lundi 7 avril 2014
Les pistes du gouvernement pour trouver les 50 milliards d’économies
Tour de vis sans précédent sur les dépenses de santé et les collectivités. Vers une baisse du nombre de fonctionnaires.Le pacte de responsabilité au cœur du discours de politique générale demain du Premier ministre Manuel Valls.
Trouver 50 milliards d’économies pour les années 2015 à 2017. L’effort est inédit. Et potentiellement explosif. Pendant plusieurs semaines, François Hollande, Jean-Marc Ayrault et cinq autres membres du gouvernement se sont retrouvés régulièrement au sein d’un conseil stratégique de la dépense publique. L’heure de vérité approche. Passage en revue de ce que prépare l’exécutif, sachant que Manuel Valls voudra bien sûr apporter sa contribution. Le nouveau Premier ministre devrait rester assez discret sur ce chantier demain dans son discours de politique générale, privilégiant les annonces sur le pacte de responsabilité.
Etat, Sécurité sociale, collectivités locales vont, grosso modo, participer à l’effort à hauteur de leur poids respectif dans la dépense publique. Les chiffres peuvent encore bouger à la marge mais c’est de l’ordre de 17 milliards qui vont être réalisés sur l’Etat et les quelque 550 opérateurs qui en dépendent. Les dépenses vont, a minima, continuer à être gelées en valeur (hors charge de la dette et pensions). Sur les dépenses des ministères, environ 1 milliard d’euros d’économies seront faites sur le budget de l’emploi sur trois ans, le secteur privé devant prendre le relais des contrats aidés. Les critères de l’allocation de solidarité spécifique, pour les chômeurs en fin de droits, pourraient être durcis.
De nouveaux efforts vont être imposés aux fonctionnaires, dans le but d’obtenir la quasi-stabilité de la masse salariale (80,6 milliards d’euros cette année). Pour cela, le gel du point d’indice (servant de base à la revalorisation des salaires) devrait être maintenu en 2015 et 2016 (au moins). Sauf à ce que le grand rendez-vous salarial annoncé par la ministre Marylise Lebranchu accouche d’autres mesures d’économies tout aussi fortes, ce qui est peu probable. Sujet très sensible, François Hollande devrait revenir sur son objectif de stabilité des effectifs de fonctionnaires sur le quinquennat. Et ce en ne faisant pas la totalité des quelque 60.000 recrutements d’agents prévus à l’Education nationale d’ici à 2017. Le chiffre pourrait être raboté de 10.000 à 15.000. « Les questions de fonction publique seront tranchées dans les ultimes arbitrages », prévient-on.
Environ 3 milliards d’euros d’économies devraient être faites sur les seuls opérateurs de l’Etat (universités, Météo-France, CNRS, Ademe, CNC, chambres de commerce…). D’une part, en réduisant leurs ressources (via les dotations et le plafonnement des taxes affectées). D’autre part, en fusionnant ou rapprochant ces structures (exemple : la fusion de l’Institut de veille sanitaire et de l’INPES).
Pour la Sécurité sociale, le gouvernement ne part pas de rien. Les réformes décidées en 2013 et début 2014 (retraites de base et complémentaires, famille, assurance-chômage) vont déjà permettre de faire des économies. Mais il faudra faire beaucoup plus.
Le tour de vis sur les dépenses remboursées par l’assurance-maladie sera sans précédent : 10 milliards sur trois ans. Autrement dit, le plan d’économies annuel programmé jusqu’à présent, qui devait rapporter un peu plus de 6 milliards, devrait être gonflé de près de 4 milliards d’euros. Il faudra donc identifier plus de 1 milliard d’économies en plus chaque année jusqu’à la fin du quinquennat. En conséquence, l’objectif de progression des dépenses de santé pour 2015, 2016 et 2017 ne devrait pas dépasser 2 % par an, et il pourrait être encore plus faible (1,75 %) pour l’une de ces trois années. Comment se traduira-t-il concrètement ? La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a promis qu’il n’y aurait « pas de déremboursements » pour les assurés. Les restructurations des hôpitaux, la baisse du prix des médicaments ou encore la progression des génériques vont se poursuivre, à un rythme accéléré.
Autre sujet sensible, l’exécutif pourrait rouvrir le dossier des prestations familiales, alors que plusieurs d’entre elles sont déjà rabotées cette année. Les allocations familiales de base ne seraient pas touchées mais d’autres aides, comme le complément de mode de garde pour les parents d’enfants de moins de trois ans, pourraient être concernées.
