samedi 26 novembre 2011
La journaliste française agressée en Egypte va porter plainte
Caroline Sinz, la journaliste de la chaîne de télévision France 3 frappée et agressée sexuellement jeudi par des hommes en civil en marge de manifestations au Caire, est rentrée à Paris samedi 26 novembre et va porter plainte.
Selon son mari, lui-même journaliste à France 3, Caroline Sinz devait se rendre dans l'après-midi à l'institut médico-légal de Paris pour des examens, avant de déposer plainte pour les violences dont elle a été victime en Egypte. A sa descente de l'avion, la journaliste a reçu un appel téléphonique du président français Nicolas Sarkozy qui s'est entretenu avec elle "assez longuement", a indiqué à l'AFP son époux. L'Elysée a confirmé cet entretien téléphonique entre Mme Sinz et M. Sarkozy, sans donner davantage de détails.
FAITS DE VIOL
Avant son retour, Caroline Sinz avait expliqué à l'AFP que son cameraman, Salah Agrabi, et elle-même avaient commencé à être pris à partie jeudi dans une rue menant de la place Tahrir au ministère de l'intérieur, où ont eu lieu des heurts violents entre manifestants et forces de l'ordre. "Nous étions en train de filmer dans la rue Mohamed Mahmoud quand nous avons été assaillis par des jeunes de quatorze ou quinze ans", a-t-elle raconté, en faisant état "d'attouchements".
La journaliste et son cameraman ont ensuite été entraînés "manu militari" par un groupe d'hommes vers la place Tahrir et se sont retrouvés séparés. "Nous avons alors été agressés par une foule d'hommes. J'ai été tabassée par une meute de jeunes et d'adultes qui ont arraché mes vêtements" et qui ont procédé à des attouchements répondant "à la définition du viol", avait-elle poursuivi. Après trois-quarts d'heure, elle avait finalement été secourue par des Egyptiens présents sur les lieux.
Cette agression, et celles de deux autres femmes journalistes en Egypte, a été vivement condamnée par le gouvernement français, les médias et des associations de défense de la presse.
Le nouvel impôt sème la zizanie en Grèce
Malgré les mises en place successives d’un impôt de solidarité, de taxes sur le tabac et les alcools, et de l’augmentation généralisée de la TVA à 23%, les caisses de l’Etat ne se remplissent toujours pas. Une idée a donc germé au Ministère des finances.
Les Grecs étant propriétaires à 70% de leur logement, pourquoi ne pas instaurer une taxe spéciale sur les biens immobiliers? Oui, mais comment? Dans un pays sans cadastre (l’Union européenne avait donné d’énormes subventions il y a une quinzaine d’années pour en faire un, mais l’argent est parti en fumée), la seule solution trouvée a été d’inscrire cet impôt sur la facture d’électricité. Et de menacer de couper le courant à quiconque ne payerait pas dans les temps.
Cette loi, bricolée dans l’urgence, instituait pour tous une charge de 4 euros par mètre carré, taxant même les préfabriqués des sinistrés des incendies de l’été 2007… Les Grecs l’ont surnommé «charatsi, du nom de l’impôt ottoman sur la population chrétienne. C’est dire son impopularité. De nombreux Grecs en difficulté se sont ainsi retrouvés dans l’impossibilité de s’acquitter du montant. Face à cette situation, le maire de Nea Ionia, dans la banlieue d’Athènes, a décidé de s’opposer en organisant la défense de ses administrés qui paient leur facture sans la taxe.
Ce mouvement de désobéissance civile a fait tache d’huile et a été suivi par de nombreuses mairies. L’opposition s’est aussi organisée au sein du syndicat des électriciens, qui estime que leur rôle doit se limiter à la fourniture de courant. Depuis dimanche dernier, ils occupaient le centre informatique de la compagnie d’électricité. Jeudi matin, ils ont été délogés par les CRS. En riposte, une grève de 48 heures a été déclarée. Le gouvernement a donc dû fait marche arrière.
Provisoirement, le délai de paiement a été porté à 80 jours et certaines personnes seront exemptées. En attendant, cette loi, déjà désavouée par le commissaire européen à l’énergie, pourrait être déclarée anticonstitutionnelle par le Conseil d’Etat.
Près de deux Français sur trois pour le retrait d'Eva Joly, selon un sondage
Rude semaine pour Eva Joly : sous le feu des critques après sa prise de distance avec l'accord entre le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), 61 % des Français souhaitent qu'elle se retire de la course à la présidentielle, selon un sondage BVA pour 20Minutes.fr, publié vendredi 25 novembre.
