mardi 21 août 2012
Hollande et la gauche incontrôlable de Mélenchon
Allemagne : l'idée d'un référendum sur le pacte budgétaire européen fait son chemin... sans Merkel
Tout le monde d'accord... sauf Merkel
Déresponsabilisation
Roms : la valse-hésitation de Martine Aubry
Quelle est la position exacte de Martine Aubry sur l'épineuse
question des camps de Roms ? Par peur d'être accusée d'être frop ferme
ou trop laxiste, la maire de Lille semble souffler le chaud et le froid.
Alors qu'elle demande désormais à l'Etat de mettre des terrains à
disposition des Roms, FTVi revient sur les atermoiements de la première
secrétaire du Parti socialiste sur cette question.
"Nous avons, avec les élus de la communauté urbaine de Lille, avec le maire de Villeneuve-d'Ascq, fait évacuer deux campements illicites", confirme Manuel Valls, ajoutant que "la préfecture a été en contact permanent avec le cabinet de Martine Aubry et avec le premier vice-président" de la communauté urbaine.
Et la maire de Lille de proposer qu'en cas de démantèlement de campement illégal, l'Etat propose un terrain pouvant héberger les Roms. "Les terrains, c'est pas très difficile à trouver. L'Etat est propriétaire de terrains un peu partout. (...) Si l'urgence n'a pas permis que ce soit le cas à Villeneuve-d'Ascq, je le regrette, mais nous allons trouver cette solution et nous espérons marcher main dans la main avec le préfet et avec l'Etat", ajoute-t-elle.
Une proposition sur laquelle le gouvernement pourrait bien être amené à réagir, mercredi, en marge de sa réunion interministérielle sur la question des Roms.
Hollande en "Monsieur Tout le monde" gare de Lyon, à Paris
Fini les vacances. François Hollande est rentré, dimanche 19 août, à
Paris, après une quinzaine de jours de repos au Fort de Brégançon, dans
le Var, la résidence estivale et officielle des chefs de l'Etat. A son
arrivée gare de Lyon, le président, bronzé et sans cravate, a lâché
devant les journalistes : "La rentrée, c'est maintenant".
La rentrée s'annonce chargée pour le président, de la crise de la zone euro à la hausse des carburants, en passant par l'emploi et la sécurité.
Michel Sapin invente le CDI à durée déterminée
"Le changement, c'est maintenant", disait le slogan du
candidat Hollande. A écouter Michel Sapin, le ministre du travail, plus
que le changement, c'est l'innovation : le CDI à durée déterminée.
Il
a évoqué mardi 21 août les "contrats d'avenir", un dispositif du
gouvernement qui entend s'adresser à près de 400 000 jeunes de moins 25
ans "qui soit n'ont jamais travaillé soit sont dans la galère des petits boulots". Selon le ministre, ces contrats vont proposer "un vrai boulot en contrat à durée indéterminée pendant une durée suffisante entre un an et trois ans".
Qu'en est-il réellement ? Les contrats d'avenir "dureront
trois ans, décomposés en 'années renouvelables pour permettre aux
jeunes de sortir du dispositif s'ils trouvent un emploi ailleurs'", a expliqué le ministère du travail au Monde.
Pour Mélenchon, "François Hollande est un brave homme"
Jean-Luc Mélenchon est de retour. Après une interview critique vis-à-vis de l'action de François Hollande,
dimanche 19 août, le leader du Front de gauche était sur France Inter,
lundi. Interrogé sur les cent premiers jours du mandat de Hollande, il a
répondu : "On s'attendait à ce que cette énorme énergie de la
victoire électorale soit convertie en résultats sociaux, salariaux, etc.
(...) Les gens ont élu un pouvoir de gauche pour qu'il fasse un pouvoir
de gauche, pas qu'il attende d'être de gauche."
"Cette orientation politique-là ne va nulle part, a-t-il martelé. Pas à cause de François Hollande, qui est un brave homme, ni de Montebourg, qui est très dévoué, mais à cause de la situation politique générale en Europe."
Chronique estivale des lenteurs et dysfonctionnements français : de la difficulté de boire une bière en zone touristique
Pendant l’été 2012, Thierry Jaune vous livre une chronique des archaïsmes, lenteurs et autres dysfonctionnements de notre magnifique pays, observés dans les secteurs public et privé.
Episode 1 : De la difficulté de boire une bière en zone touristique. Et autres spécificités de l’accueil touristique à la française
Le casse-tête chinois est, par définition, d’une complexité extrême. Mais il est un casse-tête européen tout aussi difficile à résoudre, celui des Roms. Si difficile, précisément, que l’Europe n’arrive pas à le régler, renvoyant le problème à chaque pays de l’Union.
