs collègues en cas de grève spontanée, et d'assouplir les critères de réquisition de personnel par les préfets en cas de grève prolongée. Une proposition de loi qui n'a pour l'instant pas été discutée à l'Assemblée.
lundi 9 novembre 2009
Les limites du service garanti
Google rachète la société de publicité sur mobile AdMob
Google a annoncé ce lundi avoir racheté la société AdMob, spécialisée dans la distribution de publicités sur téléphones mobiles, pour 750 millions de dollars. Le rachat sera payé en actions Google. "La publicité sur téléphone portable a un potentiel gigantesque, et bien que cette industrie n'en soit encore qu'à ses balbutiements, AdMob a déjà fait des progrès exceptionnels en un laps de temps très court", explique le groupe de Mountain View.
Ce rachat conforte la stratégie de Google, qui mobilise de plus en plus de ressources sur l'Internet mobile. L'entreprise a lancé son propre système d'exploitation pour téléphones portables, Android, dont le fonctionnement est étroitement lié aux services de la marque.
Google, qui tire l'essentiel de ses revenus de la publicité en ligne, estime que sa logique de développement – des services gratuits financés par la publicité – fonctionnera également pour l'Internet mobile. Ce rachat devrait permettre à l'entreprise d'intégrer à sa régie AdWords, qui gère la vaste majorité de la publicité contextuelle sur Internet, le système de publicité ciblée et personnalisée sur mobile développé par AdMob. Le rachat permettra également à Google de mettre la main sur une partie du budget publicitaire d'entreprises aussi variées que Ford, Coca-Cola, Adidas ou Paramount, clients d'AdMob.
Peu après l'annonce de ce rachat, l'action Google gagnait 1,8 %, à 561 dollars.
Les femmes sont en plus mauvaise santé que les hommes
Les femmes restent plus vulnérables que les hommes face à la maladie. Les importants progrès réalisés en matière de santé au cours des dernières décennies et le fait qu'elles assurent la majeure partie des soins de santé n'y auront rien changé : les femmes ne trouvent toujours pas dans les soins de santé la réponse à leurs besoins spécifiques. Telle est la conclusion de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport intitulé "Les femmes et la santé", publié lundi 9 novembre. Isabelle de Zoysa, médecin suisse qui a contribué à l'étude, revient sur la situation des femmes en Europe, plus préoccupante qu'elle n'y paraît.
A quelles maladies les femmes sont-elles particulièrement exposées en Europe ?
Les femmes adultes sont principalement confrontées à des cardiopathies ischémiques (infarctus ou angine de poitrine, soit 16 % des causes de décès) et aux accidents vasculaires cérébraux (11 %). Elles subissent aussi des maladies mentales, notamment Alzheimer et des dépressions, des infections des voix respiratoires et des cancers, du sein principalement, puis du poumon, du côlon et du col de l'utérus.
Avec le développement des sociétés et des économies, on aurait pu s'attendre à une population en meilleure santé. Or, si les femmes vivent plus vieilles qu'avant et en moyenne six à huit ans de plus que les hommes, elles sont loin d'être heureuses et en bonne santé. La société porte alors un lourd fardeau de pathologies chroniques, telles que les diabètes, obésité, cancers ou maladies cardiaques, pulmonaires et mentales.
Comment expliquer ce manque de soins chez les femmes ?
Même dans les pays développés, le manque d'accès à l'éducation, l'absence de pouvoir de décision, la faiblesse de leurs revenus et les violences dont elles font parfois l'objet peuvent limiter la capacité des femmes à protéger leur propre santé ainsi que celle de leur famille.
Quand elles accèdent correctement aux services de soins, les femmes sont régulièrement mal diagnostiquées. En effet, les symptômes qu'elles développent diffèrent de ceux des hommes. Par exemple, les maladies cardiovasculaires, que l'on considère souvent comme des problèmes "masculins", sont des affections meurtrières chez les femmes. Or, si l'une d'entre elles témoigne d'essoufflement ou de douleurs diffuses, elle ne sera pas forcément prise au sérieux et les médecins ne pratiqueront pas d'office un électrocardiogramme.
Enfin, les femmes et les jeunes filles sont souvent exclues des essais cliniques, les laboratoires craignant qu'elles soient enceintes. Or, leur masse musculaire et hormones induisent des réponses physiologiques aux traitements différentes de celles des hommes.
Quelles mesures les gouvernements doivent-ils prendre afin de mieux protéger et soigner les femmes ?
Les gouvernements doivent prendre en compte l'ensemble des problèmes des femmes et pas seulement ceux liés à la reproduction. Sachant que les violences sexuelles, dont découlent de nombreuses maladies, sont souvent perpétrées par les partenaires sexuels, les Etats peuvent par exemple mettre en place des programmes de prévention, des refuges où les femmes peuvent venir avec leurs enfants ou encore former les policiers et les juges afin de mieux protéger les victimes.
Propos recueillis par Audrey Garric
En cinq ans, le navigateur libre Firefox a conquis un quart des internautes
Le 9 novembre 2004, la fondation Mozilla sortait la version 1.0 de son navigateur Internet Firefox. A l'époque, le navigateur Internet, c'est Internet Explorer, de Microsoft. Fourni avec Windows, qui équipe la majorité des ordinateurs vendus dans le monde, c'est la porte d'accès au Web de la quasi-totalité des internautes. Au début des années 2000, la guerre entre Netscape et Internet Explorer s'était soldée par une victoire sans appel de ce dernier.
Mais si Netscape, qui équipait 90 % des ordinateurs connectés à Internet dans les années 1990, a disparu, il a laissé derrière lui une somme de données qui va permettre la naissance d'un nouveau concurrent au navigateur de Microsoft. Depuis 1998, Netscape a décidé de publier le code source de son navigateur sous une licence libre. Lorsque AOL, le propriétaire Netscape, décide la fermeture de l'entreprise, en 2003, une partie des employés se regroupe dans la fondation Mozilla, une association à but non lucratif dont l'objectif est de soutenir une série de logiciels libres.
UN ACCUEIL CRITIQUE TRÈS ENTHOUSIASTE
Au sein de Netscape, le développement d'un navigateur répondait à des impératifs économiques : la société distribuait gratuitement son logiciel, mais comptait sur des modules additionnels payants pour se financer. La société travaillait donc sur un modèle de navigateur doté de très nombreuses fonctionnalités et relativement lourd. Après l'abandon du projet par AOL, Dave Hyatt et Blake Ross, deux informaticiens, décidèrent de préparer une nouvelle version, largement simplifiée, du logiciel.
Le résultat, Firefox 1.0, reçoit un accueil critique très enthousiaste. Dans un monde dominé par Internet Explorer 6, les fonctionnalités proposées par le navigateur sont révolutionnaires : la possibilité de naviguer par onglets, un blocage efficace des fenêtres pop-up intempestives, et la gestion d'extensions (add-ons), qui permet de personnaliser à l'envi son navigateur. La part de marché de Firefox croît régulièrement : entre la fin 2004 et le début 2007, le navigateur gagne environ 1 % de parts de marché par trimestre, d'après les chiffres de Net Applications. Après avoir atteint un premier palier dans sa croissance, le navigateur, qui a vu de nouvelles fonctionnalités apparaître lors de ses versions 2.0 et 3.0, reprend sa progression pour atteindre, à la fin 2009, 24 % de parts de marché, toujours selon Net Applications.
UN WEB TRÈS DIFFÉRENT DE CELUI DE 2004
Firefox parviendra-t-il un jour à détrôner Internet Explorer ? Depuis 2004, la situation a bien changé. Alors qu'il y a cinq ans Firefox représentait l'alternative face à un monopole quasi total, le paysage est aujourd'hui foncièrement différent. En plus de Firefox, d'autres navigateurs se sont développés : Safari pour Apple, Chrome pour Google, sans oublier Opera, un autre projet libre moins connu mais qui détient tout de même environ 2 % du marché. Internet Explorer a également évolué : la version 6, très critiquée par les développeurs et les utilisateurs, a laissé la place aux versions 7 et 8, qui ont intégré certaines des évolutions majeures de Firefox, dont la navigation par onglets.
Mais c'est surtout le Web lui-même qui a changé en cinq ans : avec le développement des applications Web riches (webmails, agrégateurs, traitements de texte, réseaux sociaux...), les besoins des utilisateurs ont changé. Perçu comme quasi obsolète il y a quelques années, le langage Javascript est aujourd'hui omniprésent sur le Web, à tel point que la capacité des navigateurs à l'interpréter efficacement est devenu un axe majeur de compétition.