C’est le scénario noir que craignaient les collectivités locales. Elles devraient voir leurs dotations baisser de 10 milliards sur trois ans. En 2015, elles seront réduites d’au moins 3 milliards d’euros, au lieu de 1,5 milliard déjà acté. Et elles seront encore rabotées d’environ 3 milliards en 2016 et 2017. Pour absorber cette baisse, l’Etat va leur proposer une sorte de contrat, avec des mesures d’accompagnement à la clef. Par exemple, en limitant le nombre de normes applicables aux collectivités. Mais aussi en encourageant les rapprochements et en rationalisant les compétences. Pour cela, la deuxième loi de décentralisation, transmise sous peu au Conseil d’Etat va supprimer la clause générale de compétence et introduire le principe d’un bonus-malus sur les dotations afin d’encourager la mutualisation des services entre collectivités. Pour freiner leur masse salariale, l’Etat devrait aussi ralentir l’avancement des carrières des fonctionnaires territoriaux, aujourd’hui plus rapide que dans la fonction publique d’Etat. La poursuite du gel du point d’indice permettra aussi de faire de grosses économies.
La com’ et le réel
La com’ et le réel
Je me réfère souvent à ce fameux sondage CEVIPOF de janvier 2014, selon lequel, pour 88% des Français, les politiques "ne tiennent pas compte de ce que pensent les gens comme eux". Les dirigeants politiques en général (mon propos ne concerne pas le seul gouvernement actuel et il inclut les partis supposés "anti-systèmes") et "les gens" ou citoyens lambda, vivent dans deux mondes séparés. Il suffit parfois d’observer à la télévision leurs visages dominateurs au sourire arrogant pour sentir le décalage. Tu crois inspirer attirance, prestige et respect, avec ta belle bagnole, ton sourire forcé et tes petits saluts devant les caméras? Tu ne suscites qu’une vague indifférence teintée d’ironie. L’homme ou la femme politique national, médiatisé, vit pour l’essentiel dans un monde virtuel dominé par la recherche du bon mot ou de la formule emblématique qui fait mouche "pacte", "gouvernement de combat", "euro-mondialiste", pour ne reprendre que les dernières expression entendues ici et là. Il adore les polémiques violentes – d’où l’agressivité de la vie publique – qui donnent une fausse impression de mouvement ou de dynamique. Cette fuite dans la communication et déconnexion du réel, tournée vers la politique pure – la conquête et la préservation de rentes de situation – s’effectue au détriment de l’action et de la décision, de l’intérêt public. Gouverner, c’est frimer. Elle se heurte à deux obstacles majeurs. Dans une situation de crise de société dramatique, avec le chômage de masse et les difficulté de la vie quotidienne, elle devient insupportable aux citoyens lambda qui souffrent dans leur chair. En outre, cette dérive dans la communication repose sur la croyance répandue dans les élites politiques d’avoir affaire à des individus crédules et aisément manipulables. Erreur fondamentale: sans verser dans les clichés sur le bon sens populaire infaillible, il existe une intuition profonde des gens qui sentent quand on se fout d’eux. Et cela, les politiques nationaux, médiatisés (je ne parle pas des élus de terrain bien sûr) sont absolument incapables de le percevoir.
Comment General Motors a délogé PSA d’Iran
General Motors avancerait ses pions pour retourner en Iran, après avoir empêché PSA d’y poursuivre son activité, avancent plusieurs quotidiens.
"Fais ce que je dis, pas ce que je fais", telle pourrait être la devise de General Motors en ce qui concerne le marché iranien. Alors que l’américain a fait pression l’année dernière sur son partenaire PSA, lors de la signature de leur alliance, afin que le français interrompe ses livraisons de pièces détachées dans le pays, GM mène depuis six mois une offensive pour y étendre ses propres activités commerciales, ont révélé Le Figaro et Le Canard Enchainé.
DES NÉGOCIATIONS AVEC GM EN IRAN
GM aurait notamment pris contact avec Iran Khodro, la société iranienne qui assemblait pour le compte de PSA des 206 et 405 à partir de kits de pièces préparés dans l’usine de Vesoul (Haute-Saône). Des tractations seraient actuellement en cours pour le retour de l’américain dans le pays. Le Figaro souligne même que GM a importé cet été depuis l’Azerbaïdejan des Camaro, sa "muscle car" star de la série cinématographique "Transformers". Un moyen de tester le marché.
Cet intérêt croissant pour l’Iran des firmes américaines ne date pas d’hier (General Motors était bien implanté dans le pays jusqu’en 1981, après le renversement du Chah). L’Iran compte en effet 80 millions de consommateurs, de quoi attiser les convoitises.
Historiquement, PSA, et depuis son retrait, Renault dominaient ce marché. En 2011, la maison de la Grande Armée avait écoulé dans le pays près de 458 000 véhicules. L’arrêt de ces expéditions a coûté au français entre 600 et 800 millions d’euros. Renault a lui assemblé l’année dernière un peu moins de 100 000 véhicules, des opérations qui se sont arrêtées à l’été et pour lesquelles le groupe français a provisionné 512 millions d’euros dans ses comptes.
SANCTIONS CONTRE LES EUROPÉENS
C’est en fait un décret signé par Barack Obama le 3 juin 2013, l’Executive Order Act 13645, qui a poussé cette offensive américaine. Ce décret aggrave les sanctions contre l’Iran : la fourniture de pièces détachées ou de services à des sociétés iraniennes est ainsi sanctionnée. Mais, pour le secteur automobile, la fourniture de véhicules n’est pas répréhensible. Ce qui dans les faits avantage un constructeur comme GM, qui n’a pas d’activité industrielle dans le pays, mais interdit à Renault d’assembler en CKD (Complete Knock Down, en français un "nécessaire non assemblé").
