samedi 10 décembre 2011
Les Français redoutent la perte du AAA
Une petite majorité de Français estime que la perte du triple A français pourrait avoir un impact important sur leur vie quotidienne, selon un sondage publié samedi par l'institut Harris Interactive pour le site 2012etvous.fr.
Ils sont 37% a estimé que la perte du triple A aurait un impact "très important" sur leur vie quotidienne et 14% "plutôt important". A l'inverse, 28% estiment que cela n'aurait "pas du tout" d'impact et 15% "peu".
Concernant les candidats à la présidentielle et la situation économique de la France, 24% des personnes interrogées ont déclaré faire avant tout confiance à Nicolas Sarkozy pour sortir le pays de la crise (contre 16% à François Hollande qui arrive en deuxième position).
A l'inverse au sujet de l'amélioration du pouvoir d'achat, elles placent François Hollande en tête (21% contre 12% à Nicolas Sarkozy).
Ce sondage Harris Interactive pour 2012etvous.fr (site lancé par M6, RTL et MSN Actualités) a été réalisé sur internet du 7 au 9 décembre auprès d'un échantillon de 1.157 individus représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
Crise de la zone euro : et si le pire était passé ?
Le pire est passé. Cet avis sur la crise de l'euro peut paraître téméraire, tant les Européens sont allés de déconvenue en déconvenue, depuis le début de la crise grecque à l'automne 2009. Pourtant, depuis dix jours, l'atmosphère a changé.
L'apogée de la crise fut atteint début novembre lorsque le premier ministre grec Georges Papandréou a proposé un référendum sur le plan de renflouement de son pays. Et le énième sommet de sauvetage de la monnaie unique, qui s'est achevé vendredi 9 décembre à Bruxelles, pourrait être le bon. En dépit des agences de notation qui menacent d'opérer des dégradations en cascade de toute la zone euro.Côté français, même le secrétaire général de l'Elysée Xavier Musca, pessimiste invétéré depuis le mois de juillet, avait perdu sa tête des mauvais jours. Les Français estiment qu'ils ne pouvaient pas mieux faire avec les cartes en jeu.
Dès jeudi, à la réunion du Parti populaire européen à Marseille, l'ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet nous gratifiait d'un sourire. Un sourire en "off", bien sûr, mais qui voulait tout dire : M. Sarkozy et Mme Merkel ont enfin renversé l'accord perdant-perdant scellé au sommet de Deauville un an plus tôt.
L'Allemagne avait alors exigé de faire participer les banquiers privés au sauvetage de la Grèce, créant une incertitude majeure sur l'engagement des peuples européens à rembourser leurs dettes, tandis que la France avait évité des sanctions automatiques pour les pays qui ne respecteraient pas l'orthodoxie budgétaire.
"Ce fut la plus grande erreur de cette crise", commente un dirigeant bruxellois. Aujourd'hui, Paris et Berlin ont décidé de durcir les règles budgétaires européennes et jurent que jamais plus un Etat européen ne fera faillite. Ce revirement est au coeur de l'accord franco-allemand confirmé vendredi par les Européens.
Mario Draghi, nouveau président de la BCE, a qualifié les décisions prises de "résultat très bon pour la zone euro". "C'est la paix des braves et la fin des controverses institutionnelles", estime un proche de M. Sarkozy, qui ajoute : "Nous avons achevé une renégociation à chaud du traité de Maastricht", négocié il y a vingt ans jour pour jour, le 9 décembre 1991.
Le premier, c'est la dérogation britannique, qui permettait à Londres de ne pas adopter l'euro mais de continuer à freiner l'intégration de la zone. Vendredi, les Européens ont bouté les Anglais hors d'Europe. A la surprise générale, le premier ministre britannique David Cameron a été lâché par les pays de l'élargissement, à commencer par la Pologne.
Le signal politique est majeur : les gouvernements veulent sauver l'euro, y adhérer, et ont décidé d'aller de l'avant. Sans attendre Londres, qui exigeait plus de libéralisme financier pour la City. Et sans réformer les traités européens, pour éviter toute obstruction britannique.