Les standards du Web continuent également d'évoluer : Chrome, Safari et Firefox intègrent déjà le HTML 5, une nouvelle série de recommandations qui visent notamment à réduire l'importance des plug-ins comme Flash ou Silverlight, massivement utilisés aujourd'hui, notamment pour lire des vidéos. Une version bêta du site Dailymotion propose dès aujourd'hui de lire les vidéos sans passer par flash, pour les navigateurs compatibles.
Un nouveau terrain de bataille s'est également ouvert pour les concepteurs de navigateurs : le téléphone mobile. Apple propose par défaut son navigateur Safari sur les iPhones ; les téléphones fonctionnant avec l'Android de Google disposent également d'un navigateur, tout comme les utilisateurs de Windows Mobile peuvent utiliser Internet Explorer version mobile. Celle de Firefox, qui devrait sortir prochainement, arrivera sur un marché déjà installé, et ne bénéficiera a priori pas de l'avantage d'une installation par défaut. En 2004, cela n'avait cependant pas empêché Firefox de devenir graduellement le numéro deux du secteur.
Damien Leloup
Cadbury refuse à nouveau une offre d'achat de Kraft Foods
Le groupe américain Kraft Foods a lancé, lundi 9 novembre, une offre d'achat formelle en numéraire et actions au confiseur britannique Cadbury. Une offre aussitôt rejetée car l'Américain reprend les mêmes termes que ceux déjà repoussés en septembre par le Britannique.
Avec l'évolution du taux de change et du cours de l'action Kraft, l'offre ne représente plus que 717 pence par action Cadbury, contre 745 pence en septembre, soit un total de 9,8 milliards de livres (11 milliards d'euros), contre 10,2 milliards de livres (11,4 milliards d'euros) en septembre, au cours de Kraft vendredi à la Bourse de New York.
Kraft continue à proposer, par action Cadbury, 0,2589 action Kraft et 300 pence. Dans le communiqué, Kraft assure pourtant que son offre représente "une prime substantielle" par rapport au prix de Cadbury avant les rumeurs selon lesquelles Kraft avait porté son intérêt sur la société britannique – notamment 37 % sur son prix au 3 juillet avant que de premiers analystes n'évoquent une fusion, et 26 % sur le prix de clôture de Cadbury juste avant la proposition informelle publiée le 7 septembre.
Irene Rosenfeld, la PDG de Kraft, indique par ailleurs que son groupe est "toujours convaincu des mérites stratégiques, pour les deux entreprises, d'une alliance entre Kraft Foods et Cadbury". Trois quarts d'heure après l'annonce de Kraft, Cadbury a sèchement rejeté la proposition, notant qu'elle était "pire que celle déjà rejetée par le conseil d'administration comme sous-évaluant fondamentalement le groupe et ses perspectives".
Les villes françaises qui gaspillent le plus d'eau
La palme en matière de pertes des réseaux de distribution d'eau revient à Nîmes, d'après le Journal du Dimanche. Paris est le meilleur élève.
Les pertes des réseaux de distribution d'eau connaissent de très importants écarts entre villes et atteignent jusqu'à 41% à Nîmes, selon une enquête du Journal du Dimanche auquel la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno a déclaré qu'il fallait réduire ces pertes à 15%.
Après avoir consulté les rapports annuels sur les prix et la qualité de l'eau des 57 plus grandes villes françaises, le JDD a dressé une carte des "20 villes françaises qui gaspillent le plus: après Nîmes, la seconde place revient à Avignon avec 35,5% de l'eau produite qui n'arrive pas chez les usagers, devant Rouen (31,7%), Amiens (28,7%) et Toulon (26,7%).
Le meilleur élève est Paris, avec seulement 3,5% d'eau gaspillée, un résultat dû, selon le quotidien dominical, à "l'oeuvre du préfet Haussmann, qui a développé les galeries souterraines au 19e siècle". Ces galeries donnent accès à pied à 1800 km de canalisations, "un cas unique en France, qui permet de détecter et de réparer très vite la moindre fuite", précise le journal.
La deuxième ville au classement est Rennes avec 5% de pertes, suivie par Reims et Tours (10%), puis Limoges (11,7%).
"Quand vous apprenez que les pertes représentent en moyenne 25% de l'eau mise en distribution en France, c'est souvent difficile à croire", a déclaré dans une interview au JDD Mme Jouanno.
"Remplacer une canalisation coûte plus cher que de colmater une jointure, ce qui n'engage pas à faire les travaux nécessaires, hélas", regrette la secrétaire d'Etat.
"Les collectivités ont l'obligation par la loi de rechercher les fuites", rappelle-t-elle avant d'ajouter que "nous prévoyons de leur demander de ramener leur taux de perte à 15%, voire moins dans les zones urbaines denses".
Les compagnies privées de distribution Veolia Eau et Lyonnaise des Eaux (Suez), qui alimentent les deux tiers des grandes villes, "renvoient la responsabilité aux élus locaux", selon le JDD.
Elles estiment que les réseaux français sont "en meilleur état qu'ailleurs (Veolia) ou que leur rendement se situe "dans la moyenne européenne" (Suez).
L'enfer, c'est soi-même
Il y a un éternel retour dans les amours brivistes de Chirac et Hollande, un jeu de mimiques comme la politique française en avait le secret, affinités électives, ah! les braves garçons, et si tous les Corréziens du monde voulaient se donner la main!
C’est un classique: Hollande, qui recompose son destin épars en rêve présidentiel, se frotte contre un ex-président redevenu aimable, cherchant le parallélisme des formes. L’amusant, le même Hollande posait en 2005 à la une de Match à côté de Nicolas Sarkozy; il cherchait alors le "spot" enviable de l’ennemi choisi par l’hypercandidat de la droite: deux néo-quinquas partis pour dépoter la politique. Là, c’est l’inverse, mais c’est la même chose. Trouver chez l’autre ce qu’on n’arrive pas à prouver tout seul.
C’est un souci au-delà de la taquinerie. Les socialistes ont l’habitude de se prouver par l’autre, fût-il l’ennemi. A force de constater que l’enfer, c’est soimême, on croit que le paradis est ailleurs. Donc les socialistes cherchent tantôt le Modem, pistent ailleurs les cocos, rêvent de Dany ou Cécile ou Olivier ou François (Bayrou). Poser sur la photo avec les rivaux, et retourner en section pour dire aux copains: "Moi, ils m’acceptent..." Jadis, Chevènement tenait sa force au PS de Mitterrand d’être plus "communisant" que la moyenne, ça valait brevet de pureté.
Etre socialiste et s’aimer quand même, simplement, pour ce qu’on est? Mais qui est-on, au fait? Ça ne date pas d’aujourd’hui, cette équation particulière. Sartre faisait d’un socialiste un personnage veule et pédophile de sa Nausée. Camus s’interrogeait sur l’incapacité des socialistes à s’estimer, c’était juste après la guerre. Socialo, peau de lapin… Mitterrand les a guéris par la victoire, mais alors ils s’aimaient trop, et ça n’a pas duré.
Martine Aubry est une exception enviable, tant elle est exempte de cette affliction. Rien ne va, elle proclame l’offensive, célèbre comme une victoire que les socialistes se disputent moins. Elle aussi va chercher ailleurs les secrets de son espérance, mais un ailleurs idéologique: elle parle à gauche, anticapitaliste, comme on ne l’osait plus au PS depuis plus de vingt ans. C’est un discours sans spécificité rose, débarrassé de cette "culture de gouvernement" qui servait d’excuse, technique pourtant: gouverner, ce sera pouvoir. Si la gauche l’achète, les socialistes se seront fait pardonner, une nouvelle fois.
Les gens sérieux haussent les épaules? Pourquoi? Dans trois ans, une chance sur deux, Aubry sera président de la République. Elle ou Strauss-Kahn. Un socialiste. C’est l’enseignement d’un sondage CSA pour La Chaîne parlementaire. On y voit DSK l’exilé battre Sarkozy dans un second tour présidentiel, 5 contre 49%. Aubry perdait, 47 contre 53, le même score que Delanoë, qui ne dit plus rien… Les masses critiques se ressemblent, et racontent la même histoire. Nicolas Sarkozy est toujours solide, malgré les crises, et il peut perdre, malgré la gauche. Rien n’a changé, malgré les tempêtes, les mimiques et les fausses transgressions. Camp contre camp, une chance sur deux, est-ce suffisant pour s’aimer?
"Mon Journal offert" cartonne
Les jeunes de 18 à 24 plébiscitent l'opération "Mon Journal offert" qui leur offre, une fois par semaine, le quotidien de leur choix.