Chez les sympathisants de gauche, le chiffre est le même (61 %) et il atteint 71 % chez les sympathisants socialistes. Sans surprise, seuls ceux d'EELV souhaitent à 60% qu'elle se maintienne, 35 % chez l'ensemble des Français.Selon la même étude, près de deux Français sur trois (63 %) ne sont pas satisfaits de l'accord conclu entre le PS et EELV. Interrogés sur "le contenu de l'accord signé entre le Parti socialiste et les Verts", 34 % des sondés se déclarent "pas vraiment" et 29 % "pas du tout satisfaits". A l'opposé, ils sont 3 % à se dire "très satisfaits" et 22 % "plutôt satisfaits" de l'accord. 10 % ne se prononcent pas et 2 % n'en ont pas entendu parler.
L'accord rassemble 41 % de satisfaits chez les sympathisants de gauche. 49 % des sympathisants PS et seulement 36 % de ceux des Verts se déclarent satisfaits.
Pour 42 % des personnes interrogées, "les Verts ont plus cédé au Parti socialiste que l'inverse" pour parvenir à cet accord. 25 % pensent le contraire et 29 % estiment que Verts et PS "ont cédé autant l'un que l'autre".
Enfin, si 37 % d'entre elles approuvent les critiques d'Eva Joly contre François Hollande et l'accord PS-EELV, 59 % les désapprouvent et 4 % ne se prononcent pas.
Le sondage a été réalisé en ligne les 24 et 25 novembre auprès de 1 405 personnes de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.
(1) Bernard Pignerol, Droit et complexité, Presses universitaires de Rennes, 2007.
François Bayrou candidat à la présidentielle, c’est devenu un pléonasme au XXI e siècle. Au nom du centre, cet endroit de la politique où, selon Mitterrand, se gagne l’élection présidentielle sauf quand on s’affiche… centriste. Bayrou veut croire que les logiques politiques ont changé après trente ans de dette et cinq ans de sarkozysme. Après tout, la crise de l’euro, il l’avait écrite et décrite avant tout le monde dans son livre, sans doute parce que la construction de l’Europe est dans l’ADN de ce centriste génétique et entêté. Il se lance au plus fort de la tourmente européenne, au moment où les écologistes s’enlisent, où Hollande patine, avant que son rival du centre, Hervé Morin, ne trépigne tout seul au pied du pont de Normandie. Le Béarnais chevauche en général sans troupes avec son panache orange, digne héritier d’Henri IV. Le moment est bien choisi, le créneau n’est pas occupé, la mode est à « une majorité d’union nationale » qu’il veut incarner. Mais cela ne fait pas un programme audacieux et lisible pour les Français qui aiment y voir clair et distinguer droite et gauche. Bayrou doit encore prouver qu’il reste de la place entre les deux.
Zone euro : les marchés s'attaquent à l'Allemagne
Si même l'Allemagne n'est plus épargnée par les marchés, il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir de la zone euro. C'est en tout cas ce qui ressort des commentaires d'économistes après l'adjudication ratée de titres de dette allemands mercredi : pas moins de 40 % des titres mis sur le marché par le gouvernement allemand n'ont en effet pas trouvé preneur.
Cette opération ne peut être considérée comme un échec. Le rendement du Bund allemand (emprunt d'Etat) se situe en effet autour deautour de 2,15 % vendredi, en hausse de 0,25 points sur une semaine. Il reste ainsi inférieur au niveau de l'inflation dans la zone euro (autour de 3 % sur l'année). Mais cette opération décevante marque un tournant dans la perception du risque par les investisseurs.
LES MARCHÉS FONT PRESSION SUR BERLIN
Après avoir fui la périphérie, les investisseurs désertent désormais le cœur de l'Europe, et cette absence est de très mauvais augure pour l'avenir de la zone euro. Si les rendements faibles offerts par l'Allemagne finissent par rebuter même les investisseurs à la recherche d'une valeur refuge inébranlable, c'est surtout la position inflexible du pays sur le rôle de la BCE qui inquiète.
Le gouvernement d'Angela Merkel s'est montré prêt à envisager une modification des traités européens afin de permettre la mise en œuvre de mesures en faveur d'une meilleure surveillance des politiques budgétaires. Mais Berlin n'envisage toujours pas d'élargissement du rôle de la BCE. Et encore moins que celle-ci puisse se doter du statut de prêteur en dernier ressort, qui lui permettrait de garantir qu'aucun pays de la zone euro ne fera défaut.
>> Lire "Réformer la BCE, seule solution pour répondre à la crise ?"
