vendredi 9 novembre 2012
Nouveaux défis chinois
Hypocrisies
Un slogan à paternité multiple
Le KGB bouge encore !
Plus de 20 ans après leur démantèlement, les services de
renseignement soviétiques déchaînent toujours les passions en Lituanie.
La publication des noms d’anciens collaborateurs désignent des hommes
politiques et des fonctionnaires. Représentent-ils toujours une menace
pour l’Etat ?
Cette fois-ci encore, la publication de la liste du personnel d’encadrement dans les bureaux régionaux du KGB a déchaîné de nouvelles passions. On y a découvert le nom du directeur du bureau de la police criminelle Algirdas Matonis, comme celui de nombreuses personnes occupant actuellement des postes importants. Jusqu’à aujourd’hui, la société lituanienne ignorait tout de leur passé.
Secrets d'Etat
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, plus de 100 000 personnes ont travaillé pour le KGB en Lituanie. En 1990, environ 6 000 Lituaniens étaient des agents de l’organisation. Une grande majorité d’entre eux a échappé à la lustration [épuration des anciens agents soviétiques] et considère leur passé comme secret. Environ 1 500 anciens collaborateurs ont choisi de reconnaître leur collaboration et de voir ainsi leurs liens avec la sécurité soviétique tombés dans la catégorie des secrets d’Etat, selon les termes d'une loi promulguée en 1999. Parmi ceux qui ont avoué, beaucoup ont été au service du KGB bien avant 1990.Il n’existe aucune donnée précise permettant de chiffrer le nombre d’anciens collaborateurs du KGB travaillant aujourd’hui dans la fonction publique. Selon Arvydas Anusauskas qui dirige le Comité parlementaire pour la défense et la sécurité nationale, un millier de cadres lituaniens travaillaient encore pour le KGB lors de son démantèlement en 1991. Certains sont partis à la retraite. Près de 200 d’entre eux ont trouvé un emploi dans la fonction publique. Après l’adoption de la loi de 1999 prévoyant des restrictions pour l’emploi d’anciens employés et agents du KGB dans la fonction publique, seules quelques dizaines de personnes ont obtenu de la justice l’autorisation de conserver leurs postes.
Rattrapés par leur passé
Terese Burauskaite, la directrice du Centre de recherche sur le génocide et la résistance en Lituanie, analyse les archives du KGB depuis de longues années et affirme reconnaître parmi les hauts fonctionnaires des personnes ayant travaillé pour le KGB sans l’avouer. Mais le prouver devant la justice reste difficile. “Nous les chercheurs, nous avons suffisamment de preuves à disposition, car nous considérons leur activité dans son ensemble, mais la justice a une approche différente. Tous les documents à disposition n’ont pas forcément de valeur juridique sérieuse. Ce sont des copies, des papiers sans signatures, des brouillons, des cahiers de travail. Nous savons que ce matériel est vrai, nous y lisons le nom des gens, mais cela ne suffit pas pour servir de preuves devant la justice”, regrette-t-elle.Plusieurs candidats ont été rattrapés par leur passé d’agents du KGB au moment des dernières élections législatives. Comme ce chimiste célèbre qui a dû reconnaître qu’il avait collaboré avec la sécurité soviétique : il a indiqué que cette collaboration n’a duré qu’un an alors qu’il est avéré qu’elle s’est étalée sur une décennie. Le nom de plusieurs hommes politiques apparaît sur les listes des réservistes du KGB récemment publiées par le Centre de recherche. Au moins sept réservistes sont membres du Parti social-démocrate [qui a remporté les élections législatives du 28 octobre et tente de former le prochain gouvernement]. Le plus célèbre d’entre eux est l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel ambassadeur en Lettonie, Antanas Valionis. Les restrictions [prévues par la loi de 1999] pour les anciens collaborateurs du KGB ont pris fin en 2009. Cela signifie qu’aujourd’hui, les anciens employés du KGB peuvent occuper n’importe quel poste de la fonction publique.
Arvydas Anusauskas ne pense pas qu’il y ait lieu de s’inquiéter pour autant. “Si, grâce à cette loi, une personne a perdu son poste au parquet général, quelles peuvent être ses chances d’y retrouver un emploi 10 ans après ? Ses compétences et ses connaissances ne sont plus valables”, fait-il remarquer.
Les douceurs ou le fouet
Les documents prouvent qu’aucun Lituanien n’a collaboré de plein gré avec le KGB. Comme l’explique Terese Burauskaite, un nouveau collaborateur aura été soit appâté avec des douceurs, soit menacé par le fouet. Pour cette raison, la majorité des anciens collaborateurs du KGB se sont réjouis de la possibilité de se purifier. Ceux qui n’ont pas avoué ont perdu leur tranquillité d’esprit pour toujours car ils ne pourront plus jamais être certains que leurs liens avec le KGB ne vont pas être révélés un jour, selon la directrice du LGGRTC.Gierde Bolzane |
Les morts se réveillent en douceur !
