TOUT EST DIT

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dimanche 7 avril 2013

La France ébranlée par une crise aussi grave que celle de 1958... Mais y a-t-il un de Gaulle à l’horizon ?

L'arrivée de Charles de Gaulle à la tête de l'Etat en 1958 a permis de réformer un système politique français à bout de souffle. 55 ans plus tard, la France traverse une nouvelle crise d'ampleur.
1958 est une année de crise pour la France. En avril, le gouvernement Félix Gaillard est mis en minorité. C’est le début de la crise politique, et personne ne souhaite devenir Président du Conseil. Le 13 mai, en réaction à cette instabilité politique - et à l'impuissance de la IVe République face à l'insurrection algérienne depuis 1954 - le général Jacques Massu constitue un Comité de salut public à Alger et exige la création en France d’un gouvernement d’exception. Le général de Gaulle accepte deux semaines plus tard de prendre la tête de l'Etat. Sur le plan économique, la situation est également difficile.  Le Plan Pinay-Rueff d'assainissement financier est mis en oeuvre en décembre. Il s'accompagne d'une dévaluation de 17,5 % - la 7e depuis la Libération - et la création du nouveau franc.
Atlantico : La crise de mai 1958 marque l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir dans un contexte quasi-insurrectionnel de création d'un Comité de salut public à Alger par le général Massu le 13 mai suite à un coup d'État (putsch d'Alger de 1958). Que se serait-il passé sans la figure de l’ « homme providentiel » qu’était de Gaulle ? Quelle aurait été l’issue la plus probable de la crise ?



Philippe Braud : Il est impossible de réécrire l’histoire. On peut seulement affirmer deux choses. D’une part que la paralysie institutionnelle était à  l’époque si dommageable au pays qu’une profonde révision des institutions, avec ou sans de Gaulle, était de toute façon inéluctable. Mais cette révision aurait sans doute été moins radicale et plus lente à venir. D’autre part, que la poursuite de la politique d’intégration de l’Algérie à la France était de toute façon illusoire, politiquement et financièrement. Pour n’évoquer qu’un aspect des choses, l’évolution démographique en Algérie aurait exigé que pour rester une démocratie, la République accueille plus d’un tiers de députés musulmans au Palais-Bourbon. Même Jean-Marie Le Pen aurait-il été prêt à l’accepter ? Mais là encore, le processus politique aurait été plus lent et l’indépendance de l’Algérie aurait probablement attendu encore de trop longues années.

David Valence : Vous m'invitez à faire de l'uchronie, c'est-à-dire à imaginer une histoire qui aurait pu advenir... mais qui n'est pas advenue. C'est un exercice très utile intellectuellement, car cela permet de regarder ensuite l'Histoire avec suffisamment de fraîcheur pour en saisir la part d'imprévu.

Le 13 mai 1958, puis les jours suivants, l'Algérie, alors divisée en plusieurs départements français, est entrée en quasi-sécession en réaction au choix de Pierre Pflimlin, un élu démocrate-chrétien, alsacien et réputé "libéral" en matière coloniale, comme président du Conseil des ministres. Du reste, peu avant que de Gaulle succède officiellement a Pflimlin comme président du Conseil, le 1er juin 1958, un autre territoire français avait fait quasi-sécession : la Corse.                                               

Si de Gaulle n'avait pas été investi, on peut imaginer deux scenarii. L'hypothèse d'une extension de la contestation, avec rébellion d'une partie des forces militaires de métropole contre le pouvoir central, était la plus redoutée à l'époque. Une autre hypothèse était possible avec la sécession durable de l'Algérie et l'invention, avec l'appui d'une armée rebelle, d'un régime algérien où les populations d'origine européenne auraient conservé la maîtrise des affaires politiques.                             

Ce qui a empêché qu'on arrive à ces situations ? Deux choses : De Gaulle, c'est-à-dire un homme providentiel, comme vous dites. Et le contingent qui, mobilisé depuis 1956, n'aurait jamais accepté d'obéir à des chefs qui auraient durablement coupé les liens avec la France pour construire une République algéro-française sur le modèle de la Rhodésie, par exemple.
Le risque de voir le pays sombrer dans la guerre civile était-il réel ?

Philippe Braud : Le risque de heurts armés, d’échauffourées sanglantes, oui, était réel en mai 1958. Celui de guerre civile, non, je ne le crois pas. Personne n’y était vraiment prêt. L’armée était trop intégrée dans l’OTAN, les syndicats et partis de gauche bien incapables d’organiser une lutte armée et surtout, l’opinion publique trop indifférente, préférant cueillir pacifiquement les premiers fruits des « Trente Glorieuses » sur le plan économique.

David Valence : Pas au sens où, en métropole, des masses de citoyens auraient pu s'entretuer, comme sous la Révolution française en Vendée ou à Nîmes, par exemple. Mais le risque d'un vrai coup d'état militaire à Paris n'était pas nul, qui aurait entraîné, pour la France, des conséquences dramatiques.                           

N'oubliez pas, en outre, que notre pays se trouvait dans une situation financière dramatique en 1958. Elle dépendait largement des rallonges américaines à son propre budget, et en cas de coup d'état militaire, le pays aurait cruellement manqué de liquidités pour payer ses fonctionnaires par exemple.             

Un régime né sous des auspices autoritaires n'aurait pu survivre plus de quelques mois ou de deux-trois années. Mais la France se serait, à leur issue, trouvée dans une situation encore plus désespérée.
En France, les crises peuvent-elles être résolues sans le recours à un homme d’exception ?

Philippe Braud : Il faut réexaminer, je crois, les termes de la question. C’est la solution de la crise qui fait l’homme d’exception et non l’inverse. Et cette solution ne dépend jamais de l’action d’un seul homme, de la  volonté d’une personnalité providentielle ; elle est la résultante d’un contexte et d’une multitude de facteurs. Si Hitler avait gagné la guerre, ou si Pétain avait su tenir tête aux Allemands, l’action de De Gaulle en 1940 ne lui aurait pas valu l’épithète d’homme d’exception. Or, la réalisation ou l’échec de ces deux scénarios n’a en rien dépendu de sa volonté.  En d’autres termes, je crois que l’on peut dire qu’en politique il y a moins d’hommes exceptionnels que d’exceptionnelles projections. Et ce sont celles-ci qui, après coup, « créent » l’homme providentiel dont le crédit peut, il est vrai se révéler utile par la suite, dans d’autres conjonctures politiques.

David Valence : Notre propension à rechercher un "sauveur" a été bien identifiée et étudiée par l'historien Raoul Girardet, dans un livre magnifique : "Mythes et mythologies politiques". Il y montre qu'en situation de crise grave et d'épuisement du modèle démocratique, nous avons tendance à rechercher un "sauveur", qui sortira "miraculeusement" le pays de l'ornière dans laquelle il a versé. Ce fut vrai de Napoléon après les guerres révolutionnaires et l'instabilité de la Convention, puis du directoire. Ce fut vrai de Clemenceau en 1917, alors que la guerre était peut-être en passe d'être perdue. Ce fut vrai de De Gaulle, en 1958.                           

Mais il arrive qu'on se trompe de sauveur, et alors l'histoire se finit en queue de poisson, ou pire, en drame : ainsi de Boulanger dans les années 1880, de Pinay en 1952... Ou de Pétain en 1940.                                 