Nombreux sont donc les observateurs à estimer qu'une sanction de l'Allemagne par les marchés est la seule façon de la voir infléchir sa position sur la BCE. D'autant plus que les autorités de l'UE commencent à manquer de munitions : l'attractivité du FESF (Fonds européen de stabilité financière), qui s'est substitué à la BCE pour garantir les dettes souveraines, pâtit de la hausse des taux, et surtout, sa force de frappe – 440 milliards d'euros à l'heure actuelle – est bien trop faible pour contenir la contagion de la crise.
Une révision du mandat de la BCE, considérée comme l'ultime recours susceptible de sauver la zone euro, n'est pourtant pas envisagée comme la panacée par nombre d'économistes. Ainsi, Sony Kapoor, professeur à la London School of Economics, écrivait cette semaine sur son blog qu'une telle mesure conduirait la zone euro dans une situation comparable à celle du Royaume-Uni. La Banque d'Angleterre y a pratiqué plusieurs politiques d'assouplissement monétaire massif, ce que la BCE ne peut pas faire : "certes le Royaume-Uni bénéficie de taux à leur plus bas (...) mais l'économie anglaise se porte-t-elle bien pour autant ? Est-ce qu'elle croît ? La réponse, dans les deux cas, est non.", explique Sony Kapoor
Pour Peter Tchir, économiste chez TF Market Advisors, qui livre son analyse dans les colonnes de l'influent blog économique américain Zero Hedge, "[les] 440 milliards d'euros [du FESF] ne règleront rien, mais cela peut au moins permettre de stabiliser les marchés pendant 3 à 6 mois", le temps de mettre en place des solutions. L'une d'entre elles, suggère Peter Tchir, serait d'essayer de faire jouer un rôle à la Chine et à d'autres économies émergentes en quête d'investissement, en leur proposant l'achat de titres émis par le FESF.
Le directeur général du Fonds, Klaus Regling, devrait d'ailleurs présenter en début de semaine prochaine aux ministres des finances de la zone euro les modalités d'extension de la capacité du fonds, après d'intenses consultations ces dernières semaines avec les investisseurs internationaux. Le FESF réformé ne sera toutefois pas en mesure d'agir avant fin décembre au moins, ont indiqué vendredi des sources proches du dossier à l'agence Reuters.
LA ZONE EURO TOUTE ENTIÈRE PRISE POUR CIBLE
Stéphane Deo, économiste chez UBS Investment Research, écrivait jeudi dans une note de recherche que les marchés, après s'en être pris aux économies les plus fragiles, étaient en train "d'évaluer le prix d'un éventuel effondrement de l'euro". Cette éventualité n'est plus du tout exclue. Au cœur des inquiétudes : le risque de crise de liquidité d'abord, le risque de défaut ensuite, qui persistera tant que la BCE n'acceptera pas de prendre la responsabilité de garantir qu'aucun pays de l'eurozone ne fera défaut.
Petit à petit, des lignes de partage se dessinent entre les pays de l'UE. Les taux auxquels le Royaume-Uni emprunte sont désormais identiques à ceux de l'Allemagne, ce qui en fait un concurrent sérieux, et ce pour la simple raison que le pays bénéficie d'une banque centrale qui n'hésitera pas à assumer le rôle de prêteur en dernier ressort en cas de besoin. Ce repli fait également les bonnes affaires du Trésor américain, dont les bons, malgré un rendement à peine plus élevé que le Bund, font toujours le bonheur des investisseurs prudents.
Malgré son niveau – il vaut toujours plus de 1,32 dollar –, l'euro semble ne plus remplir un de ses principaux rôles, celui de faciliter le financement de l'économie par le biais de l'endettement des Etats. Il le faisait en nivelant le "spread" (l'écart) entre les taux des dettes souveraines émises par des pays aux situations économiques très différentes. Puisque les investisseurs considéraient qu'un euro grec avait la même valeur qu'un euro allemand, les deux pays empruntaient au même taux sur les marchés (autour de 4 % en 2007). C'est loin d'être le cas aujourd'hui.
>> Voir l'infographie : "L'autre notation des marchés : le 'spread' franco-allemand'"
LES EUROBONDS TOUJOURS SUR LA TABLE DES NÉGOCIATIONS
Si l'Allemagne se met à emprunter à des taux qui s'approchent peu à peu des taux français, elle perd donc un avantage considérable par rapport aux autres membres de la zone euro. C'est ce qui pourrait la convaincre de se ranger du côté des partisans des eurobonds, ces obligations communes à toute la zone euro. Celles-ci ont l'avantage de présenter un taux unique et permettent à tous les pays de l'eurozone d'emprunter au même coût. Ces Etats bénéficieraient ainsi, par effet de bord, des garanties apportées par le triple A de l'Allemagne et de la France.
