lundi 11 février 2013
Comme le lait sur le feu
Comme le lait sur le feu
Demain, les professeurs des écoles sont appelés à faire grève contre la réforme des rythmes scolaires. Le 5 mars prochain, la CGT et Force ouvrière, qui, dans leur histoire, ont été le plus souvent opposées, organisent ensemble « manifestations et arrêts de travail » pour protester contre l’accord social paraphé le 11 janvier dernier, entre le patronat d’une part, la CFDT, la CFTC, la CFE-CGC (cadres) de l’autre. Un accord sur la compétitivité des entreprises et la sécurisation de l’emploi que le gouvernement doit transformer en un texte législatif. Celui-ci devrait être connu dans les prochaines heures, mais ne va pas de soi, chacun des signataires craignant de voir dénaturer le compromis « historique » obtenu il y a un mois.
Le social revient donc au centre de l’actualité et au cœur des ennuis gouvernementaux. Aux tensions souvent très vives qui sont apparues à propos des grands dossiers de restructuration industrielle – Goodyear, Petroplus, PSA, ArcelorMittal… – s’ajoute la subtilité des stratégies syndicales. La CGT change prochainement de chef, et le nouveau secrétaire général, Thierry Lepaon, qui prend ses fonctions le mois prochain, hausse ainsi le ton : « Hollande s’inscrit dans la suite de Sarkozy, il considère, lui aussi, que le travail est un coût qu’il faut baisser », tacle (dans le « Journal du Dimanche ») le successeur de Bernard Thibault, dans un féroce amalgame.
L’effervescence est donc palpable, et elle inquiète jusqu’au ministre de l’Intérieur, qui a prévenu que son rôle était « le maintien de l’ordre ». Après les affrontements de la semaine dernière devant le Parlement à Strasbourg entre les ArcelorMittal et la police, Manuel Valls adresse ainsi une mise en garde, mais laisse aussi transparaître sa crainte de nouveaux troubles.
On est encore loin d’un mouvement d’ampleur, que les divisions syndicales rendent improbable pour l’instant. Mais le mécontentement qui s’exprime parmi les enseignants et une partie des représentants des salariés, réputés plutôt favorables à la gauche, a de quoi inquiéter le chef de l’État. Le terrain social est à surveiller comme le lait sur le feu. Après la glorieuse parenthèse malienne, brutal retour sur la scène intérieure.
«Je déclare renoncer au ministère d'évêque de Rome»
C'est lors d'une réunion de cardinaux lundi que Benoît XVI a annoncé qu'il renonçait à sa fonction. Voici la version française de son intervention.
Voici le verbatim du discours que le pape Benoît XVI a prononcé lundi lors d'un consistoire à Rome et au cours duquel il a annoncé sa démission à partir du 28 février. Le discours a été prononcé en latin et la traduction en sept langues, dont le français, a été réalisée par la salle de presse du Vatican.
«Frères très chers,
Je vous ai convoqués à ce consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l'Église.
Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien.
Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière.
Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l'Évangile, la vigueur du corps et de l'esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s'est amoindrie en moi d'une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié.
C'est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d'Évêque de Rome, successeur de saint Pierre, qui m'a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le siège de Rome, le siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l'élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.
Frères très chers, du fond du cœur je vous remercie pour tout l'amour et le travail avec lequel vous avez porté avec moi le poids de mon ministère et je demande pardon pour tous mes défauts. Maintenant, confions la sainte Église de Dieu au soin de son Souverain Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa Sainte-Mère, Marie, afin qu'elle assiste de sa bonté maternelle les pères cardinaux dans l'élection du Souverain Pontife.
Quant à moi, puissé-je servir de tout cœur, aussi dans l'avenir, la Sainte Église de Dieu par une vie consacrée à la prière.»
«Frères très chers,
Je vous ai convoqués à ce consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l'Église.
Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien.
Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière.
Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l'Évangile, la vigueur du corps et de l'esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s'est amoindrie en moi d'une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié.
C'est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d'Évêque de Rome, successeur de saint Pierre, qui m'a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le siège de Rome, le siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l'élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.