Je crois qu'on se trompe en répétant bêtement et sur tous les tons que les Français ont le cœur monarchiste. Notre pays est très profondément républicain. Mais par lassitude, par illusion, par souci d'éviter des efforts nécessaires ou des sacrifices douloureux, par suite du constat lucide de l'épuisement ponctuel du modèle démocratique aussi -Tocqueville nous a alertés sur le risque que la démocratie se corrompe en préférence pour la médiocrité- les Français rêvent volontiers, en période de crise, d'un "sauveur". Le risque est de se tromper de sauveur, évidemment, comme beaucoup de Français en 1940 !

Aujourd’hui, le pays semble traverser une crise profonde à la fois économique, politique et morale, la situation est-elle comparable à celle de 1958 ? Quelle peut en être l’issue ?

Philippe Braud : Je ne crois pas à l’existence actuelle d’une profonde crise morale, ni à une crise de régime analogue à celle de 1958.  Désarroi conjoncturel ? Oui. Crise dévastatrice pour le PS ? incontestablement. Mais la gauche comme la droite en ont vu d’autres et s’en sont toujours remises, depuis le scandale de Panama sous Jules Grévy, le suicide de Stavisky en 1934, le faux attentat de l’Observatoire en 1959, les affaires Fontanet, Boulin, Bérégovoy, les fausses factures et rétro-commissions liées aux ventes d’armes au Pakistan, etc. François Hollande est condamné pour l’instant à faire le gros dos mais il est en place institutionnellement jusqu’à 2017 et personne ne songe à un coup d’état pour l’en déloger, de même qu’on ne voit pas les prémices d’un mouvement de rue analogue à mai 1968.

David Valence : Comparaison n'est pas raison, évidemment. Prenons la situation financière de la France en 1958 : le gouvernement disposait, pour y répondre, d'instruments puissants à l'intérieur de ses frontières. Notre économie est aujourd'hui particulièrement mondialisée, plus même que celle de beaucoup d'autres pays développés, et nous ne pouvons nous permettre d'agiter nos bras entre nos belles frontières comme des sémaphores, sans coordonner notre action à celle de l'Allemagne par exemple. Au surplus, nous n'avons pas, contrairement à 1958, engagé de guerre mettant en jeu la vie de millions de Français. L'élément déclencheur de 1958 est donc absent.     

Mais il demeure que, notamment pour ceux qui refusent tout à la fois les hausses d'impôts, la réduction des dépenses publiques, l'allongement de la durée de cotisation pour l'obtention de la retraite et l'allongement du temps de travail, il est séduisant de convertir ses espoirs de changement en espérance "magique", confiée à un(e) homme/femme exceptionnel(le). Aujourd'hui, cette dimension "magique" peut aussi être portée par une mesure radicale ou par la désignation d'un bouc émissaire, comme les "étrangers" pour l'extrême-droite par exemple. Nous manquons évidemment de "recours" aussi prestigieux et rassembleur que de Gaulle aujourd'hui. Et la recherche d'un "sauveur" risque de se traduire par une poussée des populismes de droite et de gauche, qui ne proposent pas de solutions crédibles et opératoires aux maux dont souffre notre pays.
Existe-t-il un homme politique de la dimension du général de Gaulle aujourd’hui ? Le danger de la situation actuelle vient-il justement du fait qu'il n'y a plus d'homme providentiel ?

Philippe Braud : Bien sûr, il n’y a pas aujourd’hui de personnage politique comparable à de Gaulle. Pour en « créer » un, il aurait fallu un renouvellement des drames de 1940 et des guerres coloniales. Mais il convient de garder son sang-froid. La situation actuelle est loin d’être exceptionnellement dramatique. Les affaires de corruption engendrent assez souvent leur antidote, c’est-à-dire un resserrement des contrôles ; la sortie de crise économique dépend  pour l’essentiel du rétablissement (en cours, même s’il est lent) de la zone euro, beaucoup plus que de l’action d’un magicien à l’Elysée ou à Bercy. Les gouvernants en France, quels qu’ils soient, ne peuvent s’évader significativement des disciplines et des solidarités européennes. Ils créeraient un authentique chaos qui les anéantirait. Le salut proviendra de l’action, collective et concertée, menée à Bruxelles ainsi que dans les grandes capitales européennes dont Paris. 

David Valence : De Gaulle avait ceci d'exceptionnel que général victorieux, législateur ambitieux, prophète inspiré, sage dévoué au service de la Nation et martyr si nécessaire, il réunissait en lui toutes les figures du sauveur identifiées par l'historien Raoul Girardet : Alexandre, Solon, Moïse, Cincinnatus et Jésus. Sans reprendre cette analyse stimulante, il est évident que personne ne dispose de la légitimité historique du général de Gaulle, qui excédait évidemment la légitimité démocratique, qui est une légitimité de procédure. Ou, pour parler Max Weber : de Gaulle avait une autorité de type charismatique, mais si elle ne se réduisait pas à cette dimension. Nul ne dispose d'une telle autorité aujourd'hui. Je ne sais pas, pour répondre complètement à votre question, s'il est dangereux de ne pas trouver "son" homme providentiel pour un peuple. Mais je sais en revanche qu'il est souvent dangereux et hasardeux de le chercher... Car les peuples se trompent aussi !
Jean-Luc Mélenchon appelle à manifester le 5 mai prochain en faveur de la 6e République. La sortie de crise passe-t-elle nécessairement par un big-bang politique ?

Philippe Braud : La participation à cette manifestation sera effectivement un baromètre intéressant de l’état de l’opinion et de sa propension à se mobiliser. Mais la probabilité d’un big bang politique paraît faible, et, à supposer qu’il advienne, on voit mal comment il pourrait ne pas ajouter de la crise à la crise.

David Valence : Nous avons surtout besoin de courage politique. Il serait bien évidemment dangereux que PS et UMP se mettent d'accord pour gouverner ensemble, comme ce fut le cas en Allemagne par exemple. Mais chacun doit adopter une attitude responsable, à la hauteur des événements. Au gouvernement d'oser tenir un ambitieux discours de vérité sur l'état du pays et d'oser des remèdes de cheval, de s'autoriser de l'audace et de s'armer de courage. En ce cas, l'opposition devra rester prête à gouverner, mais ne pas hésiter à reconnaître la pertinence de certaines des politiques mises en œuvre. L'ennui est qu'aujourd'hui l'exécutif semble terrifié par l'ampleur de la crise, et en même temps insouciant, comme un commandant de navire qui se concentrerait sur sa partie de cartes plutôt que sur son itinéraire de navigation, bien qu'il sache que la zone traversée pleine d'icebergs.        

Or, si le gouvernement et le chef de l'Etat ne se montrent pas enfin à la hauteur de la gravité de la crise, d'une part, et que l'opposition s'en tient à un discours de critique négative sans proposer d'alternative, d'autre part, nous serons submergés par une vague populiste qui ébranlera profondément nos institutions démocratiques... Et nuira à notre économie, comme à  la place de la France dans le monde.

Moscovici : "Toute parole politique est maintenant suspectée"

Le ministre de l'Économie Pierre Moscovici a déclaré dimanche en "vouloir" à Jérôme Cahuzac d'avoir jeté l'opprobre sur la classe politique. 

 Le ministre de l'Économie et des Finances Pierre Moscovici a regretté dimanche que l'affaire Cahuzac jette l'opprobre sur toute la parole politique, alimentant ainsi la montée du populisme.