Second vice de Maastricht, l'absence de gouvernement économique. Naguère, l'Allemagne s'y opposait, voulant gérer seule son avantage compétitif. Elle a compris le risque qu'elle encourait en partageant sa monnaie avec des économies en perdition. La rigueur a commencé à être mise en oeuvre avec les plans italien, espagnol, voire français.
Les sanctions prévues par le pacte de stabilité, même quasi automatiques, ne seront peut-être pas opérantes, mais les Européens sont censés discuter en amont de leur politique économique pour éviter bulles immobilières et pertes de compétitivité qui firent le lit des économies méditerranéennes.
Fortes d'une ressource bon marché, les banques devraient être incitées à financer les entreprises et acheter cet hiver les emprunts émis notamment par l'Italie et la France. Certes, M. Draghi a déçu en n'achetant pas directement la dette émise par les Etats et les entreprises, comme le fait la Fed, la réserve fédérale américaine.
"La mutation de la BCE n'est pas achevée", explique un négociateur français, qui espère que la banque agira si les circonstances l'exigent. Il existe un autre problème : le fonds de sauvetage européen, dont la gestion a été confiée à la BCE, n'est pas opérationnel et sa force de frappe reste trop faible.
L'Europe est donc encore très vulnérable et les soubresauts sont jugés inéluctables. Mais après des mois de débats, les Européens savent désormais à peu près où ils habitent. Une condition indispensable pour rassurer les investisseurs, soucieux de savoir, eux, où ils mettent les pieds.
L’union, mais au prix fort
Avant même le début de la rencontre de jeudi soir, Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et David Cameron s’étaient réunis. Une chose était sûre, le Britannique allait jouer un rôle crucial dans les heures qui suivraient.
Puis a eu lieu un débat acharné, parfois même rude, avant que, peu après 5 heures du matin, le président français annonce en conclusion le résultat des négociations de la nuit.
Qui est responsable ?
Pour être plus précis, il faut parler de deux résultats, et dans les jours et les semaines qui viennent, la question sera de savoir lequel des deux a le plus de poids : la nouvelle que les Etats de la zone euro se sont entendus sur l’application de règles plus strictes pour leur politique financière ? Ou le fait que tous les membres de l’UE n’y participeront pas ?Dès le début, l’Allemagne a adopté une position sans ambiguïté : Merkel aurait souhaité parvenir à une modification des traités européens avec l’ensembre des 27 Etats membres.
De même, elle n’avait laissé planer aucun doute quant au fait qu’en cas de besoin, elle se contenterait des 17 Etats de la zone euro et d’autres volontaires pour avancer. L’unité sur la question était à ses yeux plus importante que l’union des 27.
En cela, elle pouvait compter sur le ferme soutien du président français. Désormais, il est prévu que 24 pays s’engagent à inclure dans leurs législations nationales une règle d’or budgétaire, et qu’ils s’entendent sur des sanctions quasi-automatiques pour qui fauterait en matière de déficit. Le traité sur l’euro devrait être élaboré avant le mois de mars.
Le prix politique à payer pour cet engagement est cependant élevé. La Grande-Bretagne a fait savoir qu’elle ne s’y joindrait pas ; en Suède et en République tchèque, les Parlements doivent au préalable accorder un mandat à cet effet à leurs gouvernements. Rien d’étonnant à ce que certains aient cherché à se défausser alors que le sommet n’était pas terminé.
Qui est responsable de cette division ? Le Premier ministre britannique David Cameron qui, jusqu’à la décision finale, a réclamé des règles d’exception pour défendre le secteur financier de son pays – ou bien Angela Merkel, qui a été la première à mettre la question de la modification du traité à l’ordre du jour ?
