Un nouvel incident diplomatique dû au patriarche orthodoxe Séraphin du Pirée s'envenime. Et pourrait bien mener l'Eglise catholique devant la Cour européenne des droits de l'homme pour obtenir justice.
Séraphin, patriarche du Pirée de l'Eglise Orthodoxe Grecque, est
peut-être l'actuel prélat orthodoxe le plus tristement connu au monde.
Ses débordements antisémites, qui feraient passer Mgr Williamson pour un
fervent adepte du dialogue judéo-chrétien, ont fait à maintes reprises
le tour de la planète. Ainsi, en 2010, déclarait-il que "Adolf
Hitler était un instrument du sionisme mondial et a été financé par la
célèbre famille Rothschild dans le but de convaincre les Juifs de
quitter les rivages de l’Europe et de se rendre en Israël pour établir
un nouvel empire", accusant, pour faire bonne mesure, "les
Juifs comme Rockefeller, Rothschild et la Fondation Soros de contrôler
le système bancaire international qui contrôle la mondialisation", celle-ci n'étant rien moins qu'un "complot visant à asservir la Grèce et l'orthodoxie chrétienne en encourageant les familles monoparentales et le mariage gay".
> Mais ni les Juifs, ni les francs-maçons - qu'il accuse également de
tous les maux - ne sont les seules cibles de Séraphin. Il n'aime pas
non plus l'Eglise catholique, et ne perd jamais une occasion de le faire
savoir. Dernier exemple en date: il vient d'attaquer en justice l'archevêque catholique d'Athènes,
Mgr Nikolaos Foskolos pour "prosélytisme illégal". Le tort de
l'archevêque? Administrer une école catholique dans son diocèse, qui est
aussi celui de Séraphin.
> La Constitution grecque, qui reconnaît la liberté religieuse,
stipule toutefois que le prosélytisme est interdit. C'est donc en vertu
de cette disposition que Mgr Foskolos se retrouve devant les tribunaux.
> Le plus inquiétant dans cette histoire n'est pas l'issue du procès:
l'Eglise catholique, agacée par les attaques répétées de Séraphin, est
prête à se rendre à la Cour européenne des droits de l'homme pour faire
cesser la discrimination d'Etat que subissent les confessions
non-orthodoxes. Ce qui est davantage préoccupant, c'est la réaction du
patriarcat orthodoxe d'Athènes, ou plutôt sa non-réaction. Pour le
comprendre, il faut comprendre l'attachement viscéral du patriarcat
orthodoxe à l'indépendance de son Eglise, véritable marque identitaire
de l'orthodoxie. Or, en mars dernier, l'intervention du patriarche oecuménique Bartholomée de Constantinople,
inquiet des dérapages de Séraphin, avait provoqué une réaction
épidermique chez les patriarches grecs. Plutôt que de condamner Séraphin
pour avoir prononcé des anathèmes en bonne et due forme contre l'Eglise
catholique et les partisans de l'oecuménisme lors d'une messe, les
patriarches orthodoxes grecs se sont sentis rabaissés par Bartholomée et
ont condamné unanimement cette "ingérence sans précédent dans les
affaires intérieures d'une autre Eglise".
> Privilégier l'esprit de corps plutot que de condamner les dérapages
d'un mouton noir, tel semble être le choix de l'Eglise orthodoxe
grecque. Mais dans une Grèce terrassée par la crise, où le peuple
considère de façon pas toujours juste que l'Eglise orthodoxe tire sans
problème son épingle du jeu, le pari est risqué. Comme partout en
Occident, la sécularisation gagne du terrain en Grèce; la carte
oecuménique semble difficilement contournable dans les prochaines
années.
CHINE: PAS D'INVITES AUX FUNERAILLES DE L'EVEQUE
Alors que les funérailles de Mgr Francis Li Yi, évêque clandestin de
Changzhi, doivent avoir lieu aujourd'hui, les autorités chinoises ont
prévenu que le prélat, non reconnu par Pékin, ne serait pas enterré en tant qu'évêque
et que toute allusion à son rang par la communauté chrétienne serait
interdite durant ses funérailles. Secrètement consacré évêque en 1998,
Mgr Francis Li Yi, qui appartenait à l'ordre franciscain, est mort d'un
accident vasculaire cérébral à l'âge de 89 ans le 24 mai dernier. Ses
obsèques seront célébrées par deux prêtres de l'Eglise officielle;
l'évêque officiel, Mgr André Jin Daoyuan, non reconnu par Rome ne se
déplacera pas.
SYRIE: JEÛNE ET PRIERE POUR LA PAIX
Le père jésuite Paolo Dall'Oglio, supérieur du monastère de Mar Moussa, en Syrie, s'est exilé à Qusayr,
au sud de la ville martyre d'Homs, pour au moins une semaine, afin d'y
prier et jeûner pour l'arrêt des violences interconfessionnelles. Dans
cette ville devenue le symbole des affrontements entre les communautés,
où meurtres, enlèvements et pillages sont monnaie courante, le jésuite a
choisi de vivre l'expérience des Exercices spirituels de Saint Ignace.
L'une des rares familles catholiques à être demeurée sur place lui a
offert l'hospitalité, le presbytère de la ville n'offrant aucune
garantie de sécurité.
EGYPTE: CONFIRMATION DE CONDAMNATION POUR GAMAL MASSOUD
En avril dernier, un tribunal pour mineurs d'Assiout avait condamné
Gamal Abdu Massoud, un jeune chrétien de 16 ans, à trois ans de prison
ferme pour avoir publié sur sa page Facebook un dessin tournant en
dérision l'islam et son prophète. La cour d'appel d'Assiout a confirmé ce mardi cette peine
pour "diffamation envers la religion". L'affaire avait, en décembre
dernier, provoqué la colère de certains musulmans, qui avaient incendié
plusieurs maisons appartenant à des chrétiens pour venger ce qu'ils
considéraient comme une offense faite à l'islam. Les différentes
associations pour les droits de l'homme en Egypte ont réagi à ce verdict
en exprimant leurs craintes pour la liberté d'expression.