Frères très chers, du fond du cœur je vous remercie pour tout l'amour et le travail avec lequel vous avez porté avec moi le poids de mon ministère et je demande pardon pour tous mes défauts. Maintenant, confions la sainte Église de Dieu au soin de son Souverain Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa Sainte-Mère, Marie, afin qu'elle assiste de sa bonté maternelle les pères cardinaux dans l'élection du Souverain Pontife.
Quant à moi, puissé-je servir de tout cœur, aussi dans l'avenir, la Sainte Église de Dieu par une vie consacrée à la prière.»
Cheval mon ennemi !
Cheval mon ennemi !
Et dire que 2013 devait être l'année de la viande de cheval ! Les professionnels entendaient en réhabiliter la saveur en vantant une viande un peu filandreuse et tendre mais riche en fer. On allait même la trouver au menu de restaurants branchés. Et voilà que survient le scandale des lasagnes au cheval certifiées 100 %… viande de b'uf. Comme toujours, on a un peu tout mélangé dans un mouvement d'affolement accompagné, évidemment, d'une fièvre de cheval. En France, la grande distribution a procédé au retrait de produits surgelés susceptibles de contenir du cheval au lieu du b'uf.
Haro sur le baudet, donc, même si, jusqu'à preuve du contraire, on n'est pas ici en présence d'un scandale sanitaire mais d'une tromperie sur la marchandise et d'une escroquerie. Ce n'est pas que la faute soit moins grave mais elle ne menace pas directement notre santé. Voilà pourquoi on en veut un peu à David Cameron. Au prétexte que la Grande-Bretagne a, la première, découvert l'escroquerie, le Premier ministre britannique a été trop heureux d'administrer un coup de pied de l'âne à la France.
On sait nos amis anglais très à cheval sur l'étiquette, mais il y a un petit côté mesquin dans leur façon de nous moquer, sans doute pour se venger du temps où leurs vaches étaient folles. C'est d'autant moins fair-play que le scandale d'aujourd'hui résulte de contrôles indigents et de ces pratiques libérales, dictées par le seul souci du profit, défendues par Londres.
Que viennent donc faire tous ces intermédiaires et ces traders dans l'achat de viande en Roumanie ? Et nos distributeurs, ne pourraient-ils pas acheter du b'uf « made in France » ? Hélas, il y a les coûts qui pèsent et l'on sait les pressions exercées par le lobby agroalimentaire. Suggérons quand même à David Cameron, pourfendeur de l'aide alimentaire européenne, de proposer aux Restos du c'ur nos produits chevalins retirés des rayons. Les démunis préféreront ça à la vache enragée !
Égoïsme : 1 – Europe : 0
Égoïsme : 1 – Europe : 0
Mais est-ce cela, l’Europe ? L’Europe de ce compromis plus bancal que bancal signé à Bruxelles ? Peu importe le montant du budget de l’UE jusqu’en 2020, tel qu’adopté par les chefs d’État et de gouvernement. Ce qui devrait compter est la volonté politique exprimée sous les chiffres. Or, elle est inexistante. Elle frise le zéro absolu, style Société des Nations des années 1930.
Car chaque capitale semble fière d’avoir préservé ses acquis. Paris son « retour » financier au nom de la Politique agricole commune. Berlin la sauvegarde des aides communautaires aux régions de l’ex-RDA, tout en clamant haut et fort que l’Allemagne reste le grand « contributeur net » du budget de l’UE – ce qui est complètement faux par rapport au PIB/habitant. Et David Cameron peut se vanter d’avoir obtenu satisfaction sur les compressions réclamées par Londres. D’ailleurs, il n’a pas tout à fait tort : le fonctionnement de l’UE – qui représente au moins 6 % de son budget – est une gabegie.
Passons. Le véritable problème se résume encore plus simplement. Plus personne ne croit en l’Europe, chaque État défend bec et ongles son égoïsme national. Comme si l’UE n’était qu’une immense zone de libre-échange grevée par quelques politiques communes héritées du passé – comme la PAC – et de moins en moins tolérées. Quant à un avenir commun, qui s’y réfère encore ? Rappelons que mardi dernier, le président Hollande avait plaidé pour plus d’initiatives économiques et monétaires. En vain. La preuve en est ce budget avec rien pour la croissance, pratiquement rien pour les jeunes générations, et moins que rien en aides – notamment en secours alimentaire – pour les Européens qui en ont besoin.
