samedi 19 octobre 2013
Le coup d’éclat permanent
Consternant tourbillon
Selon le Canard Enchaîné, Hollande a été élu président de la République
Dans son numéro de cette semaine, le Canard Enchainé livre un scoop énorme passé complètement inaperçu: l'élection présidentielle a été avancée de deux ans. Le scrutin a eu lieu et c'est le candidat chouchou du Canard Enchaîné, François Hollande, qui a été élu. Au passage, le journal a renoncé à toute forme d'irrévérence.
Mais il y a aussi et surtout un portrait de François Hollande dégoulinant de complaisance écrit par Jean-Michel Thénard. Réputé pour son irrévérence, le Canard a laissé tous ses fondamentaux au vestiaire. L’article est un véritable modèle de cirage de pompes à diffuser dans les écoles de journalisme. Son auteur, Jean-Michel Thénard, donc, est un ancien de Libé, recruté à la surprise générale par l’hebdomadaire satirique. L’intéressé a, par exemple, ses entrées à l’Elysée. Dans leur livre Le vrai Canard, Karl Laske et Laurent Valdiguié avaient fait le récit d’un déjeuner entre Carla Bruni et Jean-Michel Thénard, à leurs yeux « emblématique du contact entre l’Elysée et le Canard aujourd’hui ». Les auteurs allant jusqu’à affirmer que des enquêtes sur Nicolas Sarkozy, notamment sur ses revenus au sein de son cabinet d’avocats, avaient été « trappées » du fait de cette proximité. Pourtant, Jean Michel Thénard a des principes : « Personnellement, je m’interdis les dîners avec les politiques, mais pas les déjeuners, ce n’est pas la même chose » affirmera-t-il ainsi très sérieusement à Arrêt sur images. Le site s’était empressé de préciser que cela ne signifiait « pas non plus qu’il écrivait sous la dictée ». Certes.
HOLLANDE, LE DÉBLINGUEUR: UN MODÈLE DE COMPLAISANCE JOURNALISTIQUE
Thénard use bien de quelques formules vaguement humoristiques pour faire passer la pilule en douceur, mais le résultat n’en reste pas moins surprenant. Au PS, Hollande aurait tout réussi. Jean-Michel Thénard en apporte les preuves irréfutables : « Depuis qu’il n’est plus à sa tête, pile une petite année, le renouveau est éclatant : les socialistes sont rattrapés par les écologistes dans les urnes, Martine Aubry se retient chaque semaine de démissionner de son poste de premier secrétaire et le couple Peillon-Royal n’en finit plus de se quereller pour la garde de leur courant. Grandiose… ».
Démonstration, selon l’auteur, du panache de son candidat qui faisait régner l’ordre à l’intérieur du Parti, sans préciser le coma intellectuel total dans lequel il a également plongé la structure.
Passons sur les jeux de mots, un poil légers pour mettre les rieurs de son côté : « Le PS a bien progressé et Hollande, lui aussi, s’est bien rénové après une traversée du dessert, qu’il préfère au chocolat. Il a laissé son scooter de fonction à Benoit Hamon, qui n’arrête pas de tomber avec preuve que l’on ne s’improvise pas au pied levé conducteur de parti ».
Jean-Michel Thénard salue également le changement de look de son chouchou : « son coiffeur a trouvé une nouvelle coupe pour sa calvitie, il porte un costume taillé sur mesure et il a une nouvelle paire de lunettes ». Hollande ne voit là rien de bien essentiel, « un détachement à porter à sa carte de crédit » écrit-il, décidément très en verve. L’auteur aurait pu préciser que Hollande a été, par le passé, conseiller de Mitterrand aux affaires économiques. Tout récemment, il a posé dans Gala, et il écoute attentivement les recommandations d’un proche conseiller en communication. Bref un gars très sympathique au demeurant, mais pas un perdreau de l’année non plus.
HOLLANDE: UN CANDIDAT SOUTENU PAR JACQUES, BERNADETTE ET...SUMO. UN CANDIDAT ÉLU, EN SOMME.
En plus, un goût immodéré pour les impôts et la fiscalité, Rocard et Balladur réunis dans un seul et même corps, un destin politique tout tracé qui pousse Thénard au bord de l’extase. « La fiscalité, c’est son arme. Depuis tout petit il la dégaine dès qu’il sent l’abattement poindre ». Autant dire que la présidentielle, c’est du tout cuit. Reste un obstacle : DSK « bien sous tous rapports surtout avec les hongroises. Hollande ambitionne, lui, d’être celui que la gauche préfère ». Son modèle : le Mitterrand de 1981 qui avait attendu janvier pour se lancer. A mesure de la lecture on se dit vraiment que le texte a été écrit sous la dictée, tant on frise le panégyrique.