VATILEAKS: LE PAPE REAGIT
A l'issue de son audience générale d'hier, Benoît XVI a tenu à évoquer l'affaire des taupes et corbeaux au Vatican dans les termes suivants: "Les
évènements récents touchant la Curie Romaine et mes collaborateurs
m'attristent, sans que soit entamée ma certitude absolue selon laquelle,
malgré la faiblesse humaine, les difficultés et les épreuves, l'Eglise
est guidée par le Saint-Esprit et le Seigneur. Je suis certain qu'il ne
cessera de la soutenir sur son chemin. Ceci dit, les conjectures
multipliées par certains media sont totalement gratuites, allant bien
au-delà des faits réels et offrant une image du Saint-Siège sans rapport
avec la réalité. C'est pourquoi je tiens à renouveler ma confiance et
mes encouragements à mes plus proches collaborateurs, comme à tous ceux
qui jour après jour, fidèlement, en silence et en esprit de sacrifice
m'assistent dans mon ministère".
jeudi 31 mai 2012
Grèce: catholiques et orthodoxes se déchirent
La CGT ne veut pas de Nadine Prigent à sa tête
Le choix de Bernard Thibault pour sa succession a été rejeté par le comité confédéral du syndicat, décideur in fine. Un nouveau nom doit être proposé dans l'après-midi, pour qu'une décision puisse être prise ce soir.
Alors que le nom du successeur de Bernard Thibault devrait être connu ce soir, la Commission exécutive, qui doit proposer un nouveau nom, s'est de nouveau réunie à la mi-journée.
Eric Aubin, en charge du dossier de la retraite et patron de la Fédération de la construction, fait partie des favoris, et est soutenu par de grosses fédérations. Très critique à l'égard de l'actuel chef de file, il a promis de maintenir la neutralité politique de la Centrale, contrairement à Bernard Thibault qui avait pris position lors de la présidentielle. Il entend poursuivre le recentrage réformiste opéré depuis 1999. Mais Agnès Naton, membre du bureau confédéral et directrice du bimensuel La Nouvelle Vie Ouvrière, est aussi sur les rangs.
Interview de Frédéric Georges-Tudo, auteur de Salauds de Riches !
Quoi de plus détesté par tous nos politiques pendant la
campagne présidentielle que « les riches », désignés en ennemis à la
vindicte populaire. Pour comprendre, nous avons interrogé Frédéric
George-Tudo, auteur de Salauds de Riches ! (Bourin, 2012), dans lequel il analyse les mythes sur les riches, les pauvres ou les inégalités.
Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire un tel livre ?
Atterré par tout ce que j’entendais chaque jour dans les médias sur
les riches, l’idée m’est venue début 2011. J’ai été bien inspiré, car
depuis les choses n’ont fait que s’aggraver. À l’approche des élections
présidentielles, la stigmatisation a pris une ampleur inimaginable.
Dans notre pays, le riche est devenu pour l’extrême gauche – et hélas
pour une partie de plus en plus fournie de la gauche dite modérée – ce
que l’étranger est à l’extrême droite : un parfait bouc émissaire. Le
responsable de tous ses malheurs quels qu’ils soient.
Je ne défends pas les riches. Certains sont généreux d’autres égoïstes. Vénaux ou totalement désintéressés. Bref, ils sont comme tout le monde.
En revanche, ce que je défends, c’est le droit de s’enrichir. D’abord parce qu’il n’y a rien de moralement condamnable à s’enrichir. Ensuite, parce que c’est bon pour l’économie. Une société qui confisque les fruits de l’enrichissement est une société dans laquelle tout le monde est assuré de souffrir, en particulier les plus pauvres. Notamment à travers le chômage qui ne peut qu’exploser dès lors que l’on décourage l’entrepreneuriat.
Reste toutefois la question des inégalités qui sévissent dans notre pays…
D’abord, comme je le démontre dans mon livre, les inégalités sont d’une étonnante stabilité en France depuis 30 ans. Bien sûr qu’il convient de venir en aide aux vrais nécessiteux. Mais l’égalitarisme ce n’est pas du tout cela. C’est une logique qui revient à refuser les inégalités liées au mérite.
En outre, j’aimerais comprendre comment il est possible de réclamer plus d’égalité entre les Français tout en parvenant à trouver le sommeil face aux écarts monumentaux entre les pays du Nord et les pays du Sud. Nous sommes là dans un cas typique de générosité à géométrie variable. Oui, au partage des revenus imposé quand j’en suis le bénéficiaire, point trop n’en faut lorsque c’est à mon tour de mettre la main au porte monnaie. Bref, il est toujours plus facile d’être généreux avec l’argent des autres…
Mais surtout, je le proclame haut et fort : vive les inégalités ! Prenons l’exemple éloquent de la Chine. Depuis la libéralisation de Deng Xiaoping entamée en 1981, les disparités de revenus ont explosé. Dans le même temps, la population vivant avec 3 dollars par jour est passée de 95% à moins de 33%. Tout est dit.
Plus que les entrepreneurs, n’est ce pas avant tout les héritiers et les rentiers que les français montrent du doigt ?
C’est faux, les Français n’aiment pas davantage les entrepreneurs que les héritiers. Ou plutôt ils aiment uniquement les entrepreneurs en difficulté. Vive le petit patron qui trime 70 heures par semaine et qui ne s’en sort pas. Honte au capitaine d’industrie prospère. Ce sont pourtant les mêmes à la base. Le gros n’est rien d’autre qu’un petit qui a réussi. Qu’y a-t-il donc d’obscène à voir le compte en banque de celui qui a vendu 100 milliards de clous, mille fois plus garni que celui qui n’en a vendu que 100 millions ?
Revenons aux héritiers. Selon quel fondement vertueux un individu ne pourrait pas être autorisé à transmettre aux siens ce qu’il a mis toute une vie à acquérir ? Libre à chacun de tout donner à une fondation, bien sûr. Mais à condition de conserver la possibilité de choisir la trace que l’on souhaite laisser.
D’une manière générale, prenons garde à ce populisme qui consiste à décerner les bons et les mauvais points. Le bon riche qui crée des emplois et le mauvais qui n’en crée pas. Il est certes judicieux d’encourager l’entrepreneuriat, mais ce n’est pas une excuse pour punir les autres. En la matière, le seul distinguo concerne ceux qui se sont enrichis honnêtement et les autres.
Comment expliquez-vous que la France stigmatise à ce point ceux qui réussissent ?
Au-delà de raisons historiques et religieuses, notre pays reste profondément marquée par la tentation marxiste. À chaque nouveau sondage, nous apparaissons comme le peuple le plus anticapitaliste du monde. En outre, nous sommes de fervents adeptes de l’État providence chargé d’assurer notre bien être. Lorsque l’on compte sur une force supérieure pour s’occuper de soi, on finit par mépriser l’entrepreneuriat et par extension la richesse.