Cameron a tiré les plus mauvaises cartes
C’est Cameron qui a tiré les plus mauvaises cartes. Il se retrouve maintenant sur la touche, sans rien avoir obtenu pour la Grande-Bretagne. Quand on connaît Merkel, maîtresse des jeux de pouvoir, on se dit qu’elle avait dû le prévoir.Malgré tout, ce succès dans les négociations est cher payé. Car il serait faux de croire que sur ce dossier, l’Allemagne peut compter sur le soutien inébranlable de 22 Etats. La plupart des chefs de gouvernement suivent Merkel à reculons – non par conviction, mais parce qu’ils savent qu’aucune solution à la crise de la dette n’est possible contre l’Allemagne.
Même ceux qui appuient effectivement les exigences allemandes – davantage de discipline budgétaire – ne sont pas persuadés que ce soit le bon moment, ni même la bonne orientation.
Les Etats de la zone euro vont dorénavant conclure de facto leur propre traité, qui existera à côté de la juridiction actuelle de l’UE. Une voie qui recèle bien des embuches. Certains juristes doutent même qu’un tel traité parallèle soit tout simplement acceptable.
Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Les freins à l’endettement et les sanctions méritent-ils une rupture au sein de l’UE ?
Cela peut paraître inacceptable, mais en fin de compte, ce sont les marchés qui décideront. S’ils se laissent convaincre, Merkel entrera dans l’histoire comme la sauveuse de l’euro. Et si les spéculations continuent sans répit, la chancelière allemande restera dans les mémoires pour avoir enfoncé un coin dans l’UE.
Des dizaines de milliers de Russes manifestent dans tout le pays contre Poutine
Ces mobilisations sont sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000.
Entre 25 000 et 50 000 personnes manifestaient samedi à Moscou pour contester la victoire du parti de Vladimir Poutine aux législatives du 4 décembre, une mobilisation sans précédent contre le pouvoir, avec des rassemblements dans de très nombreuses autres villes du pays. Il s'agit d'ores et déjà d'une contestation d'une ampleur jamais vue contre Vladimir Poutine, arrivé au pouvoir en 2000, Premier ministre depuis 2008, et qui a annoncé son intention de revenir au Kremlin en mars prochain.
Peu après 15 heures locales (midi à Paris), la police de Moscou a estimé le nombre de manifestants à 25 000, selon l'agence Ria Novosti. L'un des leaders du mouvement d'opposition Solidarnost, Ilia Ponomarev, cité par Interfax, a de son côté estimé que 50 000 personnes participaient à la manifestation: 40 000 personnes déjà sur place et 10 000 autres affluant depuis la place de la Révolution, non loin de là, où avait été fixé un point de rassemblement. "Rendons au pays les élections !", "Exigeons un nouveau décompte des voix !", indiquaient des banderoles dans la foule. "Je suis venue à la manifestation car je ne crois pas aux résultats des élections. (...) Maintenant, il y a une chance de changer quelque chose dans le pays", a déclaré une manifestante, Anna Bakhmeteva, 44 ans. Une quinzaine de camions des forces de l'ordre étaient présents devant la place alors que des centaines d'autres étaient déployés dans différents endroits du centre de Moscou.
Réseaux sociaux
Un des leaders de l'opposition libérale, l'ancien ministre Boris Nemtsov, a souligné devant la presse que la mobilisation avait lieu "dans 90 villes de Russie". "Le pouvoir actuel ne sait pas se comporter dignement. Ils ne connaissent que le cynisme. Les dizaines de milliers de personnes qui se rassemblent aujourd'hui ne se laissent pas faire quand Poutine et (le chef de la commission électorale) Tchourov leur volent 12 millions de voix", a-t-il dit. "Ils ont trompé le peuple russe", a encore déclaré Boris Nemtsov. Il a précisé que l'opposition exigeait la libération des personnes interpellées depuis les premières manifestations lundi - 1 600 au total à Moscou et Saint-Pétersbourg -, la fin de la "censure", et l'organisation de nouvelles élections.Un journaliste a observé dans le centre de Moscou une concentration sans précédent de forces de l'ordre, avec des centaines de camions des unités antiémeute et des fourgons cellulaires, de part et d'autre du Kremlin, près de la place Rouge, près du siège du FSB (ex-KGB) sur la place de la Loubianka, jusqu'à la place Pouchkine et sur un pont franchissant la Moskova. Un hélicoptère survolait en outre le centre-ville à basse altitude. La place Rouge, qui jouxte le Kremlin, était bloquée par des camions des forces de l'ordre et un grand nombre de policiers.