Et le pire reste peut-être à venir, si les Etats-Unis envisagent une baisse des sanctions, prévient un diplomate iranien dans Le Figaro : "Les Français devraient se rendre compte qu’en cas d’accord entre nous et les Américains, leurs entreprises ne récolteront que des miettes". A bon entendeur…
Et si l'UMPS sauvait l'Europe ?
Les politiques de droite comme de gauche sont accusés d'avoir bradé la nation. Maintenant, chiche ! Qu'ils s'unissent pour remettre l'Europe sur les rails !
À force d'entendre dire sur toutes les chaînes que c'est l'UMPS qui dirige la France depuis trente ans, à force d'assister, impuissants, à la démonstration qu'il s'agit d'un échec complet, car il n'y a plus de souveraineté nationale, à force de croire que les Français subissent cruellement les décisions du véritable pouvoir qui se trouve à Bruxelles ou à Berlin, etc., dans quelques semaines, on risque fort d'avoir un réveil brutal au lendemain des élections européennes.
Ces critiques s'entendent depuis longtemps à la droite de l'UMP, mais aussi, plus récemment, d'une façon sans doute "plurielle" mais de plus en plus affirmée, à la gauche du PS. Les Français auraient-ils fini par croire que l'UMPS existait "pour de bon" et que c'était bel et bien la cause principale de tous nos problèmes ? Faut-il attendre que le PS qui est au pouvoir ne soit plus que la quatrième force politique du pays à l'issue de ces élections, derrière le FN, l'UMP et EELV, pour commencer à s'en préoccuper ?
Si les Français en sont convaincus, pourquoi se priverait-on de faire exister concrètement cet UMPS, là où cela pourrait être utile tout en évitant de créer encore plus de confusion politique ?
Faisons un rêve
On sait, par exemple, que les euro-sceptiques et les euro-critiques reprochent à la construction européenne d'avoir été menée à l'envers. Selon eux, la principale erreur qui a été commise est d'avoir voulu ouvrir les frontières pour laisser circuler les capitaux et le travail sans la moindre tentative préalable d'harmonisation fiscale et d'harmonisation sociale. Cette maladie infantile de la construction européenne est à la source de tous les dumpings et de toutes les politiques de rigueur qui en découlent. Nul doute qu'il aurait mieux valu commencer par là.
Est-il trop tard, aujourd'hui, pour fixer des minima sociaux et des maxima fiscaux afin que la construction de cet espace de libre circulation marche mieux, et cesse de plonger des pans entiers de la population européenne dans le chômage et la misère ? Le pire n'est jamais sûr. Faisons un rêve. Imaginons que les deux seuls partis qui sont favorables à la poursuite de la construction européenne, l'UMP et le PS, parviennent à se mettre d'accord sur une "plateforme" commune, qu'ils proposeraient ensemble aux autres pays européens, dont l'Allemagne (elle-même dirigée par une coalition qui ressemble fort à l'UMPS). Cela pourrait-il aider à faire avancer le fameux schmilblick ? On se prend à regretter Guy Lux et on songe avec mélancolie à ce que serait un immenseInterville européen..
La politique monétaire, grande oubliée des débats français : quelques arguments que Manuel Valls pourrait utilement lire avant de mettre la touche finale à son discours de politique générale
Le Premier ministre tiendra son discours de politique générale mardi. L'occasion peut-être d'aborder la politique monétaire... Véritable levier de croissance apprécié par le pragmatisme anglo-saxon, la "manipulation" de la monnaie reste taboue en France.
Manuel Valls doit tenir son discours de politique générale mardi. Parmi les thèmes laissés de côté par les gouvernants de tous bords, on compte la politique monétaire. Avant tout, qu'est-ce qu'une politique monétaire, comment fonctionne-t-elle et quelle est, in fine, son utilité ?
Nicolas Goetzmann : Une politique économique repose sur deux jambes ; une jambe budgétaire et une jambe monétaire. Ces deux jambes sont liées et interdépendantes, mais ont des fonctions différentes. Pour schématiser, on peut considérer que le monétaire est en charge de la conjoncture économique et le budgétaire de la structure.
D’un côté la politique monétaire a le contrôle de ce que l’on appelle la « demande », c’est-à-dire de la somme de la croissance et de l’inflation. Ainsi, une banque centrale qui a la charge de la politique monétaire a la possibilité d’impulser la demande qu’elle souhaite dans l’économie, en agissant par la voie de l’offre de monnaie. De l’autre côté le pouvoir budgétaire va agir sur la structure de l’économie, ce qui aura pour effet de transformer la « demande » soit en croissance soit en inflation.