Ne sous-estimons pas non plus l’influence des grands médias publics. Leur parti pris idéologique plus ou moins larvé oriente les débats dans une direction grossièrement « anti-riches ». On le voit notamment avec leur empressement à nous relayer toutes les contre-vérités des égalitaristes sur le sujet. C’est pourquoi, chiffres incontestables à l’appui, mon livre s’attache à démonter les sept mensonges suivants :
- Il y a de plus en plus de pauvres,
- Les pauvres le sont de plus en plus,
- les inégalités explosent,
- les grandes fortunes paient proportionnellement moins d’impôts que les autres,
- le capital est moins imposé que le travail,
- toujours plus d’argent dans les poches des actionnaires et toujours moins dans celles des salariés,
- les entreprises sont de moins en moins imposées…
Tout n’est pas parfait, bien sûr. Notamment dans notre pays où les hauts fonctionnaires fricotent avec les dirigeants des grandes entreprises. Le capitalisme d’État à la française a créé une endogamie des énarques dans les hautes sphères. Je n’ai rien contre les énarques. Je dis juste qu’il y a un mélange des genres, un petit réseau d’amitiés fidèles qui perturbe le libre fonctionnement de l’économie.
A minima, notre pays n’a rien à gagner à cette consanguinité. Car le risque est grand de voir des renvois d’ascenseurs dans tous les sens. Le libéral que je suis est le dernier à défendre ce type d’enrichissement…
François Hollande croit-il vraiment que l'eurozone et le G8 peuvent se gérer par des motions de synthèse comme au PS ?
1 - Mansouret contre DSK, cherchez l’erreur !
2 - Eurojunk Bonds
3 - Rue89 bien conciliant ?
4 - Zemmour, première victime de la France «apaisée» ?
5 - Pour un euro de morale
6 - La politique du zèbre
7 - Copé, Fillon ou qui encore ?
Sondage: les Européens n'aiment pas l'euro mais ne veulent pas l'abandonner
La Grèce, pays qui risque même de sortir de la zone euro, est l'exemple même de cette contradiction, écrit le New York Times: "c'est là que les sondés ont eu le plus tendance à dire que leur pays avait été affaibli par l'intégration européenne. Et leur soutien à l'euro y est le plus fort, selon l'enquête, peut-être un signe de la tendance de leur vote au moment où de nouvelles élections parlementaires sont prévues pour le 17 juin".
D'après Bruce Stokes, directeur des comportements économiques mondiaux du Pew Research Center, situé à Washington, c'est l'aversion au risque qui est le moteur de cette apparente contradiction: les gens "réalisent (qu'abandonner l'euro) serait un grand bond dans l'inconnu".
Le soutien aux programmes d'aides dans les pays les plus touchés par la crise a divergé d'une manière qui semble aller à l'encontre des idées préconçues: le sondage a mis en évidence que 49% des Allemands sont en faveur de ces programmes, en hausse par rapport aux 42% de réponse à la même question il y a un an.
En France, à l'inverse, le soutien à ces programmes d'aide a chuté à 44% contre 53% au printemps 2010.
"Il y a un lien direct entre la perception de l'économie et la perception de l'intégration", remarque M. Stokes. "A présent, les gens sont au milieu d'une économie qui décline et ils en sont très affectés, et cela semble influencer leur volonté de s'aider les uns les autres, ce qui n'est pas sans conséquences".
Malgré le quasi effondrement de l'économie grecque, le pourcentage de grecs qui pense que l'euro est une bonne chose pour leur pays s'élève à 46%, le solde divisé à parts à peu près égales entre "une mauvaise chose" et "ni l'un ni l'autre".
En Italie, seules 30% des personnes interrogées pensent que l'euro est "une bonne chose", et 31% en France.
Par comparaison, à l'automne 2011, l'Eurobaromètre de la Commission européenne trouvait que 53% des Européens étaient en faveur de la monnaie unique, ce qui s'affichait déjà en baisse par rapport à 63% au printemps 2007, avant le début de la crise financière.
L'étude met aussi en évidence le fait que l'Allemagne est le pays le plus admiré de la zone, et sa dirigeante, la chancellière Angela Merkel, la plus respectée, malgré son combat pour plus d'orthodoxie budgétaire en Europe. Le pays le moins admiré est la Grèce.
Le sondage a été réalisé entre le 17 mars et le 16 avil auprès de 1.000 personnes environ dans chaque pays.
Cost-killing : Ces administrations où les dépenses pourraient être réduites sans atteindre à la qualité des services publics
La Cour des comptes vient de remettre un rapport sur l'état des finances françaises. Il cite quatre secteurs sur lesquels des efforts sont à fournir : les dépenses de personnel, les niches fiscales, les dépenses d'intervention et le financement des opérateurs de l'Etat. La Fondation iFRAP a aussi publié un rapport préconisant de nombreuses mesures d'économie. Sur quels secteurs l'effort doit-il être porté en priorité ?
L'immobilier de l'Etat est-il aussi source d'économies potentielles ?
Cette
politique immobilière, de réduction de la surface ou de cession de
bâtiments, ne peut pourtant qu'avoir un impact ponctuel sur l'état des
finances publiques. A long terme, permettrait-elle de retrouver
l'équilibre ?
Y a-t-il d'autres sources d'économies réalisables au niveau des collectivités locales ?
Le dernier volet de votre rapport concerne la protection sociale. Il serait possible d'y économiser 34 milliards d'euros. De quelle façon ?
L'Allemagne, justement, est souvent montrée en exemple sur la réduction des déficits publics. Quelles a été sa méthode ?
Catholique et de gauche toujours !
Jamais campagne électorale n’aura été l’objet d’autant de mots doux
adressés aux catholiques. C’est que Patrick Buisson, le très influent
conseiller de l’ancien président Sarkozy, n’a jamais renié son
attachement à l’Eglise traditionnelle. Et quand on adopte une stratégie
bien à droite sans jamais dépasser son principal rival dans les
sondages, il faut aller draguer dans les zones où le filet traîne peu
d’habitude et s’adresser à ces catholiques que les politiques méprisent
d’ordinaire avec une complaisance non dissimulée. Alors on met le
paquet, on s’offre une interview dans les pages glacées du Figaro Magazine
où l’on réaffirme son attachement à des valeurs qui flirtent clairement
avec les principes non négociables édictés par le pape Benoit XVI.
Entre les deux tours, la blogosphère s’affole et le matraquage est tel
que l’équation n’a plus d’inconnue. Sarko c’est catho.