L’opération "Mon Journal offert", lancée la semaine dernière, fonctionne à plein. Destinée aux jeunes de 18 à 24 ans, elle permet de recevoir gratuitement un jour par semaine le quotidien de leur choix. Vendredi, le ministère de la Culture recensait déjà 180 000 demandes. "Certains éditeurs ont accepté de dépasser leurs quotas. On terminera au-delà des 200 000 abonnements", anticipait Bernard Spitz, le conseiller d’Etat dont le rapport a inspiré l’opération. "Le message que cela renvoie est que la presse n’est pas ringarde", se réjouit-il. Avant de relativiser: "Recréer le lien ne suffit pas. Il va falloir l’animer avec des offres commerciales et beaucoup d’efforts sur le contenu."
Les jeunes lisent moins la presse quotidienne généraliste (payante). La dernière étude du ministère de la Culture est alarmante: en 2008, 10 % des 15-24 ans lisaient un quotidien payant tous les jours contre 20 % en 1997. Depuis dix ans, Internet et les gratuits ont bousculé les circuits d’information classiques. Les 15-24 ans passent en moyenne douze heures par semaine sur le Web. "Avant, les intérêts des jeunes étaient plus proches de ceux des adultes", explique Jean-Marie Charon, sociologue des médias. "L’actualité généraliste les concerne moins aujourd’hui, ils s’informent selon leurs centres d’intérêt." L’opération "Mon journal offert" suffira-t-elle à les ramener au papier? "Ce n’est pas si facile, pense Jean-Marie Charon. Il va falloir adapter l’écriture et la présentation. Attention aussi au vocabulaire."
Les médias s'emparent de Berlin
Antenne commune à Radio France, programmes spéciaux à la télévision, série de documentaires historiques… depuis une semaine, les médias français se sont mis à l'heure du 20e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Pour leJDD.fr, le sociologue des médias Dominique Wolton* analyse cet emballement médiatique.
Que traduit cet emballement médiatique?
La chute du mur, c'est la fin d'une histoire, celle de la guerre froide, qui a duré quasiment cinquante ans. C'est donc normal que ces célébrations aient un grand retentissement. C'est par ailleurs la première fois que l'on peut, grâce aux moyens de communication, se retourner sur l'histoire récente. C'est d'autant plus fort que cet anniversaire marque aussi le rôle particulier du couple franco-allemand pour le passé et l'avenir de l'Europe. C'est aussi une histoire de transmission entre génération. Cet événement est un exemple positif de passage de relais, de mémoire et d'histoire entre les générations.
Peut-on parler de surenchère médiatique?
Je vois tout ça d'un œil très positif. Avec la chute du mur, l'Europe naît politiquement une seconde fois. Il est donc important que l'on célèbre cet événement. Je suis très optimiste quant à la signification de la chute de ce mur.
Internet donne-t-il une ampleur particulière à ces célébrations?
Sur ce sujet, il y a une différence entre les médias et internet. Si les médias traditionnels – presse écrite, radio et télévision – n'avaient pas fait leur boulot, Internet n'en parlerait pas à ce point. Ce sont bien les médias traditionnels qui sont à l'origine de cette célébration. C'est un bon exemple où internet n'est pas le moteur. Internet est bon sur les événements inattendus, mais il n'est pas très bon quand il s'agit de la formation d'une conscience historique et politique. On retrouve le rôle d'animation sociale et culturelle des médias. Sur cet anniversaire, Internet est second. Cet anniversaire illustre donc la complémentarité entre les médias traditionnels et le web.
Que pensez-vous de la polémique née autour du Facebook** de Nicolas Sarkozy?
Les hommes politiques sont fous. C'est complètement irresponsable d'utiliser Facebook ou d'autres sites internet dans leur stratégie de communication. L'important n'est pas de savoir qu'il ait été ou non présent le 9 novembre. C'est d'un tel narcissisme! Et cela ne prouve rien de plus. On est dans un système de publicité constante, dans lequel les gens se mettent en scène. La définition même de l'action politique est la prise de décisions impopulaires. C'est donc complètement démagogique de penser que l'on peut communiquer en permanence sur tout. La force de la démocratie est justement d'assumer le côté impopulaire des mesures. Il faut par ailleurs rappeler que l'invention de la vie privée est un acquis de la démocratie, quand tout était public dans les monarchies. On nage donc en plein contresens!
*Dominique Wolton vient de publier Informer n'est pas communiquer (CRNS Editions).
**Plusieurs voix ont fait planer le doute lundi sur le récit de Nicolas Sarkozy écrit dimanche sur son Facebook, selon lequel il aurait assisté dès le 9 novembre 1989 à la chute du mur.
L'or n'a jamais été aussi cher
L'or a atteint un nouveau record absolu lundi sur le London Bullion Market, à 1.111,20 dollars l'once.
Cette nouvelle hausse arrive en même temps qu'une nouvelle baisse du dollar et après la confirmation d'achats d'or par la banque centrale du Sri Lanka.
Le dollar a été victime lundi matin d'un nouvel accès de faiblesse face aux autres devises, retombant à 1,50 dollar pour un euro environ, notamment après les mauvais chiffres de l'emploi américain de vendredi. Ces chiffres ont conforté les marchés dans l'idée que les liquidités resteraient abondantes et les taux durablement bas pour soutenir l'économie, ce qui a nui au dollar.
La faiblesse du dollar incite les investisseurs à acheter de l'or pour préserver la valeur de leur patrimoine et se prémunir contre les craintes d'inflation à long terme. "Nous avons observé que les prix de l'or grimpaient et nous avons ainsi acheté de l'or de façon stratégique au cours des derniers mois, dans une politique de diversification de nos réserves", a affirmé à l'AFP l'adjoint de la banque centrale du Sri Lanka, Nandalal Weerasinghe.
Lundi dernier, l'Inde avait de son côté annoncé qu'elle se portait acquéreuse de 200 tonnes d'or auprès du Fonds monétaire international, soit environ la moitié du total de 403,3 tonnes qu'il prévoit de vendre sur plusieurs années pour renforcer ses finances. En toile de fond, l'or bénéficie aussi de l'appétit des petits porteurs comme des investisseurs institutionnels.
Une majorité de Français contre le départ de Rama Yade
La popularité de Rama Yade ne faiblit pas, malgré les turbulences qui s'accumulent autour d'elle. Selon un sondage* BVA pour Canal +, deux Français sur trois jugent en effet que la secrétaire d'Etat aux Sports, en butte à des critiques au sein de la majorité, doit rester au gouvernement.
Plus précisément, 67% des personnes interrogées disent qu'elles ne trouveraient pas «normal» que la benjamine du gouvernement soit renvoyée ou contrainte de démissionner. Selon cette enquête, 22% seulement répondent qu'elle trouverait cela «normal» et 11% ne se prononcent pas.
A noter que les sympathisants de gauche sont d'ailleurs plus nombreux à souhaiter son maintien (73%) que ceux de droite (61%).
* Sondage réalisé par téléphone les 6 et 7 novembre auprès d'un échantillon de 1012 personnes, représentatif de la population française de 15 ans et plus (méthode des quotas).
Le prix Femina attribué à Gwenaëlle Aubry pour "Personne"
Le prix Femina 2009 a été attribué à Gwenaëlle Aubry pour "Personne" (Mercure de France), a annoncé lundi le jury.
Gwenaëlle Aubry a été récompensée au 2è tour avec 7 voix, Brigitte Giraud pour "Une année étrangère" (Stock) et Yannick Haenel pour "Jan Karski" (Gallimard) ont obtenu des voix, a indiqué le jury.
Le prix Femina du roman étranger est revenu à l'Allemand Mathias Zschokke pour "Maurice à la poule" (Zoé) et celui de l'essai à Michèle Perrot pour "Histoire de chambres" (Seuil), a annoncé le jury.
Gwenaëlle Aubry, née en 1971, est l'auteur de plusieurs romans et récits, dont "Le diable détacheur" (1999), "L'isolée" (2002), "L'isolement" (2003) et "Notre vie s'use en transfiguration" (2007).
A la fois roman et récit familial, "Personne" est le portrait du père psychotique de la romancière, un homme qui n'a "jamais fait bloc avec lui-même".
A sa mort, Gwenaëlle Aubry a découvert dans des cartons des cahiers et manuscrits dans lesquels son père, brillant juriste, racontait l'histoire de sa maladie. A partie de ce matériel brut, elle a écrit un portrait en forme d'alphabet, de A comme Antonin Artaud à Z comme Zelig.
Les syndicats CGT, FO et Sud de la RATP ont indiqué lundi avoir reconduit leur mouvement de grève pour mardi sur le RER B, exigeant une "réelle reconnaissance" de leur nouvelle qualification avec la conduite sur le tronçon SNCF de cette ligne.