"On entre dans une phase où toute parole politique est suspectée et c'est de ça dont j'en (...) veux" à Jérôme Cahuzac, a expliqué son ancien ministre de tutelle au Grand Rendez-Vous Europe 1/Le Parisien/i>Télé. "Ce qui m'a touché dans cette affaire-là (...), c'est ce qui remet en cause la politique", a-t-il ajouté expliquant ne pas concevoir que Jérôme Cahuzac puisse revenir sur les bancs de l'Assemblée en tant que député.
Félicitations

Le ministre a aussi souhaité adresser un "message de félicitations à l'administration fiscale" pour le travail effectué pour clarifier l'affaire. "Il ne faut pas jeter la suspicion sur elle", a-t-il insisté.

À la question de savoir pourquoi Bercy a demandé à la Suisse si Cahuzac disposait d'un compte juste chez UBS, et pas dans d'autres banques, Pierre Moscovici a répondu, comme il le fait désormais régulièrement : "C'était la seule banque à ce jour-là (le 24 janvier) qui était évoquée." "Si j'avais demandé tout le reste, je serais sorti des capacités qui étaient les miennes (...) et les Suisses n'auraient pas répondu."


Qui pourrait encore croire leur évitement ? Ce serait réellement prendre les Français pour des imbéciles. Leurs cris d'orfraies n'intéressent plus personne, ils en sont ridicules. Que hollande commence à donner l'exemple en évitant d'entretenir son " amie de coeur et la famille de celle-ci " aux frais des contribuables. Sa vie personnelle le regarde mais qu'il évite aux Français de contribuer à son entretien tant avec ses secrétaires et son bureau à l'Elysée, sans compter voitures, chauffeurs, notes de frais. Les Français n'en peuvent plus de payer l'extravagance du président socialiste et cela est le cri du coeur de la plus grande majorité des Français.

Baby-Loup : Si le droit se trompe, changeons le droit !

La Cour de cassation a annulé le licenciement d’une employée qui avait refusé d’ôter son voile 

Les islamistes ont gagné une bataille. Contre la République. Grâce à la plus haute juridiction de la République. Les magistrats de la Cour de cassation – et tous ceux qui les ont applaudis – doivent le savoir : ceux à qui ils ont offert cette victoire de principe en tireront profit sur le terrain, dans les cités de Chanteloup-les-Vignes. Certes, ces fondamentalistes n’ont pas attendu l’arrêt Baby-Loup pour tenter d’imposer par tous les moyens, pressions, menaces, chantage à la solidarité communautaire, leur conception de l’ordre social. Cela fait des années que Natalia Baleato se dresse face à eux, dans une solitude dont nous sommes tous responsables. Il n’est pas exagéré de dire que cette femme courageuse et inflexible fait vivre, au quotidien, ce que l’esprit des Lumières nous a légué de plus précieux : une grammaire du désaccord et de la différence, un code du pluralisme qui ne se réduit pas à la pluralité. Si on ajoute à cette source qui a irrigué l’ensemble de la culture européenne la tradition française de mixité, de visibilité des femmes dans l’espace public, on obtient cette façon singulière de vivre ensemble qui définit, plus encore que nos lois, ce qu’on appelle encore le « modèle » républicain, bien qu’il ne serve pas de modèle à grand monde hors de nos frontières et qu’il soit, en France même, décrié au prétexte, justement, qu’il s’oppose non pas aux différences, mais à leur exhibition bruyante et permanente. Baby-Loup n’est pas seulement une crèche, c’est un extraordinaire outil d’émancipation pour des milliers de femmes des quartiers déshérités de Chanteloup-les-Vignes et des environs1. C’est aussi la preuve que le savoir-vivre républicain, outre qu’il est conforme à nos préférences morales, est l’arme la plus efficace contre la fragmentation communautaire qui menace aujourd’hui notre pays.
Un projet qu’on aurait dit « de gauche » avant qu’une partie de la gauche ne se convertisse à une laïcité tellement « ouverte » qu’elle s’est vidée de tout son sens et ne sacrifie, sur l’autel des identités multiples, ce que nous osons à peine nommer l’« identité française », que certains ont décrétée rigide, intolérante et sectaire. Or, à nos yeux, la première vertu de cette identité est d’être ouverte à tous ceux qui veulent se l’approprier et, bien sûr, l’enrichir, pour peu qu’ils adhèrent à ses options fondamentales. En sorte qu’un grand nombre d’entre nous pourraient dire : « On ne naît pas français, on le devient. » La France, sa culture, sa langue – et ses libertés – sont un cadeau. C’est ce cadeau, et pas seulement du travail, que nombre de Français nés sous d’autres cieux, à commencer par les parents de certains d’entre nous, sont venus chercher ici. Ne le nions pas : ce cadeau a un prix.
Il suppose, non pas de renoncer à sa religion ou à sa culture d’origine, mais parfois d’en abandonner les éléments qui contreviennent aux usages républicains et, pour le reste, de les déployer avec le tact et la modération qui permettent à toutes les croyances, toutes les convictions et toutes les histoires personnelles de se rencontrer sans se heurter. À vrai dire, ce prix est de moins en moins élevé. Les inventeurs de l’École laïque seraient sans doute horrifiés de découvrir qu’aujourd’hui, la République concède (et parfois finance) des espaces de large autonomie aux communautés religieuses. De sorte que n’importe quel juif ou musulman peut, en France, vivre presque exclusivement avec ses coreligionnaires, de l’école où étudient ses enfants aux boucheries où il achète sa viande en passant par le pays où il va passer ses vacances. Qu’on le déplore ou pas, il faut en prendre acte. La loi ne peut pas plus empêcher les Français de se regrouper en fonction de leurs origines qu’elle ne peut interdire à une femme d’être soumise à son mari.
Nous ne sommes pas des intégristes de la laïcité. Car la laïcité n’est pas une religion de plus, une fanfreluche vintage qui ajouterait au chatoiement de la diversité française : elle est entre nous, et en chacun de nous, l’arbitre entre le jugement et la croyance, entre la raison et l’émotion. Soucieux de liberté autant que nos contradicteurs, nous ne prétendons pas l’imposer dans les chambres à coucher.
Mais nous voulons, comme une écrasante majorité des Français, qu’elle reste la règle dans l’espace commun, qui ne saurait être réduit aux services publics, même s’il ne doit pas être étendu à l’ensemble de l’espace privé. Et nous demandons qu’elle protège sans tarder tous les enfants de France qui ont la chance d’en côtoyer chaque jour d’autres, qui ne croient pas la même chose qu’eux. Parce qu’ils cumulent souvent les handicaps, parce que nous ne sommes pas toujours capables de tenir la promesse française, cette protection, nous la devons aux enfants de l’immigration peut-être plus qu’aux autres encore.
Le droit a parlé, dira-t-on. Certes. Et nous ne sommes pas juristes. Devons-nous pour autant prendre ce qu’il nous dit pour parole d’Évangile ? De même que les banquiers créent de la monnaie, les juges créent du droit – la Cour de cassation, en particulier. Mais ils le créent au nom du peuple français. Qu’ils ne se soumettent pas à la dictature de l’opinion, fort bien. En décidant qu’entre toutes les libertés dont ils doivent garantir l’exercice, la liberté religieuse est la plus importante et qu’on ne saurait la restreindre qu’en cas de force majeure, ils font prévaloir une interprétation du droit « positif » manifestement contraire aux aspirations de la majorité – qui, sondage après sondage, déclare son attachement à la laïcité. Les juges auraient-ils pour mission la rééducation des esprits ?
En 1989, la première affaire de voile islamique à l’école divisait la société française. Certains d’entre nous signèrent un texte intitulé « Profs, ne capitulons pas ! » implorant Lionel Jospin, alors ministre de l’Éducation, de ne pas accepter un « Munich de l’École républicaine »2. Celui-ci préféra solliciter le Conseil d’État qui rendit un avis fumeux, pour aboutir à la conclusion qu’il fallait surtout ne rien faire, ce qui revenait à laisser les chefs d’établissements seuls, en première ligne, en prise à des conflits de plus en plus nombreux. Il a fallu attendre quatorze ans, le temps que la situation devienne presque ingérable dans certains endroits, pour que soit votée la loi de 2004 proscrivant les signes ostentatoires religieux à l’École publique. Loin d’avoir provoqué les catastrophes annoncées, elle a calmé le jeu. Et si des jeunes filles ont dû se dépouiller, le temps de la classe, d’un  attribut identitaire, elles y auront justement appris la courtoisie républicaine à laquelle nous sommes attachés.
Aujourd’hui, c’est la Cour de cassation qui abandonne à leur sort toutes ces jeunes filles et toutes les Natalia Baleato de France. Nous respectons les hautes juridictions de la République. Mais ce respect ne va pas jusqu’à leur déléguer le droit de décider ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas. Aux juges d’aujourd’hui, nous disons, comme au ministre d’hier : quand c’est la loi qui libère et la liberté qui opprime, « il est permis d’interdire ». Le droit ne nous protège pas ? Changeons le droit !
Nous avons confié l’exercice de la souveraineté populaire à nos représentants. C’est aujourd’hui à eux de répondre à ceux qui demandent la protection de la loi. Nous ne prétendons pas offrir à l’humanité entière la conception française du vivre-ensemble. Les Américains, les Suédois ou les Hollandais ne sont pas moins démocrates, humanistes ou égalitaires que nous. Peut-être, alors, devons-nous faire le deuil d’une certaine idée de l’universalisme – pas par conviction, par pragmatisme. Oui, l’universalisme français est particulier. Dans le monde des particularismes, il serait étrange que nous n’eussions pas le droit de défendre le nôtre.