Nous aurons donc un mini-choc de compétitivité de gauche, finalement assez équilibré, même si le tableau d'ensemble ressemble à une usine à gaz. Le « pacte de compétitivité et de croissance », annoncé par Jean-Marc Ayrault dès le lendemain de la remise du rapport de Louis Gallois, apporte enfin une réponse volontariste au déclin de l'entreprise France SA. Derrière la théâtralisation des réactions, trop pour les uns, trop peu pour les autres, ce sont bel et bien 20 milliards d'euros d'allégements supplémentaires des charges patronales que les entreprises, petites ou grandes, individuelles ou pas, vont obtenir... mais en 2014.
Dans cette longue bataille politique, c'est la ligne colberto-productiviste incarnée par le ministre du redressement productif qui l'a emporté. Arnaud Montebourg s'est allié avec l'industrialiste Louis Gallois, ancien président d'EADS, fasciné par la réussite du modèle allemand. Les entreprises ont obtenu ce qu'elles voulaient mais pas comme elles le voulaient.
Il est encore trop tôt pour faire le bilan de l'efficacité globale d'un dispositif complexe, qui mélange des mesures aux effets contradictoires. Hausse de TVA pour les uns, mais pas avant 2014, de la fiscalité écologique pour les autres, à partir de 2016˛; chacun des secteurs concernés va sortir sa calculette pour vérifier si le cadeau annoncé en est vraiment un.
JEAN-MARC AYRAULT PROMET que son crédit d'impôt va créer 300˛000 emplois à l'horizon 2017, et doper la croissance de 0,5˙point. Le procédé ressemble à s'y méprendre au discours que tenait Martine Aubry lors du passage aux 35 heures, lorsque la gauche promettait que cela créerait 700˛000 emplois. Le Premier ministre promet aussi qu'aucun secteur ne subira de hausse de prélèvement supérieure à l'avantage qu'il retirera des allégements de charges qui concerneront tous les salaires jusqu'à 2,5˙smic. Cela correspondrait à une baisse de 6˛% du coût du travail en France, de quoi effectivement enrichir la croissance en emplois plus qualifiés.
Il y a dans le plan présenté mardi trois innovations dont il faut se féliciter. D'abord, la reconnaissance de la réalité du problème du coût du travail.
La France a pris dix ans de retard par rapport à son principal concurrent, l'Allemagne. L'industrie française a perdu pendant cette période plus de 700˛000˙emplois et, dans le même temps, les marges des entreprises sont tombées à leur plus bas historique.
Deuxième innovation, la moitié du crédit d'impôt sera financée par un effort supplémentaire de réduction des dépenses publiques, soit 10 milliards d'euros, s'ajoutant aux 10 milliards déjà annoncés pour 2013. Ce choix est vertueux et prouve qu'il y a encore du gras à découper.
Troisième innovation, la promesse de stabilité fiscale et réglementaire pour la durée du quinquennat. C'est que sur un corps aussi écorché, la moindre égratignure fait mal désormais. Les entreprises ont aussi besoin de visibilité, appelons cela l'effet « Pigeon »˛!
À chômage de masse, solutions innovantes. Il en est une néanmoins qui fera débat, c'est le « donnant-donnant », une vieille lune française. Le crédit d'impôt ne sera pas accordé à des entreprises qui délocalisent, affirme Jean-Marc Ayrault. Il n'est pas sûr que cette condition sans doute populaire mais contraire au droit communautaire soit du goût du commissaire (français) au marché intérieur, Michel Barnier, gardien du temple des règles européennes face aux tentations nationales, voire nationalistes.
Mais, le débat sur la durée légale du travail restant interdit, pour l'instant, le chaînon manquant de la bataille est du coup entre les mains des partenaires sociaux. Au pacte de compétitivité, il manque un pacte pour l'emploi.
Soldat socialiste, encore un effort, il ne manque plus qu'un contrat de travail unifié rapprochant les avantages du CDD et du CDI pour libérer l'embauche et sauver le pays˛! C'est l'ironie de l'histoire que ce soit le destin de la gauche sociale-démocrate française que de devoir remettre le modèle français à l'endroit.
La France va entrer en récession selon la Banque de France
Le PIB reculerait de 0,1% au quatrième trimestre après
une baisse similaire au troisième. Une prévision de la Banque de France
qui contredit le volontarisme du gouvernement.
C'est nouveau démenti à l'optimisme du gouvernement. Après les prévisions plus faibles de la Commission européenne sur la croissance en 2013,
la Banque de France a annoncé vendredi l'entrée du pays en légère
récession. Dans une première estimation publiée
vendredi à l'occasion de son enquête de conjoncture dans l'industrie et
les services d'octobre, la BdF prévoit une baisse de 0,1% du produit
intérieur brut (PIB) en octobre-décembre. Pour le
troisième trimestre, elle avait également estimé que l'activité
économique de la France avait reculé de 0,1% après trois trimestres
consécutifs de stagnation.
Si l'Institut
national de la statistique et des études économiques (Insee) confirmait
ces estimations, il s'agirait d'un premier épisode de récession depuis
que la France est sortie de la crise au printemps 2009.