Certes, le Parlement de Strasbourg aura le dernier mot sur ce budget. Sans doute va-t-il grappiller un euro ici ou là. Mais sur l’essentiel, malgré la fronde annoncée d’une majorité d’eurodéputés, il se pliera. Les élections européennes se dérouleront en juin 2014. Sur des scrutins de listes établies par les partis au gouvernement… ou par les formations d’opposition prêtes à prendre les rênes.
Bref, il faudrait beaucoup, beaucoup de courage politique aux eurodéputés pour dire non. Au risque d’une crise ? Chiche !
Mouvement
Mouvement
Un mois jour pour jour après le début de l’offensive française au Nord Mali, la guerre vient de changer de visage. Pas radicalement, pas encore, mais de façon suffisamment spectaculaire toutefois pour que soit réexaminé le calendrier de retrait des troupes françaises. Celui-ci devait débuter à la fin du mois, rien n’est désormais moins sûr.
Les événements qui se sont produits à Gao ce week-end ont fait resurgir la hantise de l’enlisement, cette peur primale de tout chef d’armée que l’on croyait en l’espèce définitivement évacuée.
Ils obligent la France à repenser une stratégie militaire jusqu’alors basée sur la vitesse d’exécution et l’effet de surprise. Ils la contraignent à ralentir sa marche en avant, à prendre le temps de sécuriser les alentours des villes stratégiques du nord et donc à différer l’approche du sanctuaire montagneux de l’Adrar des Ifoghas.
En attaquant le cœur d’une cité pourtant aux mains des Français depuis le 26 janvier, les commandos islamistes n’avaient pas d’autre but. Les jours qui viennent diront si ce n’était là qu’un coup de bluff, un baroud d’honneur un peu désespéré ou le début d’une guérilla sans merci qui attendait son heure.
Pour François Hollande, ce serait évidemment le pire des scénarios. Cette guerre, si parfaitement maîtrisée, doit absolument être brève pour être un succès, il le sait depuis le premier jour.
La France ne peut quitter le Mali en donnant l’impression de fuir ses responsabilités. Et surtout pas en laissant derrière elle des poches islamistes qui se réactiveront dès son départ pour ne faire qu’une bouchée d’une armée malienne qui en est à s’affronter armes aux poings dans les rues de Bamako.
Mais elle ne peut pas non plus s’attarder. Elle n’en a pas les moyens financiers et sans doute pas humains non plus. L’opinion publique, si prompte à se retourner, ne le comprendrait pas. La marge de manœuvre est infime.
Hollande : de Musclor à Monsieur ça aurait pu être pire !
Dans "Politique première" sur BFM TV, Anna Cabana, grand reporter au "Point", revient sur l'accord sur le budget européen, un camouflet pour le président.
Depuis qu'un accord a été arraché vendredi entre les Vingt-Sept sur le budget européen 2014-2020 - en baisse pour la première fois dans l'histoire de l'UE -, François Hollande essaie de convaincre qu'il ne s'agit pas d'un camouflet pour la France. Politiquement, c'est un camouflet pour lui.
Parce qu'il avait fait de l'enjeu budgétaire européen un engagement crucial de sa campagne présidentielle. Souvenez-vous : il allait lutter contre l'austérité voulue par les conservateurs européens ; il assurait que la rigueur en France serait compensée par une relance européenne à laquelle il accrochait son destin - et le nôtre... Quand on dramatise autant les enjeux, il faut être sûr de son coup. Depuis son élection, il a continué à montrer les muscles sur le sujet, et pas plus tard que mardi dernier, à Strasbourg, devant le Parlement européen. Il était martial. Il n'accepterait pas, jurait-il, la baisse du budget voulue par les Britanniques : "Il faudra raisonner les pays européens qui veulent aller au-delà de ce qui est raisonnable dans les coupes", assénait-il. Et toutes ces rodomontades pour quoi ? Pour laisser les conservateurs faire le "mauvais budget" contre lequel il promettait de se battre. Lire la suite ici
Comment et pourquoi on choisit ses amis, les explications scientifiques
Plusieurs études réalisées sur les dauphins, les singes et les humains montrent que les raisons pour lesquelles nous choisissons nos amis sont beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît...