RATP et SNCF, qui se partage l'exploitation du RER B, ont peu à peu abandonné le changement de conducteurs à Paris Gare du Nord, pour un système où les agents SNCF ou RATP effectuent la ligne de bout en bout.
Cette nouvelle organisation du travail, qui vise un gain de temps et donc une amélioration de la régularité sur cette ligne fréquentée en moyenne par 800.000 personnes chaque jour, a nécessité la formation de conducteurs RATP.
En effet, le tronçon SNCF, entre Paris Gare du Nord et l'aéroport Charles-de-Gaulle ou Mitry-Claye, accueille aussi du trafic TER et Fret.
Dans un communiqué, les syndicats CGT-FO-Sud disent avoir décidé "à l'unanimité de reconduire le mouvement" et demandent une reconnaissance par "l'intégration dans le salaire d'un prime déjà existante".
Les organisations syndicales ont demandé à être reçues par la direction lundi après-midi.
Dans la matinée, un train sur quatre circulait sur le tronçon RATP (Gare du Nord vers Saint-Rémy-La-Chevreuse ou Robinson).
Le tronçon SNCF du RER B était également affecté par une grève et un train sur deux roulait en moyenne.
L'identité catholique fait aussi débat
Faut-il extérioriser sa foi dans une société de plus en plus sécularisée ? Les évêques en ont parlé, à Lourdes.
À l'heure du débat sur l'identité nationale, l'Église catholique pose la question de sa propre identité et de sa « visibilité » au sein d'une société marquée par l'indifférence religieuse.
Le débat était sur la table, à l'assemblée plénière des évêques. Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême ¯ et académicien ¯ chargé du dossier, a pointé « les conditions incontestablement nouvelles » dans lesquelles se pose la question. Et d'évoquer, outre la sécularisation, le pluralisme religieux de notre société (« l'émergence d'une identité musulmane »), ainsi que le pluralisme intérieur à l'Église catholique elle-même.
Remettre les sacrementsà l'honneur
Faut-il, dans ce contexte, « survaloriser » son identité catholique ou, au contraire la minimiser ? « Il s'agit de faire appel à notre identité catholique, non pas dans un souci défensif, mais à partir d'une exigence de vérité », répond, en bon théologien, Mgr Dagens.
Concrètement, il propose de redonner sa place à la transmission de « la parole divine » et de remettre à l'honneur les sacrements, notamment le baptême comme premier signe d'appartenance à la communuauté catholique. « Il nous est demandé d'être nous-mêmes », souligne-t-il, nous devons être en capacité de dire ce que nous croyons. »
Les évêques poursuivent leurs travaux jusqu'à dimanche. Hier, ils ont parlé de l'Afrique. Aujourd'hui, ils reçoivent le commissaire européen Jacques Barrot.
Nouveau Centre et CNI veulent exister avec l'UMP
Les deux petits partis s'estiment indispensables au parti présidentiel, chahuté en ce moment. Ils le disenthaut et fort, dans la perspective des régionales de 2010.
Hervé Morin, le patron du Nouveau Centre (12 000 adhérents), veut trois têtes de liste aux régionales (dont une, mais ce sera dur, en Basse-Normandie), un candidat à la présidentielle et cinquante députés en 2012.
Gilles Bourdouleix, maire de Cholet et président du CNI (4 000 adhérents) veut des places aux régionales et ne « comprend pas pourquoi on n'est pas invité au comité de liaison de la majorité présidentielle, alors que l'on pèse 2-2,5 % de voix, beaucoup plus que M. Bockel, M. Besson ou Mme Boutin. »
« Quelques surprises désagréables »
Le premier agace Nicolas Sarkozy, qui ne veut pas de concurrence. Le second est agacé par Nicolas Sarkozy, qui « abandonne des valeurs au profit d'un extrémisme que l'on redoute ». Le premier appuie sur l'Europe et la justice fiscale et sociale. Le second parle travail, famille, patrie. Mais les deux ont vu, l'un au centre, l'autre à droite de la droite, qu'ils pouvaient être des flotteurs utiles à un navire UMP un peu secoué par la gouvernance, l'ouverture et les affaires.
« Nous sommes incontournables dans la majorité », insiste Hervé Morin, qui vient d'investir 10 % de son budget dans un site Internet participatif, dans l'espoir de doubler ses troupes. « Quand on voit le résultat des partielles, ajoute Gilles Bourdouleix, on aura quelques surprises désagréables aux régionales. » Les deux bataillent contre le projet de scrutin uninominal à un tour. Morin redoute un « bipartisme dangereux » autour du PS et de l'UMP. Bourdouleix dénonce « la volonté hégémonique de l'UMP à travers cette élection à un tour ».
Deux ou trois points de plus ou de moins, au centre et à droite, ça peut faire une victoire ou une défaite pour la majorité. Le Nouveau Centre et le CNI savent que ça peut se monnayer.
Quelques événements du 9 NOVEMBRE
9 novembre 1215
Premier défilé du Lord-Maire dans les rues de Londres. Devenu de tradition, il marque également la date du changement de maire dans chaque commune anglaise.
9 novembre 1600
Marie de Médicis arrive en France. La nouvelle reine de France, Marie de Médicis, seconde épouse de Henri IV - après la répudiation de la reine Margot - débarque à Marseille, venant de Florence, via Libourne. Le roi de France avait délégué son écuyer Bellegarde à Florence le 5 octobre précédent pour épouser par procuration la fille du grand-duc de Toscane. La riche et plantureuse Florentine, âgée de bientôt vingt-sept ans, arrive à Marseille sur une galère de soixante-dix pieds de long, couverte « au-dedans comme au-dehors » de nacres, de dorures et de pierreries... et escortée des quelque dix-sept autres galères du grand-duc. Avec une suite de deux mille chevaux elle entrera à Aix le 17 novembre suivant, à Avignon le 20, et sera à Lyon le 3 décembre. Le mariage devait y être célébré le 17, mais le roi Henri, impatient, se présentera dès le 9 décembre au soir à son épouse, « venu à cheval sans avoir averti personne », avec l'espoir, « n'ayant pas de lit pour la nuit, qu'elle voudrait bien lui offrir la moitié du sien ». Ainsi fut fait puisque, selon l'Estoile, Marie ne se trouvait évidemment là que « pour complaire et obéir aux volontés de Sa Majesté comme sa très humble servante... ».
9 novembre 1682
Assemblée du clergé de France, qui décrète les quatre propositions qui constituent l'Eglise gallicane. Voici la substance de ces quatre propositions :
1. Dieu n'a donné à Pierre et à ses successeurs aucune puissance directe ni indirecte sur les choses temporelles ;
2. L'Eglise gallicane approuve le concile de Constance, qui déclare les conciles généraux supérieurs au pape dans le spirituel ;
3. Les règles, les usages, les pratiques reçues dans le royaume et dans l'Eglise gallicane, doivent demeurer inébranlables ;
4. Les décisions du pape en matière de foi ne sont sûres qu'après que l'Eglise les a acceptées.
9 novembre 1799
Journée du 18 brumaire. Le conseil des cinq-cents est dissous par la force armée du général Bonaparte. La constitution de l'an III est détruite. Le Directoire est renversé ; le Consulat lui succède. C'est l'arrivée de Bonaparte au pouvoir.
9 novembre 1836
Les troupes françaises du maréchal Clausel qui projetaient de prendre la ville de Constantine, battent en retraite sans livrer bataille, mal équipées pour affronter la neige tombant sur l'Algérie.
L'Elysée est intervenu après un refus d'aide à Pierre Sarkozy
Le fils aîné de Nicolas Sarkozy, producteur de rap, aurait demandé un coup de pouce de l'Elysée afin d'obtenir une aide financière qui a été refusée par la Société civile des producteurs phonographiques (SCPP) à Minds Corporation, société dont Pierre Sarkozy est associé. Cette information a été révélée par le site Electron libre le 6 novembre, cité par Rue 89. Selon une règle tacite, la SCPP, qui réunit des producteurs indépendants et des sociétés comme Sony, Universal ou BGM, accorde des aides à ses membres adhérents, ce qui n'est pas le cas de Minds Corporation.
Marc Guez, le directeur général de la SCPP, joint par Rue 89, déclare qu'un conseiller de l'Elysée est intervenu auprès de lui, après le refus de la commission prononcé en septembre : "Je lui ai répondu qu'on n'avait pas attribué d'aide à la société dont Pierre Sarkozy est actionnaire pour des raisons de manque de budget. Mais ce conseiller ne m'a pas demandé de faire en sorte que cette aide lui soit versée. De toute façon, je n'aurais rien pu faire, puisque la commission qui attribue les aides est indépendante."