En France, le débat est d’une vivacité particulière, notamment depuis l’été 2010 et le « discours de Grenoble » de Nicolas Sarkozy, stigmatisant cette communauté afin de valoriser, en pré-campagne présidentielle, la politique sécuritaire de la droite. Une instrumentalisation qui était, et reste, choquante mais – tel est le ressort de la démagogie – elle s’appuyait sur un fond de réalité.
Les campements dans lesquels vivent la plupart des Roms sont indignes, et les détruire purement et simplement ne règle rien sur le fond, mais ils provoquent un réel malaise au sein du pays qui accueille ces populations déshéritées. Dans les grandes villes notamment, leur présence se manifeste à travers une mendicité disons très intrusive, qui heurte l’opinion, ce que la gauche n’ignore pas.
Le candidat François Hollande avait cru trouver la martingale en inventant une formule telle qu’il les affectionne : « Pas d’expulsion sans solution », c’est-à-dire sans relogement décent et sans travail d’insertion. Un mélange de bon sens et de bons sentiments qui permettait un démarquage avec le sarkozisme. De là à traduire cet équilibrisme verbal dans les faits, il y a un gouffre devant lequel se trouve la nouvelle majorité.
Durant l’été, les forces de l’ordre se sont trouvées à l’offensive afin d’exécuter – c’est leur rôle – les décisions de justice ordonnant les démantèlements. C’est donc Manuel Valls qui a imprimé son rythme, lui qui incarne la rupture du Parti socialiste par rapport à l’angélisme dont elle fut souvent accusée en matière de sécurité. D’où le mécontentement d’une autre sensibilité, qui existe au PS, mais surtout chez les Verts et au Front de gauche.
Le Premier ministre va chercher, dans les prochaines heures, à trouver un compromis en réunissant tous les ministres concernés, et pas seulement celui de l’Intérieur. Mais le dossier des Roms n’est qu’une illustration d’un empoisonnant et plus profond clivage au sein de la gauche, que Jean-Marc Ayrault aura du mal à effacer. Un casse-tête peut en cacher un autre.
Grèce : la sortie de l'euro, un gouffre financier pour la France
Derrière ces discours de fermeté, les Européens sont en réalité bien embarrassés. Car le retour à la drachme à Athènes pourrait leur coûter une petite fortune. La dévaluation qui suivrait le retour à la monnaie nationale entraînerait en effet une explosion de la dette grecque, libellée en euro, ce qui la rendrait impossible à rembourser en intégralité. Or, depuis l'effacement de plus de 50 % de la dette grecque détenue par les créanciers privés, ce sont les États européens qui détiennent l'essentiel de la dette souveraine grecque...
La BCE, très exposée
À eux seuls, les contribuables français risquent de devoir régler une facture de 66,4 milliards d'euros (soit un peu plus que le budget annuel de l'Éducation nationale), au cas ou Athènes déciderait de ne rien rembourser, a calculé Éric Dor, directeur de la recherche à l'Institut d'économie scientifique et de gestion (IESEG). On comprend la réticence de l'Allemagne à passer l'éponge sur la dette grecque : étant donné son poids dans l'Union monétaire, Berlin devrait débourser encore plus d'argent que Paris, à due proportion de son poids dans le capital de la Banque centrale européenne (BCE) et de ses garanties apportées au pare-feu de la zone euro, le fameux Fonds européen de stabilité financière (FESF).Le gros de la facture serait présenté par la BCE. Au 31 mars 2012, la dette de la Banque de Grèce auprès de l'institution de Francfort s'élevait à 104 milliards d'euros, notamment à cause de la fuite des capitaux qui a frappé la Grèce depuis le début de la crise. En cas de défaut grec, la perte serait répercutée sur les banques centrales nationales, qui en elles-mêmes pourraient en appeler aux États pour recapitaliser la Banque centrale européenne, a due proportion de leur poids initial dans son capital. Facture pour la France : 22,7 milliards.
Les banques aussi
Une somme à laquelle il faut ajouter la valeur des obligations souveraines grecques rachetées par la BCE pour tenter de ramener la confiance (estimées à 45 milliards d'euros). Pour l'Hexagone, cela coûterait encore 9,8 milliards d'euros supplémentaires, calcule Éric Dor.Et ce n'est pas fini. En mai 2010, les États européens ont volé au secours d'Athènes en lui octroyant des prêts bilatéraux, juste avant la mise en place du Fonds européen de stabilité financière (FESF). La France a déjà versé 11,4 milliards d'euros, une somme qu'elle a dû emprunter et qui a augmenté sa propre dette... En cas de sortie de la Grèce de la zone euro, elle risque de ne jamais en revoir la couleur non plus.