Des dizaines de milliers de personnes avaient répondu sur les réseaux sociaux à des appels à manifester samedi dans tout le pays, après des rassemblements cette semaine à Moscou et Saint-Pétersbourg dispersés sans ménagement par la police. Compte tenu du décalage horaire, les manifestations avaient commencé plusieurs heures avant celle de Moscou dans les villes d'Extrême-Orient et de Sibérie. "Annulez les résultats des élections !" et "Les falsificateurs en prison !", ont réclamé environ 500 manifestants à Vladivostok, le port russe de la côte Pacifique, à sept fuseaux horaires de Moscou.
Publication des résultats officiels
Les manifestants étaient entre 2 000 et 3 000 à Tcheliabinsk en Oural, 300 à Orenbourg, 400 à Kemerovo en Sibérie, selon des militants locaux. À Tomsk en Sibérie, selon un militant d'opposition, les manifestants affluaient et étaient déjà au nombre de 1 500 environ vers 9 heures (heure de Paris). À Barnaoul, dans le sud de la Sibérie, plusieurs centaines de manifestants - un millier selon l'opposition - se sont rassemblés devant l'administration locale dont ils ont encerclé le bâtiment, selon Itar-Tass. À Khabarovsk, 400 personnes ont manifesté et environ 50 personnes ont été interpellées, selon un responsable du Parti communiste joint. Des manifestations étaient également signalées notamment à Blagovechtchensk, Tchita et Oulan-Oudé, en Sibérie orientale.Le Journal officiel russe a publié samedi les résultats officiels des élections confirmant la victoire du parti au pouvoir Russie unie avec 49,32 % des voix et une majorité absolue de 238 mandats sur 450 à la Douma (chambre basse). La mission d'observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) avait déclaré à Moscou à l'issue du scrutin avoir relevé des irrégularités "fréquentes" et "de sérieuses indications de bourrage des urnes". Une ONG, "L'Observateur citoyen", affirme sur son site internet (nabludatel.org) que le résultat réel de Russie unie est d'environ 30 % des suffrages, soit quelque 20 points de moins que les résultats officiels.
Ces élections et la répression des manifestations qui ont suivi ont suscité de vives critiques des États-Unis, de l'UE, de la France et de l'Allemagne notamment. Vladimir Poutine a accusé jeudi les États-Unis d'avoir fomenté la contestation, un scénario du "chaos" pour lequel seraient versés "des centaines de millions de dollars". Washington s'est défendu de toute ingérence, soulignant ne défendre que le droit des peuples à "exprimer leurs opinions et leurs aspirations démocratiques".
Le Président Sarkozy a tout loisir de s’occuper de la discipline européenne, des gilets pare-balles des policiers, de la couleur des sièges du RER A et même des fréquentations (douteuses selon lui) des joueurs de l’Olympique de Marseille. Il n’a pas besoin de gagner la présidentielle de 2012. Les socialistes s’occupent déjà de la perdre. Deux mois ont suffi à briser net l’élan de leurs primaires, à lézarder en profondeur cette façade unitaire délabrée depuis longtemps faute de fondations stables. Les mêmes qui se claquaient la bise en octobre se menacent aujourd’hui de paire de claques. Les rancœurs ravalées ressurgissent, les rivalités rangées ressuscitent.
