Il n'est « pas digne » que les enseignants
ne soient pas mieux rémunérés, a redit sur Mediapart vendredi soir
Vincent Peillon, qui n'exclut pas de revaloriser leurs salaires
dans « deux, trois ans » lorsque la situation budgétaire le permettra.
«Il n'est pas digne » et « pas juste de payer nos professeurs comme on
les paye, mais aujourd'hui, nous ne pouvons pas» revaloriser leurs
salaires, a dit le ministre de l'Education nationale.
Peillonade ou Couillonade ??? |
Il y a environ 850.000 enseignants, dont près de 325.500 instituteurs. Le ministre a rappelé que le gouvernement avait fait un « choix politique »: « des professeurs devant les élèves, de meilleures conditions de travail pour les professeurs, et une formation des professeurs ». Fin août, M. Peillon avait déjà estimé qu'« il serait digne de mieux payer » les enseignants et avait promis de le faire quand la situation financière le permettrait.
La question est revenue dans le débat ces jours-ci avec les discussions entre le ministre et les organisations syndicales sur la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Les syndicats réclament une compensation financière pour le rétablissement du mercredi matin, à partir de la rentrée 2013 dans le primaire. Ils font valoir que cette demi-journée supplémentaire va entraîner des frais supplémentaires de transports et de garde d'enfants.
Le salaire des enseignants français débutants et en milieu de carrière est inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE et a même diminué depuis 1995. Un instituteur démarre à 1.700 euros nets par mois, hors primes et heures supplémentaires. La baisse des salaires s'aggrave depuis 2010 à cause du gel du point d'indice salarial des fonctionnaires alors que le niveau d'études demandé est plus important.
Le ministre de l'Education nationale a indiqué vendredi soir au cours du même entretien faire « une très grande confiance» aux enseignants pour juger avec « intelligence » de l'attitude à adopter face aux mères voilées souhaitant accompagner les sorties scolaires.
« Je ne vais pas nourrir la machine dont se sert Marine Le Pen aujourd'hui, en tant que ministre de l'Education nationale, en faisant une déclaration », a dit M. Peillon, interrogé par Edwy Plenel. Le précédent ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, s'était déclaré favorable à une interdiction du port du voile pour les mères encadrant les sorties scolaires. «Mais je fais une très grande confiance aux enseignants sur le terrain pour discriminer des situations qui méritent d'aborder les choses avec intelligence et sans provoquer (de) vexations », a ajouté le ministre.
« Dans le projet que j'ai eu de reparler de morale laïque à l'école, la laïcité falsifiée et cette dérive de la laïcité devenue une arme anti-musulmans - donc un instrument du racisme - a beaucoup compté », a-t-il dit. « Lorsqu'on saura exactement ce qu'est la laïcité, qu'on l'enseignera à nouveau à nos enfants, on saura quelle est la meilleure arme contre tous les dogmatismes, toutes les orthodoxies, toutes les violences, tous les mépris », a conclu le ministre.
Vincent Peillon vient d'envoyer une lettre de mission sur la morale laïque à « trois personnalités qualifiées » qui doivent lui remettre un rapport fin mars. Instaurer des cours de morale laïque demandera du temps car il faudra refondre les programmes de 2008, inscrire des cours de morale laïque dans les nouveaux programmes, imprimer les nouveaux livres et former les futurs enseignants, avait-il indiqué en septembre.