Pour prendre un exemple, si la banque centrale décide d’augmenter l’offre de monnaie, cela va agir sur la demande. Si la politique budgétaire n’est pas efficiente, ce surplus de demande va surtout produire de l’inflation et peu de croissance, ou même, comme cela a été le cas dans les années 1970, de l’inflation uniquement et pas de croissance du tout. C’est notamment le cas lorsque la banque centrale décide d’aller toujours plus loin alors que le plein emploi est atteint, l’économie marche en surrégime et l’inflation progresse rapidement.
C’est la situation inverse qui s’applique actuellement, avec une très faible demande et un chômage très élevé, ce qui montre que nous sommes très loin de tout risque inflationniste et qu’il existe une très large marge de manœuvre pour une banque centrale pour impulser de la « demande ». Il est tout à fait curieux de considérer que la France serait vouée à la stagnation, car si une banque centrale appliquait la demande « supportable » pour le pays, la France serait en capacité de supporter des taux de croissance de 3%, et qui ne provoqueraient pas d’inflation supérieure à 2%.
Christophe Caresche : La politique monétaire est dominée depuis des années par une doctrine monétariste qui prône l'abandon des politiques monétaires jugées inutiles et contre-productives pour la croissance économique. Selon cette conception le seul rôle de la banque centrale est de maîtriser l'inflation par une politique de taux d'intérêt. La politique monétaire doit donc être "neutre", cette neutralité étant garantie par une banque centrale mise à l'abri de toute interférence politique. Cette conception a prévalu lors de la création de l'euro et de la BCE pour des raisons idéologiques mais aussi politiques. L'Allemagne n'a accepté de renoncer au mark qu'en échange d'une réelle indépendance de la banque centrale européenne dotée d'un mandat très restrictif. Le souvenir de l'hyper-inflation d'avant-guerre mais aussi le fait que la population allemande vieillissante est très attentive à ce que l'inflation ne détruise pas son épargne expliquent cette position.
Mathieu Mucherie : Conduire une politique monétaire, c’est piloter la chose la plus importante et la plus potentiellement dangereuse dans une économie, la monnaie. Avant de parler des instruments (taux d’intérêt, taux de changes…), il faut savoir deux choses :
a/ Quels sont les objectifs ;
b/ Qui crée de la monnaie de nos jours.
Ces deux points sont systématiquement écartés des débats, d’où leur caractère nébuleux. Les objectifs, c’est la stabilité des prix (entendue comme une inflation faible mais non nulle, compatible avec les réalités de l’illusion nominale et avec les dangers de la déflation) et, sous réserve que cette stabilité soit assurée, une action contra-cyclique en faveur de la croissance (c’est la lettre même du Traité européen). Ne pas remplir ces objectifs plusieurs années de suite est une faute lourde pour un banquier central, fut-il indépendant et fut-il dans une situation compliquée en zone euro : car cela équivaut à se moquer du mandat, donc c’est se moquer des gens et de leurs représentants. Mais, me direz vous, les banquiers centraux ne sont pas seuls responsables : dans le système actuel, les banques commerciales créent 90% de la monnaie, donc si elles ne distribuent plus les crédits, il est logique que l’inflation soit au point mort et la croissance absente. Ce qui me conduit au 2e point. Oui, les banques détruisent de la monnaie quand elles réduisent leur bilan. Mais raison de plus pour que la banque centrale agisse. C’est ce que la FED et toutes les banques centrales de la planète (à l’exception de la BCE) ont fait, à travers des achats massifs d’actifs et divers techniques bien documentées. Mais ce que la Suisse ou la Chine ou la Suède ou l’Angleterre peuvent faire pour stabiliser leur activité et ne pas trop tomber en déflation, il n’en est pas question dans une zone euro dominée par l’Allemagne.
Pourquoi la politique monétaire est-elle absente du discours de nos politiques ? Pâtit-elle d'une mauvaise image ? A quoi est-elle associée ?
Nicolas Goetzmann : Dans la configuration de la zone euro, depuis le traité de Maastricht, la question monétaire a été réglée. Ce pouvoir est transféré à la Banque centrale européenne logée à Francfort, et seul reste le pouvoir budgétaire à l’échelon national. De fait, il n’est presque plus la peine de réfléchir à la politique monétaire au niveau national justement parce qu’il concerne l’échelon supranational.
Ensuite, il y a évidemment un problème de complexité de la matière car ses effets sont très largement contrintuitifs. Parler de politique monétaire, c’est perdre immédiatement une audience, c’est un appel au zapping. Il est difficile de passionner les foules avec des histoires de banque centrale.
Ensuite, il y a un aspect purement moral qui est profondément ancré dans la population. On associe la politique monétaire à la politique du faible, la politique de la « triche » et de la manipulation qui serait en opposition complète avec une idée morale de l’économie, de la rigueur du bon père de famille. Ce type de cloisonnement existait aussi dans les années 1930 : de nombreux discours datant de cette époque font part de cette morale économique, de la grandeur d’un état qui ne « manipule » pas sa monnaie et qui serait un état vertueux. Ce type de discours a encore une grande portée en France, mais également en Allemagne. Ce qui s’oppose au pragmatisme anglo-saxon. Le résultat est que la « pensée monétaire » en France est pratiquement inexistante alors qu’il s’agit du sujet essentiel aux Etats Unis par exemple. Encore un effet de l’exception culturelle française, qui a tendance à s’appliquer à pas mal d’autres pays européens.