Pas plus que les garanties apportées au FESF pour lui permettre de faciliter l'effacement de la moitié de la dette privée grecque et financer le second plan d'aide à la Grèce décidé en juillet 2011. Encore 23,5 milliards supplémentaire de pertes potentielles pour l'État français et donc pour le contribuable...
À cela il faut ajouter celles qu'essuieraient les banques françaises. En admettant que la drachme dévalue de 50 % par rapport à l'euro, celles-ci pourraient perdre plus de 19 milliards à cause des quelque 39 milliards de prêt qu'elles ont accordés à la Grèce (banques, ménages et surtout entreprises) assure Éric Dor, en se fondant sur des estimations de la Banque des règlements internationaux (BRI) actualisée au 31 décembre 2011. De quoi calmer les ardeurs de ceux qui voudraient punir Athènes en l'expulsant de la zone euro.
Bouclier fiscal : le joli caillou dans la chaussure du gouvernement que vient de déposer le conseil constitutionnel
Une mesure qui fragilise l'antisarkozysme
Une imposition confiscatoire
Correcteur d'injustices
Relâchement de la pression fiscale
La TVA dans la restauration
La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués
par une fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le
but de manipuler l'économie.
Après bien des péripéties, le secteur de la restauration sur place
s'est vu assujetti au taux de TVA réduit, pour l'alimentation et les
boissons non alcoolisées. Mesure qui est constamment remise en cause,
notamment aujourd'hui alors que le gouvernement cherche des moyens pas
trop visibles d'augmenter les prélèvements obligatoires. L'argument
étant que cette baisse de la TVA était destinée à promouvoir l'emploi,
et à faire baisser les prix, mais qu'elle fait perdre trop de recettes
fiscales, pour des gains controversés en termes d'emplois et de prix.
Cependant, l'emploi et les prix n'ont jamais été la justification, à
l'origine, de la réclamation d'une baisse de la TVA de la part du
secteur de la restauration. Le problème était la différence de taux
entre les ventes à emporter, assujetties aux taux réduit, et la
consommation sur place, assujettie au taux normal, plus élevé. Un
sandwich jambon et un paquet de frites achetés à la baraque à frites
étaient moins taxés qu'un jambon frites au comptoir du bistro du coin.
Ce qui faisait également dire aux professionnels que les McDonald's
étaient moins taxés. Ce qui était abusif. Leurs ventes sur place étaient
taxées comme celles des restaurateurs traditionnels.
La baisse de la TVA pour la restauration sur place a ainsi établi une
égalité de traitement entre la vente à emporter, et la consommation sur
place. C'est donc la problématique à étudier.
La restauration à emporter couvre une large gamme d'acteurs. Certains
restaurants, la restauration rapide notamment, proposent à la fois la
restauration sur place et à emporter. Les boulangeries forment un grand
acteur de la restauration à emporter. Les sandwicheries, les pizzerias,
les restaurants chinois, japonais, sont des acteurs de la restauration à
emporter. Mais aussi les grandes surfaces, et les supérettes, ont, en
ville, leur rayon à emporter. Les grandes surfaces et supérettes
acceptant même les tickets restaurant. Le secteur de la restauration est
donc très large.
Le plus simple serait de maintenir un taux unique, entre la
restauration sur place et la restauration à emporter. Pour des raisons
simples d'équité. Et surtout d'efficacité. Quant au choix du taux, le
gouvernement préférerait sans doute appliquer à tous le taux normal.
Mais nul doute que cela provoquerait un tollé de toutes les professions
concernées, des boulangeries aux grandes surfaces. C'est donc le taux
réduit qui resterait appliqué, logiquement. Mais pour renflouer ses
caisses, l’État pourrait choisir l'inéquité, et appliquer au groupe le
moins nombreux, la restauration sur place, un taux plus élevé.
La TVA dans la restauration illustre les dilemmes provoqués par une
fiscalité différente selon les secteurs et les produits, dans le but de
manipuler l'économie. Au final, le traitement n'est pas équitable. Les
taux sont influencés par les rapports de force entre les différents
groupes de pression. Si le gouvernement a besoin d'argent, il sacrifiera
le groupe le moins puissant à ses yeux.