D'un côté nous avons une industrie qui échoue malgré les aides et les supports de l'État, et de l'autre côté nous avons une industrie qui réussit en passant outre l'État. Et ils voudraient tuer ce qui marche pour aider ce qui ne marche pas !
PSA supprime 8000 emplois, le gouvernement veut taxer davantage Google, Amazon et Apple.
Deux nouvelles dans les médias qui, pour le libéral averti, sont
clairement les symptômes patents d’une maladie dont souffre notre nation
française, l’interventionnisme d’État, et de son corollaire immédiat,
l’anti-libéralisme.
Mais pour nos élites politiques de tous bords, et dans cet examen j’inclus le Front National
qui se prétend être la nouvelle force d’opposition et d’alternance, ce
diagnostic n’est pas partagé. C’est même plutôt l’inverse ; si l'on se
réfère aux réactions devant l'annonce du plan social de PSA.
Tous les poncifs en la matière ont été entendus ; un véritable
étalage de ce qui se fait de mieux en matière d’idéologie étatiste et
socialiste. Les syndicats, comme attendus, ont renoué avec la lutte des
classes en déclarant la guerre à PSA. La gauche et la droite ne se
disputent que sur des broutilles, mais dans le fond proposent les mêmes
solutions. La dernière s’indigne de la suppression de la TVA sociale,
supposée panacée au problème de la perte de compétitivité de nos
industries françaises, et elle réclame, oh surprise, en poussant des
cris d'orfraie, un nouveau plan de soutien massif. La gauche ne déçoit
pas non plus, en plus d'innovateurs plans de soutien promis par le
redresseur Montebourg, elle s’interroge sur le bon usage des subsides
publiques dont le groupe a bénéficié, oubliant toute l'irresponsabilité
qu'une telle mécanique engendre, et sans grande surprise quand on est
acculé, fait appel au patriotisme économique. Et comme point d'orgue, en
synthèse de ces ribambelles d'indignations bien ordonnées et convenues,
Marine Le Pen fustige l’ultra-libéralisme
de l’Europe. À croire que chacun s’est concerté en avance sur les rôles
à jouer, du moment que le libre-échange est vilipendé et que l’État
soit considéré comme la seule solution possible.
Moins médiatique, mais non moins pertinent, est le projet de taxer
Amazon, Google et Apple, les fleurons de l'économie dite dématérialisée,
dont les services sont toutefois bien matériellement ressentis par les
consommateurs, et pour leur plus grand bien, et qui, de par leur
situation, échappent aux impôts français. Horreur et damnation. Et en
plus Amazon va créer 500 emplois.
Voilà d'affreuses entreprises qui irritent nos haut-fonctionnaires et
ministres de tout poil : elles réussissent et elles échappent aux
griffes destructrices de l'État. Alors les Montebourg, les Pellerin,
les Cahuzac et les Moscovici, lors d'une grande mondanité ministérielle,
en plus de plans de soutien lancés à la volée, s'irritent du manque à
gagner ; ce qui n'est pas plus mal au vu de l'usage que ces gens font de
l'argent des autres, regardez PSA. Mais passons ! Alors ils parlent
d'équité fiscale, et de "territorialiser" l'impôt. Il n'est pas question
de l'abaisser à un taux irlandais, mais de l'harmoniser (par le haut)
sur l'ensemble de l'Europe, pour mettre un terme à toute concurrence, et
de pouvoir exercer en toute quiétude la prédation inhérente à l'État.
Ces deux nouvelles sont les deux faces du même mal qui ronge la France.
D'un côté nous avons une industrie qui échoue malgré les aides et les supports de l'État, et de l'autre côté nous avons une industrie qui réussit en passant outre l'État.
D'un côté nous avons l'incarnation caricaturale de ce qui se fait de
mieux en matière d'économie mixte où l'inceste entre privé et public
est consommé, et de l'autre côté ce qui se fait de mieux quand des
entreprises connaissent le succès en se détachant au mieux de l'État par
le contournement de ses règles absurdes et iniques.
D'un côté nous avons des hommes d'État qui veulent rempiler dans de
nouvelles interventions publiques en ignorant leurs échecs sans
cesse répétés, de l'autre côté ces mêmes hommes d'État qui jalousent
un succès malgré eux et qui veulent le faire payer.
Mais surtout, ce qui est le plus flagrant, d'un côté nous avons
l'échec en période de crise, de l'autre côté la réussite durant cette
même période de crise.
Dans tous les cas ce sont le client, le consommateur, le citoyen, et
j'en passe, qui ont le dernier mot et qui plébiscitent ce qui leur est
le plus utile, quoi qu'en disent les hommes d'État.
Et c'est ce qui agace ces derniers, car dans ce constat sans appel,
on perçoit leur inutilité et leur nocivité éclatante et criante. Il leur
est insupportable de réaliser que la prospérité et la réussite se font
sans eux, aux dépens de leur violence, voire pire, à leur détriment.
Malheureusement ils ne peuvent que persévérer dans leur folie
interventionniste, au risque de se désavouer, et ils le feront tant
qu'ils auront encore de l'argent des autres à dépenser et des foules
pour les croire utiles. Et quand on apprend que des investisseurs
prêtent à la France à des taux négatifs ! Ils ne seront décidément pas
prêts d'arrêter.