Élisabeth Badinter, Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Élisabeth Lévy, Daniel Leconte, Richard Malka, Paul Thibaud, Philippe Val.

Le coup du « Père François »

Paris capitale des rumeurs… Un prochain ministre fait chocolat en Suisse. Un gros ! Et le Président contraint d’agir. De remanier cette fois ? Plus encore, car on ne replâtre pas une maison qui s’effondre. Alors, seul le référendum multiprise, autrement dit à questions multiples… Hollande ferait du Mitterrand amélioré ! Comme s’il n’y avait pas un autre « coup du Père François » possible, celui qu’a réalisé le Pape et qui laisse plus d’un observateur baba, y compris au Palais. Car l’excellence romaine s’est montrée plus imaginative, et plus à gauche même, que notre « souverain poncif »…
Le Président de la République ne s’est guère montré jusqu’ici bouleversifiant. Débonnaire certes, mais toujours en retard d’une crise, si l’on excepte son raid au Mali. Valéry Giscard d’Estaing s’était montré lui aussi brillant et décisif lors de son opération Kolwezi, mais sans être capable de transposer à l’intérieure sa vista extérieure. C’était un temps de choc déjà, on parlait de « chocs pétroliers », et qui ne furent pas maîtrisés ni anticipés en dépit des coups de Barre (Raymond) à droite. Comme aujourd’hui n’ont pas été pensées les épreuves dans leurs diversités et leurs gravités. Il s’en faut…



Car nous ne subissons pas une crisounette de circonstance, mais des crises financières, économiques, industrielles, sociales, psychologiques, culturelles et politiques ! Pour ne pas les avoir toutes appréhendées, les socialistes paraissent totalement désemparés chaque fois que l’une d’entre elles se manifeste, entrainant et approfondissant les autres. Le défaut de réflexion, et de prospective, fait que chaque événement prend des proportions dramatiques et laisse apparaître un pouvoir sidéré, décontenancé, incapable d’apporter des réponses adéquates. Pas à la hauteur pour le moins. Et que l’opposition soit elle-même totalement larguée et discréditée n’est d’aucune consolation !
Ainsi le mensonge Cahuzac a-t-il surpris un monde pourtant expert en menteries. Mais cette surprise avait un côté obscène, car elle dénotait plus qu’un manque de professionnalisme, elle révélait à quel point gouvernement comme élus n’avaient pas pris la mesure de notre déficit démocratique, et n’avaient en rien engagé la lutte féroce qui s’imposait contre la corruption des esprits comme des pratiques. Les mesures à prendre, fortes et radicales ne l’avaient pas été, puisque d’un côté on s’est contenté de n’aborder la crise française que par son versant économique, et de l’autre on s’est satisfait des postures moralisantes de campagne. Chacun ou presque s’en était retourné à la défense de ses petits intérêts corporatistes et politiciens plutôt que de se sacrifier aux exigences collectives d’une République exemplaire. Éthique breloque en toc, alors qu’en temps de rigueur elle est de rigueur !

 Avec des affaires en avalanche touchant au cœur de la gouvernance hollandaise, on s’est enfin rendu compte à l’Élysée comme à Matignon qu’il n’était plus possible de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs. Le pouvoir sans pouvoir économique s’exposait à la lapidation s’il perdait le bouclier de la morale. D’où l’évocation et l’approfondissement de cette idée hier traitée avec dédain d’une grande loi de moralisation de la vie publique. François Bayrou, le voltigeur de la Vérité, est plusieurs fois venu à l’Élysée — ce week-end encore — pour pousser Hollande à voir large et agir vite. Sans être entendu jusqu’ici, même s’il était écouté…
Cette loi de moralisation comprendrait plusieurs engagements : sur les conflits d’intérêt, sur la fraude et l’évasion fiscale, sur le contrôle des élus, sur le cumul des mandats, sur la suppression d’un échelon administratif, sur la diminution du nombre des parlementaires, sur l’introduction de la proportionnelle, sur le vote des étrangers aussi etc… Si ces textes étaient bloqués par les parlementaires, ce qui est probable, alors ils seraient soumis dans leur diversité à l’approbation populaire. Ce référendum proposerait donc plusieurs questions, ce qui éviterait l’aspect plébiscitaire et jetterait une sacrée pagaille dans l’opposition, mais donnerait aussi du grain à moudre à la gauche de la gauche comme aux godillots qui ont mal aux pieds…

Ainsi l’Élysée sortirait de ses embarras en attendant qu’intervienne la reprise cyclique. Croyance magique — aveugle — dans une mécanique économique qui ne tient pas compte de la psychologie dépressive ni de la crise spécifique du politique. N’y a-t-il pas quelque illusion à croire, tel Jean-Christophe Cambadélis, un des rares pourtant qui se prend la tête, que nous traversons « une crise de confiance » qui sera surmontée lorsqu’arriveront les résultats, alors que cette crise est désormais de défiance ? Même si survient le redressement économique, le moral ne suivra pas automatiquement. Le discrédit des politiques n’est pas strictement indexé au crédit économique, même s’il y a un rapport. On est tombé trop bas…

Ce que nous vivons, mal, est plus profond. De l’ordre de la mutation. C’est notre vivre ensemble, ce sont nos valeurs — solidarité, fraternité, laïcité… — qui sont en péril et qu’il faut réanimer en même temps qu’une économie endiguée. Quelques-uns à gauche, rares, regardent du côté de… Rome ! Et si François s’inspirait de François ? Le pape lui a su trouver les gestes, les symboles, les mots en son début de pontificat pour rasséréner et remobiliser son peuple. Il a convaincu ses ouailles qu’il choisissait la pauvreté pour combattre la pauvreté, que le culte de l’argent n’avait pas plus sa place au Ciel que sur la Terre, que l’espérance était une lumière qu’il fallait faire briller dans le
Malheur, que les hommes étaient frères… !
On a même vu le pape François rendre visite à son prédécesseur Benoît XVI pour prendre et user de sa force. Ah, le « malin »… On imagine pourtant François Hollande allant jusqu’à pèleriner chez Nicolas Sarkozy, non pas pour prier ensemble — il ne faut quand même pas pousser —, mais pour parler réformes démocratiques. Bon, d’accord, il y aurait un moment, long, de franche rigolade. Mais après…