Il est tout de même surprenant de constater que certains pays sont parvenus à contrer la crise avec une grande efficacité grâce à l’outil monétaire, c’est-à-dire en parvenant à lutter contre le chômage et la précarité, et que ces pays soient condamnés « moralement » pour avoir user de l’outil monétaire. En Europe, on a l’impression d’être « moralement » supérieur sur cette question tout en ayant 12% de chômage : la preuve par l’absurde. C’est la différence qu’il existe entre mettre l’économie au service d’une pseudo morale incompréhensible et mettre l’économie au service de l’intérêt général.
Christophe Caresche : En réalité, les interrogations sur la politique monétaire ont toujours existé notamment lors de la création de l'euro. Dès le début Jacques Delors avait souhaité accompagner la création de l'euro par un gouvernement économique, ce qui était une façon de lier la politique monétaire aux autres politiques économiques notamment budgétaires. Mais l'Allemagne a refusé. Ce débat n'a pas été poussé plus loin car la création de l'euro a été, dans un premier temps, un grand succès et que les pays membres de l'euro n'avaient aucun intérêt à se lier les mains à commencer par la France et l'Allemagne qui se sont affranchies ensemble du pacte de stabilité.
Ce n'est qu'avec la crise de 2008 et les graves difficultés rencontrées par la zone euro que le débat a rebondi. La doctrine de la BCE s'est, en effet, révélée suicidaire car elle lui interdisait de soutenir des pays menacés de faillite. Dans les faits, la BCE a été contrainte d'intervenir et de sortir de son mandat pour garantir le système en dernier ressort et donc la stabilité monétaire de la zone ce qui n'était pas prévu. Elle l'a fait dans la douleur et avec des oppositions internes fortes notamment du représentant allemand, mais elle l'a fait ! Ce qui prouve, à contrario de ce qui est dit parfois, que l'institution a plutôt bien fonctionné. Il est clair aujourd'hui pour tous les investisseurs du monde entier que la BCE soutiendra un pays de la zone euro qui aurait un problème de liquidité. C'est une première avancée qui mériterait d'être inscrite dans son mandat. Mais cette politique ne pourra être efficace que si parallèlement les États procèdent à la réduction de leurs déficits et de leurs dettes !
Mathieu Mucherie : Les politiques vont à l’efficacité en raison du marché électoral. Madame Michu a entendu dire que la dette publique était préoccupante (elle ne voit pas bien que cette dette n’est pas remboursable si la déflation s’installe). Monsieur Dupont sait bien que le marché du travail n’est pas assez flexible (il a bien raison, mais il avait aussi raison de le penser en 2006, et il aura aussi raison en 2020). Pourquoi les politiques quitteraient-ils les domaines budgétaires, fiscaux et structurels dans lesquels ils sont très à l’aise (leurs formations de juristes, la dimension « nationale » et « proche des gens »…) pour aller vers des terrains monétaires mal balisés qu’ils considèrent comme une chasse gardée de l’Allemagne ? Et puis, Madame Durand se souvient d’une époque où la politique monétaire servait à manipuler les prix six mois avant les élections et où l’inflation s’élevait à 12% par an. Un autre monde, avec de la croissance, sans trop de mondialisation, sans trop d’instruments de protection contre l’inflation, un monde révolu mais encore vivace dans les mémoires. Les politiques savent bien qu’ils seront moins exposés en multipliant les couplets vertueux contre les déficits (sans les réduire) ou pour les réformes (sans les préciser) : comment faire comprendre à Mr et Mme Michu que ce ne serait pas tricher que de remettre l’euro à son niveau d’équilibre, que ce ne serait pas infamant que de loger des dettes dans le bilan de la BCE, que ce ne serait pas inflationniste que de faire ce que toutes les autres banques centrales font ?
Quelles sont les dérives passées qui expliquent les réticences actuelles ? Quels dégâts la planche à billets a-t-elle déjà causés ?
Christophe Caresche : On a connu dans le passé des accidents liés à des politiques monétaires inconsidérées qui ont pu amener certains pays à la faillite. Mais la question posée par la crise de 2008 en Europe était toute différente; la banque centrale allait-elle assister en spectatrice à la faillite de certains États ? Ce risque à été heureusement conjuré. Pas par bonté d'âme, d'ailleurs, mais parce que la faillite de ces pays menaçait tout l'édifice !
Nicolas Goetzmann : La « science » monétaire est encore jeune. Il est arrivé que certains pays abusent de cet outil en pensant qu’il n’y avait pas de limites. Mais il y en a. Le plein emploi est la limite la plus évidente. A partir du moment où ce plein emploi est atteint, si le pouvoir monétaire continue de vouloir tirer la croissance vers le haut, c’est l’inflation qui arrive. Et c’est l’inverse du résultat recherché qui se produit, le chômage remonte et la croissance est étouffée par un dérèglement total de l’évolution des prix. Un autre pays pourrait également être tenté de stimuler une demande déjà satisfaisante pour ne pas avoir besoin de réaliser des réformes budgétaires. Là aussi, le résultat sera l’inflation. Il ne s’agit donc pas d’une baguette magique qui permettrait de créer de la croissance dans toutes les conditions imaginables.