Pourtant, la gauche n’est pas en reste et la religion du Christ ne
s’encarte pas. Certes, on voit plus de gens à droite s’offusquer des
attaques répétées contre certaines valeurs sociétales millénaires tant
défendues par l’Eglise. Mais ils pardonnent bien vite à ceux qui les ont
offensés, histoire de pouvoir retourner leur veste. Cette droite que
trop de cathos consacrent, c’est aussi celle qui a préféré le marché au
sacré et n’hésite pas à fustiger les rapineurs aux aides sociales tout
en fermant les yeux sur les fraudes autrement plus conséquentes des
larrons en col blanc. S’il n’est pas question ici de dégrader la droite
de sa possible catholicité, considérons à tout le moins qu’elle n’en a
pas le monopole. A gauche aussi, les catholiques existent. Pour
beaucoup, cette lapalissade n’en est pas une tant ils sont persuadés que
le salut est de l’autre côté du Père – comme si personne ne siégeait là
où du flanc du Christ coulait, ce qui représente tout de même l’immense
mystère de la transsubstantiation.
Dans son ouvrage sur Les Réseaux Cathos, Marc Baudrillard, journaliste à Challenges,
décrypte cette génération de cathos de gauche qui ne se sent pas moins
imprégnée de foi que ses congénères de droite : « Ce sont ces hommes et
ces femmes, nés entre 1940 et 1955, parvenus aux commandes des
entreprises, des journaux, des institutions politiques et culturelles,
qui ont fait et font encore le gros des réseaux cathos. Ce sont eux qui
lisaient et lisent toujours La Vie et Télérama. Eux qui ont piloté l’opération au Monde (NDLR : La vente de Télérama et de La Vie au Monde). Eux qui ont fait les belles heures de Témoignage chrétien.
Ce sont eux qui fournissent l’essentiel des effectifs des Semaines
sociales, « lieu de formation, de débat, et de proposition sur les
grands enjeux de la société ». Totalement en phase avec les valeurs
contemporaines –qui sont d’ailleurs largement l’œuvre de cette
génération, catho et non-cathos confondus-, ils sont au faîte de leur
puissance. »
Et l’auteur de citer ces figures connues du monde politique qui
partagent avec le catholicisme une certaine filiation que peu oseraient
imaginer. Bertrand Delanoë n’ignore rien des entrailles du catholicisme.
Le maire de Paris, qui osa baptiser la place de la Cathédrale de Paris
du nom du prédécesseur de Benoit XVI, malgré les assauts répétés du
lobby homosexuel Act-up, est l’heureux frère d’une bonne sœur. Si
Martine Aubry ne revendique aujourd’hui aucun héritage religieux, elle a
baigné dedans depuis toute petite avec un père, Jacques Delors, qui
osait poser un nom sur les « forces de l’esprit ». Durant son
adolescence, le nouveau Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, était
membre du Mouvement rural de la jeunesse chrétienne, d’abord à Cholet,
puis à l’université de Nantes. Tout comme François Dufour, ancien
porte-parole de la Confédération paysanne, ancien vice-président d’ATTAC
et actuellement vice-président (EELV) du Conseil régional de
Basse-Normandie. Sa collègue Cécile Duflot aura préféré la Jeunesse
ouvrière chrétienne. Bref, la gauche aussi a ses litanies.
« Catho et de gauche : est-ce encore possible ? » titrait en octobre 2011 l’hebdomadaire Famille Chrétienne.
Le journaliste et écrivain Jean-Claude Guillebaud, catholique de
gauche, redevenu chrétien sans pour autant renier ses racines
politiques, expliquait : « Parfois, on me demande comment je peux être
de gauche alors que le Parti socialiste défend le mariage homosexuel. À
l’inverse, je ne vois pas comment, en se crispant sur ces questions de
société, on peut se retrouver, de fait, à droite, dans le camp de la
folie néolibérale, qui est une autre forme de barbarie. Qu’ils soient
politiquement à gauche ou à droite, les chrétiens sont ainsi aujourd’hui
coincés entre deux feux. ». « Il reste des cathos de gauche dans
l’Église, et en dehors », expliquait il y a peu l’historien des idées
Philippe Portier dans Témoignage Chrétien avant d’ajouter : «
Les mouvements d’action catholique notamment, en perte de vitesse depuis
le milieu des années soixante-dix, font perdurer cette sensibilité. Le
discours a changé. Si l’on s’oppose ici à la mondialisation libérale, on
ne se situe plus du côté de la révolution et de la mort du capitalisme.
Les cathos de gauche entendent simplement réformer l’économie de marché
dans le sens d’une plus grande solidarité. »
Aujourd’hui, être catholique n’implique plus de prendre parti pour le
Sillon ou l’Action française. Certains le regretteront mais l’espérance
invite à voir que ces cœurs, balançant à gauche ou à droite, regardent
tous vers le ciel.
Vers le plus grand choc fiscal de l’après-guerre
L’éditorial de The Economist part du principe que la crise de la dette publique en Europe contraint les Etats surendettés à des réformes structurelles profondes. Son auteur cite, par exemple, le plan ‘’sauver l’Italie’’ de Mario Monti, la réforme courageuse du marché du travail entreprise par le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy et la prise de conscience brutale, par les Grecs, que l’augmentation continue des dépenses publiques, sans impôts supplémentaires, relève de l’utopie.
Dans cette vague de réformes, sur fond d’austérité, le discours de la classe politique française apparaît comme une exception. Selon The Economist, chaque candidat à l’élection présidentielle ferait autant de promesses de dépenser plus que de dépenser moins. Chacun d’entre eux se préparerait aussi à imposer davantage les contribuables.
Cet aspect du consensus politique français est sans doute, le plus inquiétant d’entre tous. Il annonce la croissance d’un Etat déjà hypertrophié, une nouvelle régression des libertés économiques, la stagnation du PIB et le maintien de millions de Français dans le chômage et la précarité.
A ce propos, nous n’entrerons pas dans le piège dialectique de savoir si tel ou tel impôt serait justifié par la réduction des déficits publics, le remboursement de la dette ou la redistribution des revenus. Pour nous, il est un fait acquis que la France a, depuis plus de trente ans, dépassé le seuil à partir duquel l’excès d’impôts tue la croissance. Le véritable défi auquel la société française doit faire face est la diminution des dépenses publiques. En effet, en 2011, elles ont atteint un record historique absolu à 56% du PIB.
Face à de telles perspectives, nous nous proposons d’évaluer les propositions fiscales des principaux candidats à l’élection présidentielle et d’en comprendre les implications pratiques pour les contribuables et notre économie.
Par souci de méthode, nous présenterons un résumé des programmes fiscaux selon un classement décroissant en termes de hausses d’impôts, telles qu’elles ont été officiellement annoncées. Cela ne signifie nullement que cet ordre serait respecté si chaque programme était mis en application. Car, dans le domaine fiscal, plus que dans tout autre, les promesses des candidats n’engagent que les électeurs.