Paris capitale des rumeurs… Un prochain ministre fait chocolat en Suisse. Un gros ! Et le Président contraint d’agir. De remanier cette fois ? Plus encore, car on ne replâtre pas une maison qui s’effondre. Alors, seul le référendum multiprise, autrement dit à questions multiples… Hollande ferait du Mitterrand amélioré ! Comme s’il n’y avait pas un autre « coup du Père François » possible, celui qu’a réalisé le Pape et qui laisse plus d’un observateur baba, y compris au Palais. Car l’excellence romaine s’est montrée plus imaginative, et plus à gauche même, que notre « souverain poncif »…
Le Président de la République ne s’est guère montré jusqu’ici bouleversifiant. Débonnaire certes, mais toujours en retard d’une crise, si l’on excepte son raid au Mali. Valéry Giscard d’Estaing s’était montré lui aussi brillant et décisif lors de son opération Kolwezi, mais sans être capable de transposer à l’intérieure sa vista extérieure. C’était un temps de choc déjà, on parlait de « chocs pétroliers », et qui ne furent pas maîtrisés ni anticipés en dépit des coups de Barre (Raymond) à droite. Comme aujourd’hui n’ont pas été pensées les épreuves dans leurs diversités et leurs gravités. Il s’en faut…

Car nous ne subissons pas une crisounette de circonstance, mais des crises financières, économiques, industrielles, sociales, psychologiques, culturelles et politiques ! Pour ne pas les avoir toutes appréhendées, les socialistes paraissent totalement désemparés chaque fois que l’une d’entre elles se manifeste, entrainant et approfondissant les autres. Le défaut de réflexion, et de prospective, fait que chaque événement prend des proportions dramatiques et laisse apparaître un pouvoir sidéré, décontenancé, incapable d’apporter des réponses adéquates. Pas à la hauteur pour le moins. Et que l’opposition soit elle-même totalement larguée et discréditée n’est d’aucune consolation !
Ainsi le mensonge Cahuzac a-t-il surpris un monde pourtant expert en menteries. Mais cette surprise avait un côté obscène, car elle dénotait plus qu’un manque de professionnalisme, elle révélait à quel point gouvernement comme élus n’avaient pas pris la mesure de notre déficit démocratique, et n’avaient en rien engagé la lutte féroce qui s’imposait contre la corruption des esprits comme des pratiques. Les mesures à prendre, fortes et radicales ne l’avaient pas été, puisque d’un côté on s’est contenté de n’aborder la crise française que par son versant économique, et de l’autre on s’est satisfait des postures moralisantes de campagne. Chacun ou presque s’en était retourné à la défense de ses petits intérêts corporatistes et politiciens plutôt que de se sacrifier aux exigences collectives d’une République exemplaire. Éthique breloque en toc, alors qu’en temps de rigueur elle est de rigueur !

 Avec des affaires en avalanche touchant au cœur de la gouvernance hollandaise, on s’est enfin rendu compte à l’Élysée comme à Matignon qu’il n’était plus possible de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs. Le pouvoir sans pouvoir économique s’exposait à la lapidation s’il perdait le bouclier de la morale. D’où l’évocation et l’approfondissement de cette idée hier traitée avec dédain d’une grande loi de moralisation de la vie publique. François Bayrou, le voltigeur de la Vérité, est plusieurs fois venu à l’Élysée — ce week-end encore — pour pousser Hollande à voir large et agir vite. Sans être entendu jusqu’ici, même s’il était écouté…
Cette loi de moralisation comprendrait plusieurs engagements : sur les conflits d’intérêt, sur la fraude et l’évasion fiscale, sur le contrôle des élus, sur le cumul des mandats, sur la suppression d’un échelon administratif, sur la diminution du nombre des parlementaires, sur l’introduction de la proportionnelle, sur le vote des étrangers aussi etc… Si ces textes étaient bloqués par les parlementaires, ce qui est probable, alors ils seraient soumis dans leur diversité à l’approbation populaire. Ce référendum proposerait donc plusieurs questions, ce qui éviterait l’aspect plébiscitaire et jetterait une sacrée pagaille dans l’opposition, mais donnerait aussi du grain à moudre à la gauche de la gauche comme aux godillots qui ont mal aux pieds…

Ainsi l’Élysée sortirait de ses embarras en attendant qu’intervienne la reprise cyclique. Croyance magique — aveugle — dans une mécanique économique qui ne tient pas compte de la psychologie dépressive ni de la crise spécifique du politique. N’y a-t-il pas quelque illusion à croire, tel Jean-Christophe Cambadélis, un des rares pourtant qui se prend la tête, que nous traversons « une crise de confiance » qui sera surmontée lorsqu’arriveront les résultats, alors que cette crise est désormais de défiance ? Même si survient le redressement économique, le moral ne suivra pas automatiquement. Le discrédit des politiques n’est pas strictement indexé au crédit économique, même s’il y a un rapport. On est tombé trop bas…

Ce que nous vivons, mal, est plus profond. De l’ordre de la mutation. C’est notre vivre ensemble, ce sont nos valeurs — solidarité, fraternité, laïcité… — qui sont en péril et qu’il faut réanimer en même temps qu’une économie endiguée. Quelques-uns à gauche, rares, regardent du côté de… Rome ! Et si François s’inspirait de François ? Le pape lui a su trouver les gestes, les symboles, les mots en son début de pontificat pour rasséréner et remobiliser son peuple. Il a convaincu ses ouailles qu’il choisissait la pauvreté pour combattre la pauvreté, que le culte de l’argent n’avait pas plus sa place au Ciel que sur la Terre, que l’espérance était une lumière qu’il fallait faire briller dans le
Malheur, que les hommes étaient frères… !
On a même vu le pape François rendre visite à son prédécesseur Benoît XVI pour prendre et user de sa force. Ah, le « malin »… On imagine pourtant François Hollande allant jusqu’à pèleriner chez Nicolas Sarkozy, non pas pour prier ensemble — il ne faut quand même pas pousser —, mais pour parler réformes démocratiques. Bon, d’accord, il y aurait un moment, long, de franche rigolade. Mais après…

Les 6 mensonges des élites françaises bien plus graves que tous ceux sur les comptes à l’étranger de Cahuzac et cie

Tous les regards sont aujourd'hui braqués sur les mensonges de Jérôme Cahuzac. Pourtant, les élites françaises mentent sur des questions potentiellement beaucoup plus explosives...
Eric Verhaeghe: Vous commencez par le sujet le plus sensible, celui des retraites. Si j'en juge aux réactions de colère que suscite la désindexation des retraites complémentaires, c'est la question difficile par excellence. Pourtant, elle est assez simple à comprendre: l'espérance de vie a augmenté, depuis 1945, d'environ 20 ans. Quand un Français prenait sa retraite à 65 ans en 1950, il pouvait raisonnablement espérer en profiter moins de dix ans. Aujourd'hui, les Français partent à la retraite 5 ans plus tôt, et vivent 20 ans de plus. Mécaniquement, les sommes qui étaient versées pendant six ou sept ans il y a cinquante ans sont aujourd'hui versées quatre fois plus longtemps. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que ce système ne peut pas être indéfiniment préservé sans des dommages lourds pour le niveau de vie des actifs. Ceux-ci cotisent moins longtemps et sont appelés à bénéficier d'une retraite de plus en plus longuement. La ponction exercée sur la richesse produite par les actifs pour financer ce système est donc de plus en plus lourde, jusqu'à devenir insupportable.
La faillite du système à laquelle nous assistons était éminemment prévisible et a d'ailleurs été largement anticipée. La réforme Fillon de 2003 avait posé un principe salutaire: toute année de retraite devait être précédée de près de deux ans de cotisations. Cette règle simple, qui n'est plus suivie, devait permettre de relever automatiquement l'âge de départ à la retraite.