Contacté par l'AFP, le conseiller de l'Elysée, Eric Garandeau, a souligné qu'à "aucun moment, l'Elysée n'a demandé une décision dans un sens ou dans un autre". "Je suis sollicité en permanence par des producteurs à qui on a refusé une subvention et je demande systématiquement les raisons du refus", a poursuivi le conseiller élyséen. Le fils aîné du président s'étant tourné vers lui, "j'ai fait comme pour les autres", a déclaré M. Garandeau, qui précise : "Mais comme c'était Pierre Sarkozy, j'ai pris deux précautions : j'ai mentionné par oral et écrit que l'Elysée ne demandait aucun traitement de faveur et je n'ai pas cité le nom de Pierre Sarkozy."
Pierre Sarkozy, qui a produit Doc Gyneco, cherche des financements pour un projet évalué à quelque 80 000 euros. Sa demande d'aide porterait sur un montant inférieur à 10 000 euros. "La direction générale de la SCPP, contactée par le Château (l'Elysée), s'empressa d'apporter toutes les garanties que lors de la prochaine commission, l'affaire serait réglée dans le sens qu'il convient", souligne ElectronLibre. La SCPP a "recommandé" à Minds Corporation d'adhérer, ce qui devrait "vraisemblablement" lui permettre de recevoir une aide.
Cet épisode intervient après que les ambitions du fils cadet du président, Jean Sarkozy, à La Défense ont suscité une violente polémique.
RER/grève : compensation financière ?
Le président du groupe UMP à la région Ile-de-France, Roger Karoutchi, a réclamé des "compensations financières" pour les usagers à la suite de la grève qui touche aujourd'hui les lignes A et B du RER.
Dans un communiqué, M. Karoutchi appelle le président du Syndicat des transports en Ile-de-France (Stif), le président PS de la région Jean-Paul Huchon, "à prendre ses responsabilités en exigeant des compensations pour les usagers victimes de cette galère à répétition, le rétablissement du trafic normal n’étant pas prévu avant demain mardi, au cours de la journée".
Selon M. Karoutchi, 1,8 million de voyageurs --les usagers des lignes A et B du RER-- n’ont pu compter sur le service minimum garanti prévu par la loi, puisque, dit-il, seul un train sur dix circulait lundi matin sur la ligne A et à peine un train sur cinq sur la ligne B.
Or, affirme M. Karoutchi, M. Huchon "dispose pourtant de moyens pour faire appliquer ce service minimum garanti" puisque les conventions liant le Stif à la RATP et à la SNCF disposent qu’en cas de grève, "l’opérateur est tenu d’assurer au minimum la circulation d’un train sur deux". Lundi matin, ajoute M. Karoutchi, "cette disposition n’a pas été appliquée".
Le trafic sur les lignes A et B du RER était très perturbé lundi par des grèves, surtout à la RATP, et dans une moindre mesure à la SNCF, le conflit portant notamment sur la nouvelle organisation du RER B. Le préavis de grève sur la ligne B, qui a démarré lundi à 04H00, est reconductible, selon la CGT. Celui pour la ligne A va de lundi 04H00 à mardi 07H00.
Amanda Lear déteste le net: "Ça me rend folle. Je rêve qu'on interdise ce truc!"
Questionnée ce week-end dans mon hebdomadaire préféré - Voici - Amanda Lear se lâche complètement, à propos du net :
"(...) c'est vrai qu'Internet, ça me rend folle. Attendez, si je dis dans un magazine que Claire Chazal a les pieds plats, elle peut me faire un procès. Mais si j'écris sur Internet que le Président est un con, y a pas de problème. C'est un espace de liberté mais à l'arrivée, ça devient n'importe quoi. Je vous le dis franchement, je rêve qu'on interdise ce truc".
Alain Finkielkraut/Amanda Lear
même combat !!!
Il est vrai - mais on l'oublie trop souvent ! - que la Reine Lear est Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres, une décoration remise par l'un de nos plus inoubliables ministres de la Culture : Renaud Donnedieu de Vabres...
France-Allemagne, l'heure du doute
Ce lundi, Nicolas Sarkozy sera à Berlin pour fêter la chute du Mur. Mercredi, c'est Angela Merkel qui viendra à Paris célébrer l'armistice mettant fin à la Grande Guerre. Soixante ans après la réconciliation de Gaulle-Adenauer, c'est devenu une évidence : la France et l'Allemagne ne peuvent plus se passer l'une de l'autre, et c'est heureux. Mais pour quoi faire ? Derrière la chaleur apparente des rituels, c'est l'image d'un couple froid, dépourvu d'un ambitieux projet commun, qui transparaît. Sa puissance économique attise la tentation allemande de faire cavalier seul dans le monde. La France, elle, vit encore dans l'illusion d'être sur un pied d'égalité avec son voisin. A cela s'ajoutent deux visions économiques qui s'éloignent, notamment à propos des finances publiques. L'inertie de l'Europe est le reflet de cette relation qui tourne à vide, entre deux pays qui représentent 40 % du PIB du continent. Il est donc temps de reprendre une route commune. Pour relancer l'Europe, il faut être deux, ces deux-là.
La gauche en 2012? Besson n'y croit pas
L'ancien socialiste balance...
Le ministre de l'Immigration n’a vraiment pas de regrets d’avoir changé de camp. Interrogé par Radio J sur les chances de la gauche de revenir au pouvoir en 2012, Eric Besson a répondu: «non, je ne le crois pas», même s'il «ne faut pas être catégorique en la matière, le peuple est souverain».
«Mais lorsque je vois le Parti socialiste, je vois une grande SFIO à l'oeuvre, c'est-à-dire une agrégation de barons locaux qui ont surtout la préoccupation de leur fief», a commenté Eric Besson, également secrétaire général adjoint de l'UMP.
«Le PS dit tout et n'importe quoi»
Selon lui, pour prendre le chemin du pouvoir, «il faut un leader, des valeurs, un projet de société, une stratégie d'alliances. Or de ce point de vue-là, le PS dit tout et n'importe quoi».
Interrogé sur les jugements au vitriol que porte sur lui François Hollande dans son livre «Droit d'inventaires» («Sa trahison est son emblème, sa marque de fabrique, j'allais dire sa décoration au champ du déshonneur»), Eric Besson a répliqué : l'ancien numéro un du PS «pense qu'il va être président de la République. On en reparlera lorsqu'il sera le candidat désigné par le Parti socialiste, autrement dit jamais». «S'il est tellement tourné vers le passé, c'est qu'il a beaucoup de mal lui-même à s'auto-convaincre de son avenir».
Eddy Mitchell annonce sa dernière tournée
Eddy Mitchell, 67 ans, a annoncé dimanche soir à TF1 que sa tournée 2010 serait la dernière, «par politesse envers le public».
«Ma tournée en 2010 sera la dernière que j'effectuerai», a déclaré Eddy Mitchell dans l'émission «Sept à Huit». «Je vais avoir pas loin de 70 ans pendant cette tournée. On se dit : "ça va...". Je n'ai pas envie d'arriver avec une canne (...) C'est une question d'image et de politesse envers le public.
Il faut savoir s'arrêter à temps», a ajouté le chanteur.
«Ma décision est prise. Ce n'est pas simple. Il n'y a pas de réelle nostalgie mais il y a la peur de ne pas être à la hauteur», a insisté Eddy Mitchell, confiant que «vieillir, ce n'est pas très passionnant», et estimant qu'il n'a plus la même voix qu'à ses débuts.
Cinéphile renommé et comédien, Eddy Mitchell, de son vrai nom Claude Moine, a été révélé dès 1956 dans le groupe «Les Chaussettes noires», légende du rock'n roll français. Ses principaux succès en solo à partir de 1963 sont «Toujours un coin qui me rappelle», «Sur la Route de Memphis», «Rio Grande», «La Dernière séance», «Le cimetière des éléphants», «Pas de Boogie Woogie»...