Maillot Jaune : Jean-Luc Mélenchon
Sans surprise, le candidat vainqueur de la course effrénée aux impôts est Jean-Luc Mélenchon. Selon les experts du Front de Gauche, les hausses nécessaires à la réalisation du programme de leur parti s’élèveraient à 160 milliards d’euros. Ce coût est faramineux. Il représenterait une augmentation des prélèvements obligatoires de 8 points de PIB et de 6200 € pour chacun des 26 millions de personnes employées ou actives en France1.
Lorsqu’on sait que le revenu moyen net après impôt est, en France, de 2100 € par mois, il faudrait amputer ce revenu d’un quart pour financer le programme Mélenchon.
Quant à la promesse de faire payer ces hausses d’impôts par les riches, nul ne peut sérieusement y songer. Ils ne seraient pas assez nombreux pour en supporter la charge à eux seuls.
Les responsables du Front de Gauche le reconnaissent implicitement, puisqu’ils prévoient de faire financer ces 160 milliards de recettes supplémentaires par la suppression de toutes les niches fiscales, aussi bien les déductions accordées aux particuliers que les réductions de charges sociales, sur les bas salaires, consenties aux entreprises. S’y ajouteraient l’instauration d’impôts nouveaux sur toutes les transactions mobilières et immobilières. Cela, pour les catégories aisées comme pour les catégories moyennes2.
Plusieurs analyses montrent que le programme de Jean-Luc Mélenchon conduirait à la ruine des épargnants français et à la destruction, quasi immédiate, de plus d’un million d’emplois. Cette gageure vaut à Mélenchon le surnom d’Hugo Chavez français. Tout un symbole…
Heureusement pour notre pays, le rapport de forces politiques ne permettra, pas au programme du Front de Gauche d’être appliqué. Toutefois, le résultat de Jean-Luc Mélenchon, au premier tour, pourrait avoir un impact sur l’application du deuxième programme le plus coûteux de notre classement : celui de François Hollande.
Maillot rose : François Hollande
Le projet de François Hollande prévoit, pour sa part, l’augmentation progressive du taux des prélèvements obligatoires à 46,7% du PIB en 2017, soit officiellement 56 milliards d’euros de hausse sur la base du PIB 2011 (1600 € par contribuable).
Ce programme serait financé par sept mesures principales : i) le relèvement annuel de 0,1 point des cotisations sociales et patronales sur la partie déplafonnée, ii) La fin de la défiscalisation des heures supplémentaires, sauf pour les très petites entreprises, iii) le rétablissement de l’ancien barème de l’ISF, iv) la création d’une tranche à 45% pour les revenus supérieurs à 150.000 euros par part fiscale, v) la création d’une tranche à 75% pour les revenus supérieurs à un million d’euros, vi) l’augmentation des droits de succession et vii) l’alignement de la fiscalité des revenus du capital et du travail. La simple déclinaison du programme fiscal de François Hollande nous montre qu’au-delà des discours démagogiques, sur les contribuables gagnant plus d’un million d’euros par an, c’est essentiellement la classe moyenne qui devrait prendre à sa charge les hausses d’impôts.
D’ailleurs, le nombre de contribuables visés par la tranche à 75% (87% avec les CSG, RDS et CRDS) est épiphénoménal. La pyramide des revenus française montre que le nombre de contribuables gagnant plus de 100.000 euros par an se situe entre 1,5 et 2% du total – soit entre 45.000 et 50.000 individus). Les contribuables qui gagnent plus d’un million d’euros sont probablement moins de ½ pour mille – soit entre 2000 et 3000 individus.
- L’assiette est trop faible et le taux trop élevé.
- Une majorité d’entre eux peut réorganiser fiscalement ses activités pour échapper à l’impôt.
- Ils peuvent s’expatrier dans un paradis fiscal.
- Même si la mesure s’appliquait de force, les contribuables concernés cesseraient de travailler préférant jouir à 100% des loisirs que leur procure leur premier million de revenus imposé à 45%, plutôt que de travailler à 87% pour l’Etat.
Encore faut-il nuancer cette haine des ‘’riches’’. Dans la pratique, le discours des hommes politiques, en faveur de la justice sociale, vise surtout les revenus privés qui dépassent les plus hauts revenus de la fonction publique à laquelle ils appartiennent, le plus souvent (François Hollande est énarque et appartient au corps de la cour des comptes)
A ce propos, il ne faut pas oublier que nombre d’hommes de l’Etat se sont octroyés des revenus mensuels élevés : 13.152 € pour un député, 11.000 € pour un ministre, 27.000 € pour le défunt directeur de Sciences-Po Paris.
Ces émoluments et les avantages en nature qui les accompagnent placent, l’élite soi-disant républicaine, dans le 1% des contribuables qui disposent des plus hauts revenus. Mais, aucun candidat à la présidentielle ne semble s’en indigner. Quoi qu’il en soit, la ‘’noblesse d’Etat’’ qui dirige notre pays est assez au fait de ses intérêts pour ne pas réduire ses revenus, à l’excès, par des mesures fiscales qu’elle proposerait à l’approbation des électeurs. Toutefois, en stigmatisant systématiquement les hauts revenus privés, l’élite politique génère un état de frustration sociale qui entretient une demande politique permanente pour l’égalisation des revenus qu’elle se propose de réaliser…
Une autre dimension inquiétante du programme de François Hollande est celle qui conduira, inévitablement, au renchérissement du coût du travail (augmentation des charges patronales et fiscalisation des heures supplémentaires). Il semble échapper aux experts socialistes que la compétitivité de la France est en chute libre par rapport à ses principaux concurrents, notamment l’Allemagne.
Peut-être, les experts socialistes se fondent-ils sur les statistiques quantitatives de l’INSEE pour soutenir que la différence du coût du travail entre la France et l’Allemagne est marginale et s’approche des 33€ de l’heure dans les industries manufacturières des deux pays.
Ce qui n’est pas dit dans ces études, c’est que si les coûts sont comparables les produits ne le sont pas. Ce dont témoigne la difficulté croissante de nos industries à exporter sur les marchés européens et mondiaux. Rappelons, à ce propos, que le déficit commercial de la France ne cesse de se creuser : – 44 milliards d’euros en 2009, – 51 milliards en 2010, – 70 milliards en 2011. Dans la même phase l’excédent commercial allemand n’a cessé de croître : + 136 milliards d’euros en 2009, + 155 milliards en 2010, + 158 milliards en 2011. Avec le programme de François Hollande, ce retard de compétitivité s’accentuerait. Le déficit commercial abyssal se creuserait un peu plus et les pertes d’emplois dans les industries exportatrices s’accélèreraient.