Les Français attendent une campagne présidentielle, le PS tient une convention sur les investitures aux législatives et Hollande parle de François Bayrou. Les usines ferment, les hôpitaux sont exsangues, les fins de mois difficiles… L’opposition s’agite sur le nucléaire, le vote des étrangers et le mariage homo. Entouré de son armée mexicaine, le candidat François Hollande semble vagabonder de chefs lieux de province en capitales européennes, d’usines en universités, les poches vides d’idées et de programmes. Cela ne s’appelle pas une campagne électorale encore moins une confrontation d’idées. Au fait quelles idées ?
La Grèce prolonge la cure d'austérité en 2012, et au delà
Savvas Robolis, professeur d'économie à l'université Panteion d'Athènes, juge que la Grèce s'apprête à affronter "dix ans de sacrifices énormes"
ATHENES La Grèce s'est dotée mercredi à l'aube d'un budget d'une extrême rigueur pour 2012, entrevoyant la perspective d'une décennie d'efforts renouvelés, si elle veut assurer son avenir au sein d'une zone euro qui tente d'éviter l'éclatement.
Le Parlement grec a adopté un budget d'austérité drastique, tablant sur une forte baisse du déficit public et une 5e année consécutive de récession, qui marque la détermination d'Athènes à rester dans l'euro et à respecter les promesses faites à ses créanciers, malgré la dureté des mesures imposées à la population.
Le budget 2012 comporte notamment de nouvelles hausses d'impôts, baisses des salaires des fonctionnaires et réductions du nombre de salariés dans le secteur public, qui déboucheront vraisemblablement sur un abaissement sensible du niveau de vie d'une grande partie de la population.
Pour ce budget, qui prévoit également d'effacer une partie de la dette qui plombe le pays, le gouvernement de coalition (socialiste, droite, extrême droite) dirigé par l'ex-banquier central Lucas Papademos, a remporté 258 voix sur 299 votants, 41 députés s'exprimant contre, selon le décompte officiel.
Premier signe tangible de l'assainissement des finances publiques, si la Grèce met en oeuvre les réformes prévues pour réduire son train de vie, elle devrait enregistrer en 2012 pour la première fois depuis longtemps un excédent primaire - c'est-à-dire hors service de la dette- de 1,1%. Un objectif ambitieux au vue de la dépression qui plombe l'économie réelle du pays (PIB en baisse de 5,5% en 2011, de 2,8% en 2012).
Au total, l'an prochain, le déficit public doit se contracter à 5,4% du PIB contre 9% du PIB attendu en 2011.
Pour parvenir, et ainsi espérer regagner un jour la confiance des marchés financiers, la Grèce doit être "déterminée" et "systématique" dans son effort, sinon "l'histoire" ne lui "pardonnera pas", a déclaré M. Papademos aux députés.
Tout celà est le prix à payer pour garder la Grèce dans l'euro, une mesure souhaitée par près de 70% des Grecs, malgré les manifestations anti-austérité qui se succèdent dans la rue depuis des mois.
"Notre position en Europe est non négociable" a d'ailleurs dit M. Papademos.
"La Grèce est et restera une partie de l'Europe unie et de l'euro", a-t-il ajouté en soulignant que cette "participation" impliquait des "obligations".
Ce budget d'austérité va de pair avec un gigantesque chantier de renégociation et d'effacement d'une partie de la dette publique qui écrase le pays (pesant plus de 160% du PIB) et d'un vaste deuxième plan d'aide lancé par les pays européens partenaires après le prêt de 110 milliards d'euros concédé en mai 2010.
Dans ce cadre exceptionnel, "l'avenir du pays n'est pas décidé uniquement pour 2012, mais pour toute la décennie à venir", a lancé le Premier ministre aux députés.
Pendant le débat, le gouvernement a publié pour la première fois ses objectifs en matière de déficits publics jusqu'en 2015: -6,1% en 2013, -5,1% en 2014 et -4,2% en 2015, avec une dette publique qui à cette date-là devra être tombée à 286 milliards d'euros (126% du PIB).