L'écrivain irlandais C. S. Lewis a dit un jour : "L'amitié naît quant une personne dit à une autre 'Quoi ! Vous aussi ? Je croyais que j'étais le seul'." Il n'était pas le premier à le penser. Bien avant lui, en 360 avant J.-C., Platon a écrit : "La similitude engendre l'amitié". Et selon Aristote, l'amitié germerait notamment de la découverte d'affinités ou de points communs : plus les centres d'intérêts communs sont nombreux, plus l'amitié a des chances de devenir forte.
Deux personnes qui partagent les mêmes idées, les mêmes valeurs et les mêmes goûts auraient donc plus de chances de devenir amis. Cette idée est pourtant trompeuse. Comme le rappelle le site de la BBC, la plupart des amitiés se développent entre des individus qui n'appartiennent pas à une même famille et qui ne sont pas des partenaires sexuels. C'est pourquoi, l'amitié ne pourrait pas s'expliquer sur la base d'intérêts génétiques ou reproductifs. Les biologistes évolutionnistes se basent plutôt sur un processus d'altruisme réciproque pour expliquer une relation d'amitié. Donnant-donnant : je te gratte le dos si tu me grattes le mien, je te garde tes enfants si tu me gardes les miens etc.
Problème : des psychologues sociaux ont découvert que les humains ne tiennent pas de "registre mental" des services ou des faveurs qui leur sont accordés. Pour le primatologue Joan Silk, "la réciprocité et l'équité sont des éléments essentiels pour expliquer l'amitié". Mais selon lui, cette théorie du donnant-donnant s'oppose au maintien d'une amitié profonde et durable. Si ces affirmations semblent contradictoires, l'amitié est de fait un véritable casse-tête pour les scientifiques.
Les chercheurs se sont tournés vers les animaux pour tenter de résoudre cette énigme. Un groupe de scientifiques français a récemment cherché à savoir si les agrégations entre les requins pouvaient s'expliquer en termes sociaux - autrement dit en fonction de leurs liens d'amitié - ou si les squales occupaient un même espace au même moment uniquement en fonction des ressources alimentaires qui s'y trouvent. Ils ont ainsi découvert que certaines espèces de requins privilégiaient la compagnie d'autres squales en particulier. Comme le souligne le site Science Direct, la seule proximité géographique ne suffit pas à expliquer les liens d'amitié que peuvent tisser les requins.
Chez les dauphins, la société se hiérarchise en deux groupes : un premier groupe composé de deux ou trois mâles protège les femelles des autres mâles ; d'autres groupes "travaillent ensemble" pour voler les femelles du premier groupe. En règle générale, les membres d'un même groupe appartiennent à une même famille. Ce type de coopération peut donc s'expliquer par des gènes communs ou des liens de parentèle. Mais une autre étude menée en Australie a mis au jour un troisième type de relation sociale : des coalitions plus imposantes, composées de dauphins n'ayant pas de liens de parenté.
Comme chez les humains, les liens d'amitié ne peuvent pas s'expliquer uniquement par un processus de réciprocité. Au cours d'une étude d’observation, les chercheurs ont ainsi distingué deux groupes de dauphins : le groupe A et le groupe B. Ils ont conclu que ces deux groupes n'avaient aucune chance de coopérer un jour. Quelle ne fut pas leur surprise de voir le groupe B nager au secours du groupe A, attaqué par un troisième groupe (C). Les amitiés entre dauphins sont donc également basées sur des motivations politiques. Même si les groupes A et B sont des ennemis de longue date, leur intérêt commun, à un moment donné, est de combattre le groupe C.
Les aspirations politiques semblent également guider les liens d'amitié chez les macaques d'Assam. Chez ce petit singe qui habite en Thaïlande, la domination est le principal facteur qui permet de séduire une femelle, et donc de se reproduire. Une étude réalisée en 2010montre qu'un individu faisant partie du 3e cercle de la société n'avait quasiment aucune chance de devenir ami avec les autres singes dominants. Au fil du temps, ce macaque a même reculé dans l'échelle sociale, pour être finalement relégué au 8e cercle.