Maillot vert : Nicolas Sarkozy
Dans la hiérarchie du tour de France, le maillot vert est porté par le leader du classement par points. De ce point de vue, il convient bien à la troisième position occupée par le candidat Nicolas Sarkozy. Bien que Nicolas Sarkozy ait annoncé, à plusieurs reprises pendant sa campagne, que s’il était réélu il n’y aurait pas d’augmentation d’impôt, il a dû récemment reconnaître le contraire. Selon Valérie Précresse, ministre du budget, le programme du candidat Nicolas Sarkozy porte sur 115 milliards, comprenant 75 milliards de réduction des dépenses de l’Etat et 40 milliards d’augmentation des recettes sur les cinq années à venir 3.
Ces chiffres sont toutefois sujets à caution. François Bayrou les a récemment mis en cause : « François Bayrou a expliqué qu’il n’avait « rien compris » aux chiffres avancés par Nicolas Sarkozy dans la présentation de son programme, renvoyant le président-candidat de l’UMP au « cours moyen deuxième année ». »Je n’ai rien compris aux chiffres qu’il a donnés », a-t-il affirmé lors d’un meeting devant un millier de personnes à Poitiers. »Il (Nicolas Sarkozy, ndlr) a dit: +on a un déficit de 103 milliards, auquel j’ai ajouté 12 milliards de dépenses nouvelles, cela fait 115 milliards. Il faut donc qu’on trouve 53 milliards ». »En tant que défenseur du calcul mental dans la politique française, je dis au président de la République que s’il a un déficit de 115 milliards, il ne lui suffira pas de trouver 53 milliards (…) il va manquer dans cette affaire plus de 60 milliards », a-t-il poursuivi. « Je ne sais pas qui a écrit ces chiffres mais je prétends que ces chiffres sont à la portée du cours moyen deuxième année »4.
En toute hypothèse, l’évaluation du coût fiscal du programme électoral de Nicolas Sarkozy est particulièrement difficile. Celui-ci mélange des décisions dont le principe a été adopté mais qui ne sont pas encore entrées en application (TVA sociale, taxe Tobin sur les transactions financières) et des décisions qui seraient adoptées pendant le second mandat. Ajoutons à cela qu’un volet d’une vingtaine de milliards d’euros de hausse d’impôts n’a toujours pas été explicité. Ces hausses figurent, néanmoins, dans les projections fiscales envoyées par le gouvernement Fillon à la Commission Européenne.
A ce stade, la seule certitude est que le programme de Nicolas Sarkozy représente une hausse des impôts comprise entre 40 et 56 milliards d’euros (Entre 1200 et 1600€ par contribuable) soit deux à trois points de PIB de prélèvements obligatoires supplémentaires, par rapport à la situation actuelle.
Ces hausses se feraient selon le calendrier suivant : « Le projet de Nicolas Sarkozy se traduit […] par une hausse du taux des prélèvements obligatoires, de 43,8% en 2011, 44,6% en 2012, 45,1% en 2013, 45,4% en 2014, 45,6% en 2015 et 45,8% en 2016 » () soit 40 milliards de hausse sur la base du PIB 2011 »5.
Elles reposeraient sur six mesures principales: i) l’augmentation de la fiscalité sur les dividendes, ii) l’imposition minimale des grands groupes dont le siège est en France et dont la capitalisation en bourse est supérieure à un milliard, iii) la réduction des niches fiscales pour les particuliers et les entreprises, iv) la fin de la déductibilité des gros travaux dans l’immobilier, v) la non-réévaluation des tranches de l’impôt en fonction de l’inflation, vi) la taxation des exilés fiscaux.
Comme on peut le remarquer, ce programme n’est pas exempt de démagogie. Prenons la cible des exilés fiscaux. Qui revêtira cette qualité ? Comment ces exilés seront-ils identifiés à l’étranger ? Que fera-t-on des exilés fiscaux qui renonceront à leur nationalité pour en prendre une autre de complaisance ? Comment distinguera-t-on le patrimoine, fruit du travail à l’étranger, de celui qui a été expatrié ? Comment fera-t-on pour rendre la mesure applicable sachant qu’elle remet en cause tous les traités bilatéraux de non-double imposition ?
Une fois encore, on désigne des ‘’riches’’ à la vindicte populaire tout en se préparant à taxer les classes moyennes. L’artifice est dangereux. Il créera de nouvelles frustrations sociales quand il apparaîtra qu’un certain nombre d’impôts démagogiques ne pourront légalement être adoptés : « Près de 7 milliards de recettes affichées dépendront dans les faits de l’issue de négociations internationales plus qu’incertaines. C’est le cas de la taxe sur les exilés fiscaux (500 millions d’euros de rendement présenté), de la taxe (hypothétique) sur les grandes entreprises de l’internet (500 millions d’euros), des « 3 milliards d’euros » affichés au titre de la taxation sur les transactions financières, explicitement subordonnée à un accord de tous les Etats européens, des 3 autres milliards d’euros attendus au titre de l’impôt mondialisé sur les grandes entreprises qui nécessiterait la révision de plus de 100 traités internationaux, sans parler de l’économie de 3 milliards d’euros affichée au titre du gel des contributions à l’Union européenne ».
De même, l’imposition minimale des grandes entreprises sera fiscalement contreproductive. Celles qui avaient conservé leur siège social en France, le déménageront à Londres, Francfort ou Luxembourg.
Avec le programme de Nicolas Sarkozy tous les contribuables paieraient davantage par la TVA (sociale) et aussi par la non-réévaluation du seuil des tranches de l’impôt sur le revenu en fonction de l’inflation. Cette décision aurait de graves conséquences économiques. Le revenu réel baisserait tandis que les impôts augmenteraient sur le revenu nominal. Les contribuables verraient, ainsi, leur pouvoir d’achat comprimé par les deux puissantes mâchoires de l’inflation et des tranches sur le revenu. En outre, cette décision va rendre imposables 150.000 à 200.000 salariés et retraités modestes qui étaient exemptés de l’I.R. Corollairement, le fait de devenir imposable supprimera les dégrèvements de taxe foncière accordés à de nombreux petits propriétaires.
Quels effets attendre des hausses d’impôts annoncées par Nicolas Sarkozy, si elles étaient adoptées ? Très probablement, elles accentueraient la tendance à la récession qui se manifeste depuis le début de l’année. La demande intérieure baisserait sans que les exportations repartent. Ces deux leviers de la croissance étant grippés, ni le niveau du chômage, ni celui de la dette publique ne se résorberaient.