La question est désormais de savoir combien de temps encore la France conservera ce triple A. Plus que jamais, le temps presse.
L’Europe, notre affaire de famille
Jamais nous n’avons été aussi près d’une politique intérieure européenne. Les nouveaux dirigeants en Espagne, en Italie et en Grèce joueront un rôle beaucoup plus important pour l’Allemagne que la nouvelle Grande coalition à Berlin.
Cette soudaine proximité n’est pas sans danger ainsi qu’en témoignent le maladroit baratin cocardier de Volker Kauder sur la prédominance de l’Allemagne ou l’agressivité des réactions de Londres. Tout le monde sent que l’Europe arrive à un tournant décisif. C’est le moment de s’interroger sur le sens de la chose.
Pour cela, il convient de prendre de la distance, disons quelques milliers de kilomètres. La scène se passe dans un café de Lahore, au Pakistan. Après avoir écouté les questions de son visiteur allemand, le Pakistanais commence à interroger son hôte sur son pays.
Une nouvelle façon de vivre ensemble
Un sujet l’intéresse tout particulièrement. Les Allemands ne sont-ils pas des ingénieurs réputés ? Oui. Ne sont-ils donc pas capables de construire des armes ultra performantes ? Oui, peut-être. "Alors pourquoi est-ce que vous n’avez pas la bombe atomique ? Les Français et les Britanniques l’ont. Comment pouvez-vous accepter que d’autres l’aient et pas vous ?"Pour ce Pakistanais, le fait que l’Allemagne ne se préoccupe même pas de se doter de l’arme nucléaire est une aberration. Pour lui, le voisin qui possède le feu nucléaire est l’ennemi héréditaire, l’Inde.
Pour nous, c’est la France et nous nous fichons bien de son arsenal nucléaire. Nous ne nous préoccupons pas des armes de la France mais de sa notation et ce qui nous inquiète n’est pas de la voir monter mais descendre. Ce raisonnement va à l’encontre de plusieurs siècles d’histoire. Pour 90% de l’humanité, un tel environnement politique relève de l’inimaginable.
Dans la politique post-héroïque, pauvre en hormones, dévelopées par les Européens ces dernières décennies est bien plus que la simple conséquence d’un passé guerrier.
Il s’agit d’une nouvelle façon de vivre ensemble, de relier les peuples et les Etats. La crise précipite aujourd’hui cette expérimentation sur un nouveau terrain : l’économie et la finance. Pour décrire cette forme de vie commune, il existe une image très sage, sentimentale et Helmutkohlesque mais parfaitement adaptée : l’Europe est une famille.
Par famille, on entend la formation de liens naturels de solidarité qui ne sauraient être abrogés par la force, même en cas de faute. Autrement dit, aucune erreur de gestion ne peut faire de la Grèce une étrangère.
Un mélange de bienveillance et de brutalité
Toutefois, toute famille a sa propre façon d’exercer des pressions morales sur les moutons noirs ou quelques cousins alcooliques pour les forcer à suivre une cure de désintoxication. Il n’est pas non plus agréable d’être dépendant des parents, cela peut même être encore plus désagréable qu’être dépendant de sa banque.Le mélange si caractéristique de bienveillance et de brutalité avec lequel Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont traité les chefs d’Etats endettés lors du sommet de Cannes, avait tout de la manière dont certains parents punissent leurs enfants “pour leur bien”. Et aucun enfant n’aime ça.
Le modèle familial ajoute également un autre élément que l’on pourrait appeler la fin de la diplomatie. Une famille constitue en effet un espace relativement informel : on ne s’embarrasse guère de politesses.
Or, force est de constater que les échanges entre pays européens sont de plus en plus directs. Aussi fâcheuses soient-elles, les diverses sorties sur ces fainéants du Sud, ces égoïstes de Britanniques ou ces mégalos d’Allemands sont autant de signes d’une intimité croissante.
Une inépuisable source d'envie
Depuis longtemps, les uns se mêlent des affaires des autres en gardant la main sur les cordons de la bourse ou un pied sur la pédale de frein. Cela peut potentiellement gravement endommager les relations entre membres. Il ne s’agit toutefois pas d’un retour des vieux démons de la guerre mondiale ou d’avant mais bien des grincements, ajustements et accidents d’un projet expérimental.Le succès de cette philosophie politique n’est aucunement assuré. Au contraire, le projet européen doit affronter des oppositions plus fortes que jamais. L’Europe est un objet politique inédit, une exception historique.
Vu de Lahore, sur un continent divisé, submergé par les armes, où les hommes sont encore des hommes et les bombes sont encore des bombes, l’Europe est une inépuisable source d’étonnement. D’envie aussi.