Mardi à Athènes, devant le parlement où se débattait le budget, des heurts ont opposé un groupe de manifestants à la police, au milieu d'appels à "l'insurrection" lancé par des groupes de jeunes qui manifestaient en commémoration du décès d'Alexis Grigoropoulos, 15 ans, tué par un policier le 6 décembre 2008.
Ce drame avait déclenché des troubles urbains d'une intensité inédite en Grèce un an avant l'éclatement de la crise de la dette.
Alors que les slogans sur la place Syntagma appelaient "le peuple aux armes", au même moment, dans l'enceinte du parlement, plusieurs responsables estimaient que le pays et la zone euro faisaient face à des enjeux vitaux, rendant nécessaires les mesures adoptées.
En 2011, la Grèce n'a pas réussi à tenir ses objectifs d'assainissement des comptes. Le déficit public n'a pas été abaissé autant que prévu, devant tomber en fin d'année à 9% du PIB, au lieu des 6,8% prévus initialement.
Le nouveau gouvernement de coalition s'est engagé à mettre les bouchées doubles pour mettre en oeuvre le deuxième plan d'aide à la Grèce décidé par la zone euro fin octobre à Bruxelles et la poursuite des réformes structurelles.
Ce plan prévoit un deuxième prêt au pays d'environ 130 milliards d'euros d'ici 2014, dont 30 milliards destinés à la recapitalisation des banques grecques après l'effacement de 50% de la dette détenue par les créanciers privés du pays (banques, assurances, caisses de retraite, etc).
M. Papademos a récemment souligné "la complexité et la difficulté" des négociations sur la restructuration de cette dette.
Savvas Robolis, professeur d'économie à l'université Panteion d'Athènes, juge que "l'économie grecque va passer une année très très dure, que ce soit au niveau économique, social ou même politique" et qu'elle s'apprête à affronter "dix ans de sacrifices énormes".
Markus Kerber : "l'euro est trop cher pour le Portugal et trop bon marché pour l'Allemagne"
Markus Kerber a introduit un recours devant la cour de Karlsruhe contre l'aide à la Grèce et un autre contre la politique de la BCE devant la Cour de justice européenne.
Pourquoi avez-vous introduit un recours contre la Banque centrale européenne (BCE) devant la Cour de justice européenne ?
Je suis convaincu qu'il faut un moyen de contrôle sur la BCE qui commence à créer son propre droit. Tout le monde reconnaît qu'elle agit complètement en dehors de ses limites. J'ai pris cette initiative pour savoir si l'on souhaite vraiment laisser la BCE être maître de l'état d'exception, en décréter les conditions préalables, en prescrire les mesures et même en décider la durée... En tant que juriste de formation et économiste, cela me donne la nausée.
Que reprochez-vous concrètement à la BCE ?
La BCE a un seul mandat : la politique monétaire. Elle a même le monopole en la matière. Un monopole qui va de pair avec son indépendance politique totale. Elle ne doit pas être sujette à une quelconque instruction de la part d'un gouvernement. À partir du moment où, sous la pression ou pas d'un gouvernement, elle continue une politique d'achat de bons d'État, elle entame une action ayant visiblement des considérations fiscales. Elle fausse la concurrence sur le marché des capitaux. Or le jeu que nous avons institué dans la conception de la BCE veut que ce soient les marchés seuls qui déterminent le prix des émissions de la dette souveraine.
Comment alors sortir de cette crise et sauver l'euro ?
Au début, j'étais favorable à la création d'une monnaie unique mais l'euro est aujourd'hui inadapté. La zone euro dans sa configuration actuelle n'est pas défendable et ne peut pas survivre. Non seulement en raison de cette grande crise de la dette mais également en raison du différentiel de compétitivité entre ses différents membres. L'euro est trop cher pour le Portugal et trop bon marché pour l'Allemagne. Il faut une politique d'austérité ainsi qu'une politique de croissance. Il faut soit faire rétrécir la zone euro, soit trouver un mécanisme permettant d'adapter la configuration à ce que j'appelle une zone de monnaie régionalisée.