Une autre hypothèse avancée par les scientifiques pourrait expliquer l'amitié : notre réputation. En 2009, deux psychologues - Peter DeScioli et Robert Kurzban - ont demandé à plusieurs individus de faire la liste des 10 personnes (en dehors de leur famille) dont ils sont le plus proches, et de les classer en fonction de leur lien de proximité. Les deux psychologues leur ont ensuite demandé de répartir une centaine de points entre ces 10 personnes.
Quand les participants savaient que leurs choix seraient rendus public, ils ont globalement distribué les points de façon homogène : chaque ami recevait en moyenne 10 points. En revanche, si les participants savaient que leurs choix resteraient confidentiels, les points étaient répartis de façon beaucoup moins uniforme : le 1er recevait par exemple 50 points, le deuxième 20, le troisième 10, et les autres moins de 5. Conclusion de cette étude : en tant que créature sociale, les humains ont conscience que leur manière de se comporter est étroitement observée par les autres. Même si on préfère récompenser 10 fois plus son meilleur ami que les autres, on tente d'apparaître juste vis-à-vis des 9 autres.
Ce qui fait dire aux deux psychologues que l'amitié s'explique sans doute davantage par des raisons politiques que par des facteurs économiques ou géographiques. Pour preuve, ils font valoir que même si les Etats-Unis ont commercé trois fois plus avec la Chine qu'avec l’Angleterre en 2006, le Royaume-Uni sera plus susceptible d'apparaître comme un ami de l'Oncle Sam. Ils suggèrent donc que si l'amitié fonctionne comme les relations internationales, mieux vaut ne pas chercher à l'expliquer par de simples échanges de prestations.
Les relations d'amitié pourraient donc servir de mécanismes stratégiques pour maintenir un système en prévision d'éventuels conflits. Les deux psychologues estiment en effet que les résultat des conflits s'expliquent souvent par le nombre de supporters de chacune des forces en présence - et non par la force ou l'intelligence effectives de chaque camp. Si l'amitié est une énigme, cela s'explique peut-être par le fait que si nous étions plus clairs sur la nature de nos alliances, cela les affaiblirait...
Combattre la nuit, combattre la lumière
Quand on a un gros problème de budget, qu'on doit réduire les dépenses et augmenter les entrées, on peut faire preuve de courage, se retrousser les manches et attaquer le problème à bras le corps. Ou bien on peut faire comme Hollande et son gouvernement, oublier complètement les petits raisins secs qui servent de gonades et se concentrer sur l'accessoire, le futile ou l'insignifiant en criant Victoire pour amadouer le gogo.
Or donc, la France n'a plus un rond. C'en serait comique si ce n'était pas l'aboutissement de quarante années d'incuries, de dépenses inouïes dans la décontraction que seule une parfaite opacité mentale autorise. Force est de constater qu'il faut maintenant trouver de quoi combler un budget annuel nanométriquement dosé pour ne froisser personne, finement ciselé au microscope à effet tunnel alors que des coupes à la tronçonneuses seraient à peine suffisantes.
Deux voies se dessinent.
La première a déjà donné quelques doutes à ces Français (naïfs) qui croyaient au changement : c'est l'averse drue de taxes et de ponctions. Certains, ingénus voire heureux, se découvrent riches à un point qu'ils ne soupçonnaient pas. Les prochains tiers d'impôts à débourser les conforteront dans le bonheur équivoque de participer à la gabegie solidarité nationale.
La seconde est en cours d'expérimentation : elle consiste à faire faire, autoritairement, des économies aux uns et aux autres. Bien évidemment, il ne s'agit pas de trancher dans le vif. François Hollande l'a bien expliqué : tout devra se passer dans une tempête de bisous républicains (dont il est, lui, président), ce qui, outre une mollesse théâtrale et une apathie anesthésiante, se traduit par des micro-ajustements dans des domaines où, traditionnellement, l’État n'avait pas à intervenir et où le ridicule le touche immédiatement dès qu'il le fait.
Ça n'a donc pas loupé.
Le dessert fromager a décidé que son équipe occuperait les esprits et le législateur sur de petites nouveautés passablement idiotes sous couvert d'économies : cela donne le change, ça justifie des montagnes d'indemnités, des commissions, des rapports, et ça fait même écrire les chroniqueurs ! Alors on va s'attaquer aux petites économies ridicules, presque comiques, à la cosmétique, celles qui ne font pas de mal parce que leurs coûts, au final aussi absurdes qu'exorbitants, seront répartis sur des millions de victimes plus ou moins consentantes.