Une récession est techniquement définie comme au moins deux trimestres
consécutif de contraction du PIB. L'Insee estime pour
sa part, dans ses dernières prévisions, que le PIB devrait continuer de
stagner aux troisième et quatrième trimestres, ce qui porterait à cinq
le nombre de trimestres consécutifs de croissance zéro, une situation
totalement inédite depuis l'après-guerre.
Lire aussi: Croissance zéro: une spécificité française
L'Insee doit publier le 15 novembre sa première
estimation pour la croissance au troisième trimestre, puis les chiffres
détaillés le 28 décembre. L'Insee table sur une
croissance de 0,2% sur l'ensemble de l'année, légèrement inférieure au
taux de 0,3% escompté par le gouvernement pour ramener le déficit public
de la France à 4,5% du PIB à la fin de l'année.
Ces prévisions annoncent un départ sans élan pour l'année 2013, pour
laquelle le gouvernement a maintenu sa prévision de croissance de 0,8%,
jugée optimiste par les économistes et par la Commission européenne qui
vient de publier une prévision, révisée en baisse, de 0,4%.
La BdF appuie sa prévision sur son enquête mensuelle de conjoncture
dans l'industrie et les services qui dénote un léger recul de la
production industrielle en octobre et une très légère diminution dans
les services.
L'indicateur du climat des
affaires dans l'industrie s'est établi à 92 en octobre, comme en
septembre et celui du climat des affaires dans les services est aussi
resté stable, à 91. "La production industrielle a de
nouveau légèrement reculé en octobre, en raison notamment de la baisse
persistante de l'activité dans le secteur de l'automobile", constate la
Banque de France. Le taux d'utilisation des capacités
de production s'est stabilisé et demeure en deçà de son niveau moyen de
longue période tandis que les carnets de commandes sont toujours jugés
insuffisants. Les prix des produits finis ont continué à augmenter
faiblement. Les prévisions des chefs d'entreprise
tablent, pour novembre, sur une légère diminution de l'activité.
"Dans les services, l'activité diminue très légèrement
en octobre, le repli du travail temporaire et des services aux ménages
ayant été quasiment compensé par la progression des secteurs de
l'ingénierie et de l'information et communication", précise la BdF. Dans
les services, les prix s'orientent plus nettement à la hausse mais les
effectifs se sont contractés, notamment dans l'intérim. "Les chefs
d'entreprise augurent une légère augmentation de l'activité en
novembre", précise l'enquête.
Manuel Valls: "Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde"
Le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, a repris vendredi au sujet de l'immigration la phrase de Michel Rocard affirmant que la France ne pouvait pas "accueillir toute la misère du monde", car la gauche, a-t-il dit, "ce n'est pas que des frontières ouvertes".
"Nous ne pouvons pas accueillir toute la misère du monde, je reprends la phrase de Michel Rocard, même si la France prends sa part dans cet accueil", a déclaré le ministre sur France Info.
A la question de savoir s'il avait donné à ses services des objectifs chiffrés alors que le nombre des reconduites à la frontière doit battre un record en 2012, le ministre a répondu: "non, je n'ai pas donné d'objectif chiffré, la France est une terre d'accueil généreuse, nous avons besoin d'immigration sur le plan économique, démographique, mais en même temps nous vivons une crise économique et sociale".
"Notre objectif n'est pas plus d'expulsions, ni plus ni moins, ce n'est pas le problème, il faut savoir simplement quelle est notre capacité d'accueil d'étrangers. La gauche, ce n'est pas régulariser tous les sans-papiers, la gauche ce n'est pas que des frontières ouvertes, la gauche est à la fois généreuse et ferme, c'est l'intérêt du pays", a-t-il ajouté.
Selon le ministère de l'Intérieur, il y aura "un peu plus" de reconduites à la frontière en 2012 qu'en 2011, soit plus que le record de 33.000.
A propos de l'approbation par le Sénat, dans la nuit de jeudi à vendredi, de la substitution à la garde à vue, pour les sans-papiers, d'une "retenue" pouvant aller jusqu'à seize heures, Manuel Valls a expliqué qu'il "s'agissait de combler un vide juridique". "Les décisions de la Cour de justice européenne et de la Cour de cassation avaient mis fin à la possibilité d'une garde à vue des étrangers et là nous avons comblé ce vide", a-t-il dit.
"Cette retenue de 16H00 sous l'autorité judiciaire est nécessaire pour les services de police et de gendarmerie, des préfectures, pour qu'ils aient le temps d'effectuer les contrôles nécessaires et que des décisions motivées soient prises", a fait valoir M. Valls.
"Les garanties, c'est l'accès à un médecin, à un avocat, au consulat d'origine de ces personnes, c'est l'accès à une autre personne, c'est-à-dire à une association, c'est-à-dire toutes les garanties sont là, le procureur peut intervenir à chaque instant mais dans ce cadre qui garantit les droits, il y a aussi une politique ferme", a souligné le ministre.