Maillot à pois rouge : Marine Le Pen
Du côté du Front National, il est difficile de se faire une idée du coût fiscal du projet de Marine Le Pen. Selon son discours, toutes les hausses d’impôts seraient compensées par des rentrées supplémentaires ou par un rééquilibrage de la fiscalité.
Par exemple, Marine Le Pen défend l’idée que sa proposition de sortir de l’euro et la dévaluation qui s’en suivrait redonnerait aux entreprises françaises leur compétitivité perdue. Celles-ci pourraient ainsi à nouveau embaucher. Ce qui aurait des effets positifs sur les comptes sociaux et les recettes de l’Etat.
De notre point de vue, cette hypothèse ne peut être retenue. Elle ne change en rien le périmètre fiscal de l’Etat. Techniquement, elle ne correspond pas à une baisse des impôts. Or, quand l’augmentation des dépenses publiques est programmée et que les recettes dépendent d’événements économiques aléatoires, il faut toujours s’attendre à de nouvelles hausses d’impôts.
De quel montant ? A cette question, la réponse des experts varie selon leurs sensibilités politiques. Les estimations les plus sérieuses s’échelonnent entre 20 et 40 milliards d’euros. Si l’on retient une hypothèse moyenne de 30 milliards, le Front National se place bien en quatrième position du palmarès fiscal de la course présidentielle. Et, pour rester dans l’analogie cycliste, on soutiendra que Marine Le Pen montre une certaine aptitude à grimper les courbes de la pression fiscale, mais que cette aptitude ne suffit pas à gagner la compétition. En cela, le maillot à pois rouge lui revient de droit. Plus sérieusement, quelles seraient les hausses auxquelles le contribuable devrait faire face si Marine Le Pen était élue ?
Succinctement, la candidate du Front National propose : i) de rendre plus progressive les tranches de l’impôt sur le revenu en utilisant différents taux, allant de 5,5% pour la tranche la plus basse à 46% pour la plus haute – au lieu de 41% aujourd’hui. , ii) la fin de l’abattement de 40% sur les dividendes, de telle sorte que les revenus du capital soient taxés à la même hauteur que les revenus du travail, iii) le remplacement de l’ISF par une surtaxe qui se déclencherait à partir de 790.000€ au lieu de 1,3 million aujourd’hui, iv) de taxer davantage les grandes entreprises en empêchant leurs filiales basées en France de transférer leurs profits vers leur société-mère.
Ces mesures n’ont rien d’original. On les retrouve dans des termes équivalents chez François Hollande et Nicolas Sarkozy. Là où le Front National se distingue plus nettement de ses concurrents politiques, c’est sur la fiscalité indirecte. Marine Le Pen se dit favorable à l’instauration d’une TVA sur les produits de luxe et l’instauration de droits de douane sur les produits qui concurrenceraient déloyalement les productions françaises, particulièrement ceux en provenance de Chine.
Cette proposition se heurterait aux traités européens qui instituent un tarif douanier commun. En outre, elle serait une autre forme de taxe à la consommation et une source potentielle d’inflation. En France, comme en Europe, la progression de l’inflation a été limitée, ces dix derrnières années, par les importations des pays à faible coûts de production. Une fois ce frein disparu, l’inflation repartirait mécaniquement à la hausse.
Le programme de Marine Le Pen (sortie de l’euro, dévaluation du néo-franc, droits de douane, augmentation du SMIC, monétisation de la dette par la Banque de France) est clairement inflationniste. Il reproduirait, trait pour trait, la politique économique de la France des années 1968-1983. Une politique qui n’a pas permis ni de renouer avec la croissance, ni de faire baisser le chômage de masse dont notre pays est victime depuis quarante ans.
On remarquera aussi que la candidate du Front National, qui se pose en candidate ‘’antisystème’’, partage pourtant la croyance, avec tous ses concurrents politiques, dans le postulat de la rentabilité croissante du taux marginal de l’impôt. Une théorie toujours invalidée par les faits économiques et que réfute le simple bon sens.
Aujourd’hui, pour être ‘’antisystème’’ et restaurer une croissance forte, il faudrait proposer une flat-tax de l’ordre de 25% et la limitation des prélèvements obligatoires à 35% du PIB. Ce qui correspondrait à une diminution de 21 points de PIB de l’emprise de l’Etat sur la société française. De toute évidence, aucun candidat à la présidentielle n’a le courage de formuler de telles propositions. Certainement par peur de perdre de larges fractions de l’électorat, devenues dépendantes de l’Etat-providence. Même François Bayrou qui se présente comme le champion de la modération fiscale envisage aussi des hausses d’impôts.
Maillot blanc : François Bayrou
Dans la grande course présidentielle aux impôts, nous décernerons le maillot blanc à François Bayrou. Non pas parce qu’il serait, comme dans le tour de France, le meilleur des plus jeunes coureurs. Mais parce que son programme fiscal fait preuve d’une certaine ingénuité.
Par sa position centriste, François Bayrou veut à la fois dénoncer les dérives de l’Etat jacobin, le caractère insoutenable des prélèvements publics, fédérer les classes moyennes autour de sa candidature, rembourser la dette publique et produire français. Pour atteindre ces objectifs contradictoires, Bayrou ne peut faire l’économie de hausses d’impôts. Mais celles-ci n’étant pas accompagnées de promesses mirobolantes en faveur de la redistribution des revenus, il ne peut espérer capter qu’une faible portion de l’électorat.
En quoi consisteraient les hausses d’impôts du candidat du centre ? Fondamentalement, elles s’appuieraient sur deux mesures : i) l’adoption de deux nouvelles tranches de l’I.R., l’une à 45% et l’autre à 50% pour les revenus supérieurs à 250.000 €. ii) La transformation de l’ISF en Contribution de Solidarité sur le Patrimoine (CSP). La CSP s’appliquerait pour tout patrimoine supérieur à 1 million d’euros. Au-delà de cette valeur, un revenu fictif de 1% du patrimoine serait intégré dans l’impôt sur le revenu. En d’autres termes, pour les contribuables, taxés au taux marginal, cela représenterait 5000 € d’impôts par million d’euros de patrimoine, déduction faite du premier million. Par rapport au barème de l’ISF, retenu pour 2012, (0,25% pour les patrimoines allant de 1,3 million € à 3 millions € et 0,5% au-delà) la réforme proposée par le MODEM ne change pas foncièrement la donne fiscale. Elle offre, cependant, l’avantage de ne pas surtaxer les contribuables qui ont un patrimoine immobilier mais peu de revenus.