On va obliger, mécaniquement, les gens à moins se chauffer par une augmentation des tarifs ou en empêchant une exploitation des ressources locales. On va par exemple faire comprendre à tout le monde que le diesel (carburant raffiné importé à grand frais), ça pollue, c'est très vilain pour les bronches, pour, de l'autre, favoriser à nouveau l'essence ; à ce sujet, ce dernier est raffiné localement, mais comme on l'achète moins (parce que l'Etat a favorisé le diesel à mort), les raffineries ferment.
Et puis surtout, on va obliger les gens à couper la lumière la nuit.
Parce que vous comprenez, toute cette électricité qui est majoritairement produite par des centrales nucléaires, il ne faut pas l'utiliser la nuit, c'est mal. Bien sûr, ça n'aura aucun impact sérieux et réel sur notre facture énergétique, mais l'important, c'est le geste ! Alors c'est décidé, le 1er juillet de cette année, les magasins devront couper la lumière de leurs vitrines. Les mairies arrêteront d'illuminer les monuments et les points remarquables. Éteignons tout cela, que diable, ce n'est plus tendance, voyons !
Mais voilà : comme à présent, les Français se doutent bien que cette histoire d'économie en coupant les lumières la nuit, c'est du gros flan mou, le gouvernement a déjà commencé à préparer le terrain. Pour faire passer cette idée anti-lumineuse, on n'aura qu'à dire qu'il s'agira certes d'une opération d'économie d'énergie, mais aussi une magnifique occasion de faire de l'écologie à double tranchant : d'un côté, cela fera moins de CO2 rejeté dans l'atmosphère (mais si, même si c'est nucléaire, et qu'il n'y aura pas de différentiel de production, ça le fera, qu'on vous dit) et puis surtout, cela va protéger la nuit !
Et pour bien comprendre la problématique, il faut donner la parole (et la retransmettre avec force dans les médias) à Anne-Marie Ducroux, qui est la célèbre présidente de l'ANPCEN, la non-moins légendaire association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne. Comment ça, vous n'en aviez jamais entendu parler ? Comment ça, vous ne savez pas de quoi ça parle ? Mais enfin, sur quelle (sombre) planète vivez vous ? C'est Mme Ducroux qui a prouvé, dans un calcul précis et reconnu par des douzaines de journalistes sur toute la planète que le nombre des éclairages publics a progressé de 64% en vingt ans (64 putain de fucking pourcent, vous vous rendez compte c'est totalement HALLLLLUCINANT quand on y pense !). Et c'est carrément catastrophique quand on sait qu'en plus, la durée d'éclairage passait de 2400 à 4000 heures dans le même temps ! C'est MONSTRUEUX ! Il y aurait, selon ses estimations (qui font froid dans le dos mais qui permettent d'y voir clair dans les ruelles sombres) des millions, oui, je dis bien, DES MIYONS d'enseignes allumées la nuit ! Si l'on y ajoute les bureaux inoccupés, et les mairies qui ne font rien qu'à succomber aux charmes des "plans lumières" qui balayent, la nuit, les ponts ou les monuments des cités, il faut bien comprendre que la France est devenu un véritable spot lumineux dans la galaxie, un pulsar vibrant d'énergie lumineuse qui grille inutilement les rétines de millions de petits animaux !
Devant telle calamité, Mme Ducroux ne peut s'empêcher de s'écrier :
« Si l'on voyait un robinet couler, on l'éteindrait. Pourquoi ne pas faire de même avec la lumière ? »
C'est vrai, ça, quoi bon. Tout le monde sait qu'on peut se passer de boire pendant une heure ou deux. Et pour la lumière, c'est pareil : un éclairage furtif d'une petite seconde permet de bien apprécier tous les petits meubles bas de la pièce et de la traverser sans encombre. Et puis un commerce qui s'éteint, c'est un socialiste qui sourit, c'est un écolo qui frappe des mains, et c'est bien plus joli. Il n'y a bien qu'un salaud de boutiquier capitaliste pour oser prétendre que, je cite,
"Tout le monde aime les vitrines illuminées, et pas seulement à Noël."