Tout ceci montre qu'en réalité les politiques ont plutôt fait le job en disant les risques et en cherchant à les prévenir. Il faut maintenant avoir le courage de dire que l'effort doit se poursuivre.

Mathieu Mucherie : Quel que soit le régime de retraite, répartition ou capitalisation, tout dépend de la croissance future. Compte-tenu de l’effondrement de notre croissance potentielle suite aux errements monétaires de ces dernières années, et compte tenu de l’absence de tout provisionnement sérieux au cours de la période précédente, toutes les promesses mitterrandiennes (des retraites généreuses, dès 60 ans, avec des cotisations encore à peu près supportables pour les actifs, et avec des régimes spéciaux encore plus généreux) ne pourront pas être tenues.

Tant qu’on ne traitera pas la question de la croissance (donc de la politique monétaire) et tant qu’on n’avancera pas vers un système plus juste, plus incitatif et plus transparent (du type retraites par points), le nœud coulant continuera à se resserrer sur les actifs et sur les plus jeunes.  

Sophie Pedder : Je ne pense pas qu'il faille parler de mensonges mais plutôt de déni politique même s'il est vrai qu'une absence de discours de vérité sur ces sujets se manifeste depuis longtemps. Le système français des retraites ne pourra pas échapper aux règles que se sont imposées l'ensemble des pays européens pour sauver leurs propres systèmes. Certains Etats ont même repoussé l'âge de départ à la retraite à 69 ou 70 ans !

La France est presque le seul pays à ne pas avoir encore aborder ce sujet de façon profonde. Il s'agit pourtant du seul choix possible pour rétablir les comptes à l'équilibre : les Français devront travailler plus longtemps. C'est une vérité que plus personne ne peut nier. Pourtant, les hommes politiques continuent de préférer "faire rêver" les Français lors des élections pour ensuite les décevoir - car ces rêves ne se basent pas sur des réalités concrètes - plutôt que de remettre en cause leurs chances de remporter ces échéances électorales.

Qu'on se le dise : nous n'échapperont pas à cette réforme. D'ailleurs, la France a un très grand avantage par rapport aux autres pays européens puisqu'elle dispose d'un grand nombre de jeunes, le taux de natalité étant parmi les plus élevés d'Europe, ce qui signifie qu'elle n'aura pas à connaitre le véritable "choc sur les retraites" comme l'a vécu l'Allemagne par exemple. Le système peut donc perdurer à condition que les Français travaillent plus longtemps.

2) Non, la sécurité sociale n'est pas un acquis immuable

Selon les rapports de l'assurance maladie, les dépenses de santé financées par la Sécurité sociale pourraient accroître de 50% d'ici 2015 du fait du développement des affections longue durée, du coût des nouvelles technologies médicales et du vieillissement de la population.


Eric Verhaeghe : Il me semble que le principal danger qui pèse sur la sécurité sociale tient aux effets pervers des choix qui sont faits pour assurer son financement. Ces choix sont déresponsabilisants, et donnent le sentiment aux assurés que l'argent de la sécurité sociale tombe du ciel.

Je prends un exemple: les indemnités journalières. Selon le principe habituel: "le tarif ne doit pas dépendre du risque", un patron qui gère son entreprise de façon rugueuse et produit beaucoup d'arrêts maladies paie le même tarif qu'un patron qui ménage ses salariés et cherche à éviter l'absentéisme. Cette logique déresponsabilise donc les acteurs et incite aux logiques de passager clandestin. Si j'ai un surcroît d'activité dans mon entreprise, j'ai intérêt à mettre mes salariés sous pression, au lieu de recruter un CDD, car la sécurité sociale paiera le prix de l'absentéisme qui s'en suivra, sans majorer mon tarif.

Cette aberration explique que la sécurité sociale paie aujourd'hui 13 milliards d'euros d'indemnités journalières là où, il y a 5 ans, elle ne payait que 8 milliards. Autrement dit, si nous revenions à l'absentéisme d'il y a 5 ans, personne ne parlerait du déficit de l'assurance-maladie (qui est inférieur à 5 milliards). Or, pour diminuer l'absentéisme dans les entreprises, il y a une méthode très simple: faire payer plus cher ceux qui réalisent les risques, pour les inciter à diminuer la sinistralité.

Mathieu Mucherie : Même remarque que sur les retraites à propos de la croissance. Sur un plan plus politique, plus personnel et à long terme, je dirais que la sécurité sociale « à la française » est un danger en elle-même dans la mesure où elle conduit à une nounoucratie, à une matriarchie et à une voyoucratie. Les incitations économiques ne font pas partie du système, c’est un vaste tiers-payant, un zoo de l’absurde. Mais tant que la BCE continuera à créer des chômeurs pour se faire plaisir et montrer ainsi toute la portée de son indépendance, il sera hélas nécessaire de poursuivre dans ce régime soviétique pour amortir le choc.  

Sophie Pedder : Si l'on regarde la dépense sociale au sens le plus large possible par rapport au PIB, la France est  championne en Europe. Cette situation n'est tout simplement pas soutenable, il n'est pas possible d'être aussi dépensier en matière sociale et être au dessus la moyenne en termes de croissance économique.

Il faut désormais poser la question clairement : quels champs de protections et de prestations la France peut-elle raisonnablement aborder dans une logique pragmatique et soutenable ? Le gouvernement a d'ailleurs commencé à aborder cette question en touchant aux prestations familiales pour les ménages les plus aisés (le rapport de Bertrand Fragonard propose en effet de moduler les montants des allocations familiales perçues en fonction des niveaux de revenus, ndlr). En ce sens, il pose une bonne question puisque d'autres pays comme la Grande-Bretagne ont littéralement supprimé ces prestations pour les ménages les plus aisés. Certes, ce n'est pas la solution idéale, mais cela montre bien à quel point les autres pays ont réformé leurs système de protection sociale pour les sauver.

Il faut redéfinir les champs de prestations accordés par la sécurité sociale française. Pour cela, le gouvernement peut s'y prendre de plusieurs façons comme en instaurant des prestations progressives en selon les revenus. C'est une piste parmi d'autres.

 3) Non, les comptes publics ne sont pas sincères

François Hollande espère un déficit de 3,7% en 2013. C'est sans compter les dépenses et les engagements hors bilan de l’État français.
Eric Verhaeghe : Cacher la poussière du déficit sous le tapis est un exercice obligé chez tous les ministres du Budget qui se succèdent à Bercy depuis 10 ans. Toutes les techniques ont été utilisées. La plus amusante est celle qui consiste, dans les services de l'Etat, à ne plus player les factures téléphoniques à partir du mois de septembre pour les reporter à l'année suivante. Mais d'autres techniques plus sophistiquées sont en effet couramment utilisées, comme le recours au hors bilan.