De ces hausses d’impôts, François Bayrou espère engranger un revenu fiscal supplémentaire de 10 milliards sur cinq ans – soit une augmentation de la pression fiscale de 2 milliards d’euros sur une base annuelle.
A ce titre, François Bayrou apparaît comme le candidat du statu quo économique. Rien ne s’aggraverait vraiment. Mais rien ne s’arrangerait non plus. Objectivement, le candidat centriste est celui qui propose la hausse d’impôts la moins élevée. Mais, fait symptomatique, une hausse quand même6.
Conclusion : tout le monde paiera
Pour nous, il est particulièrement significatif que les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle, totalisant plus de 90% des intentions de vote, proposent tous des hausses d’impôts. Il y a là une dérive systémique inquiétante. Dans chaque pays européen, il existe au moins un courant politique pour proposer une baisse des prélèvements obligatoires, ne fusse qu’à des fins électorales. La chancelière Angela Merkel est, parmi d’autres, une habituée de ce genre d’exercice qui consiste à promettre des baisses d’impôts avant les élections qui ne sont jamais mises en application après. Ces promesses de baisse ont toutefois l’avantage de rendre politiquement plus coûteuses la moindre hausse. Elles limitent les ambitions fiscales des concurrents et la dérive des prélèvements obligatoires.
En France, la classe politique n’est pas soumise à une telle concurrence. Cela signifie que notre marché politique fonctionne toujours sur la base des promesses faites à des majorités variables d’électeurs de taxer, à leur profit, des minorités variables de contribuables.
Ce que reconnaît implicitement François Hollande : « J’ai préféré alerter les Français, de toute manière, quel que soit le président élu au mois de mai, il y aura une augmentation des prélèvements », a affirmé M. Hollande. « D’ailleurs, a-t-il ajouté, le gouvernement sortant, le président sortant ont envoyé une stratégie de finances publiques à Bruxelles dans laquelle il est prévu une augmentation des prélèvements obligatoires de 2 % de la richesse nationale. »
« Donc le grand débat de l’élection présidentielle, ce n’est pas de savoir s’il y aura plus d’impôts ou pas, c’est de savoir qui va payer les impôts, (…) qui va assurer ces augmentations de prélèvements. Et j’ai dit : ‘ce seront les revenus élevés, les patrimoines importants et les grandes entreprises, en tout cas pas une très grande majorité de nos concitoyens ».
Sur un point, nous serons d’accord avec François Hollande : si lui-même ou Nicolas Sarkozy était élu, il y aura davantage d’impôts. Par contre, comme nous l’avons vu, ce ne seront pas les revenus élevés qui payeront. Cela ne sera ni les super-riches de Hollande, ni les exilés fiscaux de Sarkozy. Inévitablement, cela sera l’immense majorité des contribuables. Et, c’est là un sombre constat : ce que préparent les deux candidats, super-favoris du premier tour, c’est le plus grand choc fiscal pour la classe moyenne, depuis l’après seconde guerre mondiale.
Comment notre économie surfiscalisée et fragilisée l’absorbera ? Telle sera la grande question économique et existentielle qui se posera au prochain quinquennat. Pour nous pauvres contribuables, taillables et corvéables à merci, il y a peu de doutes : nous le paierons tous très cher.
Pour en savoir plus :
- Source : Insee ↩
- Le Figaro, Présidentielle, le coût faramineux du programme Mélenchon, 4 avril 2012 ↩
- Source : 20minutes.fr, Sarkozy prévoit 45-milliards de réduction des niches fiscales selon Pécresse ↩
- Le Figaro, flash-actu Bayrou à Sarkozy, il manque 60 milliards, 5 avril 2012. ↩
- Le Monde, dépêches, Nicolas Sarkozy prévoit un excédent public de 0,5% en 2017, 5 avril 2012. ↩
- Débats 2012, Francois Bayrou et la fiscalité ↩
Laurence Ferrari : démission ou épuration ?
Dans un entretien accordé au Parisien
et publié ce matin, la journaliste Laurence Ferrari annonce qu’elle a
décidé de quitter son poste de prestige à la présentation du JT de TF1,
pour animer une émission de divertissement sur la chaine de TNT Direct
8. Un choix de carrière irréaliste qui laisse d’autant plus perplexe que
la jeune femme était considérée comme une proche de Nicolas Sarkozy.
Comme pour se convaincre lui-même, François Hollande a rappelé hier
soir qu’il n’y aurait aucune chasse aux sorcières avec son arrivée au
pouvoir. Pourtant, après un premier lavage parmi les journalistes radio,
c’est au tour de la télévision d’être touchée par une mystérieuse
disparition de journaliste gênant. Laurence Ferrari déclare donc qu’elle
veut changer de poste, quitter son JT et TF1. Une décision personnelle
qu’elle explique ainsi :
« Cela fait quatre ans que je me bagarre pour porter ce
journal. C’est la fin d’un cycle. J’ai une envie profonde de
renouveau. » Envie de prendre la place de Cécile de Ménibus pour
co-animer l’émission de Jean-Marc Morandini ? Envie terrible de voir son
salaire diminuer considérablement ? Comme tout les professionnels !
Pour son prédécesseur, Patrick Poivre d’Arvor, le cycle avait durée
21 ans. En effet, habituellement les présentateurs des JT restent de
longues années en place, car les chaines mises sur la confiance et
l’habitude pour ces programmes… Étrange…
Le poste du présentateur du JT de TF1 est le plus convoité par les
journalistes de télévision, il est le saint Graal des présentateurs. De
la même manière, la TNT et plus particulièrement la chaine Direct 8,
font office de deuxième division pour animateurs « has-been ». C’est un
peu comme si Lionel Messi annonçait qu’il voulait un nouveau challenge
et qu’il quittait le Barça pour aller jouer à Quevilly !
Sera-t-on considéré comme fasciste si l’on constate que Direct 8 est
la chaine dans laquelle travaille Valérie Trierweiler ? Et que l’on se
pose la question suivante : « s’est-on débarrassé d’une journaliste
gênante en lui garantissant un petit plaçou et pas trop d’ennuis, pour
qu’elle accepte de prendre le choix de cette décision inévitable sur les
épaules et qu’elle ne fasse pas trop de bruit ? » Si la femme concernée
jurera toujours le contraire, on est en droit de se poser des
questions.
Et de craindre pour notre liberté d’expression…
"LA VOIX DU PEUPLE"