Pfu. N'importe quoi. Tout le monde sait bien que ces vitrines illuminées, ça crée de l'envie, de la jalousie, des besoins. Rappelez-vous, quand, du temps de Brejnev (Béni Soit Son Nom), était épargné aux fiers ouvriers la vision cauchemardesque et les bas instincts animaux de possession grâce à d'habiles fermetures de magasins et à l'absence d'électricité la nuit ! D'ailleurs, cette saine méthode est encore en vigueur dans certains pays, et les gens sont ra - vis !
Finalement, même si tout ceci est presque drôle, il ne faudrait pas oublier que ce n'est que l'illustration de deux tendances : d'un côté, ces humains, un peu fous, qui voulurent combattre la nuit et y parvinrent par intelligence, ingéniosité et beaucoup de travail. Et de l'autre, ceux qui combattent la lumière.
Ce n'est ni anodin, ni fortuit.
Ne laissez pas traîner votre ADN partout
Le 6 janvier dernier, l'artiste new-yorkaise Heather Dewey-Hagborg s'est promenée dans les rues de Brooklyn. Sur Myrtle Avenue, elle a ramassé deux mégots. Au carrefour de Wilson Avenue et de Stanhope Street, un chewing-gum vert bien mâché. Et, plus loin, sur Flatbush Avenue, encore un mégot. Heather Dewey-Hagborg ne connaissait évidemment pas les personnes qui avaient abandonné ces déchets, mais cela ne l'a pas empêchée de réaliser un masque réaliste de leur visage, dont on peut voir un spécimen ci-dessus. Grâce à l'ADN contenu dans les mégots et le chewing-gum. La première cigarette avait été fumée par un homme aux yeux marron dont la lignée maternelle était originaire d'Europe de l'Est. Le deuxième mégot avait été jeté par une femme d'origine européenne aux yeux marron. Le chewing-gum sortait de la bouche d'un homme aux yeux marron doté de racines sud-américaines. Enfin, le propriétaire du dernier mégot était un Afro-Américain, lui aussi aux yeux marron.
Pour créer ses masques, Heather Dewey-Hagborg n'a utilisé que trois informations génétiques : l'origine ethnique de la lignée maternelle, le sexe et la couleur des yeux. Elle les a ensuite entrées dans un programme de sa composition qui a interprété les données en fonction d'une base de visages. Puis les masques ont été réalisés à l'aide d'une imprimante 3D. Trois variables, c'est peu et le résultat final n'a que peu de chances d'être ressemblant même si le test qu'elle a fait sur elle-même et deux autres personnes n'est pas sans montrer un air de famille entre les originaux et le masque imprimé. Le but de l'artiste est ailleurs. Avec ce projet intitulé "Stranger Visions", elle souhaite déclencher la réflexion du public sur la tentation du déterminisme génétique et sur "ce que peut impliquer une culture de la surveillance génétique". Sous-entendu par un Etat plus ou moins policier.
D'un autre côté, Heather Dewey-Hagborg ne peut s'empêcher de vouloir améliorer la ressemblance, de sortir du "prototype" pour aller vers l'individu, par exemple en trouvant dans l'ADN des informations sur les taches de rousseur ou la prédisposition à l'obésité. Elle pourrait également intégrer des données sur l'âge probable de la personne, sur la couleur de ses cheveux ou même sur certains de ses traits : en effet, comme je l'ai rapporté il y a quelques mois dans ce blog, une étude internationale a relié cinq gènes avec des caractéristiques "spatiales" du visage comme sa largeur, l'écart entre les yeux ou la proéminence du nez. Au bout du compte, le travail de Heather Dewey-Hagborg pourrait bien préfigurer la manière dont la police de demain établira ses portraits-robots.