RAMA YADE – La femme qui embarrasse la majorité
Rama Yade, encartée à l'UMP en 2005 et promue au gouvernement en 2007, était l'étoile montante de la politique française. La Jeune femme, belle et brillante, incarnait la diversité si chère au président fraîchement élu, Nicolas Sarkozy. Mais deux plus tard, la femme politique préférée des Français se retrouve sur un siège éjectable
Les tensions avaient débuté lors de la visite en France du général Kadhafi en décembre 2007. Rama Yade (photo AFP), secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, s'était opposée vivement à la venue du dirigeant libyen controversé. Nicolas Sarkozy s'était alors entretenu avec elle, histoire de la recadrer. Le remaniement arrivé, Rama Yade, qui a refusé de prendre part à la course aux Européennes, quitte le ministère des Affaires étrangères pour celui de la Santé, de la Jeunesse et des Sports. La nouvelle secrétaire d'Etat aux Sports ne s'est pourtant pas assagie. Elle est la seule politique de la majorité à ouvertement s'indigner de la candidature de Jean Sarkozy à l'EPAD. Alors qu'on lui propose d'être en 2e position de la liste régionale dans le Val d'Oise, elle fait la fine bouche et préférerait se porter candidate dans les Hauts-de-Seine. Dernièrement, elle contredit encore une fois la position du gouvernement en s'opposant à la suppression des avantages fiscaux pour les sportifs de haut-niveau, dans le cadre du droit à l'image collectif.
Devenue indésirable dans son camp
Cette énième rébellion de la benjamine du gouvernement était celle de trop. Et comme à son habitude, c'est la secrétaire d'Etat à la famille, Nadine Morano, qui a lancé les hostilités."Lorsqu'on n'est pas d'accord, on fait un choix, soit on se tait, soit on s'en va" a-t-elle déclaré. "Il faut apprendre les règles du jeu" a ajouté la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, qui ne prend pourtant que peu souvent partie dans ces rivalités internes. "Quand on est ministre, on est obligé de se battre et de porter les couleurs de son parti. Il ne faut pas rechigner à aller au combat où que ce soit", a souligné le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé. Le Premier ministre, François Fillon, soutient également cette position : "Lorsque l'on est secrétaire d'Etat, on est sous l'autorité d'un ministre. C'est contraignant, mais c'est la règle du jeu". Le président semble agacé par le comportement de son ancienne protégée. Il dénonce la difficulté répétée de la jeune femme "à s'insérer dans une équipe, quelle qu'elle soit". Et on apprend de sources élyséennes qu'on l'aurait changée de ministère "parce qu'elle ne se supportait plus avec (Bernard) Kouchner" [ministre des Affaires étrangères, ndlr].
Elle conserve cependant des soutiens
L'heure de la rupture a-elle sonnée ? Pas encore. Comme pour Rachida Dati, le président souhaite que l'élection de Rama Yade aux régionales soit la bonne excuse pour lui faire quitter le gouvernement. Mais malgré les critiques d'une bonne partie de la majorité, l'insoumission de Rama Yade plaît à certains. "On s’est un peu servi d’elle parce qu’elle est belle, parce qu’elle est d’origine africaine. Ils l’ont mise dans le système, elle y est et sa personnalité éclate au grand jour. Et sa personnalité, c’est d’être droite dans ses bottes. Moi je trouve que c’est quelqu’un d’intéressant pour la démocratie française", reconnaît ainsi le député villepiniste Jean-Pierre Grand. Même admiration de la part de la tête de liste UMP en Ile-de-France, Valérie Pécresse : "Je crois que Rama Yade a un formidable potentiel politique". La petite guéguerre au sein de la majorité n'est pas sans déplaire au PS. La vice-présidente socialiste du conseil régional d'Île-de-France, Michèle Sabban, est même allée jusqu'à déclarer : "Nous accordons à Rama Yade le droit d'asile."
Rama Yade sait en tout cas que si avoir une forte tête peut entraîner quelques inimitiés, cela peut également lui permettre de sortir du lot. "Rama Yade va dans le sens de l'opinion publique et de sa propre clientèle" a noté finement le ministre du budget, Eric Woerth. La secrétaire d'Etat décide pourtant de ne pas rentrer dans la polémique et le jeu des petites phrases assassines. "En politique, on ne répond pas en descendant à ce niveau-là.", lance-t-elle au passage à Nadine Morano. La belle ambitieuse plaît aux Français et aux médias. Consécration suprême : sa marionnette vient de faire sa première apparition aux Guignols de l'info de Canal+ (voir vidéo plus haut). Rama Yade y est représentée comme une critique acerbe du gouvernement mais qui n'assume pas encore très bien ses opinions et revient souvent sur ses déclarations. Bien que populaire, Rama Yade devra tout de même faire attention à ne pas tomber dans la caricature.
Damien Bouhours
Le salafisme en dix questions
Au moment où l'on parle du voile intégral, du salafisme, des religions et de l'identité nationale, faut-il s'inquiéter de la présence en France d'un mouvement fondamentaliste musulman que beaucoup qualifient d'extrémiste ? Décryptage...
1. Qui sont les salafistes ?
Le salafisme puise sa racine dans le mot arabe salaf, qui veut littéralement dire « les prédécesseurs ». On parle d'essalaf essalah, ou des « pieux prédécesseurs », pour désigner les premiers compagnons du prophète Mahomet. Aujourd'hui, les salafistes les prennent pour exemple et appellent à un retour à « l'islam des origines », expurgé de la bidaa ou des « innovations blâmables » qui, de leur point de vue, pervertissent la religion. Ainsi, toutes les influences occidentales, toutes les idées humanistes et les principes philosophiques, comme la démocratie ou la laïcité, sont-ils rejetés. C'est l'école de pensée hanbalite, fondée par l'imam Ahmed ibn Hanbal (780-855) au IXe siècle, qui a forgé les racines de l'idéologie salafiste. Deux disciples de cette doctrine, l'imam ibn Taymiya (1263-1328) et Mohamed ibn Abdelwahab (1703-1792), en deviendront ensuite les deux principales références idéologiques. Abdelwahab, fondateur du dogme wahhabite et néanmoins cofondateur de la monarchie saoudienne, donnera naissance à ce « salafisme missionnaire » (sujet de notre enquête) véhiculé de nos jours : inégalité entre les hommes et les femmes ; droit pénal reposant sur les châtiments corporels ; rigorisme dans les rapports sociaux ; rejet des droits de l'homme. Dopé à coups de pétrodollars, ce salafisme s'est progressivement propagé à travers le monde.
Au XXe siècle, cette pensée salafiste se politise également en se « réformant » sous l'impulsion des Frères musulmans, une confrérie intégriste fondée en Egypte, en 1928, par Hasan al-Banna (1906-1949). Les Frères n'hésitent pas à créer des partis et à s'engager dans la vie politique et associative. Néanmoins, leurs divergences doctrinales avec les tenants du wahhabisme ne font pas d'eux pour autant des « progressistes » : eux aussi prônent l'application de la charia (la loi coranique) et l'instauration de républiques islamistes. Les Frères musulmans, qu'on affuble parfois du qualificatif de « salafistes en costard-cravate », sont représentés en France par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Partisans d'une réislamisation « en douceur », ils sont en apparence plus « ouverts » que les « salafistes en barbe et djellaba ».
D'autres salafistes, dits djihadistes, préfèrent la confrontation. Leur doctrine est suivie aujourd'hui par une nébuleuse comme al-Qaida. Qualifiés également de takfiris (ceux qui pratiquent l'excommunication), ces adeptes de la guerre sainte ont les mêmes références idéologiques que les autres.
2. Que veulent-ils ?
Bien que minoritaires dans le monde musulman, les salafistes occupent le devant de la scène grâce à l'activisme effréné de leurs militants et autres idéologues. La pensée salafiste contrôle aujourd'hui plusieurs mosquées et une grande partie de la littérature musulmane. S'agissant de l'Occident, ils appellent aussi au communautarisme, espérant réislamiser les membres de la communauté musulmane et convertir autant que faire se peut des personnes séduites par une idéologie politico-religieuse incompatible avec les valeurs universelles. Pour autant, contrairement à certains fantasmes entretenus par des milieux d'extrême droite, l'objectif principal des salafistes n'est pas l'islamisation de l'Europe, mais la mise en place de conditions qui leur permettraient de pratiquer leur vision de l'islam comme ils l'entendent, même si celle-ci est contradictoire avec l'esprit des Lumières. De leur côté, les Frères musulmans souhaitent ériger un groupe de pression à même de peser sur les débats nationaux et internationaux, et veulent constituer une force lobbyiste susceptible de faire naître un « vote musulman ».