Car le député de Corrèze a également tenu à faire savoir qu’il était le poulain de Chirac, le gars sympa autrefois président. Ok, c’est noté. Thénard en fait donc son miel : « il a séduit sa femme, qui lui témoigne une bienveillante neutralité au conseil général. « Vous savez, mon mari a toujours été de gauche », lui a confié Bernadette. Chirac, lui-même, vante aujourd’hui ses qualités : « il a l’ambition et les moyens d’avoir un destin national ». Malheureusement le journaliste du Canard ne précise pas si Sumo a un avis sur François Hollande…Mais on devine qu'une relation d’une rare intensité s'est nouée entre l'homme et l'animal.
L’avenir ? Il est tout tracé, autant pour Hollande que pour son scribe d’un jour : « DSK FMIsé, Fabius oublié, Royal démonétisée, Aubry cloîtrée à Solférino, Valls droitisé, il a toutes ses chances auprès des militants ». Autant dire que pour le Canard, l’affaire est pliée, Hollande est déjà le candidat de son parti, a un journal à sa main et sera le président de la République Française. A quoi bon voter?
Infiltrations crypto-négationnistes à gauche
A propos de l'affaire Leonarda, certains élus de la majorité présidentielle parlent de «rafles». Le propre de la désinvolture avec la vérité historique est d'ignorer le mal qu'elle entraîne.
L’on découvre ainsi à quel point le Parti socialiste, sous la houlette d’Harlem Désir, n’est pas un parti de gouvernement, de responsabilité, mais un club de culturistes de la posture.
L’on découvre que les socialistes ne sont d’accord sur rien. Ainsi pour certains, « être de gauche ce n’est pas régulariser tous les sans-papiers » quand d’autres réclament précisément de le faire. Les positions le plus contradictoires cohabitent au PS parce qu’il a été stérilisé par le non-débat pendant la décennie de sa gestion par François Hollande. Stérilisation du PS d’ailleurs poursuivie au gouvernement, le grand débat sur l’immigration annoncé par le Président à l’Assemblée nationale avant juin 2013 ayant été reporté après les municipales. « La question de l’immigration reste aujourd’hui un des plus gros impensé de gauche », note ainsi Gilles Finchelstein, directeur de la Fondation Jean-Jaurès (les socialistes qui veulent penser créent des fondations, il y a en aujourd’hui une dizaine autour du PS…)
L’on découvre que le président de l’Assemblée nationale, temple de l’élaboration de la loi, estime - comme un évêque intégriste ou un imam salafiste - qu’il y a des choses plus importantes que l’application de la loi.
L’on découvre que le Front national trouve ses meilleurs soutiens à gauche. En expliquant que Manuel Valls doit retourner « chez lui », qu’il faut « le rendre à Le Pen », Jean-Luc Mélenchon ne fait que conforter ces ouvriers qui n’ont jamais voté pour lui en leur disant que leur vote pour le FN n’est pas un problème, puisqu’il est déjà présent dans un gouvernement de gauche.
Mais la découverte la plus grave, la plus préoccupante, est peut-être ce qui sort de certains cerveaux de gauche après deux décennies de « devoir de mémoire ». Déjà, il y a quelques jours, Daniel Cohn-Bendit dénonçait Manuels Valls en mixte de Laval et de Bousquet : « Il y a des gens, qui il y a une soixantaine d’années, parlaient de la même façon des Roms et des juifs… Ils ont fini en camp de concentration ». (Cohn-Bendit confond d’ailleurs camps de concentration et camp d’extermination, mais l’inculture historique est une constante des grands donneurs de leçons historiques).
Aujourd’hui, à propos de l’affaire Léonarda, c’est une sénatrice verte, Esther Benbassa, membre de la majorité présidentielle qui a surenchéri : « Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle. Car oui, il faut bien le dire, c’est une rafle. Certains Francais auraient-ils la mémoire si courte ? » Et elle fut rejointe par un notable socialiste du Nord, le député Bernard Roman : « Aller chercher un enfant dans une activité scolaire, ce n'est pas une expulsion, c'est une rafle », ajoutant qu’il revendiquait « un devoir non seulement d'indignation, mais d'insurrection ».