Il serait assez divertissant de dresser un palmarès des ministères les moins sincères. C'est au demeurant un exercice à peu près impossible, car l'Etat est un animal tentaculaire que personne ne peut plus contrôler. Quand François Hollande annonce que la rigueur budgétaire dans les services de l'Etat atteint ses limites, il ne décrit pas une réalité financière, mais un problème de gouvernance: plus personne ne parvient à diriger cette machine hyper-trophiée. Il faudra un jour égrener les mensonges que la réforme de l'Etat recouvre. Par exemple, il existe une mode absurde: celle de la mutualisation des achats, qui est censée produire des économies d'échelle par le regroupement des commandes dans des proportions vertigineuses.

Mathieu Mucherie : Comment nos chères finances publiques pourraient-elles ressembler à ce marécage insondable décrit par de vils économistes pro-libéraux et pro-américains alors que les responsables (DSK hier, Cahuzac aujourd’hui) ont l’air si honnêtes, et alors que les gens de Bercy sont de notoriété publique les plus compétents au monde ?

Pour notre « défense », le hors-bilan des finances publiques allemandes (où rien n’a été provisionné, ni le vieillissement, ni la sortie du nucléaire et les banques régionales) est probablement encore pire. Mais eux au moins contrôlent la monnaie, ce qui vaut largement plusieurs porte-avions King Size.

4) Non, la crise de l’euro n’est pas finie

Le président français a affirmait lundi 10 décembre 2012 : "la crise de la zone euro est "derrière nous". A condition que nos créanciers continuent à acheter notre dette...

Eric Verhaeghe : Soyons clairs: l'euro est une monnaie en crise structurelle permanente. Pour une raison simple: les distorsions entre les pays de la zone euro ne sont pas mises sous contrôle par une politique budgétaire harmonisée. Tout le monde sait cela depuis les années 60 et l'invention de la théorie de la zone monétaire optimale. Selon cette théorie, une monnaie unique ne peut fonctionner que si elle s'accompagne d'une politique économique concertée sur l'ensemble de la zone de monnaie unique.

Quand on a créé l'euro, cette théorie était parfaitement connue et, pour le coup, les politiques ont fait semblant de ne pas savoir. Ils ont créé la monnaie unique en jurant que sa réussite n'exigeait pas une diminution de la souveraineté nationale en matière budgétaire. C'était un mensonge pur. Certains ont fait le pari que l'euro produirait de la croissance et que la question de l'harmonisation budgétaire ne se poserait pas immédiatement.

Mathieu Mucherie : La crise en zone euro ne peut que continuer tant que la terreur monétaire (des taux 300 points de base trop hauts pour nous et 600 points de base trop hauts pour les Espagnols) continuera, c'est-à-dire tant que la BCE indépendante n’aura pas été destituée d’une façon ou d’une autre.

En attendant, la dette privée et publique ne peut se réduire, compte tenu des pressions déflationnistes, le refrain est bien connu depuis Irving Fisher au moins. Au mieux ce sera la japonisation au Nord (mais la France fera-t-elle partie du Nord ?) et l’Argentinisation au Sud (mais sans le soja OGM et les matières premières pour amortir). Tous aux chaloupes, et bonne chance.

Sophie Pedder : François Hollande avait un problème : il semblait voir la crise en zone euro comme une petite crise de nature conjoncturelle à laquelle succéderait rapidement et facilement la croissance économique et les bénéfices qui y sont inhérents. En réalité, nous sommes parti pour des années et des années de croissance molle en Europe comme ce fut le cas pour le Japon. Nous ne sommes pas dans une situation conjoncturelle mais structurelle. La croissance semble faire son retour au niveau mondial, les pays émergents étant devenus les moteurs de celle-ci. Seule l'Europe est encore en récession et les politiques, surtout en France, n'ont pas encore trouvé de nouveaux moteurs de croissance internes pour l'avenir de notre pays.

Nous ne pouvons pas parler d'une crise bientôt finie puisque nous connaissons actuellement une véritable mutation structurelle de notre économie. La France doit miser sur le high-tech, l'innovation et le savoir. Nous ne pouvons plus attirer les investisseurs avec nos usines automobiles. Il nous faut le Google français de demain et plus globalement les entrepreneurs des secteurs d'avenir. Nous ne pouvons plus être dans le déni.

5) Non, les banques ne sont pas si solides

François Hollande avait déclaré lors de son discours du Bourget en janvier 2012 : "Mon véritable adversaire, c'est le monde de la finance". Sa réforme bancaire a minima suffira-t-elle à nous préserver d'une nouvelle crise financière ?


Eric Verhaeghe : Mais qui, à part les banquiers, a soutenu que les banques étaient solides? Tout le monde sait que les banques continuent à afficher dans leurs bilans des actifs surévalués. Certains ont prié Sainte Rita, madonne des actuaires, en espérant pouvoir le cacher le plus longtemps possible, mais le miracle ne s'est pas produit. C'est le cas du Crédit Agricole qui a englouti des milliards et des milliards dans des placements absurdes en Grèce, financés par les scandaleux profits de l'assurance emprunteur. De ce point de vue, le gâchis est énorme.

Toutes les banques sont contaminées par ces produits toxiques. Là, pour le coup, il faut instruire le procès des medias, qui ont savamment caché la réalité aux Français, et qui continuent à la cacher avec des méthodes peu recommandables.

Mathieu Mucherie : Les banques commerciales sont, dans une situation de crise monétaire, hyper-dépendantes de la politique de la banque centrale, je veux dire par là encore plus dépendantes que d’habitude.

On peut donc dire que les valeurs bancaires de la zone euro sont assez logiquement massacrées par les marchés depuis 2007, plus que leur consœurs américaines. Rien à voir avec la régulation ou la supervision, et tout à voir avec l’absence de Quantitative Easing (assouplissement monétaire, ndlr) et en conséquence avec la fragilité des PIGS et en conséquence avec l’obligation de perfuser les banques des PIGS par des programmes de liquidités trompeurs ; pour résumer : la BCE matraque les banques par sa politique hyper restrictive, et dans le même temps elle perfuse les maillons les plus faibles qu’elle transforme en banques zombies à la japonaise pour éviter une cascade de faillites qui lui serait reproché, d’où un syndrome de Stockholm chez les acteurs bancaires, et au total comment voulez-vous que les acteurs économiques et financiers s’y retrouvent ?

6) Non, les politiques n'ont pas autant de marges de manœuvre qu'ils veulent le laisser croire

François Hollande prétendait relancer la croissance en Europe. Mais qui détient réellement le pouvoir au sein de l'Union européenne ?


Eric Verhaeghe : D'abord, je dirais volontiers que les politiques ont le pouvoir qu'ils se donnent. Bien entendu, s'ils décident sans connaître les réalités, sans étudier les dossiers, l'affaire est entendue: leur impact sur la réalité est nul, ou conflictuel. En revanche, s'ils font le job, il n'y a aucune raison que le pouvoir leur échappe.

Et puis, je ne suis pas sûr que les politiques doivent continuer à décider de tout comme ils le voudraient. Que le pouvoir de l'Etat soit limité me va très bien. Il y a des choses plus importantes dans la vie que de vivre sous la protection du papa-Etat, symbole de toutes les autorités. Par exemple, la liberté individuelle est quand même une donnée très importante de l'existence. Elle me paraît peu compatible avec l'obsession de l'Etat qui dévore le pays. C'est quand même très bien de vivre une vie quotidienne où tout n'est pas régenté, normé, encadré, par des fonctionnaires.