3. Combien sont-ils en France ?
Il est difficile de connaître avec exactitude le nombre de salafistes présents en France (et en Europe). Il serait possible néanmoins d'avoir une estimation quand on sait que seuls 10 % des 5 millions de musulmans de France sont des pratiquants réguliers qui fréquentent les 1 900 mosquées et salles de prière avec assiduité. Ayant centré leur vie autour du lieu de culte et de la pratique, ils représentent une forte minorité de ces pratiquants. Mais ils donnent l'impression d'être majoritaires grâce à leur activisme, leur excitation militante, leur présence sur le net, leur accoutrement ostensiblement prosélyte, et à travers leur engagement dans l'action sociale au sein des quartiers. Les salafistes ont ainsi montré leur poids réel lors des manifestations contre la loi interdisant les signes religieux à l'école. A analyser également, les rencontres annuelles du Bourget qu'organise l'UOIF, cette filiale française de la pensée des Frères musulmans, qui peine à rassembler plus de 20 000 personnes, même si elle prétend le contraire.
Il existerait une cinquantaine de mosquées ou de lieux de prière tenus par les partisans du wahhabisme saoudien et de la pensée salafiste prosélyte, et beaucoup plus dirigés par l'UOIF, qui ne représente cependant qu'un tiers des musulmans pratiquants dans les instances du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Les mosquées salafistes wahhabites sont souvent implantées au cœur des cités populaires. Il en existe en région parisienne - à Sartrouville, Argenteuil ou Gennevilliers notamment -, dans la région lyonnaise, dans le Nord, ainsi qu'à Marseille ou Besançon. Mais on en trouve aussi dans Paris intra-muros, au cœur des quartiers de Belleville et de Barbès.
4. Qui finance la propagation du salafisme ?
Outre l'Etat saoudien qui, au travers de la Ligue islamique mondiale, a longtemps financé cette idéologie, de nombreux mécènes arabes du golfe Persique accordent des millions d'euros par an pour faire rayonner à travers le monde le « vrai islam », comme ils aiment qualifier le salafisme. En France, plusieurs mosquées ont été construites grâce à des fonds provenant des monarchies arabes et de la Ligue islamique mondiale : les mosquées d'Evry et de Mantes-la-Jolie, par exemple. L'Arabie saoudite propage le salafisme en formant dans ses universités de Riyad, de La Mecque et de Médine des milliers d'étudiants saoudiens ou étrangers. Ce salafisme « missionnaire » a été véhiculé aussi par les écoles coraniques pakistanaises, notamment celle de Karachi, qui enseigne la pensée dite deobandie, une version indo-pakistanaise du salafisme ayant donné naissance aux fameux talibans. Les Frères musulmans ont, quant à eux, longtemps bénéficié de l'aide des Saoudiens, qui ont permis l'ouverture en Europe du Centre islamique de Genève, fondé par Saïd Ramadan (père de Tariq Ramadan et gendre de Hasan al-Banna). Et, lorsque l'UOIF est créée, au début des années 80, par des islamistes tunisiens et par l'activiste libanais Fayçal Mawlawi, l'organisation profitera de nombreux soutiens émanant des Emirats arabes unis. Aujourd'hui, l'UOIF recevrait, selon les différentes estimations, entre 30 et 60 % de son financement de pays ou de personnalités arabes. Les associations qui sont liées à l'UOIF tirent également une partie de leur argent de la certification halal, un commerce communautaire qu'ils ne cessent de promouvoir tant il est lucratif.
5. Qui sont leurs idéologues ?
Parmi les contemporains, on peut compter des Egyptiens issus des Frères musulmans comme Sayyid Qutb (1906-1966) ou Youssouf al-Qaradawi, qui ne cesse de justifier les attentats suicides et l'instauration de la charia. Bien qu'il s'en défende, Tariq Ramadan, qui se laisse complaisamment affubler parfois du titre de théologien, est en réalité un idéologue de la pensée salafiste des Frères musulmans. Il n'hésite pas à fustiger le wahhabisme saoudien, mais cela ne fait pas de lui un progressiste ou un libéral ni un réformateur. Ses références idéologiques demeurent les fondateurs de la pensée des Frères et les théoriciens qui l'ont sophistiquée pour en faire un instrument de lutte politico-idéologique, en l'occurrence son propre grand-père Hasan al-Banna, auquel il voue une admiration sans pareille, ou encore le Pakistanais Abu al-Ala al-Mawdoudi (1903-1979). Tariq Ramadan s'est singularisé en utilisant des codes de langage et d'écriture occidentaux pour propager une pensée frériste qui a su adapter son discours aux opinions publiques européennes. Il ne propose qu'une version d'un salafisme en apparence plus « doux ».
D'autres « penseurs », des Saoudiens, ont assuré le rayonnement du salafisme wahhabite à travers le monde. C'est le cas du cheikh Ibn Baz (1909-1999), qui a toujours prêché un islam pur et dur. Salih bin Fawzan al-Fawzan, un Saoudien, est « apprécié » par les salafistes européens : il recommande à ses adeptes de ne pas «ressembler aux mécréants dans ce qui leur est spécifique». Il est de ceux qui incitent les femmes à porter le voile intégral, refusant même le voile classique qui permet de laisser le visage des femmes visible. Autre gourou très écouté par les salafistes : le cheikh Mohamed ibn Saleh al-Otheimine. Il interdit, entre autres, de «féliciter les mécréants [juifs et chrétiens notamment] durant leurs fêtes religieuses». Enfin le cheikh Nacereddine al-Albani (1914-1999), un idéologue albano-syrien, a produit une floraison de fatwas (édits religieux) tout aussi intégristes les unes que les autres et a notamment prohibé l'usage de la télévision et de la radio.
6. Quels sont leurs relais médiatiques ?
Bien que certains idéologues interdisent la télévision, d'autres appellent à ce que l'utilisation de ce média soit exclusivement réservée à la propagation de l'islam. C'est le cas par exemple de plusieurs chaînes satellitaires arabes, qui accordent une large place à ces salafiste prêchant « la bonne parole » tant en direction des sociétés musulmanes que de l'Occident. Les prêcheurs se succèdent sur des chaînes qui, du Qatar à l'Egypte en passant par les Emirats, font de la surenchère en jouant sur les notions du licite et de l'illicite très chères à Youssouf al-Qaradawi. Une fois par semaine, celui-ci anime l'émission phare « Al-Sharia oua Al-Hayat » (la charia et la vie) sur les plateaux de la chaîne al-Jezira, au cours de laquelle il traite de toutes les questions d'actualité, parfois avec une violence inouïe. Cela dit, internet est devenu le moyen principal pour véhiculer les idées salafistes, que ce soient celles des Frères musulmans ou celles des wahhabites et même celles des djihadistes. Les sites et les forums se comptent par centaines et, là aussi, tous les sujets sont abordés. Actuellement, plusieurs salafistes tentent de se mobiliser sur le net contre une éventuelle loi sur le voile intégral. Mobilisation qui voit son prolongement sur le web 2.0 et notamment sur des réseaux sociaux tels que Facebook, qui recèle des dizaines de profils se revendiquant clairement de cette idéologie. Enfin, les nombreuses librairies dites musulmanes propagent en réalité l'idéologie salafiste. C'est le cas d'al-Tawhid à Lyon, qui diffuse la littérature des frères Ramadan et celle des penseurs fréristes, ou d'autres échoppes qui proposent, quant à elles, les ouvrages des idéologues saoudiens.
7. Le salafisme est-il compatible avec la République ?
Les salafistes sont contre la mixité, ils rejettent les minorités religieuses et sexuelles, encouragent le communautarisme, ne reconnaissent pas les valeurs de fraternité en dehors de l'oumma (la nation islamique) et refusent toutes les notions de liberté qui contredisent leur vision de l'islam. Les textes salafistes montrent l'étendue qui sépare cette idéologie totalitaire des principes républicains. Ainsi, le cheikh Otheimine, par exemple, appelle-t-il les femmes musulmanes à ne quitter leur domicile qu'en cas de nécessité et qu'avec «l'autorisation du mari ou du tuteur». Il précise : «La femme est libre chez elle, elle se rend dans toutes les pièces de la maison et travaille en accomplissant les tâches ménagères.» Et d'ajouter à leur intention : «Que ces femmes craignent Allah et délaissent les propagandes occidentales corruptrices!» Un autre cheikh, Salih bin Fawzan al-Fawzan, défenseur du voile intégral, affirmait dans l'une de ses fatwas que «le visage de la femme est une awrah (partie à dissimuler) et qu'il est obligatoire de le couvrir». Pour lui, «c'est la partie la plus forte en tentation». Et il en va de même pour d'autres principes fondamentaux qui forgent l'identité républicaine et laïque de la France. Le salafisme, par exemple, n'accepte pas la liberté de conscience. S'il cherche à endoctriner et à convertir des non-musulmans, il refuse catégoriquement qu'un musulman puisse renier l'islam pour une autre religion. L'auteur d'une telle apostasie doit être, selon eux, condamné à mort. De même que la liberté d'expression et d'opinion, la critique des dogmes et des religions est prohibée.