Mais à l’inverse, lorsque la demande est manifestement trop faible, ce qui se traduit aujourd’hui en Europe par 12% de chômage, une croissance inexistante, et une inflation proche de 0, il est surnaturel de penser qu’il s’agit avant tout d’un problème d’offre.
La grande inflation des années 1970 pèse encore dans les mémoires des français. Il s’agit d’un excès manifeste de la politique de l’époque, mais la réponse qui est donnée à ce souvenir, c’est à dire l’abstinence totale, est absurde. C’est aussi intelligent que de considérer qu’il ne faudra plus jamais manger quoi que ce soit après des excès. Il existe un juste milieu, et ce juste milieu est la recherche d’une croissance stabilisée. Le rôle d’une politique monétaire devrait être de stabiliser la croissance d’un pays sur le moyen-long terme, en fonction de la structure de cette économie et de la démographie.
Mathieu Mucherie: En 1922-1923, la banque centrale allemande, une institution privée, indépendante, fondée à partir de directives des alliés et nullement « aux ordres », a crée une inflation démentielle dans des conditions très particulières (occupation de la Ruhr, réparations, tentatives de coups d’Etat…). Cet épisode a été stoppé très rapidement (rien à voir avec la déflation, plus sournoise et plus difficilement réversible !!) et n’est en rien lié à la montée du NSDAP (à la fin des années 1920, ce parti fait des scores minables), contrairement à ce que prétendent Stéphane Zweig et des nuées de sociologues amateurs. Par la suite, le traumatisme monétaire allemand a continué, Hitler utilisant pleinement cette arme pour la poursuite de ses objectifs, dans le cadre d’une économie fermée et réprimée ; mais il faut lire les très belles pages de Jacques Rueff sur toute cette époque pour comprendre à quel point les leçons d’histoire véhiculées par la Bundesbank et par la BRI depuis six décennies relèvent de la propagande.
Au total, on sait bien que l’inflation perturbe tout l’ordre social car elle est puissamment redistributive. On oublie juste d’ajouter que la déflation est elle aussi une grande perturbatrice… dans l’autre sens. Regardez les taux depuis 2008, regardez ensuite les salaires et les profits, et arrêtez ensuite de prétendre que les épargnants sont sacrifiés vis à vis des salariés et des entrepreneurs !
Comment éviter qu'une nouvelle politique monétaire ne tombe dans le même travers?
Christophe Caresche : Après avoir jugulé la crise de la dette, la question qui se pose aujourd'hui à l'Europe est de savoir si une politique monétaire peut accompagner le retour à la croissance. La BCE est d'ores et déjà intervenue via des prêts massifs aux banques. Mais cette politique s'est heurtée à la fragmentation du système bancaire et au manque de confiance entre les banques. Paradoxe incroyable, les banques qui ont bénéficié de ces prêts les ont bien souvent replacés auprès de la BCE car elles considéraient que c'était plus sûr. Aujourd'hui la BCE envisage d'appliquer un taux négatif pour dissuader ce type d'opérations! Dans ce contexte, l'Union bancaire, qui est une avancée incontestable, doit permettre de restaurer la confiance et de faciliter l'accès au crédit qui est bloqué dans bien des pays. Mais un autre risque se profile avec les politiques de consolidation budgétaire; celui de la déflation. Celui- ci peut avoir une double conséquence pour les pays concernés; dépression économique et gonflement de la dette malgré des politiques de contraction budgétaire. Dans ce contexte, il est souhaitable que la BCE intervienne en utilisant des politiques dites non conventionnelles comme aux États Unis ( même si elles peuvent prendre d'autres formes) puisque les taux d'intérêt sont déjà au plus bas. La BCE a dit très clairement qu'elle y était prête à l'unanimité ce qui est un grand progrès. Reste à définir les modalités techniques. Mais il est souhaitable que les pays et notamment la France continue à maintenir cette exigence. Le soutien et l'harmonisation du taux d'inflation ne peut se faire qu'en acceptant une inflation différente suivante les pays. Cela signifie que pour garantir une inflation à 2% en moyenne dans la zone, l'inflation allemande devrait être de 3%, celle de l'Espagne de 1% et celle de la Grèce plus basse encore. L'Allemagne y est elle prête? De même les modalités techniques d'intervention de la BCE sont rendues complexes par le fait qu'il n'y a pas une seule dette dans la zone euro contrairement aux États Unis.
Nicolas Goetzmann : Pour reprendre l’idée de politique monétaire, il est possible de comparer l’économie à une voiture. Le moteur est la politique monétaire et le budgétaire est la carrosserie. Si vous mettez un moteur de dragster dans une 2CV, vous allez finir dans le mur. Si vous mettez un moteur de 2CV dans une formule 1, il y aura aussi un problème.