Ajoutons que nombre de commentateurs ainsi « insurgés » contre Manuels Valls et ses rares soutiens de premier plan – principalement Ségolène Royal et Jean-Pierre Chevènement - se permettent de faire parler la grande résistante Lucie Aubrac disparue en 2007 dont le collège de Léonarda porte le nom, mais leur mémoire inexacte sur l’histoire longue l’est autant sur l’histoire courte : Lucie Aubrac fut la présidente du Comité de soutien de Jean-Pierre Chevènement à la présidentielle de 2002, époque où il était déjà présenté comme la résurgence de Vichy par BHL et sa basse-cour de perroquets…
Ces comparaisons avec Vichy et le nazisme ne sont pas seulement obscènes et sacrilèges, elles sont dangereuses et coupables. Mais elles n’ont guère suscité les déclarations indignées habituellement promptes à dénoncer le moindre « dérapage », ce qui montre leur acceptation. Il y a des mots du passé sacrés, chargés de honte ou de gloire, de drames ou de sacrifices, qui ne nous appartiennent pas et avec lesquels l’on n’a pas le droit de jouer. Le débat politique est trop pollué par cette indécente désinvolture avec le passé le plus tragique auquel trop d’inconscients cèdent souvent à gauche. Car le propre du « politiquement correct » à la française est de vichyser tous les débats. Ce n’est pas nouveau.
On se souvient que l’association Act up, partenaire fondateur du Sidaction, avait assimilé le sida à l'extermination et les malades atteints aux victimes du nazisme et de l'indifférence des Français, accusés d'homophobie criminelle : « En 1940, ils regardaient passer les trains; aujourd'hui, ils contemplent l'hécatombe! » proclamait ainsi une affiche de l'association. Même un professeur au Collège de France, Pierre Bourdieu, avait cédé à cette vichysation en traitant le philosophe Alain Finkielkraut de collabo, parce qu'il accepte de participer à des émissions de télévision...
Et surtout, l’on se rappelle les manifestants contre les lois Pasqua sur l’immigration défilant à la Gare de l’Est en tenue rayée de déportés avec une valise et un baluchon sous des pancartes assimilant le ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré à Pétain. Prédécesseur de Jean-Luc Mélenchon, Michel Rocard avait cru bon déclarer alors que ces lois avaient, chez lui, « réveillé l'angoisse que symbolisent les noms de Bousquet et de Papon ».
A l’époque, ces inepties, qui provenaient pour l'essentiel d’une génération qui avait défilé en criant « CRS = SS » et qui voyait en de Gaulle un « fasciste », provoquaient les mises au point d’acteurs conscients des enjeux véritables du devoir de mémoire. Quelques grands résistants étaient encore en vie pour ne pas laisser passer ces scandales : Jean Mattéoli, résistant déporté à 22 ans et président de la Fondation de la Résistance, avait ainsi qualifié la mise en scène de la Gare de l’Est de « simulacre totalement indécent ».
Et, évoquant des « familles de déportés abasourdies » par ces « abus », Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, avait déclaré que « manifester avec des valises »était grave, « car cela banalise ce qui s'est passé il y a plus de cinquante ans ». Serge Klarsfeld pointait ainsi, au-delà de leur obscénité, les conséquences terribles de l’irresponsabilité des Benbassa et autres Roman à une époque où l’inculture historique progresse et où les réalités criminelles du XXème siècle sont de plus en plus difficiles à évoquer avec des jeunes générations perméables aux rumeurs les plus dingues.
Le propre de la désinvolture avec la vérité historique est d'ignorer le mal qu'elle entraîne. La plupart de ceux qui transforment l'Histoire qu’ils ignorent en libre-service à la disposition de leur bonne conscience ne se doutent pas de l'effet de leurs métaphores. Non seulement ils méconnaissent l'une des exigences minimales du devoir de mémoire - le respect pour le destin des victimes, des morts et de tant de vies brisées -, mais encore ils banalisent dangereusement les événements de ces époques tragiques. Ils ne voient pas que, en répétant que la France d'aujourd'hui est à l'image de celle d'hier, ils laissent entendre que, finalement, Vichy n'a pas dû être si terrible que cela.