8. Le salafisme est-il violent ?
Les multiples courants salafistes représentent différents niveaux de dangerosité. Les djihadistes ou les takfiris prônent le djihad et donc les actions terroristes. Durant ces dernières années, plusieurs d'entre eux ont été arrêtés et condamnés dans des affaires «d'associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste».
Le courant objet de notre enquête se veut, lui, beaucoup plus réservé sur la question de la violence. Ces fondamentalistes missionnaires préfèrent généralement raffermir leur foi et considèrent parfois qu'étant donné les divergences qui existent entre les « théologiens » au sujet du djihad, il n'est pas permis de s'engager dans cette voie. Néanmoins, ils représentent un danger pour le vivre ensemble, et leur vision de l'islam est incompatible avec les règles d'une société laïque et démocratique. En effet, tous les salafistes, y compris ceux qui prétendent le contraire, rejettent la laïcité. Il ne peut y avoir, selon leurs idéologues, de séparation entre les Eglises et l'Etat puisque, pour eux, «l'islam est un englobant qui doit régir toute la vie du musulman». Idem pour la démocratie, qu'ils considèrent comme une mécréance dans la mesure où celle-ci consacre le principe de la souveraineté du peuple alors qu'ils estiment que «la souveraineté ne doit revenir qu'à Dieu et à Dieu seul».
Les Frères musulmans prétendent officiellement accepter ces deux valeurs. Le salafisme dit réformiste qu'ils incarnent prend part, en effet, au jeu démocratique lorsqu'il s'agit d'élections. C'est le cas des Frères musulmans égyptiens ou du Hamas palestinien. Cela étant dit, ils instrumentalisent la démocratie dans l'espoir de s'approprier le pouvoir et ne la considèrent certainement pas comme un système consacrant toutes les égalités et toutes les libertés.
9. Le voile est-il une obligation de l'islam ?
Au lendemain de la révolution iranienne en 1979, le voile est devenu, dans l'imaginaire collectif, le signe de l'oppression de la femme et notamment du militantisme politique. D'un point de vue théologique, les salafistes en font une véritable obsession, bien qu'il n'existe que deux versets coraniques qui évoquent, de manière peu explicite, le voile sans en déterminer sa forme exacte : «Ô Prophète ! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. Dieu est Pardonneur et Miséricordieux.» (sourate 33, verset 59) ; et «Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur voile sur leurs poitrines; et qu'elles ne montrent leurs atours qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Dieu, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès.» (sourate 24, verset 31).
Pour les littéralistes, ces versets seraient « clairs » et exigeraient le port du voile voire du niqab, mais pour beaucoup de penseurs et de rationalistes musulmans, le port du voile n'est pas une obligation. Gamal al-Banna, frère du fondateur des Frères musulmans, pense, lui, que le voile n'est plus valable de nos jours étant donné que ces versets s'adressaient à des femmes qui vivaient à une période précise où, de Médine à Athènes, toutes les femmes étaient voilées. D'ailleurs, nombre de musulmanes, en Tunisie ou en Turquie, y compris de ferventes pratiquantes, ne le mettent que lors de l'accomplissement des prières ; d'autres, plus âgées, le portent par tradition ou par pudeur. Récemment, le cheikh d'al-Azhar, le grand institut de théologie du Caire, a déclaré que le port du voile intégral relevait d'une «tradition et non pas du culte». Le cheikh Khaled Bentounès, guide spirituel du soufisme maghrébin, a affirmé pour sa part qu'«on a fait du voile un instrument idéologique pour avoir un stéréotype de femme modèle», dénonçant ainsi cet uniforme de l'idéologie salafiste. En tout état de cause, le retour du voile, sous ses différents aspects, coïncide avec l'avènement du salafisme contemporain.
10. Une loi contre le voile intégral est-elle applicable?
La question est actuellement en débat. La commission d'enquête parlementaire rendra son avis en janvier 2010. Pour l'heure, de nombreuses associations et des personnalités de la société civile sont auditionnées par les députés. Il aurait sans doute été préférable de créer une véritable commission d'enquête pour mieux connaître l'idéologie salafiste et son ancrage dans la société française.
Dans le cas de la mise en place d'une loi, il faudrait réfléchir dès à présent à son application. Nous sommes là devant une situation sensiblement différente de celle qui avait prévalu durant la polémique sur le voile à l'école, puisque l'interdiction de cet autre « signe » de l'islamisme fut appliquée par les responsables des établissements scolaires. Le respect d'une mesure visant à interdire le voile intégral devra cette fois être assuré par la force publique, qui devra verbaliser ou emmener au poste les éventuelles récalcitrantes. Et il y en aura ! Il faudrait en outre avoir l'assurance que cette loi, si elle venait à être promulguée, s'appliquera également l'été, lorsque les femmes et les filles ainsi que les servantes des riches princes saoudiens ou qataris déambuleront sur les Champs-Elysées.
* Journaliste, Mohamed Sifaoui est le coauteur avec Philippe Bercovici de «Ben Laden
dévoilé, la BD-attentat contre Al-Qaïda», Editions 12 Bis. Il est aussi l’auteur de «Pourquoi l’islamisme séduit-il ?», Editions Armand Colin, à paraître le 27 janvier 2010.
Santé : la réforme d'Obama doit encore passer l'obstacle du Sénat
La Chambre des représentants a offert une courte majorité à la réforme du système de santé du président américain Barack Obama, samedi 7 novembre. Au terme d'une journée-marathon de près de douze heures, 220 représentants ont dit "oui" à l'ambitieux projet de Barack Obama et 215 se sont prononcés contre.
Mais avant que le président américain puisse promulguer la loi, le texte doit encore passer l'obstacle du Sénat. Peu après le vote, M. Obama s'est déclaré "absolument confiant" sur l'issue d'un prochain scrutin au Sénat et a dit espérer promulguer la loi "d'ici à la fin de l'année", afin d'éviter une périlleuse bataille en 2010, année des élections parlementaires de mi-mandat.
Mais l'horizon n'est pas aussi dégagé que le souhaiterait le président américain. "La bataille qu'ont dû mener les démocrates pour réunir une courte majorité [220 voix, alors que 218 étaient requises pour valider le projet] est une indication assez claire des difficultés qu'ils auront à amener le texte final sur le bureau du président", estime ainsi le New York Times.
2010, ANNÉE ÉLECTORALE
Pour réussir à faire adopter le texte en toute sérénité, les démocrates ont besoin des voix de 60 des 100 sénateurs. Sur le papier, 58 sièges sont occupés par des démocrates, et deux par des indépendants qui votent généralement avec la majorité. Problème : un certain nombre de démocrates modérés rechignent à voter "oui", et l'un des deux indépendants, Joe Lieberman, a prévenu qu'il s'opposerait au texte en l'état.
Le chef des démocrates au Sénat, Harry Reid, s'est récemment plaint des clivages au sein de la majorité qui risquent de repousser à 2010 l'adoption de la réforme. Or, un vote en 2010, année des élections parlementaires de mi-mandat, pourrait encore compliquer la donne. Un tiers du Sénat et la totalité des sièges de la Chambre des représentants doivent être renouvelés, alors que dans certains Etat la population est hostile à la réforme.
En outre, les chefs démocrates se heurteront à l'opposition républicaine qui dénonce un plan d'un coût de 1 000 milliards de dollars, qui selon eux, ne fera pas baisser les coûts de la santé. Cette réforme "a encore une longue route devant elle avant d'atterrir sur le bureau du président, et je continuerai à me battre bec et ongles", a ainsi prévenu Kevin Brady, représentant républicain du Texas, rapporte le New York Times.
LE PATRONAT "DÉÇU"
Les Républicains pourront compter sur le soutien des patrons américains, qui ont regretté dimanche le vote de la Chambre des représentants. "Nous sommes déçus" par ce vote en faveur d'un "projet de loi que nous ne pouvons pas soutenir", écrit le Business Roundtable dans un communiqué.
Le Washington Post résume quelques unes des questions sensibles qui devraient animer les débats : peut-on envisager une clause de désengagement de l'option publique pour les Etats ? faut-il exiger des patrons qu'ils fournissent une couverture santé à leurs employés ou y a-t-il une solution moins contraignante ? le nouveau système de santé se financera-t-il en taxant les plus riches ou les mutuelles les plus chères ?
Selon ses promoteurs, le projet voté à la Chambre permettrait à 36 millions d'Américains qui n'en ont pas de s'offrir une couverture santé. Au total, 96 % d'Américains seraient couverts dans le cadre du plan démocrate.