Donc, l’objectif est simplement de ne pas pousser l’outil monétaire au-delà de la limite d’un pays, mais il serait également dommageable de ne pas tirer profit de la capacité maximale de ce pays. Si nous considérons un état en fonction de sa démographie et de la structure de son économie, il est possible de se donner une idée assez précise du niveau de « demande » que ce pays peut supporter sans tomber dans une spirale inflationniste. Un exemple, l’Europe a très bien supporté une progression de la demande (croissance + inflation) de 4% par an entre les années 99 à 2007, et ce, sans inflation « excessive ». Depuis 2008, la BCE ne tolère même pas la moitié de ce chiffre; les états européens sont donc en sous capacité de croissance depuis 6 ans. Il ne faut pas s’étonner de voir 12% de chômage dans la zone. Malgré cela, si la BCE venait à agir aujourd’hui en relançant l’économie, de nombreux commentaires feraient état de la peur du retour de l’inflation. Ce qui serait aussi subtil que de s’inquiéter de problèmes d’obésité en cas d’aide alimentaire apportée à un pays qui meurt de faim.
Mathieu Mucherie: Aucun risque. Aucun besoin d’un banquier central hyper-indépendant pour nous chaperonner comme depuis 20 ans. La Ruhr n’est plus occupée. Hitler est mort. Nos régimes démocratiques sont certes très imparfaits mais ce n’est pas l’Argentine ou le Venezuela : on peut leur faire confiance pour juguler l’inflation (surtout quand on voit l’âge médian de ceux qui vont aux urnes ; les rentes de nos retraités seront bien protégées). La BCE et la Bundesbank aiment agiter des spectres d’inflation car au fond ce sont des institutions bureaucratiques : ces gens n’ont aucune confiance dans la démocratie libérale.
La politique de l'offre s'est progressivement imposée au fil des siècles, au point qu'elle semble aujourd'hui indiscutable au niveau européen. Mais faut-il nécessairement réfléchir dans l'absolu ? Le contexte ne justifie-t-il pas parfois certaines adaptations ?
Christophe Caresche : A ma connaissance, il n'y a pas d'exemple de pays qui ait mené des politiques d'ajustement budgétaire réussies sans avoir au préalable dévalués. C'est le cas de la Suède et du Canada. La dévaluation permet de retrouver des marges de compétitivité immédiate qui compense la contraction budgétaire et permet les réformes. Avec l'euro la dévaluation n'est pas possible. En outre, la Commission européenne a imposé un rythme d'ajustement beaucoup trop rapide aux pays de la zone. Elle s'est trompée sur les conséquences de cet ajustement sur la croissance en sous-estimant l'effet multiplicateur. Dans ce contexte la banque centrale doit accompagner par une politique active, qu'elle a d'ailleurs en partie engagée, les pays qui assainissent leur situation budgétaire. Le maintien d'une certaine inflation est nécessaire pour leur permettre de "monétiser" une partie de leur dette ce qui soulage d'autant leurs efforts. Mais l'intervention de la banque centrale ne saurait se substituer aux politiques d'ajustement budgétaire et de réformes. C'est sur ce point qu'il y'a parfois une certaine ambiguïté dans le débat politique français !
Nicolas Goetzmann : La politique de l’offre est LA politique à mener dans 90% des cas, c’est-à-dire lorsque le pouvoir monétaire fait son travail. Dans ces périodes, il suffit d’adopter des politiques fiscales plus efficientes pour enrichir la « demande » en croissance plutôt qu’en inflation, et c’est ce que les gouvernements font, ou plus justement, essayent de faire. Par contre les grandes crises sont toujours monétaires: 1929, la grande inflation des années 70, et 2008. Ce qui n’aide pas vraiment en fait puisque lorsque la banque centrale est en pilotage automatique comme cela a été le cas entre 99 et 2008, plus personne ne se soucie de ce qui s’y passe, et on en arrive même à oublier qu’elle existe. Le résultat est que lorsque la crise survient, on cherche des causes du côté de l’offre alors même que le problème est ailleurs. Cela fait six ans que ça dure en Europe. Cela ne veut pas dire qu’il n’y pas de problème du côté de l’offre en France, il y en a, mais la cause de 2008 se trouve à Francfort.
Mathieu Mucherie: Je n’ai rien contre la politique de l’offre productive. Mais les nouveaux convertis me font bien rire. Surtout qu’ils ont mal choisis le moment de leur conversion : la plus grave crise de demande agrégée depuis les années 1930, avec des surcapacités de production partout et un euro tellement cher que toute tentative de redressement productif apparait pathétique.
A supposer que l'idée d'une politique monétaire fasse son chemin dans les esprits, quels problèmes techniques et/ou institutionnels se dresseraient ?