Mathieu Mucherie : François Hollande a moins d’impact que Benoit Coeuré (membre français du directoire de la BCE, ndlr) sur le plan économique et financier, du moins tant qu’il restera dans le moule du magistère germano-allemand sur la monnaie (servitude volontaire qui avait condamnée Sarkozy à la défaite, c’est pourquoi il y réfléchira peut-être et que tout n’est pas perdu). La Commission est démonétisée depuis le viol permanent du Pacte de stabilité et l’Eurogroupe est encore plus insignifiant depuis que la BCE ne se cache même plus pour diriger la troïka, pour accentuer son impérialisme institutionnel (OPA inamicale sur la politique de changes, OPA sur la supervision bancaire, chantage aux réformes structurelles) et pour se renforcer dans l’opacité.

Quant au Parlement européen, c’est toujours une blague : les auditions de Mario Draghi ne ressemblent en rien à celles de Ben Bernanke devant le Sénat. C’est peu dire qu’il y a un sérieux problème démocratique en zone euro, une concentration de pouvoirs rarement atteinte dans l’Histoire au profit de gens non élus et pas même compétents qui peuvent en toute impunité adresser un ultimatum sur leur site internet à l’encontre d’un Etat membre (la semaine dernière…) en menaçant de l’Armageddon monétaire. En comparaison, la pression des marchés financiers est une aimable plaisanterie.

Sophie Pedder : Il n'y a pas de "forces externes" qui dictent réellement à la France ce qu'elle doit faire. Disons plutôt que l'économie de l'hexagone est surveillée. Mais cela était déjà vrai par le passé : la devise - le franc en l’occurrence - était le thermomètre de la confiance que les marchés accordaient au pays. Même s'il n'y avait pas de façon aussi présente la Commission européenne, l'Allemagne ou les autres acteurs de poids en Europe, la situation était tout aussi, si ce n'est plus, compliquée qu'à l'heure actuelle car cette instabilité monétaire pouvait jouer sur la compétitivité et l'économie dans son ensemble. L'euro a apporté une grande stabilité. C'est une erreur de croire que les marges étaient réellement plus facile auparavant.

C'est désormais la jeunesse qui seule peut faire bouger les lignes et tout ceux qui ont des idées neuves. Les hommes politiques doivent mettre en place les conditions de leur réussite plutôt que de les étouffer avec des taux d'imposition intenables et des contraintes trop fortes en terme de régulation.

La gueule de bois

La gueule de bois 

 Une semaine d'absence. Début d'après-midi de vendredi triste et brouillasseux. Sur un coin de table, la pile des journaux classés par dates, une paire de ciseaux pour archiver l'essentiel et pour découper ces petites tranches de vie que l'on sirote comme des gorgées de plaisir. L'impatience aussi de renouer avec l'actualité, cette addiction dont on guérit si mal. Vertige. Malaise jusqu'à la peur de la spirale terrifiante. Envie de vomir. La folle cascade de chocs et événements qui a fait la une ces derniers temps bastonne la démocratie mutilée par les égarements que la liberté des juges a mis au jour. Un assourdissant bazar. En fond, les musiques d'Al-Andalus, ce rêve brisé de fraternité universelle, deviennent gênantes.

Un vrai printemps pourri. Les aveux de Cahuzac, la mise en examen de l'ex-président, les intégristes catholiques la nuit chez une sénatrice pas d'accord avec eux, une ancienne ministre gazée dans la manif anti-mariage gay, les jeunes qui exigent leur part de promesses, un trésorier aux Caïmans, deux banques épinglées, une Europe malade qui bafouille le sauvetage de Chypre, un mort à Koh-Lanta et des injures qui fusent.

Une trop longue suite de n'importe quoi. À croire que la France était bourrée. Une de ces grosses cuites qui vous fait marcher de travers et perdre tout bon sens. Sauf que c'est nous qui avons la gueule de bois. La surproduction de scandales a un goût plus amer en temps de crise. S'il existait un thermomètre pour indiquer la température du sang qui bout dans les veines, il faudrait le surveiller attentivement. Car les portes de la colère ouvrent toujours sur la rue sous la pression de l'injustice. Ce n'est pas une affaire de morale, les Français savent que l'on ne gouverne pas avec des bons sentiments. Ce qu'ils veulent, c'est que l'on abandonne cette logique de règlements de comptes pour revenir à une logique de projet.

D'accord pour les larmes et la sueur churchiliennes si elles doivent nous libérer de la crise qui n'en finit pas. Mais pour gagner ce consensus général, il faut des responsables politiques crédibles qui tiennent ferme le gouvernail de l'État. Le vrai risque aujourd'hui ce n'est pas le populisme, c'est de ne pas sortir de la crise.

Pas tous pourris, mais tous déçus

Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.

François Régis Hutin
Tous pourris ? Sûrement pas ! Cela, il faut le dire et le répéter face au choc subi ces jours-ci. L'événement est spectaculaire. Il ébranle non seulement l'actuel gouvernement et le président de la République, mais au-delà notre démocratie elle-même. Le pire est qu'ainsi, la suspicion se développe, distillant le doute et le scepticisme : à quoi bon s'engager dans la politique, dans le social si tout est vermoulu ? C'est une incitation à se replier sur soi, à se tenir loin de « tout ça ». C'est un renforcement de cet abstentionnisme qui se développe et qui finit par faire le lit des extrémismes.


Pourtant, le dévouement est présent de multiples façons dans notre société. Des gens admirables se donnent aux autres, aident, soutiennent, rendent service, discrètement, humblement et même tout au long de leur vie, qu'ils soient simples citoyens, qu'ils travaillent dans le public ou le privé, qu'ils soient fonctionnaires, responsables, élus. Le désintéressement est pratiqué par beaucoup car de leurs actions, souvent bénévoles, ils n'attendent rien d'autre en retour que la satisfaction du devoir accompli, celui de la fraternité, de l'amitié, de la solidarité. Et cela par-delà les innombrables échecs, les manques, les chutes, les erreurs, les régressions.

Une éthique qui s'impose à tous

Non, tout n'est pas pourri dans notre démocratie, mais ce ne sont pas les dérives apparaissant chez nous et ailleurs qui peuvent nous exonérer de toujours chercher l'amélioration de nos comportements et du fonctionnement de nos institutions. En effet, partout dans le monde, des personnes et des systèmes sont mis en cause et nous le vivons actuellement, que ce soit à Chypre, en Espagne, en Chine... Et nous, la France, n'échappons donc pas à la règle.

Mais qu'est-ce donc que cette règle au total sinon une éthique qui s'impose à tous comme une nécessité, garantissant la possibilité de vivre en société ? Il y a donc quelque chose dans le coeur des hommes où qu'ils se trouvent qui est commun à tous, même si tous ne s'y conforment pas, même si chacun de nous n'y participe pas toujours et si chacun à un moment ou à un autre de sa vie s'en écarte.

Cette éthique est une exigence. Elle fonctionne comme un appel vers le meilleur, vers les sentiments les plus élevés. Elle nous rappelle en même temps que chacun est faillible et que, dans nos jugements, nous devrions nous le rappeler. Quelques témoignages, venant aussi bien de socialistes que de l'opposition, ont appelé à ne pas jeter la pierre sur un homme à terre. Ceci aussi fait partie de notre éthique.

Tous pourris ? Certainement pas ! Tous déçus ? Certainement oui quand un tel drame éclate. Mais ce n'est pourtant pas une raison pour se retirer sur son quant-à-soi. C'est au contraire un appel à progresser mais aussi à s'engager en vue d'améliorer le fonctionnement de notre démocratie qui reste un bien si précieux.