Car dire que les sans-papiers renvoyés chez eux en Afrique et les Roms roumains expulsés chez eux en Roumaine rappellent le sort que les Juifs arrachés de chez eux et exterminés dans une chambre à gaz, ainsi que nous le répètent aujourd’hui tant de dangereux rebelles, c’est laisser entendre que, c’est donc bien vrai, aucun génocide n’a eu lieu et que les juifs n’ont pas été plus maltraités que Léonarda interviewée au journal télévisé à son arrivée au Kosovo.
Hollande propose à Leonarda de continuer sa scolarité en France
L'eunuque de service |
Leonarda : «Je suis sûre qu'on va rentrer en France»
L'arrogance de la malhonneteté |
Le brevet à la fin de l'année
Leonarda, arme de destruction massive sur le PS
L'expulsion de la collégienne est l'occasion d'une incroyable foire d'empoigne au PS. Au nom des valeurs, on règle des comptes très politiciens.
Mensonges à répétition
Deux tiers des Français sont contre une annulation de l'expulsion de Leonarda, selon un sondage
"Monsieur Moscovici, votre romance vous ferait-elle perdre la tête?"
Alors que Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, publie cette semaine son livre Combats, notre Marquise de Sévigné, Hervé Karleskind suspecte le locataire de Bercy, amoureux, de perdre le sens des réalités.
Monsieur,
Souffrez, Monsieur, qu'une insolente marquise s'étonne de vous voir ainsi parader, plastronner, cependant que les autres ministres du roi recommencent à s'entredéchirer à propos du bannissement d'une jeune fille promptement renvoyée par les sbires du comte Valls en son village du sultanat de la Sublime porte.
Soucieux de vous tenir à l'écart de cette polémique, vous voici donc, Monsieur, à faire le beau de présenter votre livre au titre pour le moins audacieux: Combats. Fichtre, Monsieur, camperiez-vous là un intrépide rétiaire jeté dans l'arène d'un cirque décimé par les défections et les trahisons, seul face aux crocs des fauves assoiffés de sang? Seriez-vous le nouveau héros d'une cour qui se cherche désespérément un coryphée? Postuleriez-vous pour obtenir une charge aussi prestigieuse? Etes-vous sûr que l'habit vous siérait tout à fait? Ne serait-il pas trop ample? Vous ne semblez guère en douter au point de tenter votre chance, en ces temps où l'on considère que le roi est désormais nu. Mais la réalité peine à vous satisfaire.
Ne gémissez pas pour autant. Si vos stratagèmes ne convainquent à dire vrai personne dans le champ de votre charge de ministre, au moins éprouvez-vous grande joie de vous voir choyé par l'amour au point de laisser révéler la présence à vos côtés d'une jeune femme qui semble faire votre bonheur. Vous avez donc, vous aussi, cédé à la mode qui commande que les ministres se laissent tisser de charmants madrigaux, composés, à n'en point douter, par des mages et des imagiers soucieux de pourvoir en rêves celles et ceux que la misère accable.
La belle et...le bête |
Vers l’interdiction de toute pensée non conforme…
Si la haine a un visage, le voici. |
Affaire Leonarda : des lycéens manipulés…
La France privée de son âme
On dirait qu’on serait en 1942…
Lors du passage à l’heure d’hiver, n’oublions pas de régler nos calendriers sur 1942. Très important. Adieu 2013, ses iPhone, ses écrans plats et Internet… Tout indique dans le vocabulaire que nous sommes passés – ni vu ni connu – à un espace intersidéral situé quelque part entre 1940 et 1945. Des fascistes à tous les coins de rue, des racistes, la bave aux lèvres, à deux doigts d’enfermer les immigrés dans des camps, des pétainistes comme s’il en pleuvait, quelques collabos ici et là et, depuis hier, des rafles. Mot employé pour qualifier l’expulsion de Leonarda. Le mot que tout le monde attendait, le maillon manquant. Il est là. Enfin. Ça rafle. Ouf…
Manque de chance, le Vel’ d’Hiv’ a été démoli. Mais qui a eu cette idée saugrenue ? Peut-être un peu grand pour une seule personne, mais imaginons que Leonarda ait envie de faire du vélo ? Les martyrs new age ont le droit de faire du vélo dans un vélodrome, merde ! C’est fait pour ça. Donc, Anne Hidalgo, notez : reconstruction d’un Vel’ d’Hiv’ avec organisation de courses contre la montre de martyrs amenés de force par des expulseurs déguisés en soldats SS. Surtout ne pas lésiner sur les costumes.
Dissidents de toute tendance, unissez-vous !