Christophe Caresche : Il me semble que le problème principal pour progresser rapidement sur ces questions au sein de la zone euro réside dans l'hétérogénéité des situations économiques des pays qui la composent. Il est difficile de définir une politique commune alors que les intérêts sont parfois divergents voire contradictoires en fonction des performances économiques. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que loin de se rapprocher les économies ont divergé dans la zone euro, avec des différences qui rendent difficile de s'accorder. Le débat sur le niveau de l'euro illustre bien ces différences d'approches. L'Allemagne dont l'industrie a réussi sa montée en gamme est relativement indifférente à cette question car on achète les produits allemands d'abord pour leur qualité et pas pour leur prix. En revanche, la France et les pays du Sud ont une industrie qui se situant dans le moyen et bas de gamme est beaucoup plus sensible au niveau de la monnaie. La question est donc d'abord politique; quelle volonté ont les Européens de régler collectivement leurs problèmes? Il me semble que cela passe par une plus grande intégration politique de la zone euro, qui devrait se doter d'une gouvernance renforcée et d'un Parlement qui lui soit propre.
Nicolas Goetzmann : La Banque centrale européenne est effectivement confrontée à des problèmes techniques. Etant donné que les taux sont déjà proches de 0, elle n’a plus le moyen de recourir à cet outil pour procéder à une augmentation de l’offre de monnaie. Dans ces conditions elle doit recourir à des moyens qui sont considérés comme non conventionnels. En l’espèce, il s’agit par exemple d’imaginer un « assouplissement quantitatif » c’est à dire qu’elle va « créer de la monnaie » pour acheter des actifs dans le marché, et ces actifs sont en général de la dette d’état. Mais contrairement à une idée tenace, l’objectif n’est pas d’acheter la dette pour venir soutenir les états mais simplement d’augmenter l’offre de monnaie. Le problème en Europe est que le marché de la dette est fragmenté entre 18 états, et que la BCE ne sait pas comment procéder dans cet environnement. Alors plusieurs pistes sont évoquées, soit acheter un panier « représentatif » des états de la zone euro, soit acheter uniquement de la dette notée AAA, soit, pourquoi pas, acheter de la dette américaine. Mais encore une fois, peu importe ce qui est acheté, le principal est d’augmenter l’offre de monnaie. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse. Et non, le résultat d’une expansion monétaire en Europe ne sera pas de l’inflation, ce sera de la croissance et de l’emploi.
Mathieu Mucherie: Aucun problème réel, juste des soucis psychanalytiques, les pires. Il faut faire le deuil d’une politique monétaire passive, « en pilotage automatique », façon étalon or. Tous les psys le savent, il y a 5 étapes dans un deuil : 1/ le refus, 2/ la colère, 3/ le marchandage, 4/ la dépression, 5/ l’acceptation. Nous avons connu le refus de la BCE, vers 2007-2010, un refus du réel (« c’est une crise Américaine », « nous ne voulons pas baisser les taux trop vite et trop tôt, ou faire un QE, na »). Puis nous avons vu la colère de la BCE : limogeage de Berlusconi et de Papandréou en 2011, diatribes contre le Japon, la Hongrie, les marchés, la terre entière ne comprend pas bien le génie de nos décideurs de Francfort. Depuis fin 2011 on passe au marchandage, au bricolage cognitif et conceptuel : LTRO pour éviter une vraie détente monétaire, saga de l’OMT et du « whaterver it takes », vagues promesses sur la publication des minutes ou même récemment sur un possible QE ou sur des taux négatifs… mais sans aucune réalisation concrète bien entendu (les marchés ne sont pas dupes : l’euro reste très cher). J’espère qu’en zone euro, on évitera la phase de dépression. Et que l’on passera enfin à l’acceptation : accepter de faire ce que les américains ont fait à la fin de la Grande Dépression (mettre le banquier central dans une cage), accepter de faire ce que les suédois ont fait (une dévaluation au milieu des années 1990 pour financer les réformes), accepter de faire ce que les Japonais ont fait depuis fin 2012 (changer le casting de la banque centrale, réaffirmer un objectif d’inflation raisonnable), etc.
Les obstacles techniques peuvent être contournés en 5 minutes. Les taux négatifs ont déjà été expérimentés. La communication sous forme de « forward guidance » ne coûte rien. Si les actifs financiers sont insuffisants en zone euro pour un vaste QE, que l’on achète des titres américains (la proposition de Frankel) (après tout c’est que font les Chinois, ou les suisses vis-à-vis de l’euro). Et il n’y a aucun obstacle dans le Traité. Le problème, un problème psychanalytique, vient des mentalités en Allemagne. Contre cela, il y a tout un travail pédagogique de la Bundesbank à démonter, morceau par morceau. Une tâche titanesque. Des mensonges extrêmement bien enracinés (saviez vous que la BUBA n’était pas vraiment indépendante au sens où en l’entend de nos jours avant 1992 ? que les grands auteurs ordo-libéraux étaient hostiles à l’indépendance ?). Les politiques français ou italiens sont-ils assez forts, assez sûrs d’eux et assez imprégnés de l’intérêt général européen pour mener cette mission et nous faire sortir du piège déflationniste ?
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