Au-delà de cette expérience artistique, demeure l'idée dérangeante que, comme nous laissons traîner notre ADN partout, n'importe qui peut récupérer et exploiter un échantillon de notre matériel génétique. Ramasser un mégot dans la rue pour confectionner un masque à partir de l'ADN qu'il contient ne prête pas vraiment à conséquence. Mais que devient le même mégot abandonné par un meurtrier sur une scène de crime, surtout dans une société abreuvée de séries policières ressassant que l'ADN est la reine des preuves ? Et si jamais ce Fantômas moderne s'est affublé d'un masque à votre visage pour se faire complaisamment filmer par les caméras de vidéo-surveillance, quelles seront vos chances d'échapper à l'erreur judiciaire ? Dans un cadre moins policier, à l'heure où les coûts de la génomique s'abaissent rapidement, se pose aussi la question de l'accès des employeurs et des assureurs aux informations génétiques.
Grèce: "les erreurs" du plan de rigueur pourraient être rectifiées
L'impact sur la récession du plan de rigueur imposé à la Grèce, dont certaines "erreurs" ont été évoquées par des hauts responsables de l'UE et du FMI, "pourrait être rectifié", a estimé dimanche le ministre grec du Développement.
"Il y a eu des erreurs dans la recette" du plan d'austérité, dicté par l'UE et le FMI et "nous essayons les rectifier dans la mesure du possible", a indiqué Costis Hadzidakis dans un entretien au journal Real News.
Compte tenu que "la troïka (UE-BCE-FMI) a reconnu qu'il y a eu des erreurs" et que "le gouvernement grec fait actuellement un effort sérieux pour rétablir la confiance du pays", "tout cela pourrait conduire à des rectifications" et l'apaisement de la rigueur, a souligné le ministre.
Plusieurs hauts responsables de l'UE et du FMI ont critiqué l'impact de l'austérité stricte imposée au pays depuis le début de la crise de la dette en 2010, qui a plongé la Grèce dans une récession profonde.
Le débat a rouvert après un récent article des économistes au FMI, Olivier Blanchard et Daniel Leigh, où ils expliquaient que l'utilisation d'un mauvais coefficient de calcul a débouché sur une sous-estimation des effets négatifs de l'austérité en Europe.
Tenant d'une ligne plus souple au sein du FMI, M. Blanchard avait déjà reconnu que les effets de l'austérité sur la croissance avaient été sous-estimés notamment en Grèce, en récession pour la cinquième année consécutive.
En octobre, le ministre adjoint grec aux Finances, Christos Staikouras, avait relevé que le FMI s'était trompé en matière d'impact de la rigueur sur la récession.
Depuis 2009, "le coefficient multiplicateur" des mesures de rigueur sur le recul de croissance a été "d'environ 1, au lieu de 0,5" qui avait été retenu pour la mise au point par l'UE et le FMI des plans de redressement dictés à la Grèce en échange des prêts internationaux, avait dit M. Staïkouras, soulignant que même le FMI "le reconnaît désormais".
Interrogé jeudi sur la question lors d'une conférence de presse, le porte-parole du FMI Gerry Rice a rappelé que l'institution a "mis à jour ce multiplicateur" dès qu'elle s'était aperçu "que les conditions en Grèce étaient différentes" que celles prises en compte lors du début de la crise.
Toutefois, M. Rice a souligné que "ce multiplicateur n'était qu'une dimension du problème" et qu'il y avait "d'autre facteurs qui déterminent l'ajustement des finances publiques de chaque pays". "Et chaque pays est différent", a-t-il conclu.
De son côté, le ministre des Finances Yannis Stournaras a indiqué dimanche dans un entretien publié au quotidien Kathimérini que "l'autocritique du FMI aurait dû être fait plus tôt".
"Nous avons été contraint de prendre des mesures beaucoup plus nombreuses que celles qu'il faillait pour atteindre les objectifs (...) mais cela peut nous permettre d'arriver à un excédent primaire dès 2013", a dit M. Stournaras.
Mais pour le chef du principal parti de l'opposition de la Gauche radicale Alexis Tsipras, qui impute au plan de rigueur l'effondrement de l'économie, la voie pour sortir de la crise n'est que "la fin du cercle vicieux des politiques d'austérité".
"Il faut entrer dans la voie de la croissance" et "la viabilité de la dette dépend de la restructuration (haircut) de la dette", a-t-il dit dans un entretien publié dimanche également à Kathimérini.
Les hauts responsables de la troïka sont attendus fin février à Athènes pour le contrôle régulier des comptes grecs en vue de la poursuite des versements